la formation des pilotes mise en cause

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  • Crash du Boeing 737 MAX d’Ethiopian Airlines : la formation des pilotes mise en cause
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/03/10/crash-du-boeing-d-ethopian-airlines-la-formation-des-pilotes-du-737-max-mise

    L’enquête éthiopienne conclut à la responsabilité de l’avionneur américain, en proie à la pire crise de son histoire.

    Le 10 mars 2019, six minutes après son décollage d’Addis-Abeba, le vol ET302 d’Ethiopian Airlines à destination de Nairobi s’est écrasé dans un champ au sud-est de la capitale éthiopienne, tuant sur le coup les 157 passagers et membres d’équipage.

    Dans un rapport d’étape publié lundi 9 mars à la veille du premier anniversaire de la catastrophe, les enquêteurs éthiopiens chargés de déterminer les causes du crash ont mis en cause notamment la formation « inadéquate » fournie par le constructeur américain. Cet accident était survenu moins de cinq mois après celui d’un 737 MAX de la compagnie indonésienne Lion Air qui avait tué 189 personnes en s’écrasant quelques minutes après son décollage de Djakarta. La succession des deux tragédies a plongé l’avionneur américain dans la pire crise de son histoire.

    Dysfonctionnement du système antidécrochage MCAS
    C’est principalement le dysfonctionnement du système antidécrochage MCAS, spécialement conçu pour compenser les moteurs plus lourds du 737 MAX, qui a été mis en cause dans les deux catastrophes. Pour les enquêteurs du ministère des transports éthiopien, « la différence de formation entre le B737 NG [qui précède le 737 MAX] et le B737 MAX, fournie par le constructeur, apparaît inadéquate ».

    Dans un rapport préliminaire rendu en avril 2019, les enquêteurs éthiopiens avaient souligné que les pilotes du vol ET302 avaient respecté les procédures recommandées par Boeing, mais n’avaient pas été en mesure de reprendre le contrôle de l’appareil.

    Dans leur rapport publié lundi, ils estiment que la conception du système MCAS « le rend vulnérable à une activation indésirable ». Plus précisément, le document souligne le fait que le système peut être activé par un seul des capteurs de mesure de l’angle d’attaque de l’appareil. Ainsi, dans le cas du vol ET302, les enquêteurs éthiopiens relèvent, « peu après le décollage », une mesure « erronée » de l’angle d’attaque en provenance du capteur côté gauche. Cette mesure a activé automatiquement le système MCAS, ce qui a conduit l’appareil à piquer du nez et ce, à plusieurs reprises.
    Ils soulignent également que les mesures de l’angle d’attaque de l’appareil diffèrent entre le capteur gauche et le capteur droit, et ce jusqu’à la fin de l’enregistrement des données de bord, c’est-à-dire jusqu’au crash.

    « Nous avons hâte d’examiner les informations complètes et les recommandations formelles qui seront contenues dans le rapport final du Bureau éthiopien enquête et accident », a réagi dans un communiqué Boeing, qui a de nouveau adressé ses « sincères condoléances » aux familles et aux proches des victimes de l’ET302, originaires de plus de trente pays, et qui sont attendus sur le site du crash pour une cérémonie dans l’intimité.

    Le rapport donne également des détails sur les derniers échanges entre les deux hommes dans le cockpit. « Tire avec moi ! », enjoint le pilote Yared Getachew à son copilote, Ahmednur Mohammed, alors qu’il tente de reprendre le contrôle du 737 MAX et de redresser le nez de l’appareil. Les dernières mesures du vol indiquent que l’appareil se déplaçait à plus de 900 km/h et descendait à plus de 33 000 pieds par minute (10 km par minute).

    L’avion s’était écrasé dans un champ au sud-est d’Addis-Abeba, creusant un cratère de 10 mètres de profondeur, « 40 mètres de longueur et 28 mètres de largeur ». Des débris de l’appareil avaient été retrouvés à des centaines de mètres du point d’impact.

    Un avion « défectueux et dangereux »
    Vendredi, la commission des transports du Congrès américain a jugé que le 737 MAX de Boeing était un avion « fondamentalement défectueux et dangereux ». Selon le Financial Times, l’enquête parlementaire américaine « met en cause Boeing et la Federal Aviation Administration (FAA) [l’agence publique américaine chargée des contrôles dans le secteur] » et conclut que l’accident était « tragique et évitable ». « Défauts de conception » du 737 MAX, « manque de transparence », « tentative de dissimuler des informations », « manque de contrôles »… Le rapport interne dévoilé par le quotidien est accablant pour la compagnie et le régulateur.