pourquoi nous avons droit au débat – ANKER-MAG

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  • Traitement des violences machistes dans les espaces de politique : pourquoi nous avons droit au débat – ANKER-MAG
    http://anker-mag.org/index.php/2019/07/31/traitement-des-violences-machistes-dans-les-espaces-de-politique-pourquoi

    Il existerait ainsi une ligne acceptable du féminisme : trans-inclusive, pro-travail du sexe, intersectionnelle. Nous ne remettons pas en question ici ces positionnements, mais bien leur édification en dogme. Celle-ci a en effet pour conséquence d’éradiquer purement et simplement toute tentative de discussion politique de ces problématiques féministes. Nous devons pouvoir réfléchir et construire nos positions, pousser la pensée féministe toujours plus loin, nous emparer de ces enjeux de société pour nous émanciper toutes ensemble. Cela demande du temps, mais aussi un climat d’écoute. Celui-ci est notamment mis à mal par les postures identitaires adoptées par nombre d’entre nous, qui nous font nous tenir en permanence sur la défensive.

    La grille de lecture intersectionnelle, par ailleurs utile pour démasquer les mécanismes de domination, peut en effet avoir des effets pervers lorsqu’elle est couplée au néo-libéralisme ambiant. Elle conduit à une individualisation de l’expérience, chacune étant victime d’une articulation unique d’oppressions. Cette situation dominée particulière devient l’identité même de la personne, qu’elle va présenter à elle-même et aux autres comme l’alpha et l’oméga de son positionnement politique. Nous considérons que ces politiques de l’identité sont réductrices et finissent par entraver la discussion, aucune ne pouvant partager le schéma de compréhension de sa voisine.

    Cette valorisation de la souffrance peut entraîner la volonté de se maintenir dans une posture, individuelle ou collective, de victime, sans défense ni agentivité. Shi affirme par ailleurs que “bien qu’il soit important de reconnaître les éléments psychiques du trauma et de la souffrance, il est tout aussi important d’éviter de réifier ceux-ci en tant qu’identité.”

    La réification de la souffrance en tant qu’identité nous maintient donc dans une posture de victime. Dans cette posture et face à un monde qui dénigre la faiblesse, nous sommes amenées à valoriser notre propre vulnérabilité, mais aussi à nous y assigner. “Victime de violence, tu seras fragilisée et nous le serons avec toi.” Adopter la posture de victime sans questionner ses enjeux c’est risquer de ne plus nous autoriser que des comportements correspondant aux stéréotypes de genre.

    Critiquer l’assignation à la vulnérabilité ne revient ni à blâmer le caractère vulnérable d’une personne, ni à rejeter les qualités humaines associées par le système patriarcal à la faiblesse. Ces qualités prônées dans les espaces safe comme la sensibilité, le care (le soin aux autres) ou l’écoute auxquelles les femmes sont socialisées, sont à valoriser. Moquées ou dénigrées, elles sont fondamentales pour la cohésion de nos collectivités, et doivent urgemment être redistribuées par-delà les genres. Cette revalorisation nécessaire doit cependant se garder de nous limiter a priori à ce type de comportements.

    #féminisme #justice #safe #politique_des_identités

    • Je ne comprends pas tout mais ça a l’air bien.

      La souffrance individuelle (et collective) est-elle un critère politique ? – Période
      http://revueperiode.net/definir-ma-propre-oppression-le-neoliberalisme-et-la-revendication-de-

      Dans cet article, je vais d’abord brièvement examiner la logique et les implications de l’avènement du néolibéralisme. Je vais montrer que les pressions exercées par l’individualisation produite par le néolibéralisme ont engendré un climat politique dans lequel la revendication de l’émancipation sonne comme une demande de déstigmatisation et de visibilisation des identités opprimées. Nous explorerons cela à travers le prisme de « l’intersectionnalité », en tant que nouveau visage des politiques de l’identité. L’atomisation de la lutte politique et les pressions exercées sur notre appréhension de l’action collective ont bâti un espace où la prévalence du trauma individuel devient la seule manière de concevoir ce que l’on a en commun. Afin d’aller au-delà de cela, il est nécessaire de ressusciter la saillance politique du collectif comme construction intentionnelle. De cette manière, nous pouvons à nouveau concevoir la solidarité collective comme un produit de l’agentivité humaine en opposition à la solidarité produite de fait par les structures de domination.

    • Et ce texte beaucoup plus naïf, qui raconte la découverte de ce qui ne s’appelle pas encore partout « intersectionnalité », découverte enthousiasmante et intrigante.

      gendertrouble.org : : Lignes de fracture
      https://gendertrouble.boum.org/print_article193e68f.html

      Faut-il prioriser l’attention qui sera donnée à certaines de ces oppressions ? Selon quels critères ? Que fait-on de tout ça, de ces axes qui se croisent, dessinant une carte des oppressions où chacun-e est « quelque part » l’oppresseur-e d’un-e autre ? Peut-on multiplier à l’envi les catégories de l’oppression, d’après les besoins qui sont exprimés par les personnes concernées, quitte à redevenir des atomes qui parlent chacun-e depuis une catégorie, masculine cisgenre racisée classe moyenne gaie valide, ou féminine transgenre mais cissexuelle lesbienne blanche chômeuse handi sans capital économique mais avec un capital culturel, et la liste n’est pas close ?

      Cette réflexion ne risque-t-elle pas de se perdre dans les cogitations et le maniement de pincettes d’une élite politique ultra-conscientisée, qui se coupe un bras chaque fois qu’elle avance un peu plus sur cette voie ? Ailleurs (et faut-il rappeler qu’ailleurs est vaste ?) c’est le plus souvent « chacun-e sa merde », dans un esprit libéral universaliste actuel où nous nous voyons garanti-e-s en droit une pseudo-égalité. Comment s’attaquer à ça ? Comment remonter d’un cran la cible de nos attaques, à travers une réflexion plus générale sur les normes (les normes identitaires et les normes des relations entre nous) et la manière dont nous nous en faisons le relais, actif ou passif... sans pour autant nier la spécificité de l’expérience et de la réflexion de groupes minorisés sur le caractère tangible, intrusif et violent de certaines de ces normes ?