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  • Italie - Épidémie et guerre sociale – ACTA
    https://acta.zone/italie-restonsalamaison-mais-ne-restons-pas-silencieux

    L’état d’urgence fonctionne comme le lit de Procuste1 : ceux qui sont trop courts ou trop longs pour les mesures de prévention contre le coronavirus sont étirés ou mutilés. Une torture culpabilisatrice attend tous ceux qui ne correspondent pas exactement aux dimensions du lit du tortionnaire. Nous sommes témoins d’une violence sans précédent dont le discours du Premier ministre, Giuseppe Conte, retransmis hier en simultané sur toutes les chaines, est la revendication explicite. Les milliers de prisonniers en révolte dans les prisons italiennes – parmi lesquels plus de 10 morts et des centaines de blessés – n’existent pas dans l’allocution de Conte. Ces personnes à qui l’on rappelle chaque jour à la télévision de ne pas fréquenter les lieux bondés, mais qui sont contraintes d’entrer dans des cellules surpeuplées, ces personnes qui, si elles tombent malades, ne sont même pas emmenées à l’hôpital mais placées en isolement, des personnes à qui l’on demande, en somme, de tomber malades en silence, sans pouvoir communiquer, même avec leurs proches. Des personnes qui sont massacrées, en un mot, des personnes qui n’existent pas.

    À cette génération de barmans, de kinés, de guides touristiques, de profs remplaçants, de pizzaiolos, d’orthophonistes, de coachs sportifs qui sont laissés sans salaire du jour au lendemain, obligés de payer un loyer, de continuer à se soigner, de continuer à consommer, on ne parle que fêtes nocturnes. Les seuls mots qui les concernent sont des invitations à ne pas sortir le soir. Même les parents ne peuvent plus confier leurs enfants à leurs grands-parents mais doivent continuer à aller travailler. Ils n’existent pas non plus.

    #coronavirus #guerre_sociale