Je ne balaie pas l’histoire de la chloriquine (je ne suis pas médecin) : je suis choqué par la méthode, dont les défauts me semble particulièrement évidents.
– Il a annoncé que le truc était le médicament miracle et efficace avant même d’effectuer des essais cliniques, il y a pas loin de trois semaines (fin février) ; je trouve ça extrêmement choquant et anti-scientifique (ce sont des méthodes de voyou). Fin février c’était clairement rien de plus qu’une piste (ou « hypothèse scientifique ») à valider, mais le type claironnait déjà au milieu d’une épidémie progressant de manière exponentielle que ça y est, il avait déjà trouvé la solution (encore une fois : les essais cliniques « prometteurs » – sur 24 personnes il me semble – dont il se targue désormais n’avaient pas encore eu lieu).
– Par ailleurs il répète à chaque intervention que l’épidémie n’est pas grave, que le nombre de morts va à peine être perceptible par rapport notamment à la grippe, ce qui est totalement irresponsable (et à mon avis : faux, je l’ai écrit plusieurs fois : 3000 morts direct en une semaine en Italie, rapporté à la surmortalité de 10000 morts annuels de la grippe, ce n’est déjà pas anodin du tout).
– Le point qui intéresse en général, c’est son histoire de dépistage systématique, et que c’est pas comme ça qu’on a fait, et que c’est ce qu’on doit faire. Ok, pourquoi pas, je ne suis pas plus médecin que tout à l’heure. Mais en même temps il n’explique pas comment on fait, avec sa méthode, une fois qu’on a déjà des milliers ou dizaines de milliers de cas sur le territoire, pour mener des enquêtes « à la coréenne » sur ces milliers de cas disséminés partout sur le territoire et, apparemment, avec même pas assez de moyens pour faire ces tests sur les gens qui ont des symptômes (où on n’a même pas assez de masques, même pour le personnel médical…).
– En même temps, il soutient qu’il ne faut pas faire de confinement général, parce que ça ne marcherait pas : dans une interview, il dit qu’on suit l’exemple de l’Italie et l’Espagne, où il y a une explosion des cas, donc ça ne marche pas et ce n’est pas le bon exemple à suivre ; alors que le modèle coréen, lui, ce serait juste d’identifier les personnes infectées et de n’isoler que celles-ci. Mais pas un mot sur la Chine, qui a instauré des mesures de confinement extrêmement sévères depuis… le 24 janvier et où on parle désormais d’un nombre de contaminations proche de zéro.