« Frangnaise, Français », « viris », ou encore « joe sces quiéyeière ér ér ér »… Ces coquilles et maladresses affichées momentanément en bas de l’écran ont décontenancé certains téléspectateurs, au point qu’ils n’arrivaient plus à se concentrer sur ce qu’ils entendaient. Il y a aussi ceux qui en ont profité pour taper sur l’habituel « stagiaire » imaginaire, souvent raillé en pareilles circonstances.
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Initialement prévue pour être enregistrée avant 20 heures, la prise de parole a finalement eu lieu en direct. Contrairement à ce qu’à visiblement cru l’élu Les Républicains Julien Aubert, il ne s’agissait pas d’un « amateur au prompteur », ni d’une intelligence artificielle pas encore au point, mais probablement l’œuvre d’un vélotypiste. Ce métier méconnu est exercé par une dizaine de personnes seulement en France. Il consiste à retranscrire un discours rapidement, tout cela sur un drôle de clavier syllabique : le vélotype.
J-C Dardart -Twitter
@jcdardart
Pour celleux qui se demandaient comment pour les sous-titres hier. un mot clé : velotypieSur ce clavier imaginé aux Pays-Bas dans les années 1940, mais conçu cinq décennies plus tard, on se sert simultanément de ses dix doigts, et la barre d’espace n’existe pas. Il y a au contraire une touche « no space » (pas d’espace) qui permet de coller deux syllabes et ainsi de gagner en rapidité. Aussi, toujours dans une volonté de gain de temps, les voyelles sont concentrées au centre du clavier, tandis que les consonnes sont situées aux extrémités. Alors que les claviers Azerty et Qwerty permettent de scripter environ cinquante mots par minute, le vélotype permet d’en saisir le double.
« Cela demande beaucoup d’entraînement »
Interrogée par Le Parisien, l’experte en vélotypie Evelyne Hamon précise en outre que « les touches sont en forme de papillon afin d’appuyer sur plusieurs lettres en même temps. La machine se charge ensuite de les mettre dans le bon ordre ». Si elle convient que « c’était un peu raté hier », elle salue tout de même la performance malgré le poids du stress :
« Cela demande beaucoup d’entraînement, comme la musique, mais ce n’est pas une question de dextérité, plutôt d’automatisme. Comme pour les interprètes en langue étrangère : c’est du direct avec tous les risques qui y sont liés. »