On peut souligner, ce que ne fait pas l’article, que Belle-Île, 5500 habitants, a réussi à préserver son hôpital en le reconstruisant intégralement l’année dernière.
Patients, soignants, et résidents d’Ehpad ont pris leurs quartiers dans l’hôpital neuf de Belle-Île-en-Mer, début juin. Le nouveau complexe tranche avec la situation antérieure : il y a quelques années, l’île était considérée avant l’heure comme un désert médical.
Après deux ans de chantier, le nouvel hôpital Belle-Île-en-Mer, placé sur le même site que l’ancien, Yves-Lanco, est désormais opérationnel. Les derniers patients ont pris leurs quartiers, mardi 4 juin 2019. Les consultations ont repris dès la veille.
La construction du nouvel hôpital, exceptionnelle sur un territoire insulaire, en France, répond à un besoin d’amélioration des conditions d’hébergements des malades, dégradées dans les anciens locaux. Elle répond aussi au besoin d’améliorer les conditions de travail des soignants, selon la direction de l’hôpital.
Pourquoi avoir construit un nouvel hôpital ?
L’ancien hôpital Yves-Lanco était devenu complètement obsolète, pour les soins et pour les résidents , raconte la directrice déléguée de l’hôpital, Françoise Bruneaud. Ascenseur dysfonctionnant, manque de douches pour les résidents de l’Ehpad La Vigne (2 pour 30) et de postes de dialyse, services différents trop éloignés…
Décidée en 2014, la construction de ce nouvel hôpital en arc de cercle et à 4 étages, dont François Hollande avait posé la première pierre en 2017, a été bouclée dans les temps pour un budget de 26 millions d’euros. Il reste à démolir les anciens bâtiments, puis construire les zones de parkings, l’héliport et l’espace vert. Le tout sera terminé à la fin de l’année.
Qu’est-ce qui change ?
L’hôpital regroupe donc maintenant les deux Ehpad (68 places), autrefois hors-les-murs, à côté d’un service de soins longue durée (USLD, 15 lits) qui était jusqu’alors dans la même unité d’hospitalisation que le secteur de médecine.
Celui-ci comprend toujours une unité de soins palliatifs (2 lits), un service de soins non-programmés (des urgences sans le nom) et l’activité de soins de suite et de réadaptation (SSR), précédemment incluse dans l’Ehpad La Vigne.
L’activité de médecine a perdu huit lits sur quinze du fait de cette réorganisation. Surtout, le secteur accueille une maison de santé pluridisciplinaire (8 généralistes, 15 spécialistes pour huit spécialités) : Les parcours de soins sont facilités et il y a un continuum complet de la prise en charge , explique François Bruneaud.
La situation était-elle si grave ?
Au début des années 2010, Belle-île a connu une pénurie de son offre de soins. Les généralistes désertaient, ceux qui sont restés étaient assommés de travail, contraints après leur activité libérale de faire des gardes. La situation était critique, surtout l’été. Une solution temporaire a été trouvée en 2012, à travers le système des « médecins volants », vacataires payés plus de 1 000 € la journée.
Comment cela s’est-il amélioré ?
Un contrat local de santé a été signé en 2013 avec l’agence régionale de santé (ARS), puis renouvelé en 2016 dans le cadre du contrat de santé des îles du ponant qui vise à réduire les inégalités d’accès aux soins et à la prévention .
Impulsée par le jeune Dr Stéphane Pinard, arrivé fin 2012, la logique d’une pratique mixte (libérale et salariée de l’hôpital) a été pérennisée et a permis d’attirer d’autres médecins qui peuvent exercer de manière polyvalente au sein de la maison de santé et de l’hôpital.
Les spécialistes ont suivi et les îliens peuvent désormais, au sein de l’hôpital, recevoir des soins dentaires, ophtalmologiques, consulter des gynécologues, cardiologues. Le recours à la télémédecine a aussi été étendu pour les échographies et la psychiatrie.