QG - Le média libre

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  • Qui veut la guerre sabote la paix – QG – Le média libre
    https://qg.media/blog/haroldbernat/qui-veut-la-guerre-sabote-la-paix

    La guerre sert désormais à Macron et aux siens à suspendre le temps du politique. Dire que l’on va envoyer des troupes en Ukraine pour plaire au spectateur lobotomisé qui confond allègrement réalité et fiction, ne nous dit rien sur les rapports de force en présence. De là le drame que nous sommes en train de vivre en France : celui d’une parole gouvernementale qui n’a plus aucun sens, qui ne renvoie à aucun sérieux, tandis que les Russes, eux, sont dans des enjeux vitaux. Cela émoustille sûrement une bourgeoisie qui se regarde le nombril, mais cela fait perdre toute influence diplomatique à la France. Un état des lieux d’Harold Bernat sur le rapport du pouvoir français à la guerre d’Ukraine, à lire sur QG

    Ça nous changera des gens biens qui nous expliquent qu’en Occident, on a la gauche anti-impérialiste la plus de droite du monde.

  • « Macron et le RN sont muets sur le fait que les résistants communistes étrangers aient compté parmi les plus éminents patriotes de France »
    https://qg.media/2024/02/19/macron-et-le-rn-sont-muets-sur-le-fait-que-les-resistants-communistes-etranger

    À quelques jours de la panthéonisation des époux Manouchian, ce mercredi 21 février, dont le souvenir imprègne la tristement célèbre « Affiche rouge », l’hommage national emmené par Emmanuel Macron laisse présager un accent mis sur leur origine arménienne plus que sur leur engagement communiste, et une instrumentalisation de leurs actes de bravoure. S’engageant à contre-courant des historiographies dominantes, Annie Lacroix-Riz revient pour QG sur le récit méconnu des ces ardents militants communistes d’origine immigrée, qui défendirent la France au péril de leurs vies, avec une bravoure que beaucoup de « bons Français » n’eurent jamais.

    • L’extrême droite veut profaner la mémoire du résistant Missak Manouchian
      https://contre-attaque.net/2024/02/20/lextreme-droite-veut-profaner-la-memoire-du-resistant-missak-manouch


      Dans cette période de confusion générale, tous les repères sont méthodiquement démolis. L’été dernier, le gouvernement a proclamé un nouvel « arc républicain » qui allait de l’extrême droite au Parti Socialiste, excluant la gauche, et considérant ainsi que toute valeur résolument écologiste, anti-raciste ou anticapitaliste étaient « anti-républicaine ». Ainsi, le « front républicain » qui s’opposait jadis à l’extrême droite se transformait en barrage contre la gauche.

      En novembre, nous avons vu une fausse « marche contre l’antisémitisme » réunir les pires politiciens racistes, notamment Le Pen et Zemmour, les héritiers historique du pétainisme et de la collaboration en guise d’invités d’honneur, pendant que la gauche était huée et diffamée en continu dans la rue et les médias.

      Voici à présent la cheffe de file du Rassemblement National qui annonce sa participation à la cérémonie de panthéonisation de Missak et Mélinée Manouchian. Cet événement aura lieu mercredi 21 février, à l’initiative de Macron.

      Au mois de juin 2023, Emmanuel Macron annonçait l’entrée de Missak Manouchian et sa compagne Mélinée au Panthéon, le temple des personnalités qui ont marqué l’histoire de France. Manouchian était un résistant arménien qui a pratiqué la lutte armée et la guérilla urbaine contre les nazis. Il est mort assassinés en 1944, avec d’autres membres de son réseau, les Francs Tireurs Partisans. Les nazis les avaient décrits comme « l’armée du crime » sur l’Affiche rouge, insistant sur le fait qu’ils étaient juifs et étrangers. Les FTP-MOI étaient composés de prolétaires immigrés luttant contre l’extrême droite. Ils représentaient absolument tout ce que le RN et le reste de la droite cherche encore aujourd’hui à éliminer.

      Autrement dit, l’héritière d’un parti fondé par des nazis et des collabos compte profaner par sa présence la mémoire d’un résistant communiste qui combattu jusqu’à la mort contre le fascisme. La dissonance cognitive de l’époque est à son paroxysme.

      Cette « panthéonisation » en elle même est un scandale. C’est le même Emmanuel Macron qui déclarait en novembre 2018 que « Pétain était un grand soldat » et qui a dissout des collectifs antifascistes quelques années plus tard. C’est le même qui criminalise les héritiers de Manouchian, qui enferme les militant-es antifascistes et couvre l’extrême droite, jusqu’au sein de sa police.

      Quant au parti de Marine Le Pen, redisons-le : il a littéralement été fondé par les assassins de Manouchian et ses camarades ! Marine Le Pen est une millionnaire, héritière, raciste. Manouchian était un prolétaire immigré antifasciste. Tout les oppose.

      « Que Marine Le Pen ait l’outrecuidance d’être présente, je ne peux pas le supporter », a déclaré Georges Duffau-Epstein, fils de Joseph Epstein, chef des Francs-tireurs partisans pour la région parisienne. « Elle n’est pas la bienvenue, compte tenu de sa filiation, de la personnalité des fondateurs du Front National, des blagues délirantes de son père sur “Durafour-crématoire” et autres », explique-t-il à Libération.

      Reste à savoir si la présence obscène de fascistes le jour d’une commémoration en mémoire d’un couple d’antifascistes, véritable profanation mémorielle, se déroulera dans le calme. Ce qui serait une honte historique.

    • « Rappelons que si inviter Le Pen ne dérange pas Macron, ce dernier a fait le choix de ne pas inviter Léon Landini résistant FTP MOI et président de l’amical des résistants des bataillons Carmagnole Liberté »
      https://www.initiative-communiste.fr/articles/prcf/video-leon-landini-resistant-ftp-moi-evince-de-lentree-au-pant
      https://www.youtube.com/watch?v=ep5ZT7XJALo

      Tout un symbole. D’un coté Léon Landini, résistant FTP MOI, président de l’amicale des résistants des bataillons FTP MOI Carmagnole Liberté, évincé par l’Elysée de l’entrée au Panthéon de Manouchian, ses camarades, compagnons d’arme. De l’autre Marine Le Pen, fille de Jean Marie Le Pen fondateur du RN au coté de waffen SS, invité officiellement par Emmanuel Macron. Les préférences politiques et sympathies du régime Macron sont on ne peut plus claires. Léon Landini, dans une vidéo réalisée ce 17 février 2024 revient sur les raisons très politiques de son éviction, des raisons qui ont tout à voir avec l’effacement systématique de celui de la résistance communiste, et en particulier celle des FTP MOI, et de leur combat antifasciste pour une France libre, souveraine, la France des travailleurs.

      Honorer Manouchian et les FTP-MOI c’est rendre enfin justice à la résistance communiste, cesser de criminaliser le communisme en poussant à la fascisation, mettre fin à la dissolution de la France dans l’UE atlantique. https://www.initiative-communiste.fr/articles/luttes/honorer-manouchian-et-les-ftp-moi-cest-rendre-enfin-justice-a-

      Missak Manouchian au Panthéon : dans une lettre ouverte à Emmanuel Macron, les FTP-MOI dénoncent leur éviction de la cérémonie et ses raisons. https://www.initiative-communiste.fr/articles/luttes/missak-manouchian-au-pantheon-dans-une-lettre-ouverte-a-emmanu

      Sous la couverture de la reconnaissance officielle des combats menés pour la libération de la France par les immigrés lors de la Deuxième guerre mondiale, l’ostracisme continue. Léon Landini (98 ANS), dernier officier vivant des FTP-MOI (Franc-tireur et Partisan de la Main d’Oeuvre Immigrée) n’a pas été invité ce 21 février au Panthéon malgré ses demandes répétées à l’Elysée. Refus méprisant : « on reviendra vers vous si votre demande est acceptée ». Pourquoi ce refus ? Mais pour la même raison honteuse que les FTP-MOI ont été massacrés par les fascistes : parce qu’il est encore et toujours un indomptable communiste luttant contre le fascisme et défendant à la fois l’internationalisme prolétarien et la liberté, l’indépendance et la souveraineté de la France.

      Un rappel historique ; le groupe Manouchian s’appelait les FTP-MOI :
      Franc-Tireurs Partisans - Main d’Oeuvre Immigrée !

    • Panthéonisation de Manouchian : opération détournement de mémoire pour Macron et le RN
      https://www.revolutionpermanente.fr/Pantheonisation-de-Manouchian-operation-detournement-de-memoire

      La panthéonisation de Manouchian et les hommages hypocrites de la classe politique, du président de la République au Rassemblement national, s’inscrivent dans le détournement de la mémoire d’un communiste et internationaliste, aux antipodes de la xénophobie ambiante.

      Avant de salir Manouchian, Le Pen déjeunait avec l’AfD qui appelle à la « remigration »
      https://www.revolutionpermanente.fr/Avant-de-salir-Manouchian-Le-Pen-dejeunait-avec-l-AfD-qui-appel

      La veille de la cérémonie d’hommage à Manouchian, immigré résistant, le RN a partagé un déjeuner avec la présidente de l’AfD, le parti d’extrême droite allemand qui a organisé fin 2023 une rencontre visant à expulser plusieurs millions d’Allemands d’origine étrangère du territoire !

    • Feu ! Chatterton sauve la cérémonie de panthéonisation de Missak et Mélinée Manouchian
      https://www.telerama.fr/debats-reportages/feu-chatterton-sauve-la-ceremonie-de-pantheonisation-de-missak-et-melinee-m
      https://www.dailymotion.com/video/x8t3bnq

      L’entrée au Panthéon des résistants communistes a donc été célébrée ce mercredi, sous la pluie, et souillée par la présence du RN et un contexte politique révoltant. Seul le texte d’Aragon, sublimé par Arthur Teboul, leur a rendu un hommage digne, émouvant.

      Presque un mois après la promulgation de la loi immigration, loi scélérate qui introduit notamment le concept de préférence nationale, et dix jours après l’annonce par Gérald Darmanin de la fin du droit du sol à Mayotte, voilà que Missak Manouchian et ses compagnons d’armes allaient subir le dernier outrage à l’heure de leur héroïsation : la présence à la cérémonie de Marine Le Pen, présidente d’un parti fondé par des collaborateurs et d’anciens SS. La souillure et la honte.

      Et puis, et puis… La nuit frissonnante, le vent par rafales, la pluie telle une froide caresse, et la voix d’Arthur Teboul s’élevant comme un poème entre les colonnes du Panthéon. « Adieu la peine et le plaisir, adieu les roses/Adieu la vie, adieu la lumière et le vent. » Le chanteur de Feu ! Chatterton interprète L’Affiche rouge, écrit par Louis Aragon, longtemps chanté par Léo Ferré, et c’est une splendeur. Un moment suspendu où sensibilité, sobriété et intelligence convergent pour faire céder toutes les digues et déferler l’émotion. Rendre enfin aux « 20 et 3 étrangers et nos frères pourtant » les honneurs qui leur sont dus.

      Merci FeuChatterton !

  • Homo ricanus ou les railleries impuissantes de la petite bourgeoisie collabo
    https://qg.media/blog/haroldbernat/homo-ricanus-ou-les-railleries-impuissantes-de-la-petite-bourgeoisie-collabo

    Aujourd’hui l’édifice de la résignation collective repose sur le petit bourgeois, un type humain que l’homo ricanus de Nietzsche nous aide à penser. Toujours dans l’entre-deux, jamais un mot plus haut que l’autre, il se tient loin des rebellions, même lorsqu’il s’aperçoit des injustices. Il ne prend pas position, et encore moins de risques, s’assure d’être discret, ne likera jamais un post Linkedin mal pensant, ne remettra jamais en cause l’ordre social. Au fond c’est un collabo 2.0. Ce qu’il lui reste à faire ? Ricaner dans les coins. Se marrer mais s’adapter. Railler sans fin mais faire le sale boulot dans les open spaces. Analyse piquante d’un profil bien confortable par Harold Bernat sur QG

    Un détour par Nietzsche, trop peu cité quand il s’agit de s’engager dans une lutte, n’est pas forcément superflu. Marx, oui ; Nietzsche, non ? Soyons sérieux, Nietzsche est un réactionnaire, non ? Mais est-ce sérieux de passer sous silence ce que devient l’homme dans nos contrées de moins en moins tempérées ? Est-ce sérieux de ne pas jeter un regard clinique, un tantinet nietzschéen, sur le type d’homme qui nous condamne à l’impuissance, à la stérilité et à la soumission ? En un mot, à la défaite de la majorité quand le petit bourgeois et le dernier homme se tiennent les mains, les leurs, la sienne, dans une ronde d’impuissance politique entretenue. À quoi bon ? L’anthropologie sociale reste le cruel impensé de l’analyse politique. Tout mouvement politique qui chercherait à remettre un peu de vertu dans la pratique publique ne peut en faire l’économie. Une conviction...

  • « La ministre des barres parallèles, du pentathlon et de l’éducation nationale crache d’emblée sur l’institution scolaire et ça ne doit plus passer »
    https://qg.media/blog/haroldbernat/la-ministre-des-barres-paralleles-du-pentathlon-et-de-leducation-nationale-cra

    Arrivée en fanfare pour Amélie Oudéa-Castréa au poste de ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse, des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques. Si l’intitulé à rallonge de la fonction laisse déjà perplexe, il en va de même pour le choix d’avoir nommé à une telle fonction une « maman », ainsi qu’elle se désigne niaisement sur les plateaux de télévision, qui a fait le choix du privé pour ses propres enfants. Et pas n’importe quel privé : le plus inégalitaire, cher et réactionnaire qui soit. Diffamant d’emblée l’école publique, ayant possiblement bénéficié d’un contournement de Parcoursup, il est clair désormais que les syndicats doivent obtenir sa démission pour en finir avec une situation délétère. Sur QG, Harold Bernat tire le portrait d’une macronie toujours plus lamentable

    Aux syndicalistes de l’Éducation nationale qui ont perdu tout honneur en n’exigeant pas la démission sans conditions d’Amélie Oudéa-Castéra.

    L’air goguenard, le rictus un peu figé, le timbre niais, Amélie Oudéa-Castéra – nous allons découvrir progressivement cette dame – prend la parole devant les sénateurs. « Monsieur le président de la République, monsieur le Premier ministre m’ont confié un continuum de responsabilités aux synergies qui sont en effet nombreuses mais au cœur de ce continuum, il y a une ambition, le réarmement civique de notre jeunesse. » Non, il ne s’agit pas d’une cadre sup’ en burn out dans une clinique privée qui inventerait des formules insensées devant son thérapeute avec un sourire inquiétant. Il ne s’agit pas non plus de l’imitation numérique filtrée par une IA d’un discours pétainiste des années 40. Nous avons là, droit dans son tailleur écru et dans sa classe sociale, la dénommée Amélie Oudéa-Castéra, nouvelle ministre du volley de plage, des barres parallèles et de l’éducation nationale. J’attendrai longtemps et certainement en vain l’explication de la différence entre ce discours et celui d’un malade en crise de démence qui aurait perdu le contact avec la réalité. Peut-être faut-il faire l’hypothèse définitive que le macronisme, dans son effondrement terminal, ne soit plus qu’un hôpital sans médecins dans lequel des patients non stabilisés et jouant avec des billets de Monopoly et des forceps ont pris les clés. Avec des CRS tout autour qui protègent la France de la populace séditieuse.

    Le choc des savoirs y a remplacé l’électrochoc. Il se murmure même, entre les murs, qu’un jeune patient, brillant à force de se faire astiquer, placé là par sa mère et se proclamant « Premier ministre » avec un bonnet d’âne sur la tête, « Assas » écrit dessus au jus de citron, réclame la paternité de cette formule asilaire. Se prendre pour Macron, jadis pour Napoléon, est d’ailleurs un symptôme aujourd’hui reconnu qui touche aussi bien les grandes endives ramollies de la bourgeoisie affairiste que les managers péteux de la petite bourgeoisie qui voudraient en être. Cette ménagerie lugubre, hélas, est nettement moins sympathique que les compagnons d’infortune de Jack Nicholson dans « Vol au-dessus d’un nid de coucou ». Ce tout petit monde, on l’appelle aussi le premier cercle des politiques disparus, a la particularité de produire des phrases insensées avec de grands airs, tout en vous signifiant sans détour qu’il vous emmerde. Enfin, pour être plus précis qu’il ne peut recevoir décemment dans une démocratie qui se respecte des propositions fort peu constructives comme les vôtres. Ce qui signifie, en pratique, exactement la même chose.

    Je ne connaissais cette dame, aujourd’hui ministre du BMX, de la flamme olympique et de l’éducation nationale, qu’à travers sa sortie sur les appartements du Crous. Elle invitait en effet les étudiants, en tant que ministre des sports, à faire « le petit effort » de laisser leur appartement aux sportifs pendant deux mois. Réécoutons AOC, rien à voir avec le camembert même si ça pue, sur une des innombrables bandes-son de la condescendance macroniste : « Je pense que les étudiants seront fiers de se dire, voilà, qu’ils peuvent prêter leur logement, mettre à disposition leur logement pendant deux petits mois d’été (elle fait en même temps un geste pour montrer cette courte durée avec sa main). » Pour résumer, la gratification symbolique de faire « le petit effort » avant de se retrouver deux mois à la rue vaut compensation. Les logements du Crous sont occupés par les plus précaires, des étudiants qui n’ont bien souvent aucune autre possibilité de logement. Cette proposition, en elle-même ahurissante, pour tout dire obscène, est pourtant énoncée en toute bonne conscience avec la certitude de la dame patronnesse qui croit faire le bien absolu en apportant une galette des rois à la sortie de Sainte-Clothilde de la Trinité l’Assomption, l’école de son fils qui, plus tard, voudrait faire comme papa. Avant d’user de mots forcément vulgaires pour décrire une telle attitude vis-à-vis des étudiants les plus pauvres, je les ai aussi en tête, gardez bien à l’esprit que ces gens ne se représentent pas le monde exactement comme vous. Il y a des écarts entre votre façon de voir et la leur. Dans le cas contraire, vous ne seriez pas en train de lire ce compte-rendu clinique de la maltraitance sociale qui nous tient lieu de proposition politique progressiste en France. Disons, pour reprendre le vocabulaire de la démence macroniste, que le continuum entre vos évaluations morales et les leurs est largement altéré. Dans leur monde, la gratification symbolique remplit le réfrigérateur et les études sont une question de bons réseaux. Dans leur monde, les solutions de logement se règlent au téléphone en cinq minutes, y compris et surtout pour se loger à Paris centre. Dans leur monde, il n’est absolument pas ahurissant, encore moins obscène, de prendre les étudiants pour des demeurés car là n’est pas leur intention. La réalité, une dépendance de leurs caprices, doit toujours s’aligner sur leurs bonnes intentions, lucides, pragmatiques, raisonnables. Beaucoup plus que les vôtres, extrémistes en goguette et pouilleux.

    Cette dame, actuellement ministre du pentathlon, du rugby à sept et de l’éducation nationale, a fait une entrée particulièrement remarquée dans le ministère. Elle a trouvé bon, en effet, en réponse à une question d’un journaliste de Mediapart sur la scolarisation de ses enfants, question classique et devenue rituelle, de gauche à droite, de cracher, face caméra, sur l’école publique. Elle aurait, selon elle, placé ses enfants dans l’établissement catholique privé de niche, Stanislas, excédée par le non remplacement des professeurs de ses enfants dans le public. Il est important de prendre le temps de la lecture exhaustive pour mesurer de quoi nous sommes exactement en train de parler. Ce temps, il est nécessaire de le prendre car la machine à exterminer le sens de la parole publique et politique fonctionne à plein régime. Voici : « Moi je vais vous dire pourquoi nous avons scolarisé nos enfants à l’école Stanislas, je vais vous raconter brièvement cette histoire. Celle de notre aîné, Vincent, qui a commencé comme sa maman à l’école publique, à l’école Littré. Et puis la frustration de ses parents, mon mari et moi, qui avons vu des paquets d’heures qui n’étaient pas sérieusement remplacées et, à un moment, on en a eu marre comme des centaines de milliers de familles, à un moment on fait un choix, voilà, d’aller chercher une solution différente. On habitait rue Stanislas, scolariser nos enfants à Stanislas était un choix de proximité. Depuis, de manière continue, nous nous assurons que nos enfants sont bien formés avec de l’exigence dans la maîtrise des savoirs fondamentaux et qu’ils sont heureux, qu’ils sont épanouis, qu’ils ont des amis, qu’ils sont bien, qu’ils se sentent en sécurité, en confiance, et c’est le cas pour mes trois petits garçons, mes trois enfants qui sont là-bas. Alors je pense qu’avant de stigmatiser les choix des parents d’élèves, il est important de rappeler que l’école, c’est celle de la République, et que la République travaille avec tout le monde dès lors qu’on est au rendez-vous. » Le mot « cracher » est ici important et doit être souligné car la bourgeoisie séditieuse s’en offusquera. Elle vous parlera liberté, choix individuel et réalisme. Nous rectifions ses mots : glaviots, bave et diffamation sont autrement plus objectifs. Tailleur écru ou pas. Ils décrivent le réel quand la démence de classe voudrait le vaporiser. Une enquête, facile à mener, y compris pour une chaîne d’information, cela situe le niveau de difficulté, conclura le lendemain au mensonge. L’école Littré, où a été scolarisé en effet son fils, réagit et rectifie la calomnie. Une plainte pour diffamation est d’ailleurs en cours. Aucune absence lors de la scolarisation de son enfant mais un problème de saut de classe. Comprenez, le génie, dans un certain milieu, s’étalonne quand les couches sont encore pleines.

    Dans ce feuilletonnage indécent, sur fonds publics, à plusieurs milliers d’euros la journée tout de même, le pire était pourtant à venir. Une série de contre-feux chercheront à minorer l’ampleur du mensonge et la taille du crachat sur l’institution dont elle a désormais la charge en tant que ministre du mountain bike, de la GRS et de l’éducation nationale. Le plus infantilisant ? « Je me suis appuyée sur le souvenir d’une expérience d’une maman d’il y a 15 ans. Les statistiques du rectorat, et ce qui compte le plus, la parole d’une enseignante me donnent tort. Dont acte. » Maman, enfant, bébé. Vous ne croyez pas une seconde, naïfs et crédules que vous n’êtes pas, que ces mots bien choisis, sentant bon la poudre et le lait maternel, sont les beaux fruits innocents des sentiments qui s’épanchent de l’instinct de maman. Derrière cette liqueur, ce jus frais Télématin, une équipe de communication, cynique et rodée. Il faut tenir la ligne quitte à resservir une lichette de démence auréolée de niaiserie. Le nudge et trois biscottes. La tentative psycho-affective pour amadouer des spectateurs dépolitisés à moitié endormis peut trouver son public. Elle ramassera au moins un millier de beurres mous.

    Il ne s’agit pas, évidemment, de minorer la question des remplacements de professeurs sur des courtes durées. Mais le sérieux exigeait de déblayer avant. C’est chose faite. Les remplacements de courte durée sont majoritairement assurés par des vacataires maltraités par les rectorats, payés avec des accomptes, méprisés et souvent mal formés et mal accompagnés, placés en situation d’échec. Les classes populaires sont les premières touchées. Mais depuis quand la grande bourgeoisie qui navigue entre l’École alsacienne et Stanislas s’intéresse à cette question sans s’en servir de prétexte pour enfoncer l’école publique ? C’est aussi cela qui redouble l’ampleur du crachat. L’instrumentalisation de la misère professionnelle pour accélérer la destruction du lien social et des principes qui font notre République, une République sociale qui n’est évidemment pas la leur.

    Nous sommes le vendredi 19 janvier quand j’écris ces lignes et la ministre de l’équitation, de Paris 2024 et de l’éducation nationale est toujours en poste. Sans une puissante mobilisation nationale, elle le restera. Il n’y a pourtant aucune justification au maintien en place de cette maman d’élèves à Stanislas, un établissement qui n’est d’ailleurs pas du tout représentatif des privés sous contrat en France où sont scolarisés un peu moins de 20 % des élèves – un établissement actuellement sous le coup d’un rapport d’inspection faisant état de nombreux cas d’homophobie, de sexisme et de brimades. Mais les bourgeois séditieux veulent imposer leur modèle sado-répressif et leur séparation de classe comme une conséquence des résultats de ce qu’ils détruisent, certainement pas comme un choix parfaitement délibéré qui vient d’eux. Démolisseurs et lâches. En détruisant d’un côté ce qu’ils critiquent de l’autre, ils gagnent sur les deux tableaux, sur le dos d’une institution publique qui s’effondre. Je ne trouve pas de meilleur concept pour les définir que le « salaud » de Sartre, la liberté de faire le mal qui se nie. Nous sommes trop tendres avec ces gens, trop passifs, trop faibles. Le nombre ne suffit pas sans la force d’une cohésion sociale et d’une cohérence politique implacable. Ils le savent et en jouent parfaitement. Ils démembrent, ils sont en place pour cela. Mais pour un texte sérieux sur le sujet qui nous occupe, un appel clair et net à la démission, sans conditions, de la ministre de la pétanque, non, des fléchettes, non plus, de la communication démente, pour résumer, combien de fausses doléances signées par des syndicalistes qui s’arrangent de tout. Nous en crevons et nos libertés politiques avec. A force de tout accepter, de tout laisser passer, de tout relativiser ou de s’en foutre, de nos institutions publiques, il ne restera bientôt plus rien.

    Harold Bernat

    À l’heure où QG publie ce texte, une nouvelle affaire vient s’ajouter à un dossier « Oudéa-Castera » déjà très chargé : « Le fils de la ministre Oudéa-Castéra a bénéficié d’un système de contournement de Parcoursup à Stanislas », Mediapart, 20 janvier 2024

  • Les Dumb leaders, ou l’heure du grand mépris
    https://tendanceclaire.org/breve.php?id=44113

    La nomination de Gabriel Attal au poste de Premier ministre ce 9 janvier remet en évidence les fondamentaux du macronisme : l’accession au pouvoir de jeunes arrivistes, ayant compris tous les bénéfices qu’ils pouvaient tirer du vieillissement des populations électorales, tout en réalisant le programme économique anti-social de leurs maîtres globalistes. Propulsés par les mêmes médias du CAC 40, qui les astiquent de qualificatifs rutilants sous les vivats des benêts, « la comète Macron » et « la fusée Attal », ou l’inverse, montrent la maladie terminale du système politique français, qui n’a rien d’autre à offrir aux Français que des baudruches, un violent dédain et de grands coups de matraques. Agrégé de philosophie, Harold Bernat livre sur QG une vigoureuse analyse de l’escroquerie politique qui nous est une fois de plus infligée.

    Après avoir tenté de disséquer l’ordre pervers, je reviens donc, en ce début d’année 2024 – une année que je vous souhaite moins mauvaise qu’elle risque de l’être – à une de mes occupations favorites depuis plus de dix ans : l’autopsie du vide politique français. Evidemment, nous étions tout de même quelques-uns à penser, en 2017, qu’il était impossible de tomber plus bas que Macron en termes de cirage de pompes et de vacuité marketing autour d’un homme dit encore, par usage et extension d’usage, « politique ». Je m’étais particulièrement concentré, à ce titre, sur la formule « philosophe en politique » qui résumait à elle seule – avec celle, tout aussi malhonnête, de « société civile » – l’ensemble du délire médiatico-mondain autour de cette petite personne qui s’est avérée être à l’usage bien plus petite encore. Plus violente aussi. Beaucoup plus violente. Il ne faut jamais oublier que le vide se paye en répression et en violence. Plus le centre est creux, faux, truqué, plus l’exosquelette, la carapace qui tient ce vide et le circonscrit de l’extérieur doit être rigide. Dans ces systèmes de domination qui carburent à la vacuité, où l’insignifiance est un gage de neutralité, voire de sagesse, et permet de ce fait de louvoyer sans inquiétude, la moindre perturbation symbolique devient une menace. La menace, non pas d’une révolution qui supposerait des forces d’affirmation que nous sommes encore très loin de pouvoir mobiliser collectivement aujourd’hui, mais d’une implosion, d’un écrasement de l’ensemble de l’édifice de vacuité sur son propre vide. Notre ère est celle de l’implosion sociale, pas de l’explosion. C’est d’ailleurs sur cette dynamique qu’il nous faut aujourd’hui parier pour bouleverser à la marge le plan qui se déroule sous nos yeux sidérés. Le flicage généralisé accompagne par conséquent la vacuité généralisée dans une forme certainement inédite d’insignifiance répressive. Tout faire pour que le vide ne fasse pas imploser la structure. Les enjeux symboliques sont donc cruciaux.

    Sur les larges étals de l’escroquerie mondaine, nous avons désormais droit au « brillant » Gabriel Attal. Certains esprits attentifs, il en reste, ont déjà fait le parallèle des mots et des formules entre la promotion médiatique de Macron et celle de ce petit pistonné de l’entre-soi parisien. Amélie Ismaïli relève ainsi sur « X », dans un post largement relayé, les mêmes formules creuses qui reviennent, sept ans après. Pour TF1 par exemple, un copier-coller ; de « l’ascension fulgurante d’Emmanuel Macron » à « l’ascension fulgurante de Gabriel Attal ». Le JDD évoquait sans plus d’originalité en 2017 « les coulisses d’une fulgurante ascension ». En 2024 il titre : « L’ascension fulgurante de Gabriel Attal, le plus jeune Premier ministre de l’histoire ». En 2016, c’était « l’homme pressé pour Macron » dans L’Obs. En 2018, Paris Match fait le métier : « Gabriel Attal, l’homme pressé. ». Toujours en 2017, Les Echos faisaient de Macron « L’élève modèle devenu président » quand Paris Match titre en 2023 « Gabriel Attal, l’ascension de l’élève modèle du gouvernement ». Bref, la figure du jeune ambitieux enfant prodige ultra brillant à l’ascension éclair qui rêvait d’être acteur dans les deux cas. En quelques clics, vous retrouvez ad nauseam ces formules toutes faites accolées à ces deux barils de vide de la brillance politique à la française. Faites vous plaisir, c’est offert.

    Je ne compte évidemment pas refaire le travail fastidieux d’analyse que j’avais entrepris sur Macron le faux en 2016 dans un silence médiatique prévisible. Rien de nouveau sur la théorie et nous n’en sommes plus là. Entre temps, nous avons pris la pleine mesure de la violence d’État qu’accompagnait cette vacuité, tantôt grotesque, tantôt pathétique, tantôt déprimante. Les Gilets jaunes – nous en étions aussi – ont été marqués dans leur corps par cette violence. Le mépris qu’ils ont affronté pendant ces longs mois de lutte et de résistance nous situe collectivement très au-delà des analyses à distance et des belles références de la critique simplement intellectuelle de ces phénomènes de foire médiatique que sont Macron et Attal. Nous savons l’essentiel sur ces individus, sur leurs parcours, leurs réseaux, leurs pistons, leurs magouilles et leur violence de classe. Il va de soi que seul un regroupement d’intérêts financiers et mondains, ajoutons moisis pour plus de réalisme, sans aucune éthique, avec encore moins de probité, pouvait construire l’image d’un Attal « brillant » et « efficace ». Hormis quelques sorties sur l’abaya et la blouse, autant dire un peu de textile, son passage à l’Education nationale n’a eu de valeur que pour cette gérontocratie d’éditorialistes séniles dont les petits enfants ne sont même plus en âge de passer un baccalauréat qui n’existe plus. Cette misérable engeance accrédite une fable, un non-sens irréaliste, une absurdité de dément pour soutenir en fin de compte, dans une logique décadentiste qui n’a même plus le talent pour en faire de l’art, une position de classe. Tout ça pour ça.

    Ces gens se soutiennent dans un râle ridicule qui fait de l’œil à de jeunes tapineurs qui ont compris tous les bénéfices qu’ils pouvaient retirer du vieillissement des populations électorales, tout en réalisant le programme économique et anti-social de leurs maîtres globalistes. Le système médiatique qui soutiendra cette nouvelle imposture, ce nouveau phénomène de corruption des institutions publiques par une clique mafieuse est la clé de voûte d’un édifice dont la vocation est évidemment de s’effondrer dans un fracas terrible. Il faut aussi comprendre que ces gens se soutiennent et qu’ils sont bien souvent issus du même milieu. La critique du macronisme et de ses surgeons grotesques ne peut être détachée du système qui l’a promu. C’est un tout indivisible. Ces menteurs, qu’ils se situent d’un côté ou de l’autre du micro, repoussent simplement, par les petites astuces qu’ils nous imposent et les narrations débilitantes qu’ils nous servent – « la comète Macron » et « la fusée Attal » ou l’inverse – l’heure de la chute. Il est certain que la fascination de la gérontocratie éditorialiste et médiatique française pour les trous de balle de l’arrivisme creux à la sauce cabinets de conseil McKinsey et Capgemini n’est pas un très bon signe pour la vitalité de notre pays. Alors, que faire face à ce mélange écœurant d’obscénités et de violence sociale porté par des clones qui ne sont les leaders que du petit club de suiveurs avec qui ils ont partagé le goûter de maman dans les beaux quartiers protégés de Paris ? En termes cyclistes, changer de braquet. Car nous en sommes là : sommer les français de travailler deux ans de plus à grands coups de matraques, alors que l’espérance de vie en bonne santé recule, tout en plaçant à une marche du sommet de l’Etat un fils à maman pistonné qui n’a jamais travaillé, le tout en l’astiquant de qualificatifs rutilants sous les vivats des benêts. La rage ou rien.

    La gauche sociale, c’est un constat de fait, est encore beaucoup trop gentille, parfois niaise. Il lui arrive même d’être totalement à côté de la plaque quand elle fait des fêtes colorées alors qu’il s’agit d’atomiser l’adversaire. Erreur d’objectif. Elle a des doléances à faire valoir et des attentes déçues. Des espoirs de changement même si ceux-ci se réduisent d’une farce politique à la suivante. La radicalité des actions, un autre mot pour dire leur cohérence, gagne pourtant les esprits même si le chemin est long tant nous partons de loin. Nous devons, en toute occasion, avec nos petits moyens et nos ruses, nous n’en sommes pas dénués, leur rentrer dans le lard à tous ces faux, à tous ces faquins. Désignons Attal, nommons avec un peu de réalisme au lieu de subir en grommelant l’enfumage généralisé. Attal ? Du vide. Du brillant ? Du cirage de pompes, de la lèche pour un néant d’expérience, du fils à maman biberonné serré aux réseaux de l’entre-soi qui n’a jamais rien prouvé d’autre que son aptitude au tapin politique dans des cercles réduits avec des œillades de biche et des convictions en papier mâché. Un pistonné, une baltringue, une baudruche. Violent ? La violence ce n’est pas désigner le réel, nommer ce que l’on voit, mais maltraiter les gens en le falsifiant. Mais ce qui est grave, ce n’est pas cette baudruche plutôt que cette autre, celle de 2017, de 2024 ou de 2027. Non, ce qui est grave c’est que nous soyons incapables de les battre politiquement. Ce qui est grave c’est le triomphe du vide qui neutralise toute résistance politique sur des questions qui engagent nos vies. Ce qui est grave c’est de se soumettre à des dumb leaders qui ne méritent que notre mépris. Ce qui montre à quel point c’est tout un système qu’il faut réformer. Toute une stratégie qu’il faut revoir. Ces gens gonflés au vide d’un spectacle politique rentable pour ceux qui y surnagent sont détestables et détestés. Cette détestation est parfaitement légitime et pourrait être expliquée à un enfant de dix ans. Nous devons les vomir, pas les penser. Les penser, nous l’avons déjà fait, en large, en long et en travers, tant il faut épouser de méandres pour décrire ces tordus. Nous l’avons fait et refait. Ce qu’il nous manque, c’est la rage et la structuration politique de cette rage face à ces démolisseurs encostardés. Ces bons élèves de rien du tout, ces pétards mouillés de la vacuité répressive, ces angelots vendus comme des boissons énergisantes à un corps politique adipeux sont des nullards. Ils braderont ce qu’il reste de la France, des institutions publiques, ils finiront de démembrer notre production d’énergie et notre souveraineté politique. Ce qu’il en reste, autant dire plus grand chose. Des leaders imbéciles qui méritent notre plus grand mépris ? Ce sont surtout des traîtres aux intérêts de la France et des Français.

    Harold Bernat

    https://qg.media/blog/haroldbernat/les-dumb-leaders-ou-lheure-du-grand-mepris

  • Dernière traversée par Alain Accardo
    https://qg.media/blog/alainaccardo/derniere-traversee


    S’il fallait en juger par l’état du monde, il semblerait que Malraux se soit montré clairvoyant avec sa prédiction d’un XXIème siècle profondément « religieux ». À ceci près que c’est le prosélytisme du dollar qui a jusqu’ici mis toute la planète à genoux pour célébrer le culte du Veau d’or. Les bons crimes, ceux pour lesquels nous sommes aujourd’hui sommés de faire preuve de tolérance, voire d’approbation, ce sont les crimes commis au nom de la « défense-du-monde-libre ». D’ailleurs, ces crimes-là ne sont même pas des crimes nous dit-on à longueur de journée dans les médias occidentaux : ce sont des « ripostes », des réponses légitimes que les forces du Bien font aux forces du Mal, comme par exemple la guerre d’extermination qu’Israël est en train de faire aux Palestiniens de Gaza sous couvert d’éradication du Hamas, avec le soutien des Etats-Unis. En ce début d’année, Alain Accardo livre sur QG un regard philosophique terrible sur un monde en train de couler.

    En proclamant que Dieu était mort, Nietzsche est peut-être allé un peu trop vite au bout de sa pensée. En effet cette proclamation ne peut plus être entendue que comme un jugement de fait, c’est-à-dire une assertion sur l’état réel de la foi religieuse chrétienne en Europe à son époque. Il eût été plus exact de dire, de façon plus triviale, dans un style moins zarathoustrien et moins prophétique : « le christianisme a pris du plomb dans l’aile ». Mais il a fait comme tous ceux qui, s’autorisant de lui, sont allés répétant que notre monde était un monde sans Dieu, sans âme, sans signification et en perdition.

    Sans chercher à polémiquer inutilement sur le bien-fondé de la célèbre thèse nietzschéenne, dont il est permis de penser qu’elle décrit effectivement un état du monde occidental et même, plus précisément un état du monde occidental européen où le christianisme a perdu son statut multiséculaire de religion dominante, une remarque s’impose néanmoins : la thèse de la mort de Dieu souffre pour le moins d’une généralisation abusive reposant elle-même sur une confusion multiple.

    La généralisation a consiste à étendre à l’ensemble des religions existantes un constat qui était sans doute valable à propos de la représentation que l’occident chrétien pouvait se faire de la transcendance divine vers la fin du XIXème siècle. C’était un temps où l’apparent triomphe du rationalisme scientifique, le scientisme ambiant et les effets toujours plus spectaculaires de la révolution industrielle rendaient le recours au Dieu biblique de moins en moins nécessaire pour expliquer tout et le reste. Les esprits forts pouvaient aussi bien aller jusqu’à dire que Dieu était mort, puisqu’on voyait bien déjà que le christianisme était devenu davantage un héritage historique et social, une dimension culturelle identitaire de l’occident, voire pour certains une superstition, et beaucoup moins une tradition capable de vivifier quotidiennement l’esprit et la pratique de ses adeptes, comme en témoignait, entre autres indices, l’évolution de la signification des fêtes religieuses (Noël ou Pâques par exemple) dont le contenu s’est de plus en plus vidé de l’idée typiquement chrétienne de rédemption de l’Humanité et d’appel à assumer sa « vocation spirituelle », pour devenir ce qu’il est désormais, c’est-à-dire l’exaltation festive et hédoniste de ce qu’il y a de plus grossièrement consumériste et niais dans notre condition.

    Déjà au XVIIIème siècle, et même bien avant, on percevait en Europe occidentale les prodromes d’une évolution sociétale de grande portée. À d’innombrables changements dans les mœurs et les habitudes, on comprenait que le rapport des nouvelles générations à leur foi ancestrale était en train de se modifier. On ne disait pas encore, comme au siècle suivant, que « le Breton cesse d’être croyant en débarquant à la gare Montparnasse », mais sur un plan plus général cette orientation du mouvement de l’Histoire se précisait dans les esprits : la présence du Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, s’avérait de moins en moins indispensable.

    Quelle que soit l’appellation qu’on a donnée à cette évolution anthropologique (déchristianisation, laïcisation, désenchantement du monde, profanation, etc.), elle traduit toujours un affaiblissement voire une disparition du sentiment du sacré qui accompagnait primitivement les pratiques et les moeurs traditionnelles. Le monde moderne est un monde profane et souvent même délibérément profané et profanateur, à des fins distinctives en particulier (cf. la posture intellectuelle petite-bourgeoise qui consiste à invoquer à tout bout de champ dans le débat public, la nécessité de « détruire un tabou » réel ou imaginaire et sans autre raison que celle imposée par la surenchère de la concurrence mondaine et par son déballage publicitaire). Une fois de plus le pendule s’en va trop loin. Il serait intellectuellement salutaire d’intégrer dans la doxa officielle cette idée que la civilisation tout entière s’est universellement construite sur des interdits et des auto-limitations, spécialement dans la violence des mœurs, et que le propre des périodes de décadence c’est, entre autres signes d’anomie, le flottement intellectuel et moral dans le choix des règles du vivre-ensemble.

    Quant à la confusion, c’est celle qui affecte aujourd’hui, en dehors du monde savant, les pratiques et les représentations des choses de la religion chez la plupart des croyants. Pendant longtemps on a englobé sous le terme unique de religion deux choses éminemment différentes : un besoin existentiel fondamental et irréductible, ayant toute apparence d’être un invariant transhistorique (la foi), et les formes culturelles dans lesquelles ce credo s’est historiquement et sociologiquement fixé ou déclaré. La foi étant un sentiment quasi instinctif, plus spontané et contagieux que réfléchi au départ, reste de l’ordre du vécu personnel le plus intime (« Deus intimior intimo meo », c’est Dieu au plus profond de moi-même, écrivait Saint Augustin). En tant que telle, elle est irréductible à quelque argumentation théorique que ce soit. Pour s’installer elle n’a besoin d’aucune justification. Elle s’éprouve sans avoir à se prouver (« foi du charbonnier »). On n’adopte pas une vérité de foi parce qu’elle est vraie, mais parce qu’on a besoin d’y croire pour vivre, comme d’oxygène pour respirer. Ce n’est qu’après coup que la raison reprend ses droits un moment bafoués (« fides quaerens intellectum« ), car nous sommes ainsi faits que nous ne pouvons nous satisfaire entièrement de vérités qui s’imposeraient au mépris de toute rationalité discursive, de façon purement intuitive et spontanée. Le croyant ne peut pas se permettre de croire parce que « tel est son bon plaisir ». Le règne de Dieu ne peut pas être celui d’un monarque absolu de droit divin. Dieu est Dieu, il peut tout, soit. Mais il est réputé être juste et ne peut se tromper ni vouloir nous tromper en nous affirmant une chose le matin et le contraire le soir, comme un politicien en campagne. L’exigence de rationalité est celle d’un minimum d’ordre, de logique, de cohérence dans la réalité de ce qui advient. Ce minimum se veut concevable et communicable sous forme d’un logos, avec le risque de dérapage philosophique et théologique que comportent la construction, la diffusion et la discussion de tout discours rationnel systématique. Sinon, ce serait ouvrir la porte au mensonge, à l’hérésie, au chaos. Donc Dieu se doit à lui-même de raisonner juste et de dire la vérité quand il dit quelque chose à ses créatures douées de raison.

    Mais justement, comment celles-ci sont-elles informées de ce que dit Dieu ? Pour la plupart des croyants, la réponse est connue de longue date : ils savent ce que leur environnement social a été capable de leur en dire. Un enseignement religieux, même sommaire, même dispensé sous forme d’un discours superficiel et lacunaire, par des éducateurs peu instruits, suffit à transmettre à des enfants une foi solide et durable autant que celle de leurs parents. Croire, c’est avant tout adhérer au discours explicite d’une religion donnée, dispensé par une autorité pédagogique, en l’occurrence une Eglise servie (et donc peu ou prou instrumentalisée) par un clergé, celui-ci serait-il extrêmement réduit en nombre et en compétences.

    Toute religion exige de la part du croyant un acte de foi dans des vérités expressément formulées, en dehors desquelles les croyants réduits à eux-mêmes ne sauraient constituer une Église reconnue. En quoi et à qui pourrait-on bien croire si des Ecritures, des prêtres, des assemblées conciliaires, des dogmes, des encycliques, des homélies, des formules sacramentelles, etc., n’en avaient pas expliqué le sens. D’où la confusion permanente dans l’esprit de la majorité des croyants entre la foi et la religion, la religion et le dogme, le dogme et la parole de l’Eglise, la parole de l’Eglise et le clergé qui la formule, dans une certaine langue, etc. En principe toutes ces composantes de la pratique religieuse sont à distinguer l’une de l’autre. En fait, elles sont le plus souvent confondues et même Nietzsche, qui était par ailleurs un philologue averti, emporté par son lyrisme effervescent et dans l’élan de sa critique, n’a pas toujours pris la peine d’opérer les distinguos nécessaires. De sorte que lorsqu’il proclame que Dieu est mort, on ne sait exactement de quoi ni de qui il parle. De quelqu’un qui, sous apparence d’être encore officiellement en vie, ne serait déjà plus qu’un cadavre en décomposition, ou de quelqu’un qui serait déjà mort en gardant l’apparence d’être encore en vie ? Où passe exactement la limite entre le nominal et le réel ? Par quel concile le débat a-t-il été tranché ?

    Au temps de la Genèse, dans Sodome et Gomorrhe, on voyait déjà plus d’un méchant déambuler sur les places, des individus qui s’ingéniaient à « s’écarter des voies de l’Eternel » (lequel se chargea d’ailleurs de leur faire sentir son courroux). Malgré l’omniprésence du mal parmi les vivants, on n’en tirait pas la conclusion que Dieu était mort, mais seulement que son absence, ou sa fatigue, ou ses blessures, par moments et par endroits, étaient très dommageables à ses créatures infidèles.

    S’il fallait en juger par l’état du monde et des relations internationales aujourd’hui, il semblerait même que des deux prophètes Nietzsche et Malraux, ce soit ce dernier qui se serait montré le plus clairvoyant avec sa prédiction d’un XXIème siècle profondément « religieux », si on veut bien considérer que la mondialisation capitaliste et le prosélytisme du dollar américain ont désormais mis toute la planète à genoux pour célébrer le culte universel du Veau d’or. Dans la lutte implacable que se sont livrée depuis au moins la disparition de l’Empire romain, et surtout depuis le développement de l’impérialisme occidental européen, les forces du Capital et celles du Travail, le christianisme institutionnel (toutes Églises confondues) a choisi son camp : celui des propriétaires, des puissants, des féodalités, de la Banque et de l’Etat capitaliste.

    Nietzsche a fini par mourir lui aussi, dépassé et remplacé par les prédicateurs évangélistes les plus retors et les plus cupides de Californie, de Floride et d’ailleurs. Mais gageons que cette annonce nécrologique ne perturbera pas le moins du monde nos journalistes bien « informés » de Radio France qui semblent tout ignorer de l’intégrisme néo-libéral et du catéchisme de l’Ecole de Chicago. Que cet intégrisme-là ait dévasté en quelques générations la planète entière, irréversiblement, ils n’en ont cure. La liberté des échanges, du capital et de sa presse, a un prix. Il faut donc apprendre à distinguer entre les crimes. Avec un flair infaillible, nos informés-décrypteurs savent trier les bons crimes des mauvais. Les bons crimes, ceux pour lesquels nous sommes sommés de faire preuve de compréhension, de discernement, voire de tolérance, et même d’approbation, ce sont les crimes commis par les défenseurs-des-libertés-du-monde-libre.

    D’ailleurs, ces crimes-là, ce ne sont même pas des crimes. On est prié de réserver cette appellation aux crimes authentiques, ceux des méchants dictateurs et de leurs gouvernements populistes, comme par exemple les Russes avec leur Poutine. Certes les crimes des nations civilisées ressemblent à s’y méprendre aux autres, ils en ont la fureur génocidaire, les écoles et les hôpitaux éventrés, les quartiers d’habitation rasés, les cadavres de femmes, d’enfants et de vieillards le long des rues, mais ce ne sont pas des crimes : ce sont des « ripostes », des réponses légitimes, nous disent les journalistes bien informés, que les forces du Bien font aux forces du Mal, comme par exemple la guerre d’extermination qu’Israël fait aux Palestiniens de Gaza sous couvert d’éradication du Hamas, avec le soutien des Etats-Unis.

    On est en plein cauchemar. « Orwellien », comme aiment à préciser les lettrés aujourd’hui. En laissant libre cours dans tous les domaines à l’esprit d’entreprise capitaliste, la modernité mondialiste a métamorphosé en défaut rédhibitoire ce qui jusque-là avait pu faire en certaines circonstances figure de vertu dans le coffre à outils d’Homo sapiens : cette capacité apparemment unique du genre humain à mobiliser et concentrer toutes les ressources de son intelligence, de son imagination et de sa volonté pour la résolution d’un problème donné a certainement constitué une propriété précieuse au regard de la sélection naturelle, et cette propriété remarquable a sans doute plus d’une fois aidé notre espèce à réussir là où d’autres échouaient. Ce n’est donc pas l’esprit d’entreprise en soi qui est préjudiciable au genre humain ; c’est ce que le mode de production capitaliste en a fait en le mettant au service à peu près exclusif de la marchandisation généralisée de l’oekoumène. A telle enseigne que le capitaliste en est arrivé à croire que tout ce qui existe sub sole sans exception est fait pour être acheté ou vendu, y compris la personne humaine. C’est dans le triomphe indécent de cette logique de la vénalité généralisée et de l’accumulation insatiable du profit que réside la monstruosité d’un système qui, à force de démesure, a fini par rendre notre monde difforme, infirme, inhumain, et donc inacceptable.

    Un peuple éliminé et l’autre en voie de l’être se font face sur cette pancarte. Manifestation Paris, janvier 2024, photo Serge d’Igniazio

    On a brouillé tous les repères, emmêlé tous les fils : tous les courants de la bêtise se sont déchaînés, toutes les chorales de l’égoïsme nationaliste ou individualiste, toutes les chapelles de la mauvaise foi humaine se sont une fois de plus coalisées pour boucher les voies de l’intelligence et de la générosité. Notre paquebot républicain, éventré par les écueils de la banquise capitaliste, a commencé à sombrer. On entend à son bord les flons-flons de l’orchestre qui joue pour les passagers hors-classe, les milliardaires enivrés et aveuglés devenus incapables même de comprendre ce qui leur arrive ; on voit zigzaguer vers les chaloupes de sauvetage bondées une petite-bourgeoisie, déboussolée, aliénée jusqu’à la caricature, qui, sentant le navire sur le point de couler, redouble pathétiquement d’efforts pour prolonger un état de choses que ses journalistes et ses marcheurs ne savent plus comment qualifier, et qu’ils appellent « le ni-ni » et « le en même-temps », ce charabia signifiant qu’à l’instar de leur maître à penser, ils veulent comme toujours avoir le beurre et l’argent du beurre. Avec aujourd’hui une figure chorégraphique inédite (façade écologique oblige) : sauver la planète mais sans modérer en rien leurs habitudes consommatoires ni leurs objectifs dans aucun domaine, ce qui les conduit à tituber plus vers la Droite (et même l’extrême Droite) que vers la Gauche. Laquelle, la malheureuse, n’arrive même plus à se trouver un nom de bataille qui fasse rêver.

    Quant aux classes populaires, comme toujours cocufiées et mystifiées de toutes les façons par toutes les classes dominantes, on a depuis longtemps entrepris de leur enseigner à sauter par-dessus bord, en leur donnant l’assurance qu’on repêchera plus tard ceux qui auront réussi à surnager le plus longtemps.

    Pendant ce temps, sur le paquebot « Républic », l’orchestre des riches a commencé à jouer « Plus près de Toi, mon Dieu »… Mais Dieu est-il encore là pour écouter ?

    Alain Accardo

    • Un peuple éliminé et l’autre en voie de l’être se font face sur cette pancarte. Manifestation Paris, janvier 2024, photo Serge d’Igniazio


      On a brouillé tous les repères, emmêlé tous les fils : tous les courants de la bêtise se sont déchaînés, toutes les chorales de l’égoïsme nationaliste ou individualiste, toutes les chapelles de la mauvaise foi humaine se sont une fois de plus coalisées pour boucher les voies de l’intelligence et de la générosité. Notre paquebot républicain, éventré par les écueils de la banquise capitaliste, a commencé à sombrer. On entend à son bord les flons-flons de l’orchestre qui joue pour les passagers hors-classe, les milliardaires enivrés et aveuglés devenus incapables même de comprendre ce qui leur arrive ; on voit zigzaguer vers les chaloupes de sauvetage bondées une petite-bourgeoisie, déboussolée, aliénée jusqu’à la caricature, qui, sentant le navire sur le point de couler, redouble pathétiquement d’efforts pour prolonger un état de choses que ses journalistes et ses marcheurs ne savent plus comment qualifier, et qu’ils appellent « le ni-ni » et « le en même-temps », ce charabia signifiant qu’à l’instar de leur maître à penser, ils veulent comme toujours avoir le beurre et l’argent du beurre. Avec aujourd’hui une figure chorégraphique inédite (façade écologique oblige) : sauver la planète mais sans modérer en rien leurs habitudes consommatoires ni leurs objectifs dans aucun domaine, ce qui les conduit à tituber plus vers la Droite (et même l’extrême Droite) que vers la Gauche. Laquelle, la malheureuse, n’arrive même plus à se trouver un nom de bataille qui fasse rêver.

      Quant aux classes populaires, comme toujours cocufiées et mystifiées de toutes les façons par toutes les classes dominantes, on a depuis longtemps entrepris de leur enseigner à sauter par-dessus bord, en leur donnant l’assurance qu’on repêchera plus tard ceux qui auront réussi à surnager le plus longtemps.

      Pendant ce temps, sur le paquebot « Républic », l’orchestre des riches a commencé à jouer « Plus près de Toi, mon Dieu »… Mais Dieu est-il encore là pour écouter ?

      Alain Accardo

  • « Le traitement de la guerre israélo-palestinienne comme révélateur de la fin du politique en France »
    https://qg.media/blog/haroldbernat/le-traitement-de-la-guerre-israelo-palestinienne-comme-revelateur-de-la-fin-du

    Le parti de la guerre sociale s’achète une bonne conscience, une belle figure. Personne n’est dupe ou si peu.
    Les massacres du 7 octobre, perpétrés contre des Israéliens suite à l’incursion de combattants fanatisés du Hamas, ont ouvert un espace de déchaînement psychique sans précédent dans l’histoire récente. Depuis lors, la guerre est devenue un prétexte pour excommunier des adversaires gênants, faire de la retape identitaire facile, ou avancer des agendas politiques prévus de longue date. L’outrance aveuglée, l’inconséquence intellectuelle et la démence mentale assurent de bonnes rentes médiatiques. Sur QG, Harold Bernat analyse la catastrophe en cours dans un texte puissant...

    C’est ainsi que se constitue sous nos yeux, dans les marges médiatiques de cette guerre séculaire, un véritable front anti-politique. La nouvelle curaille anti-sociale érige ses checkpoints moraux. Elle empêche de nommer la réalité de la domination, de l’exploitation et de l’écrasement des hommes. Ce front réunira dimanche 12 novembre, pour la photo souvenir, les adversaires farouches de la recherche d’intelligibilité. Si vous ne marchez pas avec la République en marche, vous êtes antisémites. Point. Le reste n’a plus aucune valeur. Cette curaille vertueuse à peu de frais vote, votera et fera voter des régressions sociales contre la majorité des citoyens mais prospère en divisant le cadastre et en s’octroyant le droit de faire parler ou de faire taire celui qui aura reçu la marque noire. Antisémite, islamophobe. Elle contrôle la circulation des signifiants du Bien cette curaille vertueuse.

    Loin de cette guerre et à la fois si proches, nous avons, me semble-t-il, une responsabilité vis-à-vis des morts et des vitimes, celui de la décence commune. Mais le spectacle de la mort est obscène. Non pas simplement parce qu’il affiche l’horreur, mais dans la mesure où il se substitue à sa réalité. Il s’en sert, il s’en nourrit, il s’en gave. La guerre devient un prétexte pour excommunier des adversaires gênants ou pour faire de la retape identitaire facile. Dans les deux cas, avec le recul de la décence, c’est la possibilité d’un monde commun qui s’éloigne. Ce monde existe pourtant et c’est sur lui qu’il faut parier pour essayer de faire taire les violents, les rhinocéros et les fauteurs de guerre, en France ou au Proche-Orient. Pour sauver l’homme de la guerre, il faut viser une politique de la paix. Cette politique suppose une communication honnête et probe, une volonté d’entente. « On peut en tirer une morale », écrit Isaiah Berlin dans Les racines du romantisme, « à savoir que tant que nous vivons en société nous communiquons. Si nous ne communiquons pas, nous ne serions pas vraiment des hommes. Ce que nous entendons en partie par « homme » est qu’un tel doit comprendre au moins une part de ce que l’on dit. Si bien, alors, qu’il doit exister un langage commun, une communication commune, et, à certain degré, des valeurs communes, sinon il n’y aurait pas d’intelligibilité entre les êtres humains. » Des insultes et des anathèmes, tout au plus. Avant la mise à mort.

    Berlin formule ici une partie de la réponse à la question posée initialement dans les marges de cette guerre abominable. Que faire des angoisses, une fois l’activité politique réduite à néant ? Essayer de s’efforcer de communiquer, signifier, remettre du sens dans cet effondrement. Malgré tout. C’est justement ce que refusent les boutiquiers de la guerre déguisés en curaille vertueuse. Ils s’attribuent à grands bruits les bons signifiants et imposent un silence menaçant à ceux qui ont compris que les vrais diviseurs du peuple suivront toujours la cause qui les immunise idéalement contre la contestation de leurs intérêts réels. Contre les grandes gueules de l’empire du Bien à l’abri des bombes, pas de paix sans intelligibilité. Pas de paix sans victoire de l’esprit.

    Harold Bernat

  • La baisse du chômage, c’est juste un mensonge de plus.
    https://qg.media/2023/09/15/la-baisse-du-chomage-sous-macron-releve-du-mythe

    Contrairement aux annonces triomphales de Macron, le taux de chômage reste tout à fait stable en France. Pour l’économiste Dany Lang, la baisse historique annoncée par le gouvernement est largement factice, et relève d’une opération marketing. La transformation annoncée de Pôle emploi en « France travail » au 1er janvier 2024, dans la droite lignée de la vision néolibérale du chômeur oisif, vivant d’allocations et peu enclin à reprendre un emploi, ne fera que produire des effets délétères sur les demandeurs d’emploi, sans régler aucunement la question. Maître de conférences à l’université Sorbonne Paris Nord, il évoque les mesures qui seraient décisives pour lutter efficacement contre le chômage dans cet entretien exclusif accordé à QG.

    L’objectif du plein emploi, martelé depuis des mois par le gouvernement afin de justifier ses politiques touchant le monde du travail, risque de se fracturer bientôt sur le mur du réel. Le taux de chômage reste en France à un plancher légèrement supérieur à 7% de la population active. Ramener le taux de chômage sous la barre des 5 % d’ici à 2027, comme le souhaite le Président de la République, ne sera pas aisé. Et ce n’est sûrement pas en harcelant les allocataires du RSA que ce voeu sera exaucé. Les prévisions économiques pour les deux prochaines années sont au contraire bien sombres. L’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) anticipe un rebond du chômage à 7,9 % fin 2024. La Banque de France s’attend quant à elle à un chômage de 8,1 % dès 2024. Pour QG, l’économiste Dany Lang, maître de conférences à l’Université Sorbonne Paris Nord, membre du collectif les Économistes Atterrés, souligne en effet combien les réformes passées et à venir, suivant une ligne néolibérale, sont vouées à ne rien changer voire à aggraver la situation. L’idée d’une garantie d’emploi, doublée de la rénovation des logements, la transition écologique étant un gisement d’emplois énorme, font selon lui partie des mesures prioritaires seules à même de faire baisser significativement le chômage. Entretien par Jonathan Baudoin

    • Un livre démonte la mécanique du contrôle contre les chômeurs
      https://www.mediapart.fr/journal/economie-et-social/150923/un-livre-demonte-la-mecanique-du-controle-contre-les-chomeurs

      Rédigé par cinq chercheurs, « Chômeurs, vos papiers ! » décrypte l’histoire et le fonctionnement du #contrôle de la recherche d’emploi, témoignages de l’intérieur à l’appui. Objectif du livre : « armer les lectrices et lecteurs contre les fausses évidences de la croisade gouvernementale pour le plein emploi ».

      https://www.raisonsdagir-editions.org/catalogue/chomeurs-vos-papiers

      Plus les #chômeurs et #chômeuses sont nombreux·ses, plus ils et elles sont suspecté·es d’être la cause du #chômage. Tel pourrait être le paradoxe des politiques de l’emploi, en France comme ailleurs. Que celles-ci prennent les traits américains du workfare ou ceux plus européens de l’activation, l’objectif est le même : pousser les chômeurs·ses à travailler et, pour cela, conditionner les allocations à un contrôle de plus en plus strict de leur recherche d’emploi.

      En replaçant les évolutions du contrôle dans l’histoire longue du chômage, ce livre montre comment son intensification dans la période récente a été pensée, mise en œuvre et justifiée au nom de la « redynamisation » des chômeurs·ses, au point d’être désormais présenté comme une nouvelle forme d’accompagnement. Cette euphémisation tranche avec la virulence des discours politiques sur le sujet, tout autant qu’elle masque les effets délétères de ce traitement coercitif. Car si le contrôle vise à adapter les comportements des chômeur·es à des exigences institutionnelles, il s’agit aussi de satisfaire celles des entreprises. Mettre la pression sur les chômeurs·ses, c’est ainsi perpétuer l’ascendant des employeur·ses dans le rapport de force qui les oppose aux salarié·es en matière de revenu et de conditions de #travail. Aujourd’hui comme hier, la cause des chômeurs·ses est bien celle des travailleurs·ses.

    • A propos de l’auteur

      Claire Vivès est ingénieure de recherche au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam), LISE et CEET. Elle a notamment signé « L’objectivité sous contrôle : analyse d’une évaluation randomisée de programmes d’accompagnement de demandeurs d’emploi », Revue française de sociologie, 2019, 60-1, p. 73-94.

      Luc Sigalo Santos est maître de conférences en science politique à Aix-Marseille, LEST. Il a écrit L’administration des vocations. Enquête sur le traitement public du chômage artistique en France (Dalloz, 2018).

      Jean-Marie Pillon est maître de conférences en sociologie à Paris-Dauphine, IRISSO. Il a écrit Pôle emploi : Gérer le chômage de masse (PUR, 2017).

      Vincent Dubois est professeur de sociologie et de science politique à Sciences Po Strasbourg, SAGE. Il a déjà publié deux livres chez Raisons d’agir : Contrôler les assistés : genèses et usages d’un mot d’ordre, (2021) et La culture comme vocation (2013).

      Hadrien Clouet est docteur en sociologie et député de Haute-Garonne. Il a écrit Rationner l’emploi  : la promotion du temps partiel par les services publics d’emploi allemand et français, (Éditions de la MSH, 2022).

  • Michel Kokoreff : « L’impossible réforme de la police traduit une fragilité du pouvoir »
    https://qg.media/2023/08/18/michel-kokoreff-limpossible-reforme-de-la-police-traduit-une-fragilite-du-pouv

    Avec l’éclatement des émeutes de 2023, l’histoire se répète. Comme en 2005, elles ont été déclenchées par une rencontre mortelle avec la police. Si les similitudes entre ces démonstrations de colère sont évidentes, des nouveautés émergent. Premières émeutes post-Covid, venant de quartiers très fragilisés par la crise sanitaire, elles ont aussi donné lieu à des pillages sans précédent dans les centres-villes. Ce qui frappe le plus, c’est toutefois la faiblesse de la réponse gouvernementale, uniquement sécuritaire, sans gestes forts. Le sociologue Michel Kokoreff, spécialiste des violences urbaines, dresse pour QG le constat d’un déni collectif dicté par la dépendance toujours croissante du pouvoir politique français aux forces de l’ordre

    • Je suis toujours emmerdé avec les analyses sur la « dépendance » du pouvoir aux « forces de l’ordre », comme si ça dénotait une faiblesse de ce pouvoir politique.

      Or, si le pouvoir a lui-même une idéologie autoritaire, ça n’est pas une faiblesse : c’est logiquement l’instrument de son pouvoir. De la même façon que les ordonnances du premier quinquennat, et les 49.3 du second.

      L’idéologie même des macronistes, c’est depuis des décennies de répéter à tout bout de champ, à chaque dîner en ville, dans chaque plateau télé, dans chaque édito…, qu’« on ne peut pas réformer dans ce pays, ouin ouin les syndicats, ouin ouin les fonctionnaires, ils bloquent tout le temps on peut rien faire… ». Et que donc avec Macron, on va (enfin) faire du Tatcher et passer en force.

      Donc passer en force, ça veut dire 49.3 et répression violente des mouvements sociaux : pas par faiblesse, mais parce que c’est le principe même de ce pouvoir. Ce que Kokoreff nomme d’ailleurs « co-gestion », et pas « fragilité » comme retenu dans le titre.

    • Les incapables. Ils ont allumé un feu et n’ont aucune solution pour l’éteindre
      https://reflets.info/articles/les-incapables

      Qu’est -ce qui a changé depuis… toujours ? Rien. La société est incapable de proposer un cadre équitable, un vivre ensemble, une répartition des richesses acceptable. Les politiques qui se succèdent s’évertuent à ne rien changer. Et quand la marmite explose, ils accusent ceux qui mijotaient dedans.

      [en accès libre jusqu’au 31 aout]

    • @arno :

      Donc passer en force, ça veut dire 49.3 et répression violente des mouvements sociaux : pas par faiblesse, mais parce que c’est le principe même de ce pouvoir. Ce que Kokoreff nomme d’ailleurs « co-gestion », et pas « fragilité » comme retenu dans le titre.

      D’aucuns disaient dans les « temps anciens » que la « pédagogie », c’est l’art de faire fermer sa gueule à un gosse ...

      #co-gestion certes mais #totalitarisme quand même.

      A force de nous indigner, on va tous·tes finir sous antidépresseurs (zombification) ou sous psychédéliques micro-dosés (développement personnel) si on est riche, mâle, blanc et cadre dirigeant dans une start up.

    • « Frères », le film d’Ugo Simon disponible gratuitement sur #AuPoste
      https://www.auposte.fr/freres-le-film-dugo-simon-disponible-gratuitement-sur-au-poste

      Au départ, un film de fin d’études (et pas n’importe où : la Fémis, Paris) qui devient un film à part entière, capte la force et la souffrance de Diané Bah, Mahamadou Camara et Farid El Yamni — dont les frères ont croisé la route mortelle des forces de l’ordre. En 45 minutes, fortes et denses, c’est leur combat, et leur sourire, la vérité qui éclate, les mensonges auxquels il faut faire (af)front, qui surgissent.

  • Pablo Stefanoni : « L’extrême droite a réussi à installer l’idée que dorénavant les élites sont de gauche »
    https://qg.media/2023/07/09/pablo-stefanoni-lextreme-droite-a-reussi-a-installer-lidee-que-dorenavant-les-

    La contre-révolution culturelle d’extrême droite en cours se revendique souvent des prestiges de la rébellion. Sous des formes multiples, elle gagne partout du terrain dans le monde, se dressant en rivale d’une gauche insuffisamment convaincante. Alors que la cagnotte lancée pour le policier responsable de la mort de Nahel a récolté plus de 1,6 million d’euros, que des groupuscules fascistes sont sortis durant les récentes émeutes en France pour « se faire des noirs et des arabes », et que la rédaction du JDD se voit confiée à un ultra de Valeurs Actuelles, que disent ces événements de la banalisation des idées réactionnaires dans l’espace public ? Analyse par le journaliste argentin Pablo Stefanoni sur QG.

    « Vous n’avez pas le monopole de la rébellion », pourrait dire un militant de droite ou d’extrême droite à un militant de gauche de nos jours. Et pour cause, toute une galaxie de pensées néoréactionnaires, parfois opposées entre elles, est à l’assaut pour convaincre une jeunesse inquiète et en colère. Pour QG, le journaliste argentin Pablo Stefanoni, auteur du livre La rébellion est-elle passée à droite ? (La Découverte, 2022), souligne combien l’extrême droite gagne du terrain face à une gauche sclérosée, qui peine à offrir un horizon alternatif, une utopie réaliste. Entretien par Jonathan Baudoin

  • « Généalogie inquiète du macronisme » par Thibault Biscahie
    https://qg.media/2023/06/25/genealogie-inquiete-du-macronisme-par-thibault-biscahie

    À l’aube de sa septième année à l’Elysée, qu’est devenu le macronisme qui, hier encore, glorifiait la disruptivité, la jeunesse, et se revendiquait du dynamisme entrepreneurial d’une start up nation ? Anti-populisme autoritaire, rigidité, collusion objective avec certaines paniques morales issues de l’extrême droite : le moment Macron, dont certains voulaient souligner les similitudes avec le blairisme, pointe hélas vers d’autres précédents plus inquiétants, tels la République de Weimar. Que nous disent les avertissements de l’histoire à ce sujet ? Le régime pourra-t-il continuer à faire de la répulsion exercée par le RN son assurance-vie ? Thibault Biscahie entame pour QG une réflexion de fond sur le moment historique dans lequel nous sommes tous collectivement engagés.

  • « Le calice jusqu’à la lie » par Rodolphe Bocquet
    https://qg.media/2023/06/24/le-calice-jusqua-la-lie-par-rodolphe-bocquet

    Sommes-nous condamnés à être les témoins impuissants de l’avènement du pire ? La macronie ne cesse de dénoncer la violence de ses opposants, des Gilets jaunes jusqu’à Sainte-Soline, mais nul besoin d’être un observateur aguerri, pour voir que la violence constitue l’ADN stratégique de la Macronie. Au-delà même de la jouissance apparente à soumettre. Pointée du doigt par l’ONU et par le Conseil de l’Europe, la France dégringole tous les classements en matière de libertés publiques depuis l’élection de Macron. Jusqu’à quand laisserons-nous faire ? Ex-trader à la Société Générale, Rodolphe Bocquet examine le naufrage politique français

  • Que voulons-nous ? L’effondrement du macronisme. Après on verra
    https://qg.media/blog/haroldbernat/que-voulons-nous-leffondrement-du-macronisme-apres-on-verra

    Pour arrêter le mouvement, Macron et le siens comptaient sur l’inflation, la lassitude, le fatalisme, le matraquage médiatique, la moraline, la peur de la matraque, le « ce qui se fait ailleurs ». Ils ont en face la solidarité, la détermination, le refus, le volontarisme, le collectif, la vraie morale, le courage face à la peur, le « ce que nous voulons ici ». Ne les lâchons pas, jusqu’au retrait. C’est l’édito de la semaine d’Harold Bernat

    ... L’impunité du mensonge, nous l’avons en face depuis des années. Les mensonges s’accumulent mais le sourire reste, la morgue et le mépris paraissent inoxydables. Mais tout cela travaille dans l’ombre. La légalité, semaine après semaine, ne tient plus le tableau, elle ne parvient plus à dompter de ses tautologies (la loi, c’est la loi, dura lex sed lex, en latin c’est toujours plus impressionnant) la légitimité de la révolte qui monte des six coins de la France. Alors on reformule la question, non plus du côté de la légalité mais du point de vue désormais obsédant de la légitimité. Qui est en face ? Un escroc, un menteur, un faux. De quelle guerre parlons-nous ? D’une guerre juste, une guerre pour le respect du travail et des travailleurs, une guerre pour avoir le droit de partir à la retraite après plus de quarante années de travail sans que des millionnaires improductifs et parasites de l’État viennent nous sermonner comme des gosses de dix ans. Quelle pourrait être la fin générale de cette guerre sociale et politique ? L’effondrement du capitalisme ? Soyons peut-être plus modestes. Le retrait de la réforme des retraites et pas son report ou un moratoire bidon reste un préalable. Mais ce que nous voulons, au fond, c’est l’effondrement de la macronie, du règne de la fausseté attaché au nom de ce président philosophe complètement bidon et gonflé à la mondanité satisfaite. Pas l’effondrement de l’État ou de la République, de la macronie qui en est une corruption profonde. Après on verra.

    Pour arrêter le mouvement, Macron et son engeance comptaient sur l’inflation, la lassitude, l’acceptation, le fatalisme, l’individualisme, l’intersyndicale Casimir, le matraquage médiatique, la moraline, la peur de la matraque, le « ce qui se fait ailleurs », la lobotomie collective. Ils ont en face la solidarité, la détermination, le refus, le volontarisme, le collectif, l’inter-syndiqués anti-Casimir, la résistance critique, la vraie morale, le courage face à la peur, le « ce que nous voulons ici », l’éveil collectif. Ne les lâchons pas, serrons les mâchoires, plus fort encore, nous commençons à les tenir. N’ayons pas peur de ce chantage à la légalité en face d’individus qui sont en train de perdre ce sans quoi la légalité n’est qu’une coquille vide : la légitimité. Cela fait des années que cela dure, des années que nous endurons cette très dure carrière de mensonges et de malversations. Des années que nous souffrons ce monologue pathétique qui s’arroge le droit unilatéral de régenter des vies avec des passes et des coups de matraque. Nous ne verrons pas la fin de cette guerre car elle dépasse de très loin Macron le faux mais nous sommes engagés dans une lutte sérieuse et déterminée que l’on peut résumer sans trop de détours : nous ne voulons pas de ces gens-là au pouvoir en France. Faisons-les chuter lourdement. Que le bruit lourd de leur dégringolade s’entende jusqu’à Bruxelles, cela réchauffera sûrement le cœur du peuple grec qui a ouvert une voie inéluctable pour les peuples d’Europe.

    Harold Bernat

  • « Demain ce sont des ChatGPT qui vous expliqueront que vous n’avez plus droit aux aides sociales »
    https://qg.media/2023/03/24/demain-cest-chatgpt-qui-vous-expliquera-que-vous-navez-plus-droit-aux-aides-so

    Pour QG, l’entrepreneur Tariq Krim, fondateur de Netvibes, et ancien vice-président du Conseil national du numérique, souligne combien ChatGPT, et l’IA en général, relèvent d’une trajectoire accompagnée par le pouvoir politique, qui mène droit à une « bureaucratie numérique » et à une réservation des contenus qualitatifs et des postes clés à une élite.

    • Avec ce genre d’exemple médiatisé, il y a la volonté de démontrer notamment qu’en France la technologie va transformer le gouvernement. Peut-être d’ailleurs en créant un État sans fonctionnaires, ce qu’on appelle dans le jargon « l’État plateforme« . C’est une idéologie très inspirée des suprémacistes numériques américains tels que Peter Thiel. La machine décide mieux que les hommes donc donnons-lui les manettes. La numérisation et l’automatisation de l’État sont le prélude à une forme de privatisation des fonctions régaliennes de la France. Rappelez-vous que, pendant le Covid, ce sont des acteurs privés qui ont géré la prise de rendez-vous pour la vaccination. Ainsi « l’État plateforme » est-il une doctrine ultralibérale très prisée par les hauts fonctionnaires français et la majorité actuelle. Il y a cette idée que, pour pallier le manque de fonctionnaires, on va les remplacer par des algorithmes. Le problème, et on le voit dans tous les domaines aujourd’hui, c’est qu’on est passé d’une bureaucratie analogique, avec des acteurs humains, à une bureaucratie numérique dans laquelle il n’y a plus aucun recours. Depuis quelques années, il n’y a même plus de numéros de téléphone pour appeler. Et demain ce sont des ChatGPT qui vous expliqueront que vous n’avez plus droit à vos aides sociales.

  • En accès libre : quel carburant pour la mobilisation après le rejet de la #MotionDeCensure ? La France bientôt bloquée ?

    Sur QG, les réactions à chaud d’OlivierMateu de la CGT, et Ritchy Thibault, fondateur de PeupleRevolté.

    « Réforme des retraites : le roi Macron est nu »
    Ici 👉 https://qg.media/emission/reforme-des-retraites-le-roi-macron-est-nu-avec-o-mateu-et-r-thibault

  • « Réforme des retraites : choisis le présent, camarade ! » par Harold Bernat

    Le 21/01/2023 par Harold Bernat
    https://qg.media/blog/haroldbernat/reforme-des-retraites-choisis-le-present-camarade

    Sommes-nous prêts à comprendre les enjeux symboliques de cette réforme, qui ne concerne pas simplement le niveau de nos pensions dans le futur, mais qui relève ici et maintenant d’une résistance aux stratégies de privatisation intégrale de nos vies ? Il ne s’agit pas seulement avec cette réforme d’une décote à venir, il s’agit de ce qui nous sépare, et nous séparera toujours plus d’une société décente, humaine.

  • « Pour les mobilisations :
    celui qui n’a pas peur est fou, celui qui a peur de la Peur est vaincu.
    Reste le courage. »

    Dissuasion par la peur et domestication de l’homme : au cœur des répressions contemporaines.
    https://qg.media/blog/haroldbernat/dissuasion-par-la-peur-et-domestication-de-lhomme-au-coeur-des-repressions-con

    « Il y a des gens qui ont peur,

    ça c’est de leur faute,

    des gens qui ont peur et qui n’assument pas leur peur. »

    Jacques Brel

    Jean Baudrillard (1929-2007) nous avait pourtant donné, quelques mois après le mouvement social de Mai 68, une petite clé fort utile pour comprendre ce que signifiait désormais la répression dans les sociétés contemporaines. Dans un texte lucide, publié dans la revue Utopie en mai 69, Le ludique et le policier, il écrit : « La répression, en pays civilisé, n’est plus une négation, une agression, c’est une ambiance. C’est la quotidienneté pacifiée, où s’efface la distinction entre le ludique et le policier. Autrement dit encore, la répression généralisée, qui se traduit par l’intériorisation des contraires (intellectuels et sexuels) et où l’instance répressive devient maternelle, est le lieu d’une intense participation. » Devenir le complice consentant de sa propre répression de façon ludique et forcément bienveillante. Nous n’avons pas besoin d’un énième mot anglais (le nudge) pour comprendre ce dispositif extrêmement efficace de dissuasion. Cette répression ne s’exerce pas sur des contenus manifestes potentiellement subversifs, elle les empêche. Ces contenus n’auront plus besoin d’être censurés, ils n’existeront pas. De ce point de vue, les CRS ne sont que la forme spectaculaire et datée de cette répression. Des dispositifs plus puissants, plus intimes, traversent les consciences et font courber l’échine avec une efficacité que n’aura jamais la matraque. Si les fondés de pouvoir du capital se permettent désormais d’éborgner et de mutiler des manifestants sans que cela émeuve plus que ça c’est que la dissuasion a déjà fait son œuvre sur un autre terrain. Une action plus invisible, sur un terrain autrement moins spéculaire : l’intime. Son moyen : une ambiance répressive qui dissuade en injectant quotidiennement une peur diffuse tout en rassurant les consciences ensoleillées. Un mélange de ludique et de policier, le marché de Noël, ses drones de surveillance, son plan Vigipirate et ses fouilles au corps. Bon vin chaud. Alertes gouvernementales, seuils en tous genres, niveaux de sécurité, plans blancs ou écarlates, nouvel ancien virus et huitième vague en attente de la quinzième. Il est d’ailleurs important que l’on ne sache plus du tout de quoi on parle, cela participe de l’ambiance. La menace distillée en pastilles de couleur, vagues et seuils d’alerte est un spectre. Il est partout, vous n’y échapperait pas, y compris avec un surcroît de discernement. Tout est construit pour que la place de la peur soit sans issues.

    Neutraliser pour que « ça passe » comme le rappelait Edouard Philippe au mardi de l’ESSEC, ce haut lieu de la pensée critique et politique. Quoi ? Tout. Les rapports bidons des parasites de l’argent public, la corruption des familles, Kohler et Pannier-Runacher, la liste est longue, la litanie des affaires, les réformes qui masquent de plus en plus mal la guerre du capital contre le travail, la nullité intellectuelle et morale de fausses élites, les pornosophes. Tout. Cette nouvelle doctrine du maintien de l’ordre peut compter sur une ingénierie sociale parfaitement rouée. Des cabinets de conseils grassement payés par les deniers publics servent à produire le niveau de répression sociale compatible avec le caractère anti-social de leurs émoluments. La charge policière ou la nasse témoignent de l’échec relatif de cette doctrine quand le manifeste des corps révoltés témoigne bruyamment dans la rue des limites de la dissuasion des esprits. La matraque corrige en bout de course les ratés de l’ingénierie sociale et de la dissuasion médiatique. Rien de plus. Une infime minorité du corps politique aura d’ailleurs droit à la matraque pour avoir défendu les intérêts d’une écrasante majorité. Alors laissons un instant de côté le « folklore obsessionnel inspiré par les CRS, l’objet de consommation n°1 de l’imaginaire révolté » (Le ludique et le policier, op. cit.) pour nous tourner vers cette ingénierie de la peur et de la dissuasion, stupéfiante d’efficacité. La question est au fond très simple : comment ça marche la répression sociale ? Et une autre, aussi simple que la première mais pourtant redoutable à penser : comment tenir les hommes sans raison ?

    Tâchons de faire les bons liens entre la peur, l’intime, la dissuasion et la résultante répressive de ce travail des âmes en haut régime de capitalisme avancé et de basses énergies politiques. Commençons par la peur. Les régimes de peur diffuse, parfaitement compatibles avec les sociétés contemporaines, permettent d’organiser le parc humain. Si cette stratégie n’est pas nouvelle, elle est déjà bien présente dans le Léviathan (1651) de Thomas Hobbes (1588-1679), elle a aujourd’hui des outils de dissuasion massive à sa disposition. Le média de masse terrorise et il n’y a de terreur collective qu’à travers lui. Aucune distinction à faire entre le dispositif de communication de masse et la peur qui traverse les masses. L’erreur est certainement d’avoir associé la peur aux régimes les plus manifestement violents, les plus évidemment liberticides. La constante résurgence de l’imaginaire nazi, l’omniprésence de la figure d’Hitler dans les copies de philosophie en terminale atteste de ce fait : nos régimes démocratiques, les droits de l’homme en super héros, sans que l’on se donne la peine d’y regarder de plus près, nous préservent fort heureusement de cette grande peur, du retour de la bête immonde. Tout est là, nous préserve. Nous serions donc collectivement en sursis, toujours sous le coup de la menace, y compris et surtout en temps de paix. Autrement dit, la grande peur, appelons cette peur « la Peur », sert de menace pour distiller une inquiétude constante, au compte-gouttes : la peur de la Peur. La rhétorique anti-totalitaire, car il s’agit avant tout d’un discours, aura servi pendant des décennies à masquer ce poison de la peur de la Peur parfaitement instrumentalisé par des pouvoirs aujourd’hui financiers qui se méfient par-dessus tout de la liberté politique. Qu’elle prenne la forme de la subjectivité révoltée ou de la souveraineté des peuples, la liberté politique doit être tenue en respect au nom de la paix des commerces, des services, des biens et du règne sans partage des banquiers, dits d’affaires pour le sérieux. Nous ne sommes pas à la Poste à vérifier le solde du compte courant. Un peu de sérieux avec François de Rugy, nouveau banquier d’affaire.

    Hobbes, dans le Léviathan, ce livre aux fondements de la philosophie politique moderne, a fait de la peur l’élément moteur de la sortie de l’état de nature. Ce serait la peur d’une vie brève, violente, brutale et courte, misérable en un mot, qui aurait poussé les hommes à passer un contrat de soumission légitime. La peur pour sortir de l’état de nature. C’est l’idée centrale du chapitre XIII sur l’état de misère primordial des hommes dans le Léviathan de Thomas Hobbes. Les partisans de cette thèse n’ont évidemment nuls moyens rationnels et encore moins raisonnables de la fonder. Ils nous enseignent par contre leurs peurs qui s’étendra désormais aux confins de l’univers des hommes, qui se cachera derrière chaque commerce comme une menace toujours présente, cette peur, leur peur qu’il faudra impérativement dompter. Pour dompter la peur, il faut dresser l’homme à la logique de peur, exercer la peur. Dominer la peur par la raison, par un surcroît de réflexion ? Non, trop risqué, les ombres pourraient se dissiper en laissant le pouvoir nu. C’est la peur qui corrigera la Peur dans une circularité vertigineuse entre dispositifs pour la susciter et stratégies pour l’apaiser. On monte par la peur et l’on régente en promettant de l’éliminer tout en la maintenant au sommet du narratif politique et de la construction du simulacre.

    Un immense dispositif de mise en scène/conjuration de la peur fera office de philosophie politique ou d’opinion commune : il y a toujours pire, plus terrifiant, encore plus menaçant. Ayez peur, on vous protège. Dans cette surenchère, il est possible, sans grande résistance, de repousser très loin les libertés civiles. De les effacer. Un Sénateur ventripotent, macroniste pour l’étiquette qui rend possible la réélection des petits fours, François Patriat, vous explique que ce n’est pas le moment de parler augmentation de salaires car « nous sommes au bord d’une guerre thermonucléaire ». La sottise crasse qui mange bien, à peu de frais pour lui, ne doit pas nous faire oublier ce qu’elle dit de l’ambiance et ça marche. Pour une peur grotesque, mille autres passeront inaperçues. D’autant plus redoutables qu’elles ne heurtent personne. Peur du terrorisme, du Virus, majuscule oblige, de la crise, peur du migrant, figure indiscernable vomie depuis les terres noires, peur du retour de la bête immonde, un classique. Hitler nous est conté. Discours de légitimation sans raisons, plutôt pratique. Il fera justement autorité. Exploitation de la Peur comme une donnée naturelle, ce sur quoi la raison n’aurait aucune prise, ne doit avoir aucune prise. Mais il s’agit là d’un artifice, d’une ruse, d’une stratégie pour domestiquer les âmes, tenir, parquer, dresser, contraindre. Les règles du parc humain supposent un terrain favorable. Il sera enrichi de belles peurs, nourri à cet engrais-là, l’engrais du pire des mondes possibles, catastrophique mais n’ayez crainte, nous allons vous sauver. Des dispositifs sont en place. Le meilleur des mondes possibles attendra. C’est de la mort subite dont nous parle Hobbes quand il évoque l’homme, cet animal mortel. Survivre en donnant au Léviathan de quoi nous guider. Que l’État nous amène à la mort n’est pas exclu si cette mort nous protège collectivement de la grande Peur terminale. Il faudra y croire, nous n’avons pas le choix, tout le reste est bien trop terrifiant.

    Étrange fondement politique : fuir la peur à n’importe quel prix. Cette fuite aura évidemment un prix encore plus élevé à savoir l’insécurité, l’angoisse et le refus de ce qui fait de nous des hommes. Car la peur n’est pas simplement à fuir dans une fuite sans fin qui nous rendra toujours plus faibles devant ceux qui nous « protègent ». Elle est aussi une composante essentielle de notre liberté. Ici nous retrouvons la question de l’intime, de ce qui fait de nous des êtres sensibles. Institutionnaliser la gestion des peurs revient à amputer l’homme d’une de ses dimensions affectives, extirper la peur pour mieux aliéner les moyens de lui faire face. Pour affronter mes peurs, je dois en passer par le pouvoir qui aura le monopole de la peur légitime : un gardien de l’ordre, par définition, ne fait jamais peur, il vous évite d’avoir peur. Le visage en sang et un œil en moins, il faudra s’en persuader. Qu’est-ce qui est digne de faire réellement peur ? Ce que je ressens comme menaçant ou l’ennemi officiellement désigné ? Vais-je me faire confiance et écouter mes peurs ou vais-je suivre la peur mise en scène, celle qu’on me propose comme la peur dont il faut avoir peur, la grande Peur ? Dans Conjurer la peur : Sienne, 1338. Essai sur la force politique des images (Seuil, 2013) Patrick Boucheron nous rappelle ce principe de l’art de gouverner : si tu ne peux faire croire, fais peur. « Le mot d’ordre de tous les dirigeants dans l’histoire du monde : faire peur, à défaut de faire croire – sans jamais rien faire comprendre : assurément le meilleur moyen pour se faire obéir ». Faire peur ne suffit pas, il faut d’abord administrer la peur, la manipuler et pour cela l’isoler des autres forces émotionnelles qui lui sont attachées. Que reste-t-il du courage chez celui qui passe son temps à fuir sa peur ? Que reste-t-il de volonté chez cet homme qui préfère ne rien comprendre que d’avoir peur ? La lâcheté vient aussi avec la peur de la Peur. Avec elle l’ignorance et la soumission. Mais le constat est aujourd’hui sans appel : la peur de la Peur sert le maintien d’un ordre qui ne se pense plus. Avoir peur, c’est déjà obéir. Sans raison. Le management autoritaire sait cela très bien. On ne sanctionne pas le fonctionnaire, on ne le mute pas « pour intérêt de service » avec un dossier vide mais pour faire peur à ceux qui auraient, dans leur coin, en dépit de la dépolitisation encouragée, une velléité de révolte forcément illégitime puisqu’elle n’est pas « dans les clous »...

  • Royaume-Uni : vague de grève historique contre l’inflation pour la fin de l’année
    https://qg.media/2022/12/22/royaume-uni-vague-de-greves-historique-contre-linflation-pour-la-fin-de-lannee


    Plus d’un million de travailleurs britanniques s’apprêtent à faire grève au cours du mois de décembre, menaçant de paralyser le Royaume-Uni pendant la période de Noël. Les mouvements sociaux se sont multipliés ces dernières semaines pour exiger des hausses de salaire alors que l’inflation dépasse les 10 % Outre-Manche. L’armée a même été déployée afin de remplacer certains personnels de santé et policiers aux frontières. Une situation explosive, inédite depuis la fin des années 70.

    Cheminots, police aux frontières, postiers, infirmiers, ambulanciers, conducteurs de bus… Une vague de grèves inédite depuis quarante ans touche le Royaume-Uni alors que l’inflation au mois d’octobre dernier a atteint les 11,1 %, et 10,7 % pour le mois de novembre. Des journées de grève sont annoncées chaque jour jusqu’à la fin de l’année, menaçant de perturber fortement le pays pour la période de Noël.

    Les médias britanniques évoquent un nouvel « hiver du mécontentement » – winter of discontent – en référence au mouvement de grève historique qui avait balayé le pays durant l’hiver de 1978-1979 sur fond d’inflation record. 

    Bien que la situation actuelle est pour le moment loin d’atteindre le niveau de cet hiver historique de la fin des années 70, l’Office national des statistiques (ONS) a annoncé que 417.000 jours de travail ont été perdus pour le seul mois d’octobre 2022 en raison des conflits sociaux et près d’un million depuis le début de l’année. Un nombre au plus haut depuis plus de 10 ans...

    • Les militants de Workers’Fight (le LO britannique) notaient récemment ceci :

      Précisons que, si toutes ces grèves sont réconfortantes, elles ne sont pas militantes. Les syndicats se contentent d’appeler les travailleurs à la grève tel et tel jour, et ne cherchent pas à coordonner les grèves. La nouvelle vedette des cheminots, Mick Lynch, a prétendu cet été que «  la classe ouvrière est de retour  ». Mais non, malheureusement, pas encore  ! En fait, les travailleurs laissent encore la plupart du temps la tenue des piquets de grève aux délégués et permanents syndicaux. Surtout, ils ne se sont pas montrés aux deux rassemblements qui ont eu lieu à Londres pour essayer de réunir les travailleurs de différents secteurs.

      Cela dit, la colère et la détermination des grévistes sont réelles. Dans les chemins de fer, à cause de lois antisyndicales vraiment dingues, les travailleurs ont été appelés à se prononcer de nouveau pour la grève, par courrier, car le premier mandat, de six mois, avait expiré. Et ils ont de nouveau voté pour la grève, à plus de 70 %  ! Nous verrons donc ce qui se passera dans les prochaines semaines.

  • Données de santé: pourquoi Doctolib inquiète ?
    https://qg.media/2022/12/21/donnees-de-sante-pourquoi-doctolib-inquiete


    La fameuse plateforme, utilisée pour la prise de rendez-vous médicaux, est devenue quasi hégémonique en France. Mais l’utilisation de Doctolib n’est pas sans danger pour plus de quarante deux millions d’utilisateurs, et pose de sérieuses questions quant la confidentialité des données personnelles de santé. QG a rencontré des chercheurs qui tentent d’alerter sur une question qui risque un jour de devenir cruciale, alors même que le modèle du crédit social n’est plus un sujet un tabou dans certains cercles depuis la pandémie de Covid.

    Depuis la crise du Covid 19, la plateforme de prise de rendez-vous médicaux Doctolib, déjà très largement utilisée, a conquis une place quasi hégémonique. Selon les chiffres avancés par l’entreprise, 42,2 millions de patients utilisent Doctolib pour la prise de rendez-vous en ligne. Au plus fort de la pandémie, lors des campagnes de vaccination, elle a été un outil privilégié dans la prise de rendez-vous de par son partenariat avec le ministère de la santé. Elle s’est même retrouvée saturée à plusieurs reprises à cette période.

    C’est peu de dire que Doctolib détient donc de nombreuses données de santé. Des données qui ne sont pas toujours suffisamment protégées, ainsi que l’expliquent un certain nombre de chercheurs que nous avons pu interroger. Les informations que nous avons pu recueillir à ce sujet inquiètent d’autant plus que désormais, en 2022, le système de crédit social à la chinoise n’est plus un sujet tabou pour certains dirigeants européens...

  • « L’homo footballisticus, nouvelle déclinaison de l’homo economicus » #CoupeDuMondeFIFA

    Marchandisation, soft power, exploitation : Maxence Klein livre une critique mordante de l’industrie du #football
    https://qg.media/2022/12/04/lhomo-footballisticus-nouvelle-declinaison-de-lhomo-economicus

    « Le football, il a changé », comme dirait Kylian Mbappé. De quoi l’orgie de pognon que ce sport génère est-elle le symptôme ? Aujourd’hui, le jeu préféré de centaines de millions d’enfants est devenu le moyen de les enrôler dans le grand bain d’une économie autodestructrice, et l’amour du beau geste ou de l’instant heureux du dribble qui mène au but, a été déformé par une idéologie qui illustre de manière hyperbolique un fait central de notre époque : chacun est désormais contraint de se rapporter à lui-même comme valeur. Sur QG, Maxence Klein livre une réflexion sur la Coupe du monde 2022 qui bat son plein au Qatar, et sera peut-être un jour considérée comme l’un des derniers grands rites sacrificiels de l’histoire de la planète.

    • « La vie idyllique de Killian Mbappe repose in fine sur les rêves brisés de toute une génération mondiale de jeunes prolétaires déqualifiés »

      Il y a d’ailleurs tout un continuum entre le football contemporain et le logiciel discursif des RH. Il y a les « compétences-clés », le personal branding, les hard skills et les soft skills, la e-réputation, mais aussi la « guerre des talents », ce terme inventé par McKinsey en 1997 pour décrire les difficultés rencontrées par les entreprises à recruter des profils aux compétences rares, mais néanmoins dociles. Tout amateur de football doit aujourd’hui connaître les statistiques folles des Messi, Neymar, Ronaldo, Benzema ou Mbappe, mais peu nombreux sont capables d’établir le lien qu’elles entretiennent avec le fait que nous sommes en permanence scrutés et évalués sur notre lieu de travail, que nous sommes victimes de toutes sortes d’opérations qui visent à gérer et à optimiser ce cheptel humain au rang duquel nous avons été réduit.

      L’envers de ce décor de la réussite individuelle, c’est évidemment le lien qui unit les blessures des footballeurs professionnels aux épidémies contemporaine de troubles musculosquelettiques, de burn-out, de dépression et d’anxiété. C’est aussi le fait que seulement une infime minorité d’entre nous arrive à naviguer dans les eaux troubles du capitalisme et réussit encore à s’en sortir alors que d’autres se noient. Dans le football, combien sont-ils d’ailleurs, chaque année, à quitter les centres de formation professionnelle des grands clubs pour revenir végéter à la cité ? Quel est donc ce lien pas si secret que ça qui unit les terrains de football de la banlieue parisienne aux entrepôts Amazon ou Geodis, aux plateformes VTC, à Deliveroo, à Uber et à tous ces boulots qui ne payent pas ?