• Coronavirus : Macron déplore que trop de Français prennent « à la légère » les consignes
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/03/19/coronavirus-le-projet-de-loi-instaurant-un-etat-d-urgence-sanitaire-arrive-a

    Des médecins portent plainte contre Edouard Philippe et Agnès Buzyn

    Trois médecins, représentants d’un collectif de soignants, ont porté plainte jeudi contre le premier ministre et l’ex-ministre de la santé Agnès Buzyn, les accusant de s’être « abstenus » de prendre à temps des mesures pour endiguer l’épidémie de Covid-19, a annoncé leur avocat. Cette plainte a été envoyée dans la journée à la commission des requêtes de la Cour de justice de la République (CJR), seule instance habilitée en France à juger des actes commis par des membres du gouvernement dans l’exercice de leurs fonctions, selon leur avocat, Fabrice Di Vizio.

    Les trois plaignants (Philippe Naccache, Emmanuel Sarrazin et Ludovic Toro, tous trois médecins) ont saisi la CJR au nom du collectif C19, récemment créé. Ils estiment que M. Philippe et Mme Buzyn « avaient conscience du péril et disposaient des moyens d’action, qu’ils ont toutefois choisi de ne pas exercer ». Ils s’appuient notamment sur des déclarations d’Agnès Buzyn au Monde, où elle affirme, après le premier tour des municipales, avoir alerté dès janvier le premier ministre sur la gravité de l’épidémie due au coronavirus et l’avoir averti que « les élections ne pourraient sans doute pas se tenir ».

    #Coronavirus #CarnetDunConfiné

  • Coronavirus : la pénurie de masques, grande colère des soignants
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/03/19/coronavirus-la-penurie-de-masques-grande-colere-des-soignants_6033655_3244.h

    Le rationnement au compte-gouttes de cet équipement de protection suscite l’incompréhension dans les hôpitaux et les cabinets médicaux libéraux.

    Des masques, il faut des masques. Il faut plus, beaucoup plus, de masques. Que ce soit sur le front de la région Grand-Est où les structures de soins sont déjà débordées par la maladie, ou au sud de la Loire, où l’ambiance est encore celle d’une veillée d’armes, le masque est désormais l’un des objets centraux de l’inquiétude qui traverse la communauté soignante. Bien plus qu’un instrument de protection individuelle et de lutte contre la propagation du Covid-19, il est devenu en quelques semaines le symbole du sentiment d’abandon vécu depuis plusieurs années par le monde médical, et d’une forme de défiance vis-à-vis du gouvernement.

    « Je regarde la médecine de ville, tous nos collègues médecins, infirmiers, kinésithérapeutes, toutes les personnes qui vont à domicile pour aider les personnes âgées à faire leur toilette, à manger : ils n’ont pas de masques, a déclaré Philippe Juvin, patron du service des urgences de l’hôpital parisien Georges-Pompidou, mercredi 18 mars sur CNews. C’est absolument inexplicable. Il faut que quelque chose soit fait à très court terme. Il faut fabriquer des masques. C’est ahurissant que dans un pays comme le nôtre nous n’ayons pas ces masques, des masques de tissu car c’est cela dont on parle ! »
    Jérôme Salomon, directeur général de la Santé, avance une explication : « Le raté qu’on a eu ces derniers jours est lié à la réquisition, explique-t-il. On a bloqué les commandes faites par les hôpitaux, mais cela a évité la raptation par des pays étrangers. Maintenant, nous allons déstocker massivement. La production est organisée en 3x8 et nous aurons de quoi faire face. »

    Simples masques chirurgicaux ou masques de protection respiratoire (dit FFP2), ces objets sont à la guerre contre le coronavirus ce que les munitions sont aux conflits armés : non réutilisables, nécessaires en grande quantité et d’une importance vitale. La crainte d’en manquer est omniprésente. Pas de réelles pénuries dans les grands centres hospitaliers mais une utilisation trop parcimonieuse pour rassurer les soignants.

    Un plan de « rationnement »
    Pour la médecine de ville, la situation est bien plus tendue. Mercredi 18 mars, la direction générale de la santé a annoncé un plan de livraison hebdomadaire de masques chirurgicaux et FFP2 aux professionnels de santé. Dans les zones touchées, seuls 18 masques par semaine seront fournis aux médecins généralistes, aux pharmaciens, aux biologistes médicaux, et 6 par semaine aux sages-femmes et aux kinésithérapeutes…
    Sur le reste du territoire national, seuls les médecins seront approvisionnés. Un plan immédiatement dénoncé dans un communiqué conjoint du Centre national des professionnels de santé (CNPS), de la Fédération française des praticiens de santé (FFPS) et de la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP), comme un plan de « rationnement » qui « ne permet pas d’assurer la sécurité des soignants ». Rien, en tout cas, qui semble de nature à calmer l’incompréhension qui s’exprime dans la communauté médicale. Ce n’est pas tout : selon nos informations, les agences régionales de santé (ARS) ne sont plus habilitées à distribuer elles-mêmes les masques aux professionnels, de nouvelles procédures de distribution et de gestion des stocks devant être mises en œuvre.

    A quelques kilomètres de Creil et de Crépy-en-Valois (Oise), le petit hôpital de Clermont-de-l’Oise a été, dès la fin du mois de février, parmi les premiers sur le front l’épidémie de Covid-19. « Dans la première phase de cette crise, j’ai demandé à ce que les masques soient largement portés afin que tout le monde soit protégé », témoigne Stéphane Jaubert, directeur adjoint de l’établissement. La même précaution est mise en œuvre dans d’autres centres hospitaliers, mais pour un temps seulement. « Fin février, les masques étaient en libre accès à l’entrée des services, dit le directeur d’un hôpital francilien. Médecins, infirmiers, aides-soignants, tout le monde s’est mis à en porter, même ceux qui n’étaient confrontés à aucun risque de transmission. Nous avons dû les mettre sous clef pour les diffuser en fonction des besoins réels. »

    Inquiétude décuplée
    Car rapidement, les stocks s’épuisent. Pour tenir sur la longueur il faut en « rationaliser » l’usage, d’autant que malgré les déclarations rassurantes du gouvernement, les établissements ont toujours des doutes sur la pérennité et la régularité des approvisionnements. Les ARS appellent à la modération. « J’ai réajusté la politique au sein de notre hôpital, avec un usage raisonné des masques, confirme Stéphane Jaubert. Si l’ensemble du personnel soignant venait à en porter, je n’aurais que quatre jours de stock. »
    Ces objets sont à la guerre contre le coronavirus ce que les munitions sont aux conflits armés : non réutilisables, nécessaires en grande quantité et d’une importance vitale

    A l’hôpital de Creil, dans l’Oise, c’est « la colère » qui domine. C’est là que le premier patient français mort du Covid-19 a été hospitalisé, il y a près d’un mois. Depuis, dix autres patients sont décédés et cinq soignants (médecins et infirmières) ont été testés positif. « La crainte de la contagion est bien réelle parmi les équipes, car on sait parfaitement que l’on est très exposés », témoigne Corinne Delys, secrétaire générale de la CGT dans l’établissement. Une inquiétude décuplée par le manque de masques. La semaine dernière, certains soignants en contact direct avec des patients infectés en étaient dépourvus. Ils ont envisagé de faire jouer leur droit de retrait. Avant de se raviser. La situation s’est légèrement améliorée, le recours aux masques chirurgicaux s’est généralisé. « Mais le stock est de quelques jours », prévient la syndicaliste.

    Signe du peu de confiance dans la pérennité du ravitaillement, des vidéos tutorielles de médecins circulant sur les réseaux sociaux et montrant comment fabriquer soi-même des masques de fortune, ont été mis à disposition sur les réseaux de communication interne de plusieurs CHU. La rareté relative du matériel en fait la valeur. Dans leur communiqué, les syndicats de la médecine libérale rappellent que de plus en plus de professionnels de santé rapportent des vols et des attaques de véhicules transportant ce type d’équipements. Selon nos informations, plusieurs CHU ont pris des mesures ces derniers jours devant des vols répétés de masques, au sein même de leurs locaux.

    « Nous sommes choqués »
    Sans surprise, c’est dans la région Grand-Est, où la crise est déjà aiguë, que la situation se tend le plus. Dans les hôpitaux alsaciens, la difficulté est quotidienne. « On a quelques stocks, le problème, c’est qu’on n’a aucune visibilité sur le réapprovisionnement, témoigne une cadre hospitalière. On ne sait pas si et quand on sera livrés, donc on ne sait pas comment les répartir. » La question est pourtant décisive : au seul CHU de Strasbourg, plus d’une centaine de personnels médicaux sont eux-mêmes positifs au Covid-19, et continuent pour la plupart à travailler. Pour éviter de contaminer les patients ou d’autres soignants, il faudrait qu’ils puissent porter un masque en continu, de même que tous ceux avec qui ils ont été en contact.
    Mathias Wargon, chef des urgences à l’hôpital Delafontaine à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) : « Les masques, ça ne coûte que quelques centimes. C’est juste du papier. C’est incompréhensible qu’on n’en ait pas »

    Un autre médecin hospitalier de la région témoigne lui aussi de la difficulté, y compris pour l’agence régionale de santé, à fournir des réponses sur l’état des stocks. « Macron a dit que nous aurions des masques mais en fait, l’ARS nous explique que ce n’est pas certain. Nous sommes choqués », dénonce-t-il. En Alsace, des entreprises ont commencé à faire don de masques FFP2, également utilisés dans certains secteurs industriels, aux établissements de soins. Mais les bonnes volontés se heurtent à la réalité : de nombreux masques industriels sont avant tout destinés à éviter les poussières et « disposent de valves permettant une meilleure circulation de l’air, ce qui les rend impossibles à utiliser dans des salles de réanimation », explique une infirmière.
    François Braun, président de SAMU-Urgences de France assure qu’à Metz, en secteur hospitalier, la question de la gestion du matériel ne pose « pas de souci particulier ». « Mes confrères de ville me remontaient des problèmes jusqu’à hier, mais ça semble aller un peu mieux », ajoute-t-il.

    Messages contradictoires
    Au sud de ce premier front ouvert contre la maladie, à Besançon, l’inquiétude des personnels est forte. « Comme on est proche de Mulhouse et Colmar, on va être impactés très rapidement, dit Marc Paulin, infirmier en soins intensifs dans le service pneumologie du CHU de Besançon. Les masques sont devenus des armes de guerre. Les procédures liées aux masques changent chaque jour. On est bien conscients des problèmes sur le plan matériel, c’est notre préoccupation directe. On ne cause que de masques. »
    « Le Covid-19 est le révélateur du délaissement depuis dix ou vingt ans des hôpitaux par les gouvernements successifs, tempête Laurent Thines, neurochirurgien dans le même établissement. On le voit avec le manque de masques pour les soignants et la population. Il y a un phénomène de pénurie. Quand Olivier Véran [le ministre de la santé] dit que cela a été anticipé, c’est faux. Il ne dit pas la vérité. » Pour le professeur Thines comme pour de nombreux personnels hospitaliers, la question des masques cristallise un ressentiment profond. « A Besançon, on avait 2 700 masques pour 7 700 soignants la semaine dernière, ajoute M. Thines. Les secrétaires ont trouvé des masques périmés dans les armoires… Moi, je mets des masques trouvés chez moi. Mais le personnel infirmier n’est pas suffisamment protégé. »

    Le désarroi est accru par les messages contradictoires, y compris dans les régions les plus méridionales, où la situation est encore calme. « Il y a eu une communication dimanche disant : “tous les personnels auprès de patients potentiellement contaminés vont avoir des masques FFP2.” Mais en pratique, c’est une recommandation qu’on ne peut pas suivre, confie Patrice Taourel, président de la commission médicale d’établissement du CHU de Montpellier. Si nous devions la suivre, je pense que dans une journée, on n’aurait plus de masque FFP2 pour le personnel au contact des patients Covid confirmés. »

    « C’est la dèche »
    Dans l’Ouest, la situation n’est guère différente. Xavier Marc-Tudor, qui exerce dans le centre-ville de Nantes depuis vingt ans, fait, lui aussi, face à la pénurie : « Je les économise, normalement il faudrait en donner un à chaque patient malade, et en garder un pour nous, sauf que 50 masques pour 25 patients, ça ne tient même pas une journée de travail. »
    « On a eu une note de notre direction générale cet après-midi [mercredi] qui évoque la pénurie nationale, raconte Emmanuelle Dubourg-Davy, infirmière au CHU d’Angers. On est en procédure dégradée au niveau de l’utilisation des masques. L’établissement nous dit qu’il n’est pas en mesure de fournir des masques à tous les soignants et qu’on doit en tenir compte. » Les soignants, ajoute-t-elle, « s’inquiètent pour eux, leur famille, leurs patients. » Signe d’une forte tension dans la gestion des stocks, Cécile Jaglin-Grimonprez, directrice générale du CHU d’Angers confiait, mercredi après-midi : « A l’heure où je vous parle, on a un jour de stock. Mais on m’annonce une livraison de masse demain ou après-demain. »

    Partout en France, ce sont le même discours et les mêmes craintes. « C’est la dèche », confirme Mathias Wargon, chef des urgences à l’hôpital Delafontaine à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Les masques FFP2, les plus protecteurs et les plus rares aussi, il les réserve à ses troupes : « celles qui sont en première ligne, au contact direct des patients qui arrivent avec des pathologies pas encore identifiées ». Pour tous les autres, ce sont de simples masques chirurgicaux. « On fait attention, on s’en sert avec parcimonie alors que normalement, c’est un objet qu’on prend et qu’on jette à chaque fois qu’on rentre ou sort d’une salle, explique l’urgentiste. Les lits, on sait qu’il n’y aura pas de miracle mais les masques, ça ne coûte que quelques centimes. C’est juste du papier. C’est incompréhensible qu’on n’en ait pas. » La situation nourrit parfois des scènes surréalistes. Mardi 17 mars, raconte le médecin, des inconnus ont apporté un carton rempli de #masques et de gels hydroalcooliques. « On leur a pris sans leur demander d’où ils venaient. »

    • sauf que 50 masques pour 25 patients, ça ne tient même pas une journée de travail.

      C’est probablement une question idiote, mais pourquoi on n’a pas de masques lavables ? Si le virus n’aime pas la chaleur pourquoi ne pas faire chauffer les masques et les réutiliser le lendemain ?

    • Ca parait compliqué en terme d’infrastructure : ils galèrent déja pour trouver a manger parce que les caféteria des hopitaux sont fermées, laver des milliers de masques, les sécher etc ca implique un personnel qui n’est juste pas présent...