Le revenu d’existence, pour « calmer le jeu en situation de crise »

/le-revenu-d-existence-pour-calmer-le-je

  • Le revenu d’existence, pour « calmer le jeu en situation de crise »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/03/19/le-revenu-d-existence-pour-calmer-le-jeu-en-situation-de-crise_6033630_3232.

    Denis Consigny, promoteur du revenu universel de base, explique dans une tribune au « Monde » qu’une telle formule écarterait le risque de perdre sa rémunération lorsqu’une catastrophe bloque les circuits de l’économie.

    Tribune. Les effets économiques de la crise sanitaire que nous vivons mettent en évidence une aspiration à une sécurité collective, en quelque sorte une demande de robustesse de notre modèle économique et social face aux catastrophes, qu’elles soient industrielles, climatiques ou épidémiques, qui peuvent s’abattre sur nous.

    Jusqu’à présent, les différents projets de distribution de revenus ou de capitaux de façon universelle et inconditionnelle ont été essentiellement présentés sous l’angle de leur contribution à la lutte contre la pauvreté : dans une société hostile, où le moindre accident de cursus scolaire, de carrière professionnelle ou de vie familiale peut déboucher sur la précarité et l’exclusion, l’assurance pour chacun de pouvoir compter en toutes circonstances sur un minimum de ressources représenterait en effet un progrès considérable.

    Stress puis mort économique

    Mais l’aspiration sécuritaire qu’expriment nos concitoyens et qu’exploitent plus ou moins habilement les politiques ne se limite plus à la somme des cas particuliers de chacun. Nous vivons une période où les responsables en sont réduits à choisir entre relativement peu de morts moyennant beaucoup d’emplois détruits, et relativement peu d’emplois détruits moyennant beaucoup de morts.

    L’une des raisons de cette situation est que notre organisation sociofiscale ne prévoit pas de mode de fonctionnement dégradé : le seul vecteur de circulation de l’argent dans le corps social est l’activité économique instantanée, les différentes ponctions et redistributions n’intervenant qu’a posteriori, après un temps de réaction long et avec de faibles marges d’adaptation, régies par des mécanismes abscons.
    De plus, dans un système où l’argent-dette est majoritaire, tout ralentissement de la croissance a des conséquences délétères sur les situations des personnes physiques comme des personnes morales qui, sauf à disposer de réserves substantielles, se trouvent rapidement en situation de stress puis de mort économique.

    Minimum alimentaire vital

    Dans ce contexte, un revenu d’existence universel et inconditionnel présenterait en situation de crise l’avantage de permettre, aussi longtemps que nécessaire, de calmer le jeu. Il suffirait de porter son montant au niveau du minimum alimentaire vital et il serait alors possible de figer l’activité marchande, à l’exception des secteurs de la santé et de l’agroalimentaire. Et ce sans trop injurier l’avenir économique, c’est-à-dire sans obliger quiconque à « voler pour survivre », ni sans asphyxier les entreprises ayant des masses salariales prépondérantes dans leurs comptes d’exploitation : le versement des salaires et charges, mais aussi des loyers et échéances d’emprunts, pourraient ainsi être suspendus pendant la durée du confinement.
    Le revenu universel, une idée neuve en Europe : nos tribunes
    « Le revenu de base est passé de l’utopie philosophique à une possibilité concrète », par Chloé Bonifas, Camille Lambert et Nicole Teke, membres du Mouvement français pour un revenu de base
    « La fracture patrimoniale a des conséquences délétères sur notre société », Denis Consigny est ingénieur, président de l’Association intergénérations pour le capital universel (AICU)

    « En France, il s’agit avant tout d’une nécessaire réforme de l’impôt sur le revenu », par Marc de Basquiat, ingénieur et docteur en économie, fondateur de StepLine Conseil, président de l’Association pour l’instauration d’un revenu d’existence
    « Le revenu universel permet de démocratiser le mérite, qui n’est pas une notion démocratique », entretien avec Martine Alcorta, élue écologiste indépendante au conseil régional de Nouvelle-Aquitaine.
    Idéalement, la sortie de trésorerie ponctuelle que subirait le Trésor public pourrait être compensée à court terme par la même quantité de création monétaire mise à sa disposition par la Banque centrale européenne (BCE), et à long terme par les rentrées fiscales préservées du fait de la moindre destruction des actifs et des emplois.
    Des dispositifs simples et pragmatiques comme le capital universel, le revenu d’existence ou le dividende universel permettraient de calmer le jeu et de rendre la croissance « différable », en ralentissant lorsque nécessaire les roues de hamsters dans lesquelles nous nous épuisons, obsédés que nous sommes par la perspective de nous voir rattrapés par la ligne rouge du découvert.

    Déconnecter la circulation de l’argent dans le corps social de l’activité économique immédiate n’est peut-être plus un objectif aussi irréaliste qu’il n’y paraît. Cela pourrait même s’imposer comme une nécessité…
    Denis Consigny(Ingénieur, administrateur de L’Association pour l’instauration d’un Revenu d’existence (AIRE) et président de l’Association intergénérations pour le capital universel /AICU)

    #revenu_d'existence