Je ne voulais pas trop me lancer là-dedans, mais je vois circuler de plus en plus souvent des textes que je trouve très limite limite, mélanges de données pertinentes, de considérations parfois intéressantes, mais avec de lourdes tendances à l’exagération, raccourcis, qui devraient tout de même amener les lecteurs à se méfier. Dans certains cas, je l’ai déjà écrit, j’y trouve des procédés rhétoriques malhonnêtes (des conditionels de précaution qui deviennent des affirmations définitives sans prévenir), et souvent des modes de démonstration typiquement complotistes (démonstration à charge en écartant les contre-arguments qui ne vont pas dans le bon sens).
Hier soir j’ai regardé 3 textes de Jean-Dominique Michel, que je vois recommandés avec beaucoup d’insistance ici et ailleurs, comme de « très bons textes », « à lire absolument »…
Alors j’ai déjà longuement critiqué l’un de ces textes :
►https://seenthis.net/messages/832094#message832220
Mais j’ai encore trouvé des choses assez marrantes, que je trouve symptomatiques (oui, je l’ai déjà faite) de sa façon de procéder…
Par exemple :
COVID-19 : APPEL AU CALME !
▻http://jdmichel.blog.tdg.ch/archive/2020/03/12/covid-19-appel-au-calme-305001.html
Le même traitement dramaturgique appliqué à n’importe quelle autre infection respiratoire virale produirait la même perception de catastrophe. Imaginez : la grippe saisonnière tue entre 10’000 et 60’000 personnes en France chaque année dans l’indifférence générale.
Si je prend un bulletin grippe de Santé publique France, je lis :
En moyenne, on estime qu’environ 10 000 décès sont attribuables à la grippe chaque année, avec 13 000 décès lors de l’épidémie de 2017-18, et 14 400 décès en 2016-17.
Comme je l’avais fait remarquer dans mon premier commentaire : c’est bien pratique de ridiculiser les chiffres maximalistes concernant le Coronavirus, si c’est pour dans le même temps sortir des chiffres absolument extrémistes sur la grippe saisonnière.
Dans le texte suivant, il récapitule un certain de nombre de grandes maladies qui devraient être évitables : Coûts de la santé : d’inconfortables vérités ?
▻http://jdmichel.blog.tdg.ch/archive/2018/03/04/couts-de-la-sante-d-inconfortables-verites-290378.html
En analysant les causes impliquées dans le bataillon des maladies évitables, on trouve 5 grandes catégories de facteurs : mauvaise alimentation, pollution, stress, manque de sommeil et sédentarité (12) Avec à nouveau de gros, très gros intérêts en jeu.
Faire baisser rapidement les « coûts de la santé » ? Ce serait à vrai dire assez simple, par exemple :
– en taxant la malbouffe (produits transformés et/ou pollués) et en affectant le produit pour faire baisser le prix des aliments sains ;
– en interdisant le diesel, les perturbateurs endocriniens, les poisons domestiques et les pesticides ;
– en remplaçant partout où cela est possible les traitements médicaux par des remèdes naturels ou des pratiques de santé montrant une efficacité comparable ;
– en menant des vraies campagnes d’information sur les causes des maladies ;
– en formant la population, les autorités, employeurs, employés et médias aux stratégies de santé ainsi qu’aux bonnes pratiques managériales et sociales ;
– en développant des centres de ressources communautaires consacrés à l’empowerment en santé de la population...
...il serait littéralement possible de faire baisser les primes d’assurance-maladie de 40 à 60% en cinq ans. Épidémio-logique !
Sérieusement : « il serait possible de faire baisser les primes d’assurance de 40 à 60% en cinq ans » ? Pourquoi pas 70% en quatre ans, ou 30% en six ans ? C’est quoi cette science ?
Là encore : l’argument est intéressant, mais que vient faire cette affirmation chiffrée délirante là-dedans ?
Et on trouve dans un autre texte récent une affirmation qui, malheureusement, commence à circuler largement : En guerre ?! Non, complètement dépassés...
►http://jdmichel.blog.tdg.ch/archive/2020/03/19/en-guerre-non-completement-depasses-305135.html
La vérité est qu’à peu près rien n’a été réellement fait au cours des décennies écoulées pour protéger la population contre les principaux facteurs de risque (que sont la malbouffe, la pollution, le stress et la sédentarité) malgré des dégâts sanitaires monstrueux. Aujourd’hui, c’est cette population déjà atteinte dans sa santé qui est frappée. 99% des victimes en Italie (parmi les 2’500 premiers morts) souffraient d’une à trois maladies chroniques, avec des taux de 75% de tension artérielle élevée, 35% de diabète, 30% de maladies cardio-vasculaires, etc. )
Il faut oser le dire : ce n’est pas le virus qui tue (il est bénin pour les personnes en bonne santé), ce sont les pathologies chroniques qu’on a laissé honteusement se développer en favorisant des industries toxiques au détriment du bien commun et de la santé de population (pour un développement de ce constat, se référer à l’article suivant).
Ça veut dire quoi, « ce n’est pas le virus qui tue » ? Sans le virus, les gens ne meurent pas ; avec le virus les gens meurent. Je vois l’idée, mais le raccourci est outré et ridicule.
C’est le même auteur qui, par ailleurs, écrit : « la grippe saisonnière tue entre 10’000 et 60’000 personnes ». Or c’est la même logique pour la grippe saisonnière : les décès portant la mention « cause du décès : grippe » se comptent en dizaines ou centaines chaque année. Le chiffre usuel de 10000 morts annuels, c’est une estimation statistique de la surmortalité provoquée par la grippe. Allez brailler que « le grippe ne tue pas »…