« Alors pour votre information, concernant l’Ă©tude du Pr Didier Raoult sur la Chloroquine : đŸ”œ »

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  • Alors pour votre information, concernant l’étude du Pr Didier Raoult sur la Chloroquine :

    Sartorius
    @Tsarorius
    ·â–șhttps://twitter.com/Tsarorius/status/1240429725941731328
    19 mars

    1) Rappels :

    Pour tester un mĂ©dicament, on fait deux groupes de patients. Un groupe reçoit le traitement que l’on teste, et l’autre ne le reçoit pas. Les chercheurs ont donc fait un groupe « Chloroquine » et un groupe « TĂ©moin ».

    On traite ensuite les patients et on observe ce qu’il se passe. Ici, les auteurs ont choisi de regarder le nombre de patients qui n’avaient plus le virus au bout de 6 jours de prise en charge.

    Ils ont donc comparĂ© le pourcentage de patients qui n’avaient plus le virus dans le groupe Chloroquine avec le pourcentage de patients qui n’avaient plus le virus dans le groupe TĂ©moin

    2) L’étude est un « open label non randomized clinical trial » = le pire de ce qui se fait en terme de mĂ©thodologie des essais cliniques. Ça peut se justifier dans certains cas, quand on peut pas faire autrement. Il est douteux qu’une mĂ©thodologie aussi faible soit nĂ©cessaire ici.

    Pour info :
    « open label » = Ă©tude en ouvert = le patient et le mĂ©decin savent dans quel groupe est le patient. Par opposition Ă  la procĂ©dure de « double aveugle » oĂč ni le patient ni le mĂ©decin ne savent dans quel groupe est le patient.

    « non randomized » = les groupes n’ont pas Ă©tĂ© constituĂ©s par tirage au sort. Par opposition Ă  la mĂ©thodologie classique oĂč les patients sont affectĂ©s Ă  chaque groupe (groupe Chloroquine ou groupe TĂ©moin) au hasard.

    3) Quand on fait des mesures rĂ©pĂ©tĂ©es chez des patients au cours d’une Ă©tude, on utilise des tests statistiques particuliers. Dans cette Ă©tude des mesures rĂ©pĂ©tĂ©es de charge virale ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es mais ces tests statistiques ne semblent pas avoir Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s.

    4) Parmi les patients du groupe « Chloroquine » (le groupe des patients traitĂ©s), 6 patients ont Ă©tĂ© exclus de l’analyse car « perdus de vue ».

    « Perdu de vue » dans une Ă©tude ça veut dire qu’on ne peut pas observer ce qu’il se passe chez ces patients.
    Ici, ils ont Ă©tĂ© exclus de l’analyse. C’est Ă  dire que les auteurs ont choisi de ne pas les prendre en compte dans le calcul du pourcentage de patients n’ayant plus le virus dans le groupe Chloroquine.

    En effet quand on inclut des patients dans une Ă©tude, il peut arriver pour tout un tas de raison que ces patients quittent l’étude, ne donnent plus de nouvelles. Ça arrive.

    Ici, ils ont Ă©tĂ© exclus de l’analyse. C’est Ă  dire que les auteurs ont choisi de ne pas les prendre en compte dans le calcul du pourcentage de patients n’ayant plus le virus dans le groupe Chloroquine.

    Or ces patients (tous du groupe Chloroquine) ne sont pas tout Ă  fait anodins.

    Parmi les patients « perdus de vue » (tous du groupe « Chloroquine » !), on a donc :
    – 3 patients transfĂ©rĂ©s en rĂ©animation (!!!)
    – 1 patient dĂ©cĂ©dĂ© (!!!)
    – 1 patient qui a dĂ©cidĂ© de sortir de l’hĂŽpital et qui n’avait pas de virus le jour 1 (??? Ă©tait il vraiment malade ???)

    – 1 patient qui a eu un effet indĂ©sirable de la Chloroquine et a voulu arrĂȘter sa participation Ă  l’étude (!)

    Il est comprĂ©hensible que le patient dĂ©cĂ©dĂ©, le patient sorti, et le patient qui a eu un effet indĂ©sirable et a voulu sortir de l’étude soient considĂ©rĂ©s comme des « perdus de vue ».

    Mais pour les patients qui ont Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©s en rĂ©animation on aimerait avoir plus d’info sur leur devenir et pourquoi l’étude n’a pas pu ĂȘtre poursuivie en lien avec le service de rĂ©animation.

    5) Tous les patients du groupe « Chloroquine » ont Ă©tĂ© pris en charge Ă  Marseille. Les trois autres centres n’ont fourni que des tĂ©moins. C’est un biais de sĂ©lection majeur.

    7) Le suivi n’a pas Ă©tĂ© le mĂȘme pour tous les patients.

    8) A noter que le patient dĂ©cĂ©dĂ© est dĂ©cĂ©dĂ© Ă  J3 alors que sa charge virale Ă©tait nĂ©gative depuis J2. Dans une vidĂ©o publiĂ©e sur Youtube oĂč Didier Raoult prĂ©sentait les rĂ©sultats de cette Ă©tude, il affirmait que « Si vous n’avez plus le microbe vous ĂȘtes sauvĂ© ».

    9) Enfin, cette étude a porté sur un trÚs faible nombre de patients.

    10) Certains patients du groupe Chloroquine ont reçu un autre traitement (de l’Azithromycine) en plus de la Chloroquine. Dans son article (et sa vidĂ©o), le Pr Didier Raoult prĂ©sente l’azithromycine tantĂŽt comme un antibiotique, tantĂŽt comme... un antiviral !

    11) En conclusion :

    – Cette Ă©tude, portant sur un trĂšs faible nombre de patients, possĂšde des biais majeurs, pas forcĂ©ment justifiĂ©s.

    – Peut-ĂȘtre que la Chloroquine est efficace pour rĂ©duire la charge virale des patients COVID-19. Mais :
    Ce n’est pas cette Ă©tude qui permet de l’affirmer
    Ça n’en ferait pas le traitement miracle annoncĂ© par le Pr Didier

    ADDENDUM :

    12) Un truc (Ă©norme) m’avait Ă©chappĂ© : pour certains patients, les dosages n’ont pas Ă©tĂ© faits.

    Les auteurs prĂ©sent dans un tableau des pourcentages de patients « with virological cure » c’est Ă  dire qui n’ont plus le virus.

    Parmi les patients du groupe TĂ©moin, beaucoup n’ont pas eu les dosages de suivi chaque jour jusqu’à J6.

    Les patients qui n’ont pas eu le dosage ont Ă©tĂ© considĂ©rĂ©s comme positifs !

    Dans le tableau 3, les auteurs prĂ©sentent ainsi les rĂ©sultats Ă  J6 :
    Dans le groupe tĂ©moin : 2 patients sur 16 sont « virological cure », ce qui laisse supposer que 14 patients sont toujours porteurs du virus. Or en rĂ©alitĂ©, sur ces 14 patients, 5 n’ont pas Ă©tĂ© testĂ©s !

    Pire : dans le groupe Chloroquine, les auteurs prĂ©sentent un pourcentage de 14 patients nĂ©gatifs sur 20 Ă  J6. Or parmi ces 14 patients, 1 patient n’a pas Ă©tĂ© testĂ© !

    Donc dans le groupe TĂ©moin, les patients non testĂ©s sont considĂ©rĂ©s comme positifs, et dans le groupe Chloroquine le patient non testĂ© est considĂ©rĂ© comme nĂ©gatif !

    Magique.

    J’en profite pour partager un article du trĂšs bon blog de HervĂ© Maisonneuve (@hervemaison
    â–șhttps://www.redactionmedicale.fr/2020/03/covid-19-la-bagarre-pour-publier-vite-nest-pas-acceptable-car-de-m

  • Je ne voulais pas trop me lancer lĂ -dedans, mais je vois circuler de plus en plus souvent des textes que je trouve trĂšs limite limite, mĂ©langes de donnĂ©es pertinentes, de considĂ©rations parfois intĂ©ressantes, mais avec de lourdes tendances Ă  l’exagĂ©ration, raccourcis, qui devraient tout de mĂȘme amener les lecteurs Ă  se mĂ©fier. Dans certains cas, je l’ai dĂ©jĂ  Ă©crit, j’y trouve des procĂ©dĂ©s rhĂ©toriques malhonnĂȘtes (des conditionels de prĂ©caution qui deviennent des affirmations dĂ©finitives sans prĂ©venir), et souvent des modes de dĂ©monstration typiquement complotistes (dĂ©monstration Ă  charge en Ă©cartant les contre-arguments qui ne vont pas dans le bon sens).

    Hier soir j’ai regardĂ© 3 textes de Jean-Dominique Michel, que je vois recommandĂ©s avec beaucoup d’insistance ici et ailleurs, comme de « trĂšs bons textes », « Ă  lire absolument »â€Š

    Alors j’ai dĂ©jĂ  longuement critiquĂ© l’un de ces textes :
    â–șhttps://seenthis.net/messages/832094#message832220

    Mais j’ai encore trouvĂ© des choses assez marrantes, que je trouve symptomatiques (oui, je l’ai dĂ©jĂ  faite) de sa façon de procĂ©der


    Par exemple :
    COVID-19 : APPEL AU CALME !
    ▻http://jdmichel.blog.tdg.ch/archive/2020/03/12/covid-19-appel-au-calme-305001.html

    Le mĂȘme traitement dramaturgique appliquĂ© Ă  n’importe quelle autre infection respiratoire virale produirait la mĂȘme perception de catastrophe. Imaginez : la grippe saisonniĂšre tue entre 10’000 et 60’000 personnes en France chaque annĂ©e dans l’indiffĂ©rence gĂ©nĂ©rale.

    Si je prend un bulletin grippe de SantĂ© publique France, je lis :

    En moyenne, on estime qu’environ 10 000 dĂ©cĂšs sont attribuables Ă  la grippe chaque annĂ©e, avec 13 000 dĂ©cĂšs lors de l’épidĂ©mie de 2017-18, et 14 400 dĂ©cĂšs en 2016-17.

    Comme je l’avais fait remarquer dans mon premier commentaire : c’est bien pratique de ridiculiser les chiffres maximalistes concernant le Coronavirus, si c’est pour dans le mĂȘme temps sortir des chiffres absolument extrĂ©mistes sur la grippe saisonniĂšre.

    Dans le texte suivant, il rĂ©capitule un certain de nombre de grandes maladies qui devraient ĂȘtre Ă©vitables : CoĂ»ts de la santĂ© : d’inconfortables vĂ©ritĂ©s ?
    ▻http://jdmichel.blog.tdg.ch/archive/2018/03/04/couts-de-la-sante-d-inconfortables-verites-290378.html

    En analysant les causes impliquĂ©es dans le bataillon des maladies Ă©vitables, on trouve 5 grandes catĂ©gories de facteurs : mauvaise alimentation, pollution, stress, manque de sommeil et sĂ©dentaritĂ© (12) Avec Ă  nouveau de gros, trĂšs gros intĂ©rĂȘts en jeu.

    Faire baisser rapidement les « coĂ»ts de la santĂ© » ? Ce serait Ă  vrai dire assez simple, par exemple :
    – en taxant la malbouffe (produits transformĂ©s et/ou polluĂ©s) et en affectant le produit pour faire baisser le prix des aliments sains ;
    – en interdisant le diesel, les perturbateurs endocriniens, les poisons domestiques et les pesticides ;
    – en remplaçant partout oĂč cela est possible les traitements mĂ©dicaux par des remĂšdes naturels ou des pratiques de santĂ© montrant une efficacitĂ© comparable ;
    – en menant des vraies campagnes d’information sur les causes des maladies ;
    – en formant la population, les autoritĂ©s, employeurs, employĂ©s et mĂ©dias aux stratĂ©gies de santĂ© ainsi qu’aux bonnes pratiques managĂ©riales et sociales ;
    – en dĂ©veloppant des centres de ressources communautaires consacrĂ©s Ă  l’empowerment en santĂ© de la population...

    ...il serait littĂ©ralement possible de faire baisser les primes d’assurance-maladie de 40 Ă  60% en cinq ans. ÉpidĂ©mio-logique !

    SĂ©rieusement : « il serait possible de faire baisser les primes d’assurance de 40 Ă  60% en cinq ans » ? Pourquoi pas 70% en quatre ans, ou 30% en six ans ? C’est quoi cette science ?

    LĂ  encore : l’argument est intĂ©ressant, mais que vient faire cette affirmation chiffrĂ©e dĂ©lirante lĂ -dedans ?

    Et on trouve dans un autre texte rĂ©cent une affirmation qui, malheureusement, commence Ă  circuler largement : En guerre ?! Non, complĂštement dĂ©passĂ©s...
    â–șhttp://jdmichel.blog.tdg.ch/archive/2020/03/19/en-guerre-non-completement-depasses-305135.html

    La vĂ©ritĂ© est qu’à peu prĂšs rien n’a Ă©tĂ© rĂ©ellement fait au cours des dĂ©cennies Ă©coulĂ©es pour protĂ©ger la population contre les principaux facteurs de risque (que sont la malbouffe, la pollution, le stress et la sĂ©dentaritĂ©) malgrĂ© des dĂ©gĂąts sanitaires monstrueux. Aujourd’hui, c’est cette population dĂ©jĂ  atteinte dans sa santĂ© qui est frappĂ©e. 99% des victimes en Italie (parmi les 2’500 premiers morts) souffraient d’une Ă  trois maladies chroniques, avec des taux de 75% de tension artĂ©rielle Ă©levĂ©e, 35% de diabĂšte, 30% de maladies cardio-vasculaires, etc. )

    Il faut oser le dire : ce n’est pas le virus qui tue (il est bĂ©nin pour les personnes en bonne santĂ©), ce sont les pathologies chroniques qu’on a laissĂ© honteusement se dĂ©velopper en favorisant des industries toxiques au dĂ©triment du bien commun et de la santĂ© de population (pour un dĂ©veloppement de ce constat, se rĂ©fĂ©rer Ă  l’article suivant).

    Ça veut dire quoi, « ce n’est pas le virus qui tue » ? Sans le virus, les gens ne meurent pas ; avec le virus les gens meurent. Je vois l’idĂ©e, mais le raccourci est outrĂ© et ridicule.

    C’est le mĂȘme auteur qui, par ailleurs, Ă©crit : « la grippe saisonniĂšre tue entre 10’000 et 60’000 personnes ». Or c’est la mĂȘme logique pour la grippe saisonniĂšre : les dĂ©cĂšs portant la mention « cause du dĂ©cĂšs : grippe » se comptent en dizaines ou centaines chaque annĂ©e. Le chiffre usuel de 10000 morts annuels, c’est une estimation statistique de la surmortalitĂ© provoquĂ©e par la grippe. Allez brailler que « le grippe ne tue pas »â€Š

    • Tes critiques me font penser Ă  certains chercheurs qui ont par le passĂ© dĂ©cidĂ© de ne plus participer Ă  des dĂ©bats publics, du fait que pour dĂ©ployer une pensĂ©e complexe, qui ne sera pas dĂ©formĂ© par le premier troll venu reprochant l’emploi d’un passĂ© simple ou d’un conditionnel, cela est vraiment compliquĂ© et insatisfaisant.

      Donc, en ce moment, ces gens qui habituellement se censurent, dĂ©cident de participer et de s’exprimer. Et ils se font tirer dessus Ă  boulet rouge pour des tournures de phrase, et ce faisant, pour le fait que bon, ces gens, ils pourraient tout de mĂȘme s’exprimer d’une façon irrĂ©prochable quoi.

    • Je vois, mais :
      – ces textes sont en ce moment recommandĂ©s avec vigueur dans mon entourage, et pour le dire plus clairement : ce n’est pas loin d’un symptĂŽme complotiste ;
      – je l’ai plus dĂ©taillĂ© dans mon premier texte : ces problĂšmes de forme ne sont pas anodins, c’est ce qui permet Ă  ces textes d’avoir beaucoup de succĂšs alors que leur propos est outrancier et dangereux.

      Ces outrances permettent de faire passer les messages suivants de maniĂšre extrĂȘmement claire (et, malheureusement, efficace) :
      – Covid-19 n’est pas dangereux,
      – et de toute façon, on a dĂ©jĂ  trouvĂ© le mĂ©dicament
      – le confinement, ça ne marche pas
      – accessoirement quelques suggestions Ă  tendance complotistes (le monde mĂ©dical n’en veut pas parce qu’il n’y a pas de brevet pour se faire du fric, les politiciens rĂ©agissent comme ça Ă  la crise parce qu’ils sont corrompus par les labos, les occidentaux sont racistes de se mĂ©fier des Ă©tudes chinoises
).

      Les « maladresses » ne sont pas anodines, ici : elles permettent Ă  l’auteur d’adopter une posture de prudence, alors que le fond du propos tel qu’il ressort, c’est bien ça (je donnes deux exemple dans ma critique prĂ©cĂ©dente, je trouve que c’est trĂšs clair, cette façon de passer du conditionnel Ă  l’enthousiasme Ă  l’indicatif au moment opportun). Je l’ai dit pour la premiĂšre vidĂ©o en provenance de Marseille : tu titres « Fin de partie ! » au tout dĂ©but d’une Ă©pidĂ©mie en France (dĂ©sormais discrĂštement retitrĂ© « Vers une sortie de crise ? »), tu expliques doctement que ce sera imperceptible par rapport Ă  la grippe
 ce n’est pas un problĂšme de style et tournures de phrase. Ça a un effet dangereux sur la vie rĂ©elle des gens, comme par exemple illustrĂ© par @hlc hier :
      ▻https://seenthis.net/messages/832420

    • Je comprends tes reproches. Et je lis les textes que tu critiques avec la mĂȘme prudence qui nous caractĂ©rise tous ici, qui ne faisons que cela depuis des annĂ©es. On tĂąche de rĂ©cupĂ©rer ce qui nous parle, et on laisse de cĂŽtĂ©, sans mĂȘme y faire attention, ce qui nous paraĂźt inepte et/ou accessoire.

      N’empĂȘche que, ces gens nous transmettent des informations que les canaux prĂ©vus pour sont en ce moment incapables de transmettre. Ils mĂ©ritent donc d’ĂȘtre, Ă  mon sens, suivis et relayĂ©s, et ce sans adopter les travers affligeants de « l’autre camp », d’accoler les Ă©tiquettes de « complotisme » ou autre.

      Il y a dĂ©faillance majeure du systĂšme, et tout ce qui pourra documenter ces dĂ©faillances doit ĂȘtre conservĂ© et relayĂ©. MĂȘme au prix de la puretĂ© oratoire et argumentative, il me semble.

      Et j’avoue qu’émettre des critiques sans utiliser le conditionnel, j’en serais bien incapable, n’ayant pas la prĂ©tention, jamais, que j’aurais pu faire mieux.

    • Je comprends aussi cette mĂ©fiance pour le mot « complotisme », avec lequel je ne suis pas forcĂ©ment Ă  l’aise non plus. En l’occurence, je vois au moins d’énormes biais de confirmation qui, couplĂ©s parfois Ă  des mĂ©thodes de communication que j’ai dĂ©jĂ  qualifiĂ©es de mĂ©thodes de voyou (pas juste des maladresses), confinent au complotisme. Ou, pour le dire plus subtilement, le (toujours trĂšs) subtile Zlavoj Zizek signalĂ© par @rumor ici :
      â–șhttps://seenthis.net/messages/832191

      Sinon, oui, rĂ©fĂ©rencer des textes en extrayant ce qui est pertinent, d’accord. Mais ce n’est pas comme ça que les textes du bonhomme circulent (mĂȘme ici), et cette extrĂȘme minoration des dangers de Covid-19 et l’annonce sans recul du fait qu’on a dĂ©jĂ  trouvĂ© un remĂšde, pour moi ce ne sont pas des points accessoires. À tout le moins, c’est normal de les faire remarquer.

      Comme toi je suppose je suis plus inquiet pour mes parents que pour moi-mĂȘme, et mĂȘme mes enfants. Et parmi les points d’inquiĂ©tude : le fait que mes vieux ont tendance Ă  Ă©couter une radio de merde et Ă  suivre les dĂ©bats pourris que tu sais, et que je prĂ©fĂšre qu’ils soient « exagĂ©rĂ©ment inquiets » que de croire qu’« en fait c’est des conneries ». Or le coup du « Fin de partie ! » fin fĂ©vrier, ça a beaucoup circulĂ© dans les mĂ©dias mainstream, et c’est passĂ© Ă  la tĂ©lĂ©. Aujourd’hui les textes du monsieur ci-dessus, je les vois beaucoup beaucoup circuler.

    • tes remarques critiques sont justifiĂ©es et je reconnais n’avoir pas Ă©tĂ© assez prudent et critique en partageant son texte, ou plus exactement ses deux versions successives. En l’occurrence, le premier commentaire trĂšs Ă©logieux venait directement d’un tweet de Piketti.
      ▻https://twitter.com/PikettyLeMonde/status/1241019323721879554
      Mais cela n’excuse rien de ma part.
      Les points d’intĂ©rĂȘt que j’y ai trouvĂ© sont les suivants :
      – des Ă©lĂ©ments trĂšs instructifs d’analyse de la faillite de la stratĂ©gie europĂ©enne (et française) en particulier sur le long terme (fermeture des lits, sous investissement)
      – en contrepoint, l’efficacitĂ© des stratĂ©gies asiatiques et leur maĂźtrise de la technologie (notamment la stratĂ©gie prĂ©coce de tests Ă  grande Ă©chelle comme l’a mis en oeuvre la CorĂ©e du Sud).
      Sur le caractĂšre encore hypothĂ©tique de la solution chloroquine, on peut critiquer et dĂ©plorer les effets d’annonce. Et souligner, comme dans les commentaires Ă  ton premier commentaire, les incertitudes industrielles et commerciales qui entourent sa distribution si son efficacitĂ© Ă©tait avĂ©rĂ©e. Mais c’est important d’écouter ce qui Ă©brĂšche le monopole de la parole gouvernementale, qui n’a cessĂ© d’ĂȘtre Ă  cĂŽtĂ© de la rĂ©alitĂ© et dans le dĂ©ni depuis deux mois (cf. Buzyn and co.)

    • Je sais que ça peut paraĂźtre bizarre, mais avec rezo.net j’ai pris l’habitude de critiquer trĂšs directement certains textes, sans considĂ©rer pour autant que c’est une critique de la personne qui l’a rĂ©fĂ©rencĂ©. Je pense que les autres fonctionnent assez de cette façon aussi (sinon, Rezo n’aurait jamais tenu), mĂȘme si j’ai tendance Ă  ĂȘtre un des plus vachards dans la destruction de textes que je n’aime pas


      Du coup je m’excuse Ă  mon tour que tu aies pensĂ© que c’était une critique personnelle de ta dĂ©cision de partager : ce n’est pas du tout le cas, et au contraire j’aime que Seenthis offre l’occasion de dĂ©velopper des critiques de textes (Rezo.net, par son format, ne permet quasiment que du rĂ©fĂ©rencement positif) et que parfois on arrive Ă  briser un peu notre entre-soi de groupe militant.

    • Je copie-colle le texte de fesse-bouc

      Depuis plus d’une semaine, mĂ©dias et rĂ©seaux sociaux s’affolent autour d’un certain Pr Didier Raoult. DĂ©solĂ© de jouer le trouble-fĂȘte, mais ce Pr JeFaisDuRaoult – qui passe son temps Ă  se mettre en avant et Ă  s’auto-congratuler alors qu’il ne pige rien Ă  ce qu’il se passe – tient un discours dangereux, minoritaire et non scientifique, qui tout Ă  la fois nie la dangerositĂ© de l’épidĂ©mie et prĂ©tend en avoir le remĂšde. Je comprends qu’on ait tous besoin d’ĂȘtre rassurĂ©s, mais c’est du grand n’importe quoi.

      Le 20 janvier dernier, Raoult Ă©tait en plein dĂ©ni de l’épidĂ©mie de coronavirus :
      « Y se passe un truc oĂč y’a 3 Chinois qui meurent, ça fait une alerte mondiale, l’OMS s’en mĂȘle, ça passe Ă  la radio Ă  la tĂ©lĂ©vision, [...] tout ça est fou ! [...] Si vous voulez Ă  chaque fois qu’il y a une maladie dans le monde, on se demande si en France on va avoir la mĂȘme chose, ça devient complĂštement dĂ©lirant ! De pas s’occuper des maladies qui existent – on les identifie mĂȘme pas, on s’en fiche – et on regarde ce qui se passe en Chine ! C’est tellement dĂ©risoire que ça en devient hallucinant ! »
      â–șhttps://www.youtube.com/watch


      Le 17 fĂ©vrier, il considĂ©rait que le virus faisait moins de morts que les accidents de trottinette :
      ▻https://www.mediterranee-infection.com/coronavirus-moins-d
/

      La maniĂšre dont il parle de cette pandĂ©mie en se contentant de dire "il y a eu tant de cas, c’est autant que pour les accidents de trottinette" puis "il y a eu tant de cas, c’est autant que la grippe", sans tenir compte des courbes de progression exponentielles qu’il faudrait prolonger, semble typique du mec, qui tient le mĂȘme genre de raisonnement sur les vaccins ("il n’y a eu qu’un mort de la rougeole l’annĂ©e derniĂšre, c’est donc que le vaccin ne sert Ă  rien") ou sur le rĂ©chauffement climatique ("c’est n’importe quoi ces modĂšles mathĂ©matiques avec des extrapolations, pour l’instant ça va trĂšs bien") : Ă  chaque fois, il est dans une sorte de bon sens paysan, "je ne crois que ce que je vois maintenant tout de suite", "les modĂšles statistiques prĂ©visionnels c’est de la divination ma bonne dame, n’en croyez rien !"

      Le Pr Michel, qui semble l’apprĂ©cier beaucoup, est dans le mĂȘme dĂ©ni total du danger que reprĂ©sente cette pandĂ©mie et des outils statistiques qui permettent de dĂ©terminer ce danger :
      « Depuis le dĂ©but de l’émergence du coronavirus, je partage mon analyse qu’il s’agit d’une Ă©pidĂ©mie banale. Le terme peut choquer quand il y a des morts, et a fortiori dans la crise sanitaire et la dramaturgie collective hallucinĂ©e que nous vivons. Pourtant, les donnĂ©es sont lĂ  : les affections respiratoires habituelles que nous vivons chaque annĂ©e font bon an mal an 2’600’000 morts Ă  travers le monde. Avec le Covid-19, nous en sommes, au quatriĂšme mois de l’épidĂ©mie, Ă  7’000 dĂ©cĂšs, ce qui est statistiquement insignifiant.
      [...] Pareillement, les projections qui sont faites pour imaginer le nombre de morts possibles sont rien moins que dĂ©lirantes. Elles reposent sur un « forçage » artificiel et maximal de toutes les valeurs et coefficients. Elles sont faites par des gens qui travaillent dans des bureaux, devant des ordinateurs et n’ont aucune idĂ©e ni des rĂ©alitĂ©s de terrain, ni de l’infectiologie clinique, aboutissant Ă  des fictions absurdes. On pourrait leur laisser le bĂ©nĂ©fice de la crĂ©ativitĂ© et de la science-fiction. Malheureusement, ces projections, littĂ©ralement psychotiques, font des dĂ©gĂąts massifs. »
      ▻http://jdmichel.blog.tdg.ch
/covid-19-fin-de-partie-305096


      S’il vous plaĂźt, arrĂȘtez avec ça : c’est une vraie pandĂ©mie, grave, trĂšs contagieuse, ces personnages sont du mĂȘme ordre que ceux qui nient le rĂ©chauffement climatique (ce que fait aussi le Pr Raoult) ou les propagandistes de l’inutilitĂ© des vaccins (ce qu’est aussi le Pr Raoult).

      La science est un travail collectif, qui se fait avec humilitĂ© et patience. MĂ©fiez-vous toujours de ceux qui en font une affaire personnelle, de coups mĂ©diatiques et de buzz, qui passent leur temps Ă  s’auto-promouvoir, Ă  tenir des discours pĂ©remptoires, et Ă  dĂ©nigrer leurs collĂšgues plus discrets et moins avides de visibilitĂ© mĂ©diatique.

      Au fil des jours, ce genre de dĂ©ni ne pourra pas rĂ©sister aux faits et aux morts qui s’accumulent.

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      Mais paradoxalement, alors que ce Pr Raoult prend par-dessus la jambe la dangerositĂ© du virus, il prĂ©tend dĂ©jĂ  en avoir le remĂšde : la chloroquine.

      Depuis les prĂ©mices de l’épidĂ©mies, des tas de mĂ©dicaments dĂ©jĂ  existants sont testĂ©s, en Chine, en CorĂ©e, et en France aussi dĂ©sormais. C’est la premiĂšre chose qu’on fait face Ă  un nouveau virus. Le Pr JeFaisDuRaoult, tout en niant totalement la dangerositĂ© du virus, prĂ©tend avoir le remĂšde avec la chloroquine, un antipaludique, que des Chinois ont testĂ© parmi bien d’autres et qui n’a pas (encore) prouvĂ© de bĂ©nĂ©fice certain, mais que notre professeur connaissait et avait sous la main, ce qui Ă©tait bien pratique pour rĂ©aliser en quelques jours une Ă©tude au mieux non concluante, au pire bidonnĂ©e, mais qu’il s’est empressĂ© de proclamer urbi et orbi de maniĂšre tonitruante, avec des relais mĂ©diatiques complaisants (je m’y suis fait prendre moi-mĂȘme dans un 1er temps), sans attendre des tests plus sĂ©rieux.
      ▻https://www.jim.fr
/effet_secondai
/document_jim_plus.phtml

      Il semble en tout cas que la chloriquine, mĂȘme dans son usage habituel contre le palu, est toxique, et mĂȘme mortelle (elle est parfois utilisĂ©e dans des suicides mĂ©dicamenteux) : Ă  haute dose, elle ne peut ĂȘtre utilisĂ©e que sur un temps court pour des cas graves. Peut-ĂȘtre qu’il s’avĂ©rera que la chloroquine (ou plus vraisemblablement son dĂ©rivĂ© l’hydroxychloriquine) a des effets bĂ©nĂ©fiques, mais rien ne permet encore de l’affirmer et si c’est c’est le cas cela nĂ©cessitera un suivi mĂ©dical trĂšs rigoureux.
      ▻https://www.nature.com/articles/s41421-020-0156-0

      Le rĂ©sultat de son coup mĂ©diatique autour de ce mĂ©dicament, c’est d’abord qu’il soulĂšve de faux espoirs, mais surtout qu’il pousse les gens Ă  s’en procurer pour s’auto-mĂ©diquer, au risque de s’empoisonner, et c’est ce qui semble se passer dĂ©jĂ  dans certains pays d’Afrique.
      ▻https://www.nouvelobs.com
/en-afrique-on-se-rue-sur-la-chl


      Par ailleurs Trump, friand de ce genre d’annonces "Ă  contre-courant" du consensus scientifique et de ses protocoles, a aussi dĂ©clarĂ© que la chloroquine allait ĂȘtre prescrite aux USA sans tests prĂ©alables, mais a aussitĂŽt Ă©tĂ© dĂ©menti par la FDA...
      â–șhttps://www.courrierinternational.com
/pandemie-coronaviru

      ▻https://www.marianne.net
/de-marseille-fox-news-comment-le


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      Sur le CV gonflĂ© aux hormones du Pr Raoult, qu’on trouve sur sa fiche Wikipedia ou sur le site de l’institut hospitalo-universitaire qu’il dirige (intitulĂ©e en capitales « LE PR DIDIER RAOULT EST LE CHERCHEUR EUROPÉEN DONT LES PUBLICATIONS ONT ÉTÉ LES PLUS CITÉS PAR LA COMMUNAUTÉ SCIENTIFIQUE INTERNATIONALE DANS LE DOMAINE DES MALADIES INFECTIEUSES »), je n’ai pas les connaissances et les moyens de dĂ©construire tous ces titres qui impressionnent au 1er abord, mais je commence Ă  avoir quelques billes en sociologie des sciences, par le biais de la revue Zilsel (que je mets en page), et plein d’élĂ©ments mettent la puce Ă  l’oreille, par exemple ceci Ă  la fin de sa fiche WikipĂ©dia :

      « Didier Raoult est classĂ© parmi les dix premiers chercheurs français par la revue Nature pour le nombre de publications (plus de deux mille Ă  son actif) comme pour le nombre de citations reprenant ses travaux. Par ailleurs, selon la source ISI Web of Knowledge Didier Raoult est un des chercheurs qui publie le plus en France. Rien que pour l’annĂ©e 2013, il signe 185 publications, soit une tous les deux jours environ. »

      Qu’est-ce que ça veut dire une publi tous les 2 jours pendant un an ? Vous pensez vraiment qu’il travaille sĂ©rieusement sur 185 recherches diffĂ©rentes et qu’il Ă©crit sur chacune durant l’annĂ©e, tout en s’occupant de la direction de son Institut universitaire ?
      A mon avis il co-signe simplement automatiquement toutes les publis des chercheurs de son institut, sans y participer...

      Toute sa fiche Wikipédia est une espÚre de super-CV super-gonflé aux hormones, qui joue de tous les indicateurs quantitatifs mis en place ces derniÚres années, et largement critiqués par les chercheurs, pour apparaßtre artificiellement en haut des classements...

      « Enfin, sur plus de 2 600 publications internationales rĂ©fĂ©rencĂ©es, on trouve 9 articles dans Science, et 3 dans Nature les deux revues scientifiques les plus visibles selon l’indice N&S du classement de Shanghai. »

      > Seules 12 publis dans des revues vraiment reconnues, on peut s’attendre Ă  ce que l’immense majoritĂ© atterrisse dans les "revues prĂ©datrices" qui Ă©taient au cƓur du Zilsel n°4.
      ▻https://www.cairn.info/revue-zilsel-2018-2.htm
      Ces revues permettent notamment d’éviter une vraie relecture par des pairs, souvent en payant sa publi.

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      DerniĂšre chose, pour appuyer sa posture de franc-tireur, se donner une stature de lanceur d’alerte et lĂ©gitimer le peu de crĂ©dit que lui accordent certaines institutions scientifiques (le CNRS et l’INSERM ont retirĂ© leur label Ă  l’IHU MĂ©diterrannĂ©e qu’il dirige et qui a Ă©tĂ© construit Ă  grands frais spĂ©cialement pour lui), Raoult argue que l’animositĂ© des institutions scientifiques serait liĂ©e uniquement Ă  sa dĂ©nonciation d’un conflit d’intĂ©rĂȘt patent du mari d’AgnĂšs Buzyn, Yves LĂ©vy, qui est aussi PDG de l’INSERM.

      ‹Or si ce conflit d’intĂ©rĂȘt est rĂ©el et mĂ©rite d’ĂȘtre dĂ©noncĂ©, il y a bien d’autres raisons qui ont motivĂ© de retrait du soutien de son IHU par le CNRS et l’INSERM, retrait motivĂ© par les conseils scientifiques de ces institutions et non par des gestionnaires, qui n’ont fait que suivre leurs recommandations.
      ▻https://marsactu.fr/didier-raoult-inaugure-son-ihu-mediter
/

      Par ailleurs, l’IHU MĂ©diterrannĂ©e a fait l’objet de plusieurs plaintes auprĂšs de l’Inspection gĂ©nĂ©rale de l’administration de l’éducation nationale et de la Recherche (IGAENR) pour des cas d’agressions sexuelles et de harcĂšlement moral.
      ▻https://marsactu.fr/lunite-de-didier-raoult-paradis-de-la-
/

    • Les editions i (qui ont un catalogue beaux livres et spiritualitĂ©) prennent position dans un dĂ©bat sanitaire un peu compliquĂ©. L’édition mĂšne Ă  tout, mĂȘme Ă  l’épidĂ©miologie ! J’en ai profitĂ© pour demander ma dĂ©sinscription, puisque je n’avais jamais consenti Ă  recevoir leur newsletter by the way...

      ▻https://www.editions-i.com

      Les éditions i soutiennent le Professeur Raoult et demandent que le gouvernement organise un dépistage collectif.

      En pointant du doigt l’incapacitĂ© du gouvernement qui met en danger des milliers de vie en confinant sans dĂ©pistage collectif la population et en proposant des solutions concrĂštes et efficaces (dĂ©pistage gratuit pour tous au CUH d ela Timone Ă  Marseille oĂč il exerce et mĂ©dication pour ceux qui sont atteints), le Professeur Raoult est une des rares personnes qui agit de façon concrĂšte dans un pays qui ressemble de plus en plus Ă  un avion sans pilote.

      Ne suivons pas le chemin de l’Italie : le 21 mars : 4002 morts le 22 mars : 4825. Et ce n’est qu’un dĂ©but.

      Signez et faites signer la pĂ©tition, sauvez vos familles et soutenez l’action du Professeur Raoult. RĂ©agissons et Ă©vitons de nous trouver confiner six mois durant sans dĂ©pistage.

      Dommage pour l’infinitif Ă  la place participe passĂ©, c’était justement ça, leur mĂ©tier !