• La situation de crise que connaissent les hôpitaux de ce pays appelle des débats dignes, qui s’appuient sur des preuves scientifiques solides et qui respectent l’éthique. Nous appelons à combattre les propositions inéthiques et dangereuses faites sur les réseaux sociaux, notamment par l’intermédiaire d’une tribune publiée le 2 janvier 2022 dans le Journal du dimanche, concernant les personnes non-vaccinées : « rédiger des directives anticipées pour dire si elles souhaitent ou non être réanimées en cas de forme grave de Covid ». Prise au pied de la lettre, cette proposition pourrait être interprétée comme un appel fait aux non-vaccinés à renoncer à des soins de réanimation, donc à envisager de possiblement mourir pour ne pas engorger les services hospitaliers.

      Les vingt dernières années de politique d’austérité ont vulnérabilisé les hôpitaux publics. La gestion catastrophique de l’épidémie par le gouvernement a aggravé la situation. Au vu de la cinquième vague, de la saturation des services, des dilemmes éthiques qu’elle impose, des pertes de chances pour d’autres patients, de l’épuisement des personnels, la situation semble désespérée. Nous avons plus que jamais besoin d’un débat qui replace l’éthique, la dignité humaine et les acquis de la santé publique au centre de l’action politique. Or, les idées circulant sur les réseaux sociaux et relayées notamment dans une tribune du JDD de ce dimanche 2 janvier vont dans le sens contraire. Ces propositions soulèvent de nombreuses questions :

      Cette proposition s’inscrit dans une logique libérale des politiques de santé, selon laquelle la responsabilité individuelle doit primer. Quelles seraient les prochaines étapes ? Ne plus soigner un usager de drogues malade d’une hépatite virale ? Faire payer la prise en charge de son cancer du poumon à un fumeur ? Mettre une amende à un diabétique qui ne respecte pas son régime ?

      Les études en santé publique sur l’adhésion vaccinale n’ont jamais démontré que la stigmatisation induite par ce type de proposition ait une quelconque efficacité. Au contraire, elle a des effets néfastes : par exemple, la honte induite peut retarder le moment où une personne non vaccinée et contaminée sollicitera une aide ou se fera dépister.

      Ce genre de provocation empêche de discuter de mesures efficaces : la lutte contre les inégalités en santé, le financement de stratégies d’aller vers, l’appui sur des stratégies de santé communautaire, des campagnes d’information claire sur tous les outils de prévention, présentant clairement l’intérêt et les limites de chacun d’entre eux et la nécessité de les combiner.

      Le droit de mourir dans la dignité est un sujet essentiel. La nécessaire information sur la rédaction de directives anticipées mérite mieux qu’un tel détournement qui ne vise que la provocation gratuite.

      Nous appelons chaque personnalité publique à appuyer ses interventions sur des principes d’éthique, de dignité et de scientificité. La crise en cours les rend encore plus nécessaires. Nous appelons les médias à fixer enfin des limites dans la publicité qu’ils accordent à des provocations inéthiques et dangereuses.

    • Assez clairement, cet article se base sur l’accroche « putaclic » (pour citer Colporteur) de la reprise du Monde, plutôt que sur la tribune elle-même publiée par le JDD.

      Si je ne suis pas fana d’introduire ici la promotion des directives anticipées, la tribune n’est pas du tout du tonneau décrit ici.

      Et comme je l’écrit par ailleurs : la situation actuelle n’est pas qu’on refuserait de soigner les non-vaccinés, mais au contraire qu’on a une priorité donnée aux patients Covid (massivement non vaccinés), priorité qui se fait donc au détriment d’autres patients :

      D’ores et déjà, l’activation des plans blancs amène à reporter des opérations et des hospitalisations non urgentes pour donner la priorité aux patients Covid devant être intubés et ventilés.

      Encore une fois : actuellement c’est cette priorité qui a des conséquences « inéthiques » que les soignants sont forcés d’assumer, et c’est cela qui est évoqué dans la tribune.

      Le paragraphe suivant est une belle saloperie digne des activistes anti-vax, parce que c’est faux :

      Quelles seraient les prochaines étapes ? Ne plus soigner un usager de drogues malade d’une hépatite virale ? Faire payer la prise en charge de son cancer du poumon à un fumeur ? Mettre une amende à un diabétique qui ne respecte pas son régime ?

      Dans la tribune du JDD, qu’on partage ou pas, le cœur de l’argument est celui-ci :

      Les médecins prêtent pour cela le serment d’Hippocrate. Cela ne veut pas dire qu’ils n’ont pas un jugement « moral », mais que ce jugement ne doit pas intervenir dans leur relation avec le patient et influencer leurs décisions. Mais ce rappel éthique ne gomme pas la question du tri quand il n’y a qu’un lit pour deux patients relevant tous deux de la réanimation.

      Auquel donner la priorité ? C’est aux soignants de décider collégialement, mais cela devrait être aux sociétés savantes, aux agences indépendantes, aux comités d’éthique et, au-delà, à la société dans son ensemble et à ses élus de débattre des principes qui doivent guider les soignants. Parmi ces principes doit figurer le nombre de vies sauvées par unité de moyens mobilisés, sachant que la durée moyenne de séjour en réanimation des patients hors Covid est de quatre à cinq jours alors que la durée moyenne pour les patients Covid est de deux à trois semaines.

      Alors crier à la « provocation inéthique » avec ça, évidemment il vaut mieux inventer des arguments qui n’y sont pas.

    • Ah, et sur l’imputation de « logique libérale des politiques de santé », la tribune commence par ceci :

      La colère de nombre de soignants a deux cibles, les gouvernants et les non-vaccinés. Ils reprochent au gouvernement de ne pas s’être donné les moyens (en dehors des augmentations de salaire significatives mais insuffisantes) de garder le personnel hospitalier et d’accroître le nombre de lits de réanimation et de soins de suite post-réanimation.

    • Il n’empêche que si le gouvernement irresponsable n’avait pas continué à supprimer tous ces lits pendant cette pandémie on n’en serait pas là à se demander quelles sont les priorités, on pourrait soigner tout le monde sans distinction et sans rejeter la faute sur les non vaccinés, pour lesquels on a choisi la politique du bouc émissaire.

    • Marielle, tu ne peux pas écrire « il n’empêche » pour ensuite réécrire quasiment mot pour mot l’extrait que je viens tout juste de tirer de la tribune du JDD qui est soit-disant si « inéthique ».

      Donc je le remets :

      La colère de nombre de soignants a deux cibles, les gouvernants et les non-vaccinés. Ils reprochent au gouvernement de ne pas s’être donné les moyens (en dehors des augmentations de salaire significatives mais insuffisantes) de garder le personnel hospitalier et d’accroître le nombre de lits de réanimation et de soins de suite post-réanimation.

      Pour autant, si le manque de moyens est criant et criminel, l’utiliser pour justifier la « liberté » de ne pas se faire vacciner est tout aussi indéfendable et criminel.

    • Désolée nos commentaires se sont croisés ; le mien étant resté en suspend quelques minutes.
      Je poursuis :
      Ce gouvernement est hypocrite ; et si on se demandait pourquoi il ne veut pas rendre la vaccination obligatoire en l’inscrivant dans la loi mais de façon détournée de fait.

    • Ce gouvernement est hypocrite ; et si on se demandait pourquoi il ne veut pas rendre la vaccination obligatoire en l’inscrivant dans la loi mais de façon détournée de fait.

      Oui. C’est ce que j’écrivais à l’annonce du passe sanitaire :
      https://seenthis.net/messages/923990
      ainsi que Claude Guillon ici :
      https://seenthis.net/messages/923843

      Il me semble aussi avoir écrit il y a quelques jours qu’en présentant ouvertement le « passe vaccinal » comme une obligation vaccinale sans être une obligation vaccinale (je pense que c’est Attal qui l’a dit explicitement), le gouvernement prenait le risque de se faire invalider par le Conseil constitutionnel.

    • @marielle par ailleurs la fixette sur ce gouvernement (dont il est logique et salubre de souligner qu’il a continué de fermer des lits, y compris des lits de réa, en pandémie : on l’avait vu avec je ne sais plus quel CHU dans un Est très impacté par la première vague dès ce moment), rate une politique qui structure l’offre de soins depuis le début des années 80 (avec la psychiatrie comme laboratoire in vivo de la suppression des lits par dizaines de milliers et la revitalisation du soin). Il n’y a pas un gouvernement qui ait mis en cause d’aucune manière que ce soit la logique bureaucratico-comptable.

    • En fait en ne rendant pas la vaccination obligatoire il s’assure de son irresponsabilité pénale et il choisit une politique proto-fasciste du bouc émissaire et celle de la déchéance de nationalité... « Un irresponsable n’est plus un citoyen. »
      Et après on se moque (sic) de Bruno Gaccio (tweet apartheid), de Mathilde Panot et Yvan le Bolloc’h...@arno

      Constitution du 24 juin 1793
      Article 34. - Il y a oppression contre le corps social lorsqu’un seul de ses membres est opprimé. Il y a oppression contre chaque membre lorsque le corps social est opprimé.
      https://seenthis.net/messages/942454

    • Marielle, je suis d’accord au sujet de la ligne proto-fasciste de laRem, c’est pas nouveau. Mais ce n’est pas parce que les REM sont des grosses merdes que ses opposants ne devraient pas être critiqués quand ils racontent n’importe quoi sur le masque et la vaccination. Sinon Martine Wonner, Francis Lalanne et QAnon pourraient tout aussi bien être considérés comme des modèles de la lutte contre le macronisme.

    • Sinon Martine Wonner, Francis Lalanne et QAnon pourraient tout aussi bien être considérés comme des modèles de la lutte contre le macronisme.

      Je partage cela, j’accepte la critique argumentée et le débat, mais j’ai du mal avec la moquerie. Les Insoumis ne sont pas parfaits mais ils se battent avec d’autres courageusement pour un Monde Meilleur !

  • COVID-10 : questions / réponses sur la « levée des brevets »

    RÉSUMÉ

    Pour faire face à la crise du COVID-19, une des solutions proposées par de nombreux pays à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) est le recours à une disposition prévue par le droit, qui consiste à suspendre les monopoles conférés par les brevets sur toutes les technologies permettant de lutter contre le COVID-19 afin de permettre d’augmenter leur production, notamment dans des pays en développement.

    Ce document rappelle quelques éléments essentiels au débat, notamment en matière de propriété intellectuelle, le périmètre de la demande de « levée des brevets » à l’OMC, les limites des stratégies mises en place jusqu’ici, et les enjeux liés au transfert de technologie.

    Il est essentiel d’éclairer le débat. La technicité apparente ne doit pas dissimuler la simplicité des enjeux : sauver des vies, mettre fin à la pandémie, appliquer le droit à la santé.

    https://blogs.mediapart.fr/edition/transparence-dans-les-politiques-du-medicament/article/291221/covid-10-questions-reponses-sur-la-levee-des-brevets

  • Existen los medios para controlar los precios de las vacunas
    https://blogs.mediapart.fr/edition/transparence-dans-les-politiques-du-medicament/article/190421/les-moyens-pour-controler-les-prix-des-vaccins-existe
    Los precios deben renegociarse y reducirse drásticamente ante la realidad de las inversiones públicas y la ausencia de riesgos asumidos por las empresas. Deben levantarse las barreras a la propiedad intelectual. Los sitios de producción pueden ser requisados, según lo dispuesto por la ley estatal de emergencias de salud. Se debe establecer un centro público de drogas lo antes posible

  • Pauline Londeix / Observatoire pour la Transparence des politiques des Médicaments (OTMeds) :

    « On sait déjà en grande partie ce qui explique cette réticence [au vaccin] des Français : le manque de transparence, et l’absence totale de pédagogie nécessaire pour créer les conditions de l’adhésion. Tout cela est doublée par l’impression justifiée d’une impréparation du gouvernement depuis le début de la crise dans tous les domaines : pénuries de gel hydroalcoolique, de masques, de dépistage et de médicaments. A cela s’ajoutent les débuts catastrophiques de la mise en place de la campagne vaccinale, avec seulement quelques centaines de personnes vaccinées jusqu’ici, et une mise en scène ridicule de la colère présidentielle à l’égard de son ministre de la santé, alors qu’on sait que les pouvoirs ont rarement été autant concentrées dans les mêmes mains d’une même personne que sous la présidence d’Emmanuel Macron ».

    Y-a-t-il une contribution utile que les médias puissent apporter dans une telle situation ?

    « Exiger la transparence de la part de nos gouvernements et des groupes pharmaceutiques. Eviter les effets d’annonce et recourir à plus de nuances, à plus de pédagogie. C’est un chemin difficile mais essentiel pour la communauté scientifique, politique, les médias et tous les acteurs de la société ».

    [...]

    « Il faut considérer [les vaccins] comme faisant partie d’une palette plus vaste d’instruments nécessaires à enrayer le virus.

    Le vaccin seul n’est pas la solution, il faudrait expliquer de manière plus approfondie, plus pédagogique, à la société, que toute une série de dispositifs doit être maintenue pour freiner la pandémie, on doit continuer à expérimenter des traitements efficaces pour les malades, développer des vaccins pour les différentes exigences sanitaires…Il faut un plan cohérent qui puisse sortir de la dynamique de l’effet d’annonce ».

    https://www.lemondemoderne.media/vaccin-la-transparence-des-labos-et-du-gouvernement-est-essentiell

  • https://blogs.mediapart.fr/edition/transparence-dans-les-politiques-du-medicament/article/141020/notre-reaction-aux-annonces-demmanuel-macron

    En affirmant que les échanges privés sont les facteurs les plus importants de propagation de l’épidémie, le Président de la République ment

    Une évidence. Il n’y plus qu’à nommer ce qu’il protège et on y est.

    Encore un effort camarades !

    Je voulais leur mettre une truc comme ça en commentaire à l’article,
    mais visiblement ça a été la foire aux trolls (c’est souvent ça maintenant sur mediapart) et du coup le gars a fermé les commentaires...

    Dommage.

    #covid #nos_amis_les_riches #sales_inconscients_de_français #infantilisation #défense_du_capital #le_monde_d_après

  • Légère sur le plan scientifique, sans moyens matériels, sans égard pour les priorités de l’épidémie | l’OTMEDS
    https://blogs.mediapart.fr/edition/transparence-dans-les-politiques-du-medicament/article/141020/notre-reaction-aux-annonces-demmanuel-macron

    En affirmant que les échanges privés sont les facteurs les plus importants de propagation de l’épidémie, le Président de la République ment : le milieu scolaire et le milieu du travail sont les premiers touchés. Ce mensonge se rajoute à ceux déjà énoncés par le pouvoir en mars et avril au sujet des masques ou du dépistage. Source : Relevé sur le Net...

  • Pénurie de médicaments vitaux : l’alerte des CHU européens | Le Club de Mediapart
    https://blogs.mediapart.fr/edition/transparence-dans-les-politiques-du-medicament/article/010420/penurie-de-medicaments-vitaux-lalerte-des-chu-europee

    Sans réponse du gouvernement aux alertes, qui se multiplient, depuis le début de la semaine dernière, le mardi 31 mars 2020, l’Alliance des hôpitaux universitaires européens, qui regroupe neuf des principaux CHU européens1, dont l’Assistance Publique des hôpitaux de Paris (AP-HP), a fait parvenir une lettre à leurs gouvernements respectifs (français, allemand, autrichien, belge, britannique, espagnol, italien, suédois, néerlandais), appelant « en urgence à une meilleure collaboration européenne pour empêcher les pénuries de médicaments ». [...]

    Il faut mesurer la portée de cette démarche inédite à notre connaissance ; une réponse européenne portée par ses hôpitaux et médecins, très préoccupés de cette situation et du manque de coordination à l’échelle européenne. Cette mobilisation fait écho à la mobilisation menée conjointement par nos associations2 hier, à travers un recours au Conseil d’État, demandant une réquisition de tous les moyens de production dans les plus brefs délais pour fabriquer les équipements et médicaments dont nous avons urgemment besoin.

    Nous demandons toujours en urgence la réunion d’un conseil des ministres européens sur ce sujet, et en France, la mise en place d’un comité de surveillance regroupant les différents acteurs concernés (dont : le ministère de la santé, la DGS, l’ANSM, les pharmacies centrales des hôpitaux, l’AP-HP, les industriels, des représentants du personnel soignant et associatifs, etc.).

    #santé #médicament #europe #pénurie

  • Des stocks de médicaments sous tension dans les services de réanimation
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/03/26/des-stocks-de-medicaments-sous-tension-dans-les-services-de-reanimation_6034

    L’inquiétude porte principalement sur l’approvisionnement en curares, qui permettent de pratiquer une intubation.

    « Depuis 10 jours, c’est la bataille pour obtenir des boîtes », lâche un pharmacien hospitalier. Avec l’afflux de cas graves de #Covid-19 dans les services de #réanimation, la consommation d’#anesthésiques et d’#hypnotiques s’est envolée dans son établissement, et ses stocks sont au plus bas. « Nous frappons à toutes les portes pour en trouver, mais nous ne sommes pas les seuls », soupire-t-il. Et pour cause : avec l’afflux de patients Covid-19, le recours à ces molécules a été multiplié par 5 ou 10. « Il faut anticiper, sinon l’histoire des masques risque de se décliner dans d’autres domaines », craint Rémi Salomon, président de la commission médicale d’établissement de l’AP-HP, en référence à la #pénurie de masques respiratoires.

    L’inquiétude porte en premier lieu sur les #curares, utilisés pour relaxer les muscles au moment de l’intubation. Depuis un an, les ruptures de stocks se sont multipliées et les pharmaciens craignent que les laboratoires pharmaceutiques ne soient plus en mesure d’honorer toutes les commandes. « Il ne suffit pas d’augmenter la production, encore faut-il avoir accès à la matière première », souligne Nathalie Pons-Kerjean, chef du service de pharmacie à l’hôpital Beaujon de Clichy (Hauts-de-Seine), rappelant que le curare est extrait d’une plante exotique.

    Limitation des exportations
    Elle s’interroge aussi sur les mesures de réquisition que certains Etats pourraient prendre en cas de pénurie mondiale. « Que se passera-t-il si les Américains décident de bloquer les exportations de curare ? », demande-t-elle, en précisant que le laboratoire américain Pfizer est l’un de ses premiers fournisseurs. L’Inde a déjà pris une telle mesure : le 4 mars, le pays a interdit l’exportation de 26 principes actifs jugés stratégiques, dont plusieurs antibiotiques et le paracétamol, utilisé pour lutter contre les fièvres et les douleurs caractéristiques des formes légères de Covid-19.

    Pour épargner leurs stocks de curare, les médecins réfléchissent déjà à l’adaptation de leurs protocoles. « Nous essayons de réduire les doses et les durées d’utilisation, car nous ne voulons pas que cela compromette notre capacité à traiter les futurs patients », explique Djillali Annane, chef du service de réanimation de l’hôpital Raymond-Poincaré de Garches (Hauts-de-Seine), en rappelant qu’il n’existe pas d’alternative pour les curares. « Si nous devons nous en passer, nous ne serons plus dans une prise en charge optimale », prévient-il. Pour l’Agence régionale de santé d’Ile-de-France, l’accès aux médicaments de réanimation est devenu un sujet majeur, car cela pourrait très vite devenir un facteur limitant dans la prise en charge des patients, indique-t-on.

    Un suivi hebdomadaire des stocks
    Les tensions d’approvisionnement concernent aussi d’autres molécules, comme le #midazolam – un sédatif puissant utilisé aussi bien en réanimation qu’en #soins_palliatifs – ou le propofol – un anesthésique qui a fait l’objet d’une alerte le 10 mars par l’Agence de sécurité du médicament (ANSM) à la suite de la défaillance d’un fabricant. « La Suisse a bien voulu mobiliser des stocks pour nous », précise Mélanie Cachet, directrice adjointe de l’inspection au sein de l’agence.
    Depuis 2016 et la loi de modernisation du système de santé, les industriels sont tenus d’élaborer des « plans de gestion des pénuries » pour tous les médicaments dont la rupture représente « un risque grave et immédiat » pour les patients. « C’est à eux de trouver des solutions, par des importations ou une augmentation de la production », insiste Mélanie Cachet.

    Compte tenu de l’enjeu pour la prise en charge des patients Covid-19, l’ANSM a mis en place un suivi hebdomadaire des stocks pour une centaine de molécules essentielles, et les commandes sont désormais contingentées. Dans un tel contexte, « les laboratoires doivent réguler les flux », indique l’inspectrice. L’un des enjeux est d’assurer une bonne répartition des ressources sur l’ensemble du territoire, en fonction de la progression de l’épidémie. « Un pilotage national est très important pour garantir une équité dans les prises en charge des patients », estime une pharmacienne du CHU de Strasbourg.
    Le #propofol est à ce stade le seul médicament pour lequel un risque de rupture a été formellement identifié, mais « des investigations sont en cours » pour les curares et le midazolam, à la suite des signalements des médecins et des hôpitaux. La réglementation ne permet pas à la France de limiter les exportations des molécules à risques. « Mais il n’est pas interdit de penser que, compte tenu de la situation exceptionnelle, l’ANSM soit amenée à prendre des mesures également exceptionnelles », indique Mélanie Cachet. Selon nos informations, des discussions sont aussi en cours avec des industriels pour réorienter en urgence les chaînes de production françaises. A condition de disposer des matières premières nécessaires.

    • Rappelons que les #pharmabarons ont pratiquement stoppé toute la production sur notre territoire pour augmenter leurs marges en sous-traitant en Inde ou en Chine.

      Il a toujours été évident que c’est de la connerie que d’externaliser les activités stratégiques.

      Et l’on se rend compte que la #mondialisation, ça tourne court quand on passe en mode « chacun pour soi et sauve qui peut ».

      https://www.usinenouvelle.com/article/sanofi-et-le-jeu-subtil-de-l-ancrage-francais-dans-une-competition-in

    • Et surtout, on ne change rien → 24/02/2020 :
      Sanofi va externaliser son activité de principes actifs pour tiers, deux usines sont concernées en France
      https://www.usinenouvelle.com/article/sanofi-va-externaliser-son-activite-de-principes-actifs-pour-tiers-de

      Le géant pharmaceutique français va se désengager partiellement de la production de principes actifs. Sanofi veut regrouper une division commerciale et six usines européennes, dont deux en France, dans une entité indépendante pour la production d’ingrédients pharmaceutiques. Le projet vise une introduction en bourse en 2022, avec maintien de Sanofi à hauteur de 30% dans le capital et comme principal client. Une annonce qui intervient dans un contexte international de trop grande dépendance vis-à-vis de l’Asie, comme le rappelle la crise liée au coronavirus Covid-19.

    • Sanofi revoit sa carte industrielle européenne
      https://www.lesechos.fr/industrie-services/pharmacie-sante/sanofi-veut-externaliser-la-fabrication-de-ses-principes-actifs-en-europe-1

      Mais, derrière cette louable préoccupation, il y a aussi pour Sanofi la nécessité de réduire le nombre de ses usines en Europe, héritage des fusions successives qui ont construit le groupe mais aussi de rééquilibrer son parc industriel en faveur de la production biotechnologique puisque ses nouveaux ou futurs produits sont essentiellement des médicaments biologiques. Avec les cinq sites de synthèse chimiques qui lui restent, il estime avoir assez de capacité.

    • COVID-19 : Interpellation du gouvernement sur les risques de ruptures de médicaments, Communiqué de presse – Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament – vendredi 27 mars 2020
      https://blogs.mediapart.fr/edition/transparence-dans-les-politiques-du-medicament/article/270320/covid-19-interpellation-du-gouvernement-sur-les-risqu

      Alerté.es par plusieurs responsables de services hospitaliers parisiens, qui évoquent la diminution inquiétante des stocks de certains médicaments, nous avons interpellé hier le gouvernement, ainsi que Jean-François Delfraissy et Jérôme Salomon, pour qu’ils détaillent leur action pour anticiper de probables pénuries. Il devient crucial et urgent qu’ils nous répondent. (...)

      Nous leur avons notamment demandé si des moyens sont recensés au niveau national pour voir quelle ligne de production de #médicament pourrait être utilisée ou réquisitionnée pour réorienter au plus vite la production vers ces médicaments de première nécessité dont nous allons manquer. Car chaque jour compte, notamment dans la mesure où la demande mondiale pour ces médicaments est en train d’exploser.

      Nous n’avons toujours pas de réponses.

      Nous avions alerté dès juillet dernier et l’annonce d’un plan dédié par Mme Agnès Buzyn sur l’insuffisance des mesures proposées par le gouvernement contre les pénuries de médicaments, ainsi que sur le manque de transparence quant à l’origine de la matière première. Nous avions souligné l’importance de lister l’origine de la matière première pour anticiper ce type de rupture.

      L’exemple du manque de matières premières pour les réactifs du dépistage montre que nos alertes n’ont pas été prises au sérieux, avec pour conséquence de retarder dramatiquement l’extension du dépistage recommandée par l’Organisation mondiale de la santé. De même, les manques de #matériel_de_prévention ont révélé des dysfonctionnements majeurs dans la réponse à la crise autant que les failles des politiques de santé menées depuis vingt ans.

      Nous espérons qu’il n’en sera pas de même pour cette alerte et que le silence du gouvernement à nos questions est le signe qu’il est au travail pour éviter ces pénuries. Nous l’appelons à rompre ce silence : seule une communication transparente sur ce qu’il fait peut éviter la panique face à une situation angoissante pour les patient-es et leur famille.

    • Médicaments pour soigner le Covid-19 : des hôpitaux au bord de la pénurie, par
      https://www.mediapart.fr/journal/france/270320/medicaments-pour-soigner-le-covid-19-des-hopitaux-au-bord-de-la-penurie?on

      Les médicaments anesthésiques, qui permettent de placer sous respirateur artificiel les malades Covid-19, sont en tension en Île-de-France. Le corps médical tente de rationner leur utilisation. D’autres médicaments essentiels pour faire face à l’épidémie pourraient très vite venir à manquer.

      Les hôpitaux franciliens sont lancés dans une course folle pour ouvrir, dans les 48 heures, mille nouveaux lits de réanimation, et porter leur nombre à deux mille en tout. Mais les patients Covid dans un état critique ont d’autres besoins essentiels qui pourraient venir à manquer : les médicaments. Selon le point de situation du ministère de l’intérieur du 25 mars, que nous nous sommes procuré, « les hôpitaux civils n’ont qu’une semaine d’approvisionnement, tandis que les hôpitaux militaires n’ont plus que 2,5 jours de stock, contre quinze jours en temps normal ». Le point de situation de l’Agence régionale de santé, au 26 mars, évoque même une « rupture en fin de semaine » de curare, ces anesthésiques essentiels.

      Sans entrer dans le détail des chiffres, lors d’un point presse de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) ce 27 mars, le directeur général Martin Hirsch a aussi reconnu que « les stocks sont très courts sur certains médicaments ». Son adjoint, François Crémieux les a énumérés : « Les produits en forte tension sont les curares, les hypnotiques, les corticoïdes et les antibiotiques. »

      Il faut dire que de nouveaux malades du Covid arrivent sans cesse : 172 au cours des dernières 24 heures, selon le dernier bilan dressé le 26 mars au soir par l’Agence de régionale de santé d’Île-de-France. Or, pour réussir à absorber ce flot de malades qui s’étouffent littéralement, « on a plusieurs préoccupations, explique le réanimateur Antoine Vieillard-Baron, de l’hôpital Ambroise-Paré, à Paris. On doit ouvrir des lits, trouver du personnel suffisamment qualifié, des respirateurs. Mais on est aussi préoccupés par les médicaments ».

      Dans les services de réanimation, déjà sous très forte tension, c’est « un énorme poids supplémentaire », raconte, anonymement, un réanimateur francilien. « Nous sauvons la vie des patients Covid les plus critiques en les endormant profondément, et en les faisant respirer grâce à des machines, explique-t-il. Pour cela, on a recours à des médicaments anesthésiques puissants, notamment le curare, pour que l’organisme oppose le moins de résistance possible. Ce sont des médicaments quotidiens, anciens, de première nécessité. Dans mon hôpital, nous avons trois jours de stock. Pour s’en sortir, on fait appel à la débrouille, on appelle des collègues pour trouver des lots ici et là. Et on réfléchit à avoir recours à d’autres médicaments, parfois abandonnés depuis longtemps. On s’éloigne des standards de soins, à l’aveugle. C’est vrai, on doit choisir les patients admis dans notre service, en fonction de leur probabilité de s’en sortir. Mais si on en venait à ne plus soigner ou à mal soigner ceux qui peuvent s’en sortir, ce serait vraiment terrible. »

      À l’AP-HP, le directeur médical de crise Bruno Riou assure qu’un texte sur « les bons principes d’administration de ces médicaments » est en cours de diffusion dans les 39 hôpitaux de l’AP-HP, dans le but de « rationaliser » leur utilisation. Autrement dit, les économiser. Il assure que la qualité de la prise en charge des malades ne sera pas affectée : « On a par exemple des appareils qui mesurent la profondeur de la sédation, le degré de curarisation, pour ajuster la dose. On peut ainsi diminuer de 20 % la quantité de produits utilisés. »

      Est-ce que cela sera suffisant pour gérer la tension, et éviter une pénurie, mortelle pour les patients ? Les laboratoires pharmaceutiques sont-ils en capacité de livrer les hôpitaux au plus vite ? François Crémieux, le directeur général adjoint de l’AP-HP, n’est pas très précis : « Nous sommes en lien direct avec certains laboratoires, qui sont rassurants sur les capacités de production de curare. Sanofi, par exemple, est très mobilisé. Mais le contexte de la pénurie est européen. Il y a des enjeux de juste répartition entre les différents pays européens. »

      Des bénévoles de la protection civile transfèrent des patients infectés par le COVID 19 et ayant des problèmes respiratoires dans les hôpitaux parisien © AFP
      Des bénévoles de la protection civile transfèrent des patients infectés par le COVID 19 et ayant des problèmes respiratoires dans les hôpitaux parisien © AFP
      Encore une fois, l’Allemagne semble la mieux positionnée, puisqu’« une partie de ces médicaments vient d’Allemagne », relève le ministère de l’intérieur dans sa note Covid-19 du 26 mars.

      Le président de la Commission médicale d’établissement de l’AP-HP, Rémi Salomon, ne cache pas son affolement : « J’essaie de faire remonter l’information depuis plusieurs jours, en interne, auprès du ministère de la santé, jusqu’à l’Élysée. Je parle aussi à des dirigeants de l’industrie pharmaceutique. Je constate qu’il n’y a pas de plan de crise général. » À croire, après le manque de masques et de tests de dépistage, que le gouvernement a toujours un temps de retard.

      L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) n’a par exemple pas mis à jour les tensions d’approvisionnement pour le Cisatracurium. Cet anesthésique figure aujourd’hui sur sa liste des médicaments en rupture de stock, mais est indiqué comme « remis à disposition » depuis fin janvier 2019… Alors qu’il est en tension actuellement.

      Contactée à de multiples reprises, l’ANSM n’a pas répondu à nos sollicitations. Pour toute réponse à nos demandes, Aspen Pharma, le fabricant de plusieurs curares a répondu par courriel : « La période actuelle nous amène à nous concentrer sur des priorités de gestion d’entreprise à distance tout comme les approvisionnements de nos clients. »

      Comme l’épidémie, le manque de médicaments se fait sentir par vagues, avec quelques jours de décalage en fonction de l’arrivée de la déferlante de patients dans chaque région. Le 20 mars, les pharmacies d’hôpitaux de Bretagne ne signalaient pas de tension d’approvisionnement sur les anesthésiques. Mais dès le 23 mars, les inquiétudes montent à Lorient, Pontivy, Vannes, Rennes… Et le 26 mars, l’anesthésique propofol est officiellement en rupture de stock dans un hôpital breton, et même l’éphédrine, de l’adrénaline. Autant de produits essentiels pour ranimer les patients.

      L’autre grande inquiétude concerne les ruptures de stock d’antibiotiques comme l’Augmentin indiqué « en tension d’approvisionnement » sur le site de l’Agence du médicament depuis le 6 février 2020 déjà. Or « l’Augmentin ou ses génériques sont donnés à tous les patients Covid-19 pour éviter les surinfections bactériennes, notamment pulmonaires », s’alarme Alain Astier, chef de pôle honoraire de la pharmacie de l’hôpital Henri-Mondor de Créteil (Val-de-Marne). Car on ne meurt pas directement du virus, mais de la surinfection qu’il provoque en affaiblissant notre corps.

      Bientôt un outil numérique pour cartographier les stocks de médicaments

      Un pharmacien d’un CHU qui préfère ne pas être identifié a même confié à Mediapart la liste des 95 médicaments en rupture de stock dans son établissement au 26 mars. Le générique d’un antibiotique primordial, l’Amoxicilline/acide clavulanique en sachet y figure : le laboratoire Sandoz, filiale du géant pharmaceutique suisse Novartis, annonce un réapprovisionnement théorique… à compter du mois d’août.

      Interrogé , Novartis répond « disposer de stocks suffisants »… Sauf que la molécule est disponible, mais pas en sachet, seulement en comprimé. « Ce sont des gros comprimés très difficiles à avaler. On ne peut pas les écraser, ils sont impossibles à prendre pour les patients sous sonde naso-gastrique, typiquement, les patients Covid-19 en réanimation, dénonce un pharmacien d’hôpital. C’est un vieux médicament qui ne se vend pas cher, génériqué depuis longtemps, ce n’est pas la priorité des laboratoires d’en assurer l’approvisionnement. Mais aujourd’hui, il est nécessaire qu’ils le fabriquent en très grande quantité compte tenu du nombre de patients Covid-19 dans le monde ! »

      Si Novartis annonce à Mediapart que l’Amoxicilline est façonnée en Autriche, c’est-à-dire mis en comprimé ou en sachet, l’entreprise refuse d’indiquer où elle se procure la matière première en invoquant la « confidentialité de l’information ». Or les tensions d’approvisionnement des médicaments, qui se font encore plus ressentir en cette période de crise et de flambée mondiale de la demande, s’expliquent en partie par la dépendance des laboratoires pharmaceutiques vis-à-vis de l’Asie.

      Entre 60 et 80 % des principes actifs, les moteurs des médicaments, sont issus d’un pays hors de l’Union européenne, selon l’Inspection générale des affaires sociales (Igas), et essentiellement de Chine et d’Inde où les coûts de production sont moindres. La proportion était seulement de 20 % il y a trente ans (Lire aussi Pénurie de médicaments : le dangereux business de l’industrie pharmaceutique).

      Le ralentissement, voire l’arrêt des chaînes de production des usines de fabrication chinoises des matières premières de médicaments du fait du confinement a réduit l’offre à mesure que la demande locale, puis mondiale, s’est embrasée. La prise de conscience du médicament comme produit stratégique est le reflet de la perte de la souveraineté française du fait du choix des industriels. Elle s’est accentuée avec cette crise sanitaire mondiale.

      Même le Doliprane, le médicament le plus vendu dans l’Hexagone, que Sanofi présente comme un pur produit « made in France », est dépendant de la production de sa matière première hors d’Europe. « Sanofi se procure son principe actif dans différents continents », admet le porte-parole du laboratoire.

      Or le paracétamol est recommandé en cas de fièvre liée au Covid-19, à l’inverse des anti-inflammatoires tels que l’ibuprofène ou la cortisone, comme l’a annoncé Olivier Véran, ministre de la santé, le 14 mars. La demande a encore augmenté en officine de ville au point que son achat devient rationné le 18 mars, mais aussi en hôpital. Dans une des pharmacies hospitalières interrogées, il sera de nouveau disponible, mais seulement à partir du 20 avril. « Cette situation de tension est seulement une question de jours », tente de rassurer le porte-parole de Sanofi.

      « Le manque de médicaments vitaux à venir pour lutter contre le Covid-19 serait insupportable. Nous importons de l’étranger beaucoup de médicaments de sédation profonde, or des solutions françaises sont envisageables », assure Pauline Londeix, confondatrice de l’Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament.

      L’Observatoire a publié un communiqué de presse le 27 mars, devant l’absence de réponse du gouvernement à son courrier envoyé la veille. « Nous avons notamment demandé si des moyens sont recensés au niveau national pour voir quelle ligne de production de médicament pourrait être utilisée ou réquisitionnée pour réorienter au plus vite la production vers ces médicaments de première nécessité dont nous allons manquer. Car chaque jour compte, notamment dans la mesure où la demande mondiale pour ces médicaments est en train d’exploser », explicite le communiqué.

      D’autant que des mesures de protectionnisme sont envisageables sur les médicaments vitaux de la part des pays étrangers producteurs de remèdes. Exactement comme l’a fait le gouvernement français le 25 mars. Il a interdit l’exportation de médicaments à base d’hydroxychloroquine, expérimenté comme traitement du Covid-19 (lire aussi Chloroquine : itinéraire d’un traitement qui suscite espoir et controverse), par décret. Et ce, pour répondre aux inquiétudes montantes concernant les tensions d’approvisionnement naissantes du Plaquenil, le médicament à base d’hydroxychloroquine fabriqué par Sanofi – cette fois uniquement dans l’Hexagone – avec « une capacité de production qui évitera à la France toute rupture de stock », assure le porte-parole du laboratoire.

      Autre explication des difficultés d’approvisionnement dans les pharmacies des hôpitaux : les établissements des régions touchées à retardement tentent de faire des stocks pour se prémunir des pénuries à venir sur les produits vitaux face au Covid-19, ce qui alimente les tensions. « Depuis trois semaines, les pharmacies d’hôpitaux ont fait des stocks : habituellement, elles ont trente jours de réserves de médicaments, là elles en ont plutôt pour 45 jours », explique Jacques Trevidic, président du syndicat Action praticiens hôpital.

      « À Mulhouse, nos collègues ont utilisé en trois, quatre jours l’équivalent des produits dont ils ont besoin en un mois en réanimation habituellement », rapporte Cyril Boronad, pharmacien cannois. Pour répondre à ces pics de demandes, « souvent les laboratoires contingentent les livraisons en calculant ce qu’ils distribuent en fonction des consommations antérieures. Sauf que quand des services d’hôpitaux sont réquisitionnés pour soigner les patients Covid-19, le stock de produits vitaux pour soigner le coronavirus est réduit à zéro rapidement, explique Patrick Léglise, vice-président du Synprefh (Syndicat national des pharmaciens des établissements publics de santé). Nous essayons de trouver des médicaments alternatifs quand c’est possible, mais rapidement, eux aussi se retrouvent en tension en cascade. » Comble de la désolation de la situation sanitaire, il rapporte même des difficultés à s’approvisionner à présent en housses funéraires.

      Selon nos informations, l’agence régionale de santé d’Île-de-France a conclu un contrat avec la start-up MaPUI Labs le 27 mars qui sera opérationnel dans les prochains jours : son outil numérique cartographie les stocks de médicaments de ses hôpitaux et facilite les échanges de médicaments entre les établissements de la région en cas de ruptures de stock et de besoins imminents dans certains d’entre eux. D’autres régions ont montré leur intérêt. Un traçage instantané et national faciliterait les trocs de traitements en urgence… À condition que l’industrie pharmaceutique en fabrique suffisamment.

  • COVID-19/ Dépistage : nos demandes suite aux annonces d’Olivier Véran | l’Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament
    https://blogs.mediapart.fr/edition/transparence-dans-les-politiques-du-medicament/article/240320/covid-19-depistage-nos-demandes-suite-aux-annonces-d

    L’arrivée de la sérologie annoncée par Olivier Véran est une bonne nouvelle pour savoir si on a été infectés et asymptômatiques. Mais tests de sérologie et par PCR ne s’opposent pas, ils se complètent. L’OMS n’a pas dit "attendez la sérologie pour dépister", l’OMS a dit « dépistez, dépistez, dépistez ! ». Source : Relevé sur le Net...

    • Attention, ce post à propos des tests annoncés par Véran cumule les défauts du procès d’intention et de la prospective. Allergiques, passez votre chemin !

      C’est qu’à y repenser, ces déclarations craignent velu. Si les tests ne s’opposent pas et pourraient se compléter, comme le dit ce communiqué, il est permis de penser que dans le discours du gouvernement les test sérologiques sont là pour remplacer les tests par PCR (détecter la présence du virus) qui ne ne sont pas faits (seulement les cas graves, et quelques sondages, par exemple en Ehpad, et aussi des exceptions pour les importants, y compris asymptomatiques), et ne seront pas réalisés à une échelle de masse.
      On l’a vu la production de tests PCR est bloquée
      https://seenthis.net/messages/834349

      Cette annonce par Véran de test massifs en fin de confinement ou en bout de pic de 15 jours (?) ressemble à une nouvelle entourloupe. Il ne s’agit pas comme d’autres pays le font (au plus près et aujourd’hui, l’Allemagne) de dépister les contaminés pour les isoler, prévenir et éviter la propagation de l’épidémie, soigner, mais, avec des tests sérologiques (moins couteux) de disposer d’un moyen de savoir qui est devenu immune.

      On sait que la durée d’une telle immunité au corona virus est encore inconnue et que les hypothèses là dessus sont incertaines :
      https://seenthis.net/messages/834847

      La vitesse est (était) un facteur décisif
      voir Savoir et prévoir, une chronologie
      https://seenthis.net/messages/834457

      Mais c’est encore toujours plus tard, à peu de frais, et en vue d’une action politique rentable sur le plan économique que le gouvernement joue une fois de plus au bonneteau (comme dans le sketch de ces criminels de bureau et de plateaux TV : « il y a des masques pour qui en a besoin, ils servent à rien pour le quidam » ). Il répondent aux critique quant à l’absence de tests PCR et à l’exigence de leur usage plus général par une annonce qui évoque d’autres tests... qui ne remplissent pas du tout la même fonction.

      J’y vois la persistance du choix initial (non formulé contrairement à la GB, et dissimulé par les mesures prises depuis le 17 mars) de l’#immunité_de_masse en lieu et place d’une politique de santé active. Il fonctionnent selon une pluralité de logiques internes, et celle-ci (la purge humaine qui relance la machine, la bonne guerre dont l’économie a besoin) demeure.

      Nos militants de l’économie ne changeront pas sans un déboulonnage en règle. Je ne serais donc pas étonné qu’après que les critiques, la menace d’un effondrement radical de la légitimité des gouvernants et l’ampleur de la mortalité auront imposé que l’hexagone limite elle-aussi la production aux « activités essentielles » - comme l’Italie a fini par le faire pour des raison d’acceptation sociale, comme disent les doctes - ces tests sérologiques servent avant tout à sélectionner les personnes aptes à occuper des postes de #travail délaissés et dont la liste pourrait alors s’allonger sur la base d’une donnée rationnelle.

      Je parie pas qu’un certificat d’immunité virale remplace les autorisations de sortie pour des personnes qui auraient un droit de circulation moins restreint. Mais c’est peut-être en raison de cette forme sympathique d’imbécilité qu’on appelle optimisme, dont il m’arrive parfois de faire preuve (cf mes premiers posts ici sur la « solution Raoult »).

      Nous vivons un changement d’époque, un bouleversement durable. Depuis le temps qu’on nous bassine avec un CNR aussi décisif en son temps qu’il est aujourd’hui suranné (où a-t-on vu des patrons disqualifiés trembler face à une opposition organisée, massive et pour partie armée, et en butte dans les rangs de la bourgeoisie elle même à d’étranges pulsions humanistes à laquelle l’expérience de cette guerre là et de cette collaboration là en avait conduit un bon nombre ?), ce moment de bascule, atroce à blendes égards, pourrait bien constituer une nouvelle expérience commune depuis laquelle d’authentiques commencements - nourris des conflits politiques de ce dernières années - pourraient surgir.

      #Test_PCR #Test_sérologique #immunité_de_groupe (c’est comme ça qu’ils disent je crois, c’est plus frais) #économie

    • DEUX TYPES DE TESTS
      https://paigrain.debatpublic.net/?p=9924

      Il est plus que probable que d’autres laboratoires, en Chine et ailleurs, notamment ceux qui travaillent à la mise au point de vaccins, ont travaillé directement aux tests de détection d’anticorps. Public Health England a annoncé la disponibilité d’ici quelques jours de 3,5 millions de tests à la maison en 15 minutes (disponibilité effective à vérifier bien sûr). Il s’agit de tests d’anticorps. Cela suffit pour les études de prévalence (même si Public Health ne mentionne pas explicitement cet usage). Mais un test d’immunisation individuelle doit à la fois détecter la présence des anticorps (la réponse du système immunitaire) et le fait que la personne testée n’est plus porteuse du virus. Il ne suffit pas de savoir qu’il y a eu réponse immunitaire, il faut être sûr que le virus n’est plus présent ou en tout cas pas à un niveau qui permettrait la contagion. Deux tests négatifs du virus à 72 h d’intervalle devraient suffire à en attester si l’on en croit l’expérience des autres virus similaires. Mais la prudence s’impose pour définir un protocole qui amènerait les personnes à s’exposer2.