Coronavirus : la « zone d’ombre » du bilan dans les maisons de retraite - France

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    1 331 personnes décédées en France du coronavirus ? Le bilan est malheureusement inférieur à la réalité. Les personnes âgées qui succombent en Ehpad ou à domicile sont, pour l’instant, exclues du bilan quotidien du gouvernement.

    En France, le coronavirus a causé 1 331 décès à l’hôpital depuis le début de l’épidémie, un bilan multiplié par cinq en une semaine. 2 827 patients étaient, mercredi soir, en réanimation, selon les chiffres communiqués par le Directeur général de la santé, Jérôme Salomon. Ces bilans traduisent une augmentation de 231 décès et de 311 nouveaux patients en réanimation en 24 heures, sur un total de 11 539 malades hospitalisés (+1 363).

    Mais une inconnue demeure, « on ne sait pas aujourd’hui mesurer l’étendue des dégâts dans les maisons de retraite », a résumé mercredi le président de la Fédération hospitalière de France Frédéric Valletoux. Cette « zone d’ombre », selon ses mots, était aussi reconnue par le directeur général de santé Jérôme Salomon, mardi, au moment où il annonçait un bilan de « 1 100 décès (…) à l’hôpital », il a concédé qu’ils « ne représentent qu’une faible part de la mortalité ».

    « On ne dépiste plus systématiquement »
    Vingt décès « en lien possible avec le Covid-19 » dans un Ehpad de Cornimont (Vosges), selon les autorités. À Saint-Dizier (Haute-Marne), 16 résidents d’une structure sont décédés et une quarantaine sont sur surveillance.

    Dans un établissement de la fondation Rothschild, à Paris, une dizaine de personnes sont décédées et près de 80 étaient positives au Covid-19, selon un bilan provisoire de l’agence régionale de santé, mardi.

    À Thise (Doubs), ce sont 15 personnes qui ont trouvé la mort. Toutes présentaient les symptômes du nouveau coronavirus mais « c’est difficile de savoir si ces décès sont liés car on ne dépiste plus systématiquement les nouveaux cas », a précisé le porte-parole.

    Même problème à Cornimont : « Seuls les résidents hospitalisés ont été testés », explique la directrice Sophie Nivel. Ainsi, seulement six décès parmi les 20 peuvent être attribués formellement au Covid-19.

    « Au sein même des Ehpad on ne teste que les deux premiers cas », explique Candice Morel, médecin généraliste à Ousse (Pyrénées-Atlantiques), qui regrette également que le personnel ne bénéficie pas toujours du matériel suffisant, notamment de surblouses.

    Pourquoi deux tests ? Le ministère de la Santé le recommande dans un document du 16 mars : « Seuls les premiers patients résidant dans une structure d’hébergement collectif (…) font l’objet d’un prélèvement. À partir du second cas confirmé, toute personne présentant un état symptomatique ou proche est alors présumée infectée ». Une consigne toujours d’actualité, selon le ministère contacté mercredi.

    « Les autres cas sont « assimilés à des cas Covid-19 » sur la base du tableau clinique (caractéristiques et symptômes observés de la maladie, NDLR), mais ne sont pas comptabilisés car non testés », explique l’ARS d’Île-de-France.

    La mortalité excessive comme baromètre ?
    « Les hôpitaux partagent un système informatique, dans lequel ils enregistrent tous les événements, dont les décès. Pour ça, on a des données fiables », détaille le directeur communication de l’ARS Ile-de-France, David Heard. Mais ce système n’existe pas en dehors. En Ehpad, les cas sont signalés par les directeurs d’établissements, il n’y a pas de remontée automatique.

    Selon lui, on dénombrait, mardi à 14 h, en Ile-de-France 148 Ehpad avec au moins deux cas de Covid-19 détectés, seuil à partir duquel des mesures de réorganisation de l’établissement doivent intervenir pour éviter la propagation.

    Lors de son allocution, mardi, Jérôme Salomon promettait un « suivi quotidien de la mortalité » dans ces établissements.

    Ce mercredi, la Direction générale de la santé (DGS) précisait : « une application » doit être opérationnelle « dans les prochains jours » et doit produire une estimation plus fiable du nombre de victimes en Ehpad, sur déclaration des médecins des établissements.

    Reste une dernière zone d’ombre : « Quand une personne âgée qui n’a pas été hospitalisée décède à son domicile, on ne pourra pas avoir de certitude », prévient le Dr Morel. « Et vu le peu de tests dont on dispose, je ne pense pas qu’on teste post-mortem ».

    Une piste possible selon la DGS : « La surveillance de la mortalité toutes causes », sur le territoire par Santé publique France. Elle permettrait, en comparant le nombre de décès attendus sur une période à celui observé pendant l’épidémie, « d’estimer l’excès de mortalité » dû au Covid-19.