• Psychiatrie confinée et nouvelle anti-psychiatrie covidienne, Mathieu Bellahsen
    https://blogs.mediapart.fr/mathieu-bellahsen/blog/290320/psychiatrie-confinee-et-nouvelle-anti-psychiatrie-covidienne

    Depuis bientôt quinze jours, les équipes de #psychiatrie, les patients et leurs familles ont du s’adapter à la situation nouvelle qu’impose le #confinement de la population. La transmission possible du virus impose des règles strictes dans les lieux de soins allant à rebours de ce qui permet habituellement le #soin psychique.

    Depuis deux semaines, un genre nouveau d’#anti-psychiatrie dicte les règles de la psychiatrie confinée. Cette anti-psychiatrie covidienne rend difficile la possibilité même de #soins_psychiatriques et psychiques. Pour autant, tenter un décryptage sur le vif de ce qui se passe et partager quelques initiatives est nécessaire pour que ce confinement ne rime pas avec de nouveaux cloisonnements.

    Evolution des antipsychiatries

    Comme nous l’avons développé ailleurs1, la notion d’anti-psychiatrie fluctue au grès du fond de l’air de la société.

    Dans les années soixante, la première anti-psychiatrie porte une critique radicale de la psychiatrie asilaire et disciplinaire telle qu’elle s’est construite au XIXème siècle et développée dans la première partie du XXème siècle. Cette critique politique s’inscrit dans un lien à des pratiques d’émancipation générale de la société. Elle met en question le modèle médical de la première neuropsychiatrie, celle qui ne distingue pas encore la neurologie de la psychiatrie.

    Dans les années 1980, ce discours antipsychiatrique se lie à de nouvelles pratiques gestionnaires de groupes homogènes de malades, de rationalisation (et donc diminution) du coût des prises en charges. L’antipsychiatrie gestionnaire reprend les discours critiques de la séquence précédente mais ce ne sont plus les pratiques de soin qui comptent le plus mais les pratiques de bonne gestion et donc de diminution des coût sous prétexte de désaliénation.

    A partir des années 2000, la santé mentale s’impose comme la notion réorganisatrice du champ de la psychiatrie. Les pratiques de déstigmatisation lient l’émancipation de la psychiatrie à son analogie au modèle médical classique. La maladie mentale doit devenir « une maladie comme les autres ».Puis viendra la notion d’inclusion qui, en se présentant comme un terme positif, retourne le stigmate de l’exclusion et se substitue à la déstigmatisation. L’inclusion est une notion piège et dans la société néolibérale concoure une « l’exclusion de l’intérieur ».

    En 2014, à partir du champ de l’autisme, Loriane Bellahsen décrypte une nouvelle antipsychiatrie2 qui prend appui sur le modèle médical et plus précisément le cerveau. Le psy s’efface au profit du neuro par l’intermédiaire des sciences « neuros » alors en vogue dans le champ social. L’assomption des troubles du « neuro-développement » légitime un certain type de pratique qui s’appuie sur une hégémonie politique que nous qualifierons de neuropolitique avec Pierre Dardot, Christian Laval, Ferhat Taylan et Jean François Bissonnette.

    Poursuivant ces travaux, Pierre Dardot caractérise l’antipsychiatrie contemporaine comme « une médecine totale et exclusive, une médecine éliminativiste . Il ne s’agit pas non plus d’un simple retour de balancier qui verrait une « anti-antipsychiatrie » des usagers succéder à l’« antipsychiatrie » des psychiatres. Avec la nouvelle antipsychiatrie, nous avons affaire, à la lettre, à une véritable « psychophobie » qui procède d’un véritable fanatisme de l’objectivation scientifique. »3

    Dans « la révolte de la psychiatrie », paru début mars 2020, nous reprenons ces travaux avec Rachel Knaebel et Loriane Bellahsen en faisant l’hypothèse que la nouvelle antipsychiatrie 2.0 est un alliage entre :

    – l’antipsychiatrie gestionnaire précédente qui s’accommode de la société néolibérale,

    – l’antipsychiatrie psychophobe qui s’émancipe de la psychiatrie à partir du modèle médical de diagnostic et de tri (et non contre lui)

    – la nouvelle neuropsychiatrie qui s’origine dans les sciences du cerveau, le big data et les technologies numériques.

    A l’intérieur de ces strates de la nouvelle antipsychiatrie peuvent toutefois émerger des pratiques et des luttes plus ou moins radicales comme en témoigne les courants au sein de la neurodiversité : celle-ci pouvant servir tantôt à mettre en question l’ensemble de l’institution de la société (CLE autisme), tantôt à s’accommoder de « compensations » pour rejoindre les normes sociales dominantes.

    La psychiatrie confinée

    Dans le même temps, les politiques d’austérité et de destruction du système de santé se poursuivent. Des luttes se disséminent dans tous les secteurs du soin : en psychiatrie,4 dans les EHPAD, aux urgences puis dans l’ensemble de l’hôpital public.

    Deuxième semaine de mars, les pouvoirs publics commencent à prendre des mesures face à la pandémie de COVID 19. Sur fond de pénurie organisée par les politiques publiques et renforcée par le lean managment, les discours guerriers des gouvernants se marient aux promesses sans lendemain. Quelques jours plus tard et pour parer au risque mortel que propage le virus sur un système de soin détruit par des politiques abusives et criminelles depuis des années, la psychiatrie se confine.

    Dans les pratiques quotidiennes de la psychiatrie confinée, la séquence COVID réactive des strates enfouies des psychiatries et des anti-psychiatries puisqu’il s’agit de faire l’inverse de ce que l’on fait d’habitude. Une série de renversement coronaviriens se font dans l’urgence de la situation. Ils sont nécessaires mais ils posent question pour le présent et pour la suite.

    Je souhaite donc faire état, de façon nécessairement subjective, de ce qui se passe au quotidien dans le secteur de psychiatrie générale où j’exerce. (...)

    Concrètement, nous avons mis en place dans l’urgence une première unité COVID dans notre hôpital psychiatrique de campagne, loin de tout, sans plateau technique. Et l’image mentale de voir mourir les personnes qui vont y être admises, les yeux dans les yeux, faute de matériel, faute de compétences médicales non psychiatriques suffisamment avancées, commence à nous hanter. Très vite, quatre de nos patients sont dans cette unité dont l’un d’eux en mauvaise forme physique. Alors que certaines de ses constantes ne sont pas bonnes, les secours refusent de le transférer dans un hôpital général. Il n’y a quasiment plus de lits en unité COVID dans les hôpitaux généraux alentours, plus de place en réanimation. Finalement, il va mieux. Mais si l’un des nôtres en a besoin ?

    Devant cette situation de la catastrophe en cours et à venir, la directrice et les soignants de l’hôpital général avec qui nous sommes en « direction commune » acceptent immédiatement de transférer cette unité COVID pour les patients psys au sein de leur hôpital général à 40 kilomètres de là, dans un autre département. Cette solidarité concrète tempère les peurs de reviviscences eugénistes. Et dans ce moment, ce n’est pas rien. C’est même tout à fait essentiel.

    Pour autant les discours sur la saturation à venir dans tous les services, le tri de ceux qui vivront et ceux qui mourront se fait de plus en plus pressant.

    Rappelons que ces choix impossibles ne sont pas les nôtres en tant que soignants même si en bout de course ce sont les soignants qui les assument. Ce cadre de choix, nous en sommes collectivement responsables en tant que citoyens quand on s’accommode toujours plus à l’idée que l’organisateur suprême de la société c’est la concurrence, l’argent et la finance.

    Ce qui a présidé à ce genre de choix définitif (qui va vivre qui va-t-on laisser mourir), est le cadre néolibéral mûri depuis des années avec toutes ces réformes. Voilà le réel des éléments de langage, de la communication et de la langue positive de ces réformes promouvant l’égalité, l’universalité, la santé… Le réel de ces mots ce sont les morts consécutifs à ces choix enrobés de novlangue managériale. Qui est responsable de ces choix impossibles, délétères, cruels, si ce n’est l’évolution néolibérale de la société et ceux qui ont endossé ses habits de luxe et de mépris ? (...)

    Excellent papier dont ces deux extraits ne suffisent pas à rendre compte. À l’inverse du machin à la Y a pas de problème en psychiatrie les fous s’adaptent très bien, que le Favereau de Ration a publié : En psychiatrie, l’étrange calme pendant la tempête
    https://www.liberation.fr/france/2020/03/26/en-psychiatrie-l-etrange-calme-pendant-la-tempete_1783216

    Comme dans les prisons, les Ehpad, et d’autres lieux disciplinaires, avec les nombreuses pathologies que se trimballent pas mal de psychiatrisés, on peut craindre un remake de la décimation des fous durant la seconde GM (principalement par famine, à l’époque)
    #toctoc

    #eugénisme rampant ou pas #pathoplastie #psychothérapie_institutionnelle #expertise the real one, celle qui procède de l’expérience

  • Le buzz sur la chloroquine freine l’essai clinique européen Discovery
    https://www.liberation.fr/france/2020/03/26/le-buzz-sur-la-chloroquine-freine-l-essai-clinique-europeen-discovery_178

    C’est un effet pervers et inattendu de l’actuel engouement pour la chloroquine : l’écho médiatique mondial rencontré (en dépit d’une méthodologie très discutable) par l’étude clinique réalisée par l’infectiologue et directeur de l’Institut hospitalo-universitaire Méditerranée, Didier Raoult, entrave les recherches scientifiques en cours pour trouver un traitement efficace contre le Covid-19. Occupés depuis dimanche à recruter les 800 patients français (sur 3 100 Européens) destinés à participer à l’essai clinique européen Discovery, les infectiologues de Bichat se sont heurtés au refus de plusieurs malades. « Il y a un tel tapage médiatique irrationnel que certains patients refusent d’être enrôlés dans l’essai Discovery parce qu’ils ne veulent pour traitement que de l’hydroxychloroquine, peste le professeur Xavier Lescure, infectiologue à Bichat. Malgré tout le respect que j’ai pour lui, Raoult gêne la réalisation d’une recherche méthodologique robuste. On ne peut colporter des certitudes et jouer avec l’espoir des gens. Il nous fait perdre du temps. »

    • A mon avis le problème c’est plutot la servilité des gens a toujours croire ce qu’ils veulent sur internet à partir du moment où ça leur donne espoir et que c’est une idée alternative. Pas de confiance dans le gvnmt+vidéo youtube d’un expert en blouse blanche qui dit que c’est un remede miracle qui marche et ça leur suffit pour crier au scandale d’état. Le problème, c’est pas la culture scientifique quasi nulle de la population, c’est juste le manque de bon sens et l’emballement général à l’ère 2.0. Avec internet, tout le monde peut s’instruire, c’est bien, mais voilà la contrepartie, chacun se croit mieux informé que l’autre et fait parfois confiance aux mauvaises sources.

      edit : par mauvaises sources, je ne parle pas de Raoult en soit, mais des youtubeurs ou autres sites d’info qui relai sans aller vérifier ce que dit Raoult

    • bé pour moi ce que tu viens de dire correspond parfaitement à la culture scientifique et de recherche, dès le collège on doit apprendre les bases de la méthode scientifique, du recoupement d’informations, de qu’est-ce que veut dire une « étude scientifique » seule VS plusieurs études qui confirment une hypothèse (puis méta études, etc), de la validation par les pairs…

      C’est tout ce savoir de base, qui n’est vraiment pas super compliqué à apprendre, qui fait qu’ensuite on croit ou pas dès qu’on entend quelque chose, ou à l’inverse qu’on à des doutes et qu’on va approfondir en cherchant des détails, des recoupements.

      Et donc c’est bien un défaut de culture scientifique.

    • En même temps y’a plein plein plein de médecins et de politiques qui connaissent parfaitement les bases de la méthode scientifiques et qui tombent complètement dans le délire… donc c’est pas la seule raison.

    • @baroug : Pour les médecins et les politiques, on peut faire l’hypothèse du clientélisme.

      Ton patient exige un médicament parce qu’il en a entendu parler sur le Web, c’est généralement pas trop dangereux, bon ben tu lui fais sa prescription et voilà (sinon tu te manges un « Médecin de merde et prétentieux » de plus dans tes Avis Google).

      Pour les politiciens, je te fais pas un dessin (clientélisme et médiocrité intellectuelle systématique). :-))

    • La culture scientifique, elle est valable aussi en sciences sociales. Cette semaine j’ai douché un masculiniste qui pensait que la méthode scientifique en sciences sociales, c’était d’examiner à égalité les hypothèses, la sérieuse et la merdique, des acteurs en présence, un peu comme en politique ou journalisme tu vas rendre compte des positions des deux parties.

      Mais quand l’intérêt est si fort (ici ne pas mourir, là nier l’oppression des femmes pour la perpétuer), c’est pas tant une question de culture que de capacité à la mobiliser. Je crois aussi qu’il y a des situations dans lesquelles les capacités intellectuelles s’atrophient et on connaît tou·tes ces situations où notre première réaction a été idiote.

    • Oui, là, on est en pleine dynamique de groupe, avec des phénomènes bien connus de la psychologie sociale. En gros, c’est le même mécanisme que le lynchage : une foule qui devient autonome des personnes qui la composent.

      Tu as beau être cultivé, éduqué et tout ce que tu veux, en période de stress psychologique, tu est particulièrement vulnérable à tous les biais de simplification.

    • En fait, voilà, tu vois, faut que tu sois responsable, on a besoin de toi pour participer à un test en double aveugle tout ça. T’as une chance sur deux qu’on te file un placebo qui sert à rien. Mais c’est pour la science et pour la gloire. Alors, s’il te plait, sois responsable et inscrits toi.

    • Je dis pas le contraire. Mais mettez-vous à la place du tout venant.

      1) On n’a pas de remède, c’est écrit en gros partout
      2) On en cherche des efficaces, on fait des tests marseillais, français, européens, et galactiques
      3) On va te soigner avec ce qu’on sait ne pas fonctionner, t’inquiètes pas, c’est que des fakenews ceux qui disent qu’on n’a pas de remèdes, c’est pour ça que les tests de la communauté internationale ne commencent que 3 mois après ceux de l’axe du mal
      4) A Marseille, y font rien qu’à faire des tests sans placebo, c’est pas des vrais tests, bouuuuh
      5) Ah mais on va t’intuber quand tu pourras plus respirer avec tes poumons t’inquiète, c’est que des fakenews ceux qui disent que le placebo, c’est qu’on te laisse dans une cellule sans rien qui se passe
      6) Le corona, ça se soigne aussi avec la force de l’esprit

      Lisez mieux avant d’imputer des délires aux uns et aux autres (et d’en commettre à votre tour).

      Je voulais juste dire que de refuser de participer à un test où tu sais que tu as une chance de recevoir de l’homéopathie à la place d’un truc qu’on sait vaguement efficace, c’est pas complètement irrationnel.

      Et entre nous, fakenews et godwin, ce sont des proches cousins. Faut éviter de les employer si on veut pouvoir continuer à discuter sereinement.

    • Bah non ça ne tient toujours pas debout. TOUS les tests de médicaments se passent comme ça, donc suivant ton raisonnement jamais de la vie entière il n’y aurait de gens qui feraient ces tests (et ya plein d’autres maladies graves, mortelles, où on a besoin de faire des tests de médicaments, et ça se fait, depuis toujours).

      Et je le redis, de ce qui est expliqué les tests se font en étant d’abord tout le monde soigné pareil avec les trucs habituels, et EN PLUS on ajoute des choses à tester, qui s’ils marchent sont censés accélérer la guérison. Mais s’ils ne font rien, ou pas plus que le placebo, on est quand même soigné de base comme les autres malades. Si t’es malade et que tu participes pas au test, t’es soigné là actuellement. Et ben si t’y participes t’es soigné PAREIL, mais en plus on te donne des molécules supplémentaires.

      Et oui, faire des tests sans placebo (et sans double aveugle) = c’est pas un test, ou ça teste pas grand chose. Donc oui clairement bouuh pourri, ya aucune ironie à voir là dessus.

    • Armé du papier réglementaire, je cultivais tout à l’heure mes idées noires et je me suis dit que je pouvais partager celle-ci : vu que la population de Hamelin est prête à suivre n’importe quel joueur de flûte pour peu que sa mélodie soit bien ficelée, qui sera à votre avis le prochain à avoir du succès ?

      Pour ma part je fais l’hypothèse d’une entreprise idéologique qui viendra proclamer « déconfiner c’est gagné ». Par contre je ne sais pas si ça viendra des écolos, de l’extrême gauche, des anarchistes, des libertariens, des motards, de la gauche libérale, de la droite libérale, de l’extrême droite, des born again, d’un·e artiste, animateur·ice télé, ou toute autre origine. On peut en tout cas facilement imaginer que de plus en plus de gens vont en avoir marre, ne calculeront plus l’avantage à rester confinés, tandis que l’avantage à sortir sera de plus en plus évident (90% de chances de s’en sortir sans grand mal, 98% de survie, et au bout la liberté de circulation et de reprendre le travail). Apparemment ce n’est pas ce qui se passe en Italie, donc j’espère me tromper.

    • Je ne connais pas très bien la totosphère mais j’écoute un peu une émission anar (voir ci-dessous) et je n’ai pas l’impression d’une rebellitude anti-confinement. Si jamais ça arrive, c’est que le gouvernement aura vraiment poussé très loin le bouchon (60 heures de travail hebdo, oui, c’est abuser de la bonne volonté des gens) et que sortir hurler sa colère sera devenu un besoin plus vital.

      https://seenthis.net/messages/835470

    • Échange marrant :

      Le médecin :

      Va jouer avec tes selles

      Le mec qui a eu son diplôme de virologie sur Twitter :

      Et ça se dit docteur.. même pas un minimum de sens critique..

      Le médecin :

      Ah mais absolument. Le sens critique, blaireau, c’est pas de se prosterner devant le Dr Doxey.

      Le mec :

      Comment un petit docteur peut juger les travaux d’un professeur de niveau international. Retourne prescrire de l’aspirine, merci.

      Le médecin :

      Je vais t’expliquer en quelques mots simples, sac à merde : « Je sauve des vies, tu suces des pangolins ». Bisous

      Un autre médecin :

      Pourquoi tu te prends la tête avec un gus qui a 8 followers…WTF

      Moi, ce genre de type : je « block » direct. Et au final, c’est ça qui les énervent le plus : les ignorer.

      https://twitter.com/LehmannDrC/status/1243664570843045889

    • Aux États-Unis, c’est déjà la petite musique que joue une partie de la droite de droite (les Républicains les vrais). Si Fox News bascule dans le camp de l’eugénisme pour sauver l’économie, je parie que ça deviendra une véritable ligne officielle.

      Et que si ça devient un mouvement important aux États-Unis, évidemment ça arrivera en France, où il a toujours des professionnels de la politique qui savent qu’importer les pires lubies américaines est un bon choix de carrière tout à fait juteux.

  • Coronavirus : la chloroquine et Raoult sont (aussi) les sujets préférés des complotistes
    https://www.liberation.fr/france/2020/03/26/coronavirus-la-chloroquine-et-didier-raoult-sont-aussi-les-sujets-prefere

    Il faut aller lire les commentaires sous les articles traitant du coronavirus, pour observer comment le sujet provoque de nombreux réflexes complotistes. Thème porteur du moment : le traitement à la chloroquine. La simple évocation du professeur Didier Raoult, qui défend la molécule antipaludique pour lutter contre le Covid-19, exacerbe le phénomène. Pour schématiser, il y a ceux qui pensent qu’il faut « rester prudent » et attendre les résultats d’un essai clinique d’ampleur en Europe, comme une partie du corps médical ou le gouvernement et ceux pour qui il faut prescrire le médicament tout de suite, comme le professeur Raoult et d’autres. Le truc étant que l’épidémiologiste est soutenu depuis par beaucoup de démagogues, en France et à l’étranger, jusqu’à Donald Trump. En gros : ne pas administrer la chloroquine maintenant et à grande échelle serait mettre en danger la population de façon volontaire.

    Parmi (et au-dessus) de ce beau monde, il y a ceux qui se « réinforment », pour ne pas lire la presse qui a fait « passer Raoult pour un fou ». En ce qui concerne le Covid-19, ils considèrent que « le gouvernement ment » ou « est complice d’un génocide ». A des degrés divers. Certains dans le lot sont persuadés que ce virus est une arme bactériologique inventée par les lobbys pharmaceutiques pour s’enrichir, et dans cette histoire où il y a un « mensonge d’Etat », le professeur Raoult, avec son traitement anodin et facile d’accès, est le grain de sable en train de faire capoter tous les plans du « système ». Voici l’idée : « On accuse carrément les gouvernants de comploter contre le peuple, ce qui flatte un imaginaire victimaire et paranoïaque », analyse Rudy Reichstadt, fondateur de Conspiracy Watch, un site de référence sur le complotisme.