Extrasystole ventriculaire (ESV) : e-cardiogram

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  • Florian Zores sur Touiteur :
    https://twitter.com/FZores/status/1243459929618423808

    Un peu d’histoire de la médecine (on va parler de cardiologique évidement) #fil

    Au tournant des années 1980, la communauté cardiologique s’est rendue compte qu’après un infarctus, les patients qui faisaient des extrasystoles ventriculaires avaient plus de risque de mourir

    Qu’est-ce qu’une extrasystole ventriculaire (ESV) : c’est une anomalie du rythme cardiaque pouvant entrainer des troubles du rythme graves voire mortels.
    https://t.co/P1qo3Ffa40?amp=1

    Et les ESV sont notamment favorisées par l’ischémie myocardique, c’est à dire le défaut d’apport en oxygène au muscle cardiaque en raison d’une maladie des artères nourrissant le coeur (les artères coronaires)

    Donc le tableau était cohérent :
    infarctus -> ischémie
    ischémie -> ESV
    ESV -> décès

    donc
    ESV après infarctus -> décès

    C’est ce que montraient plusieurs études observationnelles
    https://pbs.twimg.com/media/EUGjIuZWkAArsRj?format=png&name=medium

    les références :
    https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJM197710062971404
    https://www.ahajournals.org/doi/pdf/10.1161/01.CIR.69.2.250

    Je rappelle qu’une étude observationnelle permet de suggérer une corrélation, pas une causalité
    En d’autres termes, on savait que l’augmentation du nombre et de la complexité des ESV était ASSOCIÉE à une augmentation de la mortalité, mais pas qu’elle CAUSAIT le décès

    Pour savoir s’il y a causalité, il faut voir si en supprimant la cause (les ESV) on diminue la fréquence de la conséquence (les décès).
    On fait pour cela un essai randomisé contre un traitement de référence, ou contre rien s’il n’y a pas de traitement de référence

    Donc on a fait l’étude CAST.
    https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJM199103213241201

    On a pris 1400 patients.

    La moitié a reçu un traitement antiarythmique dont on sait qu’il diminue le nombre des ESV.
    La moitié a reçu un placébo.

    Il n’y a pas de problème éthique : on ne sait pas si le traitement fonctionne, et au moment de l’étude il n’y a pas de traitement de référence des ESV post-infarctus

    (Personne n’a hurlé au fait qu’il y avait une perte de chance pour les patients sous placebo)

    Surtout que ...

    Les résultats de l’étude ont totalement bouleversé le monde médical et cardiologique

    car...

    ce sont les patients sous traitement anti-arythmique qui meurent le plus !
    Et en plus ils meurent plus... par trouble du rythme
    https://pbs.twimg.com/media/EUGlN6RXQAY3Hbt?format=png&name=large
    https://pbs.twimg.com/media/EUGl9MGXkAEstiY?format=png&name=medium

    On venait donc de démontrer que le médicament censé sauver les patients en diminuant les troubles du rythme, tuait les patients en provoquant des troubles du rythme.

    Ce qui favorise le décès ce ne sont pas les ESV, mais ce qui cause les ESV.
    En d’autre terme, les ESV ne sont qu’un marqueur du risque de décès.
    Ce le traitement de ce qui cause les ESV qui permettra de baisser la mortalité.
    Mais c’est une autre histoire

    Voilà pourquoi
    > On ne fait pas de médecine sur des « il semble » et sur des études observationnelles qui donnent des corrélations
    > il faut rechercher la preuve de l’efficacité et la confirmation du lien de causalité par un essai randomisé

    et surtout, le groupe placébo n’est pas forcement celui qui n’a pas de chance au tirage. Tant qu’un essai n’a pas été fait, on ne peut être sûr que le médicament ne soit pas plus dangereux que rien

    #fin