• « Si Cuba peut nous aider, ce sera très bien ». À Guingamp, des médecins cubains pour sauver l’hôpital public ?
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/bretagne/cotes-d-armor/guingamp/si-cuba-peut-nous-aider-ce-sera-tres-bien-a-guingamp-de
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/image/j6G3me264vNxfKTgwYb_qALLtxw/930x620/regions/2024/02/17/cuba-65d0d793ca9f6045510435.jpg

    « Si Cuba peut nous aider, ce sera très bien ». À Guingamp, des médecins cubains pour sauver l’hôpital public ?
    Écrit par Camille Bluteau
    Des médecins cubains pourraient-ils sauver l’hôpital public de Guingamp ? Vendredi 16 janvier, les défenseurs de l’hôpital de Guingamp (Côtes-d’Armor) ont rencontré Otto Vaillant, l’ambassadeur de Cuba. Chaque année, des dizaines de milliers de médecins cubains sont formés pour venir exercer à l’étranger et ils sont prêts à venir en France. Faire venir des médecins cubains pour sauver une maternité ? C’est le pari lancé par des défenseurs de l’hôpital de Guingamp (Côtes-d’Armor) qui ont rencontré vendredi 16 février 2024 l’ambassadeur de Cuba, Otto Vaillant, dans un territoire marqué par des difficultés d’accès aux soins. Chaque année, des dizaines de milliers de médecins cubains sont formés pour venir exercer à l’étranger et sont prêts à venir en France. L’agglomération de Guingamp-Paimpol avait invité le diplomate car elle a eu connaissance de « la possibilité d’envoi de médecins cubains dans le monde pour aider tant dans l’urgence que dans le temps », a expliqué son président Vincent Le Meaux, évoquant « un besoin en santé sur nos territoires ». « Si Cuba peut nous aider, ce sera très bien », a-t-il poursuivi. La maternité de Guingamp, menacée de fermeture depuis des années, a obtenu un sursis en 2018 à la demande d’Emmanuel Macron, après une forte mobilisation de la population. Mais depuis avril 2023, les accouchements y sont suspendus, faute d’un nombre de soignants suffisants.
    D’autres hôpitaux de la région souffrent d’un manque de personnel soignant. À Lannion et à Carhaix, l’accès aux urgences est régulé la nuit, faute de médecins urgentistes. Les Côtes-d’Armor sont le département le moins bien loti de la région en termes de densité de médecins. Depuis avril 2023, les accouchements à l’hôpital de Guingamp sont suspendus. Des médecins cubains pourraient venir en renfort.Depuis avril 2023, les accouchements à l’hôpital de Guingamp sont suspendus. Des médecins cubains pourraient venir en renfort.
    D’autres élus, en Bretagne et ailleurs en France, ont aussi sollicité Otto Vaillant, assure le diplomate sans préciser lesquels. Bien sûr, il faudra un décret du gouvernement et l’accord des autorités de santé. Pour les élus locaux, comme pour le syndicat CGT, cette initiative a valeur de test. « Je pense que l’Agence régionale de santé est à l’écoute de toute solution qui viendrait du territoire. Elle a également intérêt à écouter ce qui est proposé par les élus locaux. Nous allons nous employer à écrire très rapidement au président de la République » afin d’"obtenir cet accord par décret", a assuré Vincent Le Meaux. En France, des médecins cubains sont déjà intervenus en Martinique ou en Guyane en pleine crise du Covid-19, d’autres en Italie et en Andorre. Une région italienne, la Calabre, a signé un accord en 2022 pour un déploiement plus important de 500 Cubains. « C’est une solution rapide. Ils ont montré leur efficacité pour se déployer rapidement en cas de sinistre important. On n’est pas dans un sinistre aigu mais on en arrive à une population délaissée depuis 15 ans. Un tiers de nos patients sont sans médecin généraliste dans la région », déclare Christian Brice, médecin urgentiste à l’hôpital de Guingamp.
    Pour celui qui est à l’origine de cette idée, ce renfort cubain ne serait que transitoire, pour éviter les fermetures de service. « Si on laisse fermer ces services d’urgences, si on ne prend pas des mesures qui seraient intermédiaires pour les maintenir ouverts le temps qu’on forme du personnel pour répondre aux demandes légitimes, on ne les rouvrira pas », regrette Gaël Roblin, conseiller municipal de Guingamp. L’hôpital de Guingamp manque notamment d’urgentistes, d’obstétriciens, de sages-femmes. Les besoins précis n’ont pas été évoqués lors des échanges avec l’ambassadeur cubain. Cette rencontre aura permis de mettre « l’État français face à ses contradictions : nous faisons partie des cinq premières puissances mondiales, il y a encore une vingtaine d’années, nous avions le meilleur système de santé au monde et nous nous retrouvons à faire appel à des médecins cubains », estimait Fabrice Dehove, du syndicat SUD, avant les échanges.
    La venue de médecins cubains soulève des questions, comme l’obstacle de la langue et le coût, alors qu’une grande partie du salaire versé par le pays hôte est prélevée par les autorités cubaines. Les médecins cubains pourront apprendre le français, a assuré l’ambassadeur. La question des salaires que toucheraient ces médecins n’a pas été abordée, mais « à compétence égale, il doit y avoir le même salaire », a fait valoir Vincent Le Meaux. Certaines ONG dénoncent les conditions dans lesquelles sont envoyés les médecins cubains à l’étranger. En 2023, selon les autorités cubaines, 22.632 professionnels de santé étaient répartis dans 57 pays. Cette coopération médicale a rapporté 6,3 milliards de dollars en 2018 et 3,9 milliards en 2020, selon des chiffres officiels. Que cette initiative se concrétise ou non, elle aura au moins le mérite d’attirer l’attention sur la situation de l’hôpital public sur ce territoire.

    #Covid-19#migrant#migration#france#cuba#bretagne#personnelmedical#sante#systemesante#

  • Le sexisme s’aggrave en France, notamment chez les plus jeunes
    https://information.tv5monde.com/terriennes/le-sexisme-s-aggrave-en-france-notamment-chez-les-plus-jeunes-

    « Il faut parfois être violent pour se faire respecter », c’est que pensent près d’un quart des hommes de 25 à 34 ans interrogés par l’institut Viavoice. Illustration pour le moins inquiétante de l’état du sexisme en France. Un #sexisme qui perdure et même s’aggrave notamment chez les jeunes générations, comme le constate le rapport annuel du Haut Conseil à l’Égalité.

    2 #féminicides en Bretagne ce week-end, à Saint-Brieuc (Côtes d’Armor) et à Pont-Péan (Ille-et-Vilaine).
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/bretagne/cotes-d-armor/saint-brieuc/saint-brieuc-un-homme-tue-par-arme-a-feu-sa-fillette-et
    #MeToo

  • Implant contraceptif Essure : l’autorité sanitaire alertée en 2017 sur un risque de corrosion
    https://www.mediapart.fr/journal/france/191022/implant-contraceptif-essure-l-autorite-sanitaire-alertee-en-2017-sur-un-ri

    Depuis des années, des milliers de femmes alertent sur le calvaire qu’elles attribuent à la pose de l’implant de Bayer. À ce jour, le fabricant conteste tout problème de sécurité du produit. Un rapport commandé en 2017 par les autorités sanitaires pointe un risque de défectuosité lié à sa composition. Il n’a jamais été rendu public, Splann ! se l’est procuré.

    #contraception #violences_gynecologique #sexisme #santé #essure

  • « Ce que l’on me propose en France, c’est le droit de mourir »

    "Aude se bat pour elle et pour les autres. Pour faire connaître ce cancer très agressif qui cible les femmes jeunes - 40 % d’entre elles ont moins de 40 ans. « C’est un cancer qui progresse vite. Mais quand il est localisé, soigné à temps et qu’il n’y a pas de métastases, il se traite. Même si son taux de récidive est de 30 % et qu’il nous donne une espérance de vie de 14 mois en cas de rechute. »

    Cancer du sein triple négatif. En impasse thérapeutique en France, pourquoi Aude « tente le tout pour le tout » en Allemagne
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/bretagne/cotes-d-armor/lannion/lannion-cancer-du-sein-triple-negatif-en-impasse-therap

    Aude Le Roux est atteinte d’un cancer du sein triple négatif métastasé. La jeune femme, originaire de Lannion, se tourne vers l’Allemagne pour suivre un traitement de « la dernière chance ». Les soins coûtent cher et sont financés grâce à une cagnotte en ligne.

    « Ce que l’on me propose en France, c’est le droit de mourir ». Les mots claquent fort. La voix se tait un instant, rattrapée par les larmes. Aude Le Roux est atteinte d’un cancer du sein triple négatif, diagnostiqué en 2020.
    En impasse thérapeutique en France, la jeune femme, âgée de 35 ans et maman d’un petit garçon de 3 ans, s’est rendue en Allemagne pour recevoir un traitement par immunothérapie et vaccinothérapie. « Quand on n’a plus le choix, on tente le tout pour le tout » confie-t-elle.
    « Mon seul espoir de vivre »

    De retour chez elle depuis quelques jours, à Lannion, dans les Côtes-d’Armor, elle accuse le coup. Et se sent « très fatiguée ». Elle sait que ce voyage est celui de « la dernière chance, mon seul espoir de vivre » car, il y a tout juste un an, elle a appris que des métastases touchent ses os, son foie et ses poumons. Même le Trodelvy, ce médicament novateur qui permet de doubler l’espérance de vie des femmes atteintes d’un cancer du sein triple négatif, n’a pas fonctionné sur elle.

    Aude raconte qu’elle a passé quatre jours « intenses » dans une clinique privée de Dornstetten, proche de la frontière française. Avec, chaque matin, des séances d’immunothérapie combinées au vaccin.

    On connaît des cas de rémission dans cette clinique. C’est pour cela que l’on y va
    Aude Le Roux

    « En France, à part la chimio, on ne peut pas me proposer autre chose, vu mon état, relate Aude. Pour accéder à l’immunothérapie, il aurait fallu que je ne reçoive aucun traitement après la découverte des métastases. Quant au vaccin, il en est au stade des essais cliniques et les critères pour faire partie de ces essais sont drastiques. »

    Alors, elle s’est tournée vers l’Allemagne et plus particulièrement cette clinique où d’autres ’triplettes’ - c’est ainsi que les femmes touchées par le cancer du sein triple négatif se surnomment- ont également été soignées. « On connaît des cas de rémission dans cet établissement spécialisé en oncologie, c’est pour cela que l’on y va » souligne-t-elle encore.
    Une cagnotte en ligne pour payer les soins

    Le coût du traitement est élevé : environ 200.000 euros pour une année. Car Aude va devoir se déplacer jusqu’en Allemagne toutes les trois semaines, tout en poursuivant sa chimiothérapie à l’hôpital de Plérin. Les soins pratiqués ne seront pas remboursés par la sécurité sociale. Impasse thérapeutique mais aussi impasse financière.

    « J’ai vu Aude en janvier, raconte l’une de ses amies, Iris le Gars. Elle était désemparée. ’Il ne me reste plus que l’Allemagne’ m’a-t-elle dit. Elle m’a aussi dit ce que coûterait un tel traitement, j’étais effarée par la somme ».

    Avec trois autres amies, Iris décide de créer une association : Audalavie. Elle lance une cagnotte en ligne. Les dons arrivent très vite. 50.000 euros en quelques jours, puis 100.000. A ce jour, 182.868 euros ont été collectés. Soit un an de soins pour Aude. « La cagnotte est toujours ouverte, précise Iris. Une fois qu’Aude n’aura plus besoin de ce traitement, nous reverserons ce qu’il reste d’argent à d’autres femmes qui en ont besoin ».
    Move for Aude ce week-end

    L’association organise aussi des événements pour recueillir des dons. Comme cette opération « Move for Aude » qui débutera ce 4 mars. « Il suffit d’acheter un dossard en ligne à 4 euros, de chausser ses baskets et de faire une activité sportive de son choix » explique Iris Le Gars.

    Courir, marcher, pédaler, nager, surfer.... L’essentiel étant de poster vidéos et photos accompagnées du hashtag #moveforaude. « On a déjà 400 inscriptions, se réjouit la présidente d’Audalavie. Les clubs sportifs relaient le défi. C’est génial car nous voulons aider notre amie dans son combat ».

    « Retrouver un semblant de vie normale »

    « Cette générosité m’a donné de l’énergie et de la force » sourit Aude Le Roux qui peut compter sur son entourage. « Grâce au soutien de ma famille, de mes amis, je suis toujours là ».

    En deux ans, elle a enchaîné chimiothérapies, ablation du sein, le corps pétri de douleurs constantes. Des jours avec, des jours sans. Parfois, le moral est plus sombre. « J’aimerais jouer au tennis avec mes copines, sortir avec mon fils sans avoir mal, danser, profiter de la vie, retrouver un semblant de vie normale. Et surtout, vivre sans douleurs ».

    Le matin, elle dort beaucoup. Quand le physique suit, elle rejoint l’association Solution-Riposte où elle pratique l’escrime. Là, elle y croise d’autres femmes qui ont été opérées d’un cancer du sein et qui, comme elle, viennent réapprendre la mobilité de leur bras, mais également se reconstruire. « Ça me fait du bien » dit-elle.

    C’est un cancer qui progresse vite. Mais quand il est localisé, soigné à temps et qu’il n’y a pas de métastases, il se traite
    Aude Le Roux

    Aude se bat pour elle et pour les autres. Pour faire connaître ce cancer très agressif qui cible les femmes jeunes - 40 % d’entre elles ont moins de 40 ans. « C’est un cancer qui progresse vite. Mais quand il est localisé, soigné à temps et qu’il n’y a pas de métastases, il se traite. Même si son taux de récidive est de 30 % et qu’il nous donne une espérance de vie de 14 mois en cas de rechute. »

    Cette sportive dans l’âme avait prévu de faire le tour de Bretagne à vélo, l’année dernière, pour informer et sensibiliser sur le triple négatif. Les résultats de son scanner ont stoppé net l’initiative. « Depuis, je n’ai pas trouvé la force de le faire. Je le ferai plus tard. J’espère qu’un jour, je pourrai ».

  • Ploudalmézeau. Des algues vertes bien envahissantes dans le port
    https://www.ouest-france.fr/bretagne/ploudalmezeau-29830/ploudalmezeau-des-algues-vertes-bien-envahissantes-dans-le-port-c21e746
    https://media.ouest-france.fr/v1/pictures/MjAyMTA3YmM4NGZhNTllMmNlOTgwMDFhYjQ1YWYzNzg2OTczMDc?width=1260&he

    Les algues vertes dans le port de Ploudalmézeau (Finistère)… Un sujet qui fâche ou qui partage. Plutôt que d’en parler, vendredi 9 juillet 2021, une trentaine de volontaires a préféré prendre le problème à bras-le-corps.

    Vendredi 9 juillet 2021, dès 9 h, une trentaine de volontaires armés de fourches et de râteaux étaient à pied d’œuvre, prêts à débarrasser le port de Ploudalmézeau (Finistère) de ses encombrantes algues vertes. Des usagers du port disposant de mouillages, du personnel communal, des plaisanciers de Kersaint venus en voisins, des vacanciers pour qui cela semblait naturel de venir prêter main-forte. (...)
    https://media.ouest-france.fr/v1/pictures/MjAyMTA3ZTI2N2FjZDFhNjAyMDBiZjFjYTlhODE2NDQ0MGQ1NmM?width=630&foc

    Inès Léraud
    @ileraud 7:21 PM · 15 juil. 2021·
    https://twitter.com/ileraud/status/1415723090764574728

    [Thread] Marées vertes, la cata. Quelques nouvelles de Ploudalmézeau (Ouest France 15 juillet) + photo du 11 juillet, de Saint-Pol de Léon (photo du 13 juillet), de Lorient (photo du 13 juillet).

    #algues_vertes

    • Algues vertes. Des plages fermées en baie de Saint-Brieuc
      Ouest-France Brice DUPONT. Publié le 13/07/2021
      https://www.ouest-france.fr/bretagne/hillion-22120/algues-vertes-des-plages-fermees-en-baie-de-saint-brieuc-197047c6-e3d3-

      ​Les échouages d’algues vertes sont importants cette année sur certaines plages de Bretagne. En baie de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor), des sites ont dû être fermés au public, ce 13 juillet 2021.

      Une vive odeur d’œuf pourri qui saisit riverains et randonneurs. En fond de baie de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor), les algues vertes en décomposition sont nombreuses et dérangent en ce début d’été. À tel point que certaines plages ont dû être interdites au public, le gaz se dégageant des algues en putréfaction représentant un danger.

      C’est le cas notamment à Hillion, près de Saint-Brieuc, où les plages de l’Hôtellerie et de Saint-Guimond sont fermées « jusqu’à nouvel ordre », avec barrières installées pour empêcher le public d’accéder. Des sites vaseux où le ramassage des algues vertes n’est techniquement pas possible. D’autres plages du secteur sont touchées par le phénomène, mais la collecte régulière permet d’éviter l’accumulation des ulves. (...)

    • Jamais un mot sur la seule raison d’une telle prolifération : 60 % de la production française de porcs sur trois départements (Finistère, Côtes d’Armor, Morbihan, l’Ille et Vilaine c’est des vaches laitières fournisseures de Lactalis et Triballat, pas mieux ;(( La seule issue possible, c’est de végétaliser son alimentation et renoncer à la côte de porc. Le Golfe du Mexique, la Chine, pareil marées vertes partout devant l’avidité humaine pour la viande.

  • Au large de Saint-Brieuc, une fuite d’huile « significative » s’échappe du chantier éolien
    https://www.liberation.fr/environnement/pollution/au-large-de-saint-brieuc-une-fuite-dhuile-significative-sechappe-du-chant

    C’est une « pollution d’ampleur significative », selon les autorités. Le navire Aeolus, chargé des travaux de forage dans le cadre du projet controversé de parc éolien en baie de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor), a déclaré avoir rejeté accidentellement « une fuite d’huile de 100 litres » lundi matin. Le navire, appartenant à la société Van Oord, a déclaré la fuite lundi à 6 h 30, selon un communiqué de la préfecture maritime de l’Atlantique., qui a précisait qu’il s’agissait « d’huile hydraulique qui sert au système de forage ». La pollution a d’abord été observée par le satellite CleanSeaNet, puis confirmée par un avion des douanes dans l’après-midi. La nappe, de près de 16 kilomètres de long et de 2,8 kilomètres de large, est située à 18,5 km des côtes, au nord d’Erquy.

    #éolien #pollution #Bretagne

  • Masques : l’usine de Plaintel a fermé il y a deux ans - Bretagne - Le Télégramme
    https://www.letelegramme.fr/bretagne/masques-l-usine-de-plaintel-a-ferme-il-y-a-deux-ans-28-03-2020-12532801


    Président de Saint-Brieuc entreprises, et adjoint au maire de Saint-Brieuc, Jean Jacques Fuan fut le directeur de l’usine de fabrication de masques respiratoires de Plaintel, de 1991 à 2006.
    Photo archives Le télégramme

    En 2018, le groupe américain Honeywell ferme, sans états d’âme, l’usine de fabrication de masques de protection respiratoire de Plaintel (22) et détruit les machines. Un outil dont on aurait bien besoin en ce moment.

    « Quand je vois le nombre d’appels téléphoniques de chefs d’entreprise qui, ces derniers jours, me demandent si je sais où se trouvent les machines de l’usine Giffard, je mesure l’importance de la perte de cet outil dans le contexte actuel », confie aujourd’hui Joseph Le Vée, maire de Plaintel.

    « Scandaleux »
    Malheureusement, certaines machines, les plus simples, ont pris le chemin de la Tunisie et les lignes automatiques de fabrication des masques dont on manque tant aujourd’hui ont été détruites. Honeywell, qui a racheté l’usine, en 2010, les a vendues à un ferrailleur, après la cessation de l’activité et le licenciement de la quarantaine de salariés, en 2018. D’autant plus « scandaleux », selon Jean-Jacques Fuan, ex-directeur du site de 1991 à 2006, qu’elles avaient été fortement subventionnées par l’État pour produire des dizaines de millions de masques, lors de l’épidémie de H1N1 en 2009. Ce qui avait obligé l’entreprise à recruter 100 salariés supplémentaires, les effectifs culminant à 250 personnes.

    L’aventure avait bien commencé
    Le point d’orgue d’une belle aventure. Celle du fabricant de chapeaux briochin, Louis Giffard. Face au déclin de ces couvre-chefs dans les années 60-70, il se reconvertit dans la fabrication de masques de protection respiratoire. Une intuition inspirée lors d’un voyage aux USA mais aussi par un contexte où le monde de l’entreprise commence à prendre en considération la santé au travail. Les débuts promettent. L’activité est soutenue mais la méthode reste artisanale et les rebuts importants. Le rachat par le suédois Bilsom, en 1989, au décès de son créateur se traduit par l’industrialisation du site. La reprise, en 1993, par le groupe Dalloz, puis Spirian, le mène à son déclin. Une « mise à mort » qu’achève Honeywell, après huit ans d’activité réduite. « Et ce, malgré des repreneurs potentiels », affirme Jean-Jacques Fuan.

    « Entreprise d’utilité publique »
    « Quand les Américains sont arrivés, je me suis demandé non pas si mais quand on allait fermer », raconte un ancien salarié. « Quand ils achètent, c’est pour faire des bénéfices, de 15 à 20 %. Or, en France, c’est impossible. Et d’autant moins que c’était Honeywell qui achetait nos masques et en fixait les prix, au plus bas ! Nous étions en chômage la moitié du temps. Nous avons alerté les responsables politiques pour qu’ils défendent une entreprise d’utilité publique. Mais l’économie était reine et nous n’étions plus que 38 salariés. Où était le problème ? ». Serge Quéau, de Solidaires 22, rappelle que les sections CFDT et CGT de l’usine avaient, à l’époque, tiré la sonnette d’alarme et « s’étaient même adressées au Président Macron et au ministre de l’Économie, mais en vain. Aujourd’hui, le retour au réel est brutal ».

    Recréer le site en urgence ?
    « On ne comprend pas pourquoi la cinquième puissance mondiale n’est pas capable de produire suffisamment de masques », renchérit Christine Prunaud. L’exemple de Giffard démontre, selon la sénatrice communiste des Côtes-d’Armor, qu’il est vital de ne pas laisser détruire l’outil industriel du pays, surtout quand il concerne la santé. Et d’espérer, qu’après cette crise, « on reverra fondamentalement le modèle économique dominant ». À court terme, Serge Quéau suggère que l’on recrée en urgence une unité de production de masques à Plaintel : « Le personnel compétent existe et on pourrait utiliser une partie des 750 milliards débloqués par le Banque Centrale Européenne ». Encore faudrait-il trouver des machines…

    • Même sujet, avec un·e SR en congé maladie semble-t-il puisque les coquilles ne manquent pas et que c’est mal écrit.

      Une usine de masques fermée dans les Côtes d’Armor en 2018 : un crève coeur pour l’ex-directeur - France 3 Bretagne
      https://france3-regions.francetvinfo.fr/bretagne/cotes-d-armor/usine-masques-fermee-cotes-armor-2018-creve-coeur-ex-di

      L’Union Syndicale Solidaires des Côtes d’Armor ne mâche pas ses mots pour qualifier la fermeture de l’usine de masques respiratoires jetables Honeywell. L’entreprise était basée à Plaintel près de Saint Brieuc, mais son propriétaire américain baisse le rideau en 2018. Le site était pourtant rentable selon les ex-salariés, mais pas suffisamment sans doute.

      « Honeywell a pris la décision irresponsable en novembre 2018 de détruire ses huit machines en les faisant concasser par la déchetterie située sur la zone industrielle des Châtelet à Ploufragan », dénonce le syndicat Solidaires.

      « On était le principal fabriquant pour la France », se souvient Jean Jacques Fuan, directeur du site de 1991 à 2006, « et on vendait partout dans le monde : Japon, Corée, Etats-Unis ». C’est même à Plaintel qu’a été créé le masque FFP2 pliable, celui qui nous manque tellement aujourd’hui.

      « Aujourd’hui, le retour au réel est brutal », ajoute Solidaires dans un communiqué, « et c’est avec stupeur que le pays tout entier découvre avec la catastrophe sanitaire du coronavirus qu’il ne possède pratiquement pas de stocks de masques ».

      Jean-Jacques Fuan parle d’une « faiblesse des intervenants de l’Etat. L’entreprise avait bénéficié de subventions importantes au moment de la grippe H1N1, et pourtant aucune volonté de convoquer Honeywell pour tout mettre en oeuvre afin de sauver l’entreprise. »

      #masques #coronavirus #planification #industrie_de_marché

    • France 3 Bretagne
      30 mars 2020

      Qui se souvient de l’entreprise Honeywell de Plaintel près de Saint Brieuc ? Cette usine spécialisée dans la fabrication de masques a fermé en 2018. Aujourd’hui l’ancien directeur regrette que son entreprise n’ait pas été plus soutenue par les pouvoirs publics au moment du dépôt de bilan.

      Le reportage à Plaintel (22) de Jean-Marc Seigner, Catherine Bazille - archives 2009 - Interview : Jean-Jacques Fuan, ancien directeur de l’unité de production de Plaintel

      https://www.youtube.com/watch?time_continue=2&v=FyrHwknMCpA&feature=emb_logo

    • un rapport d’audit financier confidentiel réalisé en 2018, peu avant la fermeture de l’entreprise bretonne. Selon les conclusions de ce document, jamais révélé, jusqu’ici « le motif économique du plan de licenciement collectif est infondé ».

      « La fermeture du site apparaît relever de motifs financiers et stratégiques bien plus qu’économiques parce que le résultat net est construit artificiellement, analyse le document. Dire que le site de HSP (Honeywell Safety Products) Armor devrait fermer pour cause économique est techniquement infondé… à moins de considérer que fournir un dividende par action et une valorisation boursière 2017 record (et supérieur à la moyenne des 500 entreprises cotées les plus représentatives du marché boursier américain) est un motif économique. Ce qui est plus que discutable. Il est évident que la fermeture du site de Plaintel ne permettra pas d’augmenter le dividende par action de 9 % comme annoncé par le nouveau CEO (Chief Executive Officer) du groupe, mais cela participe bien à la stratégie économique et financière globale du groupe. »

    • Comment la France a sacrifié sa principale usine de masques basée en Bretagne

      Alors que la France manque cruellement de masques face à l’épidémie de coronavirus, une entreprise française, installée en Bretagne, qui pouvait en fabriquer jusqu’à 200 millions par an, a fermé en 2018 après avoir été rachetée par un groupe américain. Qui est responsable de ce fiasco ? La cellule investigation de Radio France a enquêté.

      « Pour eux, on est un peu comme des pions sur un jeu de Monopoly. » Antoine* est un « ancien » de l’usine de Plaintel, dans les Côtes-d’Armor. Depuis les années 90, il a vu passer plusieurs repreneurs de l’usine bretonne spécialisée dans la fabrication des masques respiratoires, notamment les fameux masques FFP2 indispensables au personnel médical. Il a connu le boom de l’entreprise au moment de la grippe H1N1, en 2009, lorsque l’usine fonctionnait « 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 » avec « huit machines, dont cinq supplémentaires », raconte-t-il. Une capacité de production multipliée par cinq et 300 employés pour fabriquer des masques pour la France entière.

      En pleine pandémie de coronavirus, et alors que la France manque actuellement cruellement de masques pour protéger les personnels soignants notamment mais aussi tous ceux qui continuent de travailler au contact du public, cette entreprise française, installée en Bretagne et qui pouvait en fabriquer jusqu’à 200 millions par an, a fermé en 2018 après avoir été rachetée par un groupe américain.

      « En 2005, j’avais signé un protocole d’accord avec le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, explique Roland Fangeat, ancien président de la division respiratoire du groupe Bacou-Dalloz, propriétaire de l’usine de Plaintel à l’époque. Nous nous engagions à garantir une production d’au moins 180 millions de masques par an. Le groupe a investi plus de près de neuf millions d’euros sur le site de Plaintel pour financer notamment une extension. Nous avions une capacité de production de 220 millions de masques par an, quatre millions par semaine, en cas de crise. »

      L’État s’engage, avant de se retirer

      Dans ce protocole d’accord, dont la cellule investigation de Radio France révèle l’existence, « l’État s’engage à commander à l’entreprise » plusieurs millions de masques chaque année. « L’État assurera le renouvellement de son stock arrivé à péremption », prévoit l’article 11 de cet accord. Une ligne de conduite alors suivie par l’État, malgré certains retards dans les commandes, comme le montre ce courrier du 14 juin 2006 de Dominique de Villepin : « Je tiens à vous assurer que l’État continuera à respecter ses engagements, en termes de quantité comme de calendrier », écrit le Premier ministre de Jacques Chirac.

      En 2010, le géant américain Honeywell rachète le groupe Sperian (le nouveau nom de Bacou-Dalloz) alors propriétaire de l’usine de Plaintel qui compte encore 140 salariés.
      Licenciements, délocalisation et fermeture

      « Lorsque les Américains arrivent à #Plaintel, ils nous expliquent qu’ #Honeywell est une chance pour nous et que nous allons ’intégrer’ un groupe mondial avec des ’valeurs’ et une force de frappe commerciale importante », témoigne Damien*, ancien employé de l’usine de Plaintel. Pourtant, dès 2011, le groupe annonce 43 suppressions d’emplois. Les plans de licenciement s’enchainent, le chômage partiel devient la règle. A l’été 2018, les 38 derniers salariés de l’entreprise sont finalement licenciés pour des motifs « économiques ».

      La production de masques est délocalisée sur un site déjà existant (créé dans les années 90) à Nabeul, en Tunisie. En septembre 2018, l’usine de Plaintel ferme ses portes. Un mois plus tard, les chaînes de production sont détruites. Alexandre*, lui aussi un ancien salarié, se souvient : « Lorsque je suis sorti pour ma pause-déjeuner, j’ai vu un semi-remorque embarquer un morceau de nos lignes de production qui mesuraient entre 50 et 60 mètres de long. Tout est parti chez le ferrailleur pour être détruit. J’étais vraiment choqué. J’avais l’impression de voir un corbillard chercher le corps d’un mort. C’est un peu à l’image de ce qui nous est arrivé au sein de l’entreprise. »

      Lors de sa fermeture, l’entreprise ne produisait plus que huit millions de masques par an.
      Le silence de l’État

      À l’été 2018, les élus du personnel, à la demande des salariés, tentent d’interpeller par mail le président de la République. Ils expliquent au chef de l’État que l’usine de Plaintel est « une entreprise d’utilité publique » dont l’actionnaire américain a tout fait pour la rendre « largement déficitaire » tout en « absorbant massivement les deniers publics ». « Nous sollicitons votre aide pour intercéder en notre faveur auprès des dirigeants du groupe » concernant « des indemnités de licenciement dont le niveau se situe très largement au deçà de ce qui se pratique habituellement chez Honeywell, en Europe de l’Ouest », peut-on encore lire dans ce courrier adressé à l’Élysée.

      Le 24 juillet 2018, le chef de cabinet de l’Élysée lui répond qu’il prend « bonne note » de ce courrier qu’il transmet au ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire. Le 7 août 2018, le chef de cabinet de Bruno Le Maire répond à son tour que « le ministre a pris bonne note des éléments (…) communiqués et a demandé à la délégation interministérielle aux restructurations d’entreprise et à la direction générale des entreprises de faire le point sur ce dossier. Vous serez directement informé de la suite qui pourra lui être réservé », explique le ministère de l’Économie. « Je n’ai eu aucune nouvelle… », témoigne auprès de la cellule investigation de Radio France l’un des salariés à l’origine de l’envoi de ce courrier.

      Contactée, la présidence de la République ne fait aucun commentaire. « C’est le temps de l’unité, pas de la polémique », souffle un proche de l’Élysée. Du côté du ministère de l’Économie, on assure « ne pas avoir eu les moyens d’empêcher une fermeture d’usine dans un secteur qui n’était pas alors considéré comme stratégique ».

      Ce n’est pas l’entreprise qui est en cause mais plutôt l’État qui a arrêté de stocker des masques, ajoute ce conseiller de Bruno Le Maire. Sans commande du ministère de la Santé entre 2010 et 2017, le site a été utilisé très en dessous de sa capacité. Si Honeywell avait eu une commande régulière de masques pour le compte de l’État, l’usine n’aurait pas fermé."

      « Ce message des salariés n’était pas une interpellation du chef de l’État demandant à conserver le site, souligne encore Bercy. Il s’agissait essentiellement d’une demande portant sur le niveau des indemnités de départ. Nous avons donc transmis à la Direccte [direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi] en lien avec le ministère du Travail. »

      « À l’époque, la fermeture de l’usine a été considérée comme un non-évènement, s’indigne Serge Le Quéau, militant au syndicat Solidaires des Côtes-d’Armor. Jamais la question de l’utilité sociale de cette production de masques n’a été abordée. »

      « Personne n’a rien fait lorsque notre usine a fermé, témoigne encore Coralie*, l’une des 38 personnes licenciées. C’est révoltant. On a eu l’impression qu’on nous laissait tomber. Quand je vois ce qui se passe en ce moment avec l’épidémie de coronavirus, je me dis que je devrais être en train de fabriquer des masques… »
      De l’artisanat à la mondialisation

      « C’est une belle histoire industrielle qui se termine par un beau gâchis », commente, un brin désabusé, l’ancien maire de Plaintel, Joseph Le Vée. Pour comprendre comment on en est arrivé là, il faut remonter à 1964, lorsque le Français Louis Giffard reprend l’activité de fabrication de chapeaux pour dames de son père. Le secteur est alors en déclin. Un an plus tard, Louis Giffard se lance donc dans la production de masques anti-poussières. En 1971, il crée une société anonyme à Saint-Brieuc (baptisée FILGIF puis GIFFARD) et tente de s’inspirer de ce qui se passe aux États-Unis avec la société 3M qui écrase le marché. Dans les années 80, Louis Giffard quitte ses locaux à Saint-Brieuc pour s’installer à Plaintel.

      « C’est l’époque où on commence à s’occuper plus sérieusement de la santé des salariés, explique l’ancien directeur général du site de Plaintel, Jean-Jacques Fuan. Il y a un essor important de ce qu’on a appelé les EPI, les équipements de protection individuelle. Mais la manière de produire des masques de Louis Giffard est assez artisanale. Elle entraîne jusqu’à 30 % de rebut. » Après la mort de Louis Giffard, l’entreprise est vendue au groupe suédois Bilsom, en 1986. Elle est rachetée par le groupe français Dalloz en 1993 qui devient le groupe Bacou-Dalloz en 2001 (rebaptisé Sperian en 2003).

      La production s’automatise et les normes se développent. « Nous vendions des masques dans le monde entier, se souvient Jean-Jacques Fuan, en Allemagne, en Angleterre, en Suède, à Taïwan, au Japon, en Amérique du Sud, aux États-Unis… Lorsque je suis devenu directeur industriel du groupe en 2003, j’ai été chargé d’harmoniser les pratiques des 48 sites de production en Europe et en Afrique. Mon rôle a consisté à rationaliser les fabrications du groupe pour faire des économies d’échelle. » Jean-Jacques Fuan quitte le groupe Sperian, alors propriétaire de l’usine de Plaintel, en 2006.

      Mais en Bretagne, on ne ressent pas encore l’effet des réductions des coûts. « Pour moi, ces années correspondent à une modernisation de l’entreprise, se souvient Alexandre*. C’est en 2010 avec Honeywell que tout bascule. »
      Un licenciement économique « infondé »

      La fermeture de l’usine de Plaintel était-elle vraiment inéluctable ? Les éléments recueillis par la cellule investigation de Radio France permettent d’établir que la reprise de l’usine bretonne par Honeywell en 2010 s’apparente plutôt à une opération financière sans réelle volonté de développer l’outil de production. C’est ce que montre notamment un rapport d’audit financier confidentiel réalisé en 2018, peu avant la fermeture de l’entreprise bretonne. Selon les conclusions ce document, jamais révélé, jusqu’ici « le motif économique du plan de licenciement collectif est infondé ». « La fermeture du site apparaît relever de motifs financiers et stratégiques bien plus qu’économiques parce que le résultat net est construit artificiellement », analyse le document.

      « Il est évident que la fermeture du site de Plaintel ne permettra pas d’augmenter le dividende par action de 9 % comme annoncé par le nouveau CEO (Chief Executive Officer) du groupe, mais cela participe bien à la stratégie économique et financière globale du groupe », poursuit le texte.

      Ce rapport d’audit note également « un changement de stratégie qui marginalise les masques au sein d’Honeywell Safety Products », la division de l’entreprise dont dépend l’usine de Plaintel. Honeywell « souhaite désormais se concentrer sur des activités davantage rentables, où il est leader et en avance dans la course technologique face à ses concurrents, explique le document. La priorité est de pousser l’offre sur les solutions connectées, à forte profitabilité. La priorité de la direction est de rationaliser la gamme et de se concentrer sur les marchés en forte croissance que sont l’Inde et la Chine. »

      « Le groupe Honeywell n’a finalement jamais investi dans le site de Plaintel, constate encore le rapport d’audit. Les seuls investissements significatifs ont concerné un bâtiment de près de 20 000 m² largement sur-dimensionné. Les investissements en machines et outils de production ont été plus que limités depuis la reprise du site de Plaintel par Honeywell. (…) La conséquence directe est que l’usine fonctionne depuis lors avec un outil vieillissant et aujourd’hui loin des performances des machines plus modernes. L’investissement incorporel (brevets notamment) a été inexistant et les dépenses de R & D [recherche et développement] n’ont pas concerné de réelles innovations mais presque exclusivement des homologations. Elles ont été largement financées par le Crédit impôt recherche. Ces éléments viennent étayer le fait que le site de Plaintel n’a jamais été une entité stratégique pour le groupe, insiste le rapport, mais bien un complément non core [non essentiel] de sa gamme d’EPI [équipement de protection individuelle] et une source potentielle de revenus élevés en cas de pandémie. Cela correspond tout à fait à la stratégie du groupe. Il n’investit que dans des marchés à forte croissance et à forte profitabilité puis accompagne ses activités matures sans investir jusqu’à arrêt ou cession de l’activité (..) Le marché du masque jetable reste en croissance et reste rentable à condition d’investir régulièrement dans ses outils de production et ses produits », ajoute le rapport d’audit.

      Ce désinvestissement du groupe Honeywell est confirmé par les témoignages d’anciens salariés que nous avons recueillis. « Il y avait une stratégie claire de fermeture de l’entreprise, assure Damien*. Pour un groupe américain comme Honeywell, l’investissement doit forcément être remboursé par les bénéfices en six mois, c’est impossible ! Les investissements étaient donc interdits. Si on voulait lancer des nouveaux produits, c’était à nous de nous débrouiller, il n’y avait pas de crédit pour la recherche-développement. À l’époque de l’ancien propriétaire, le groupe Sperian, un nouveau masque sortait tous les quatre ans, j’en ai vu défiler trois. Avec Honeywell, aucun nouveau masque n’a été développé sur le site de Plaintel en huit ans. En fait, on cherche à faire mourir l’entreprise. »

      « La période précédente a correspondu à une modernisation de l’entreprise, confirme Coralie*. Beaucoup d’innovations, la création d’un laboratoire et le renforcement du service recherche-développement. »

      « Nous avons découvert le système Honeywell, témoigne Antoine*. Ils appellent ça le ’Honeywell operating system’, ce qui correspond en fait au lean management, c’est-à-dire : l’usine maigre. Le but est de supprimer tous les gaspillages à travers une multitude de procédures souvent ubuesques. Réfléchir, c’était déjà commencer à désobéir. Il fallait appliquer les standards… même complètement idiots. Il y avait un système baptisé ’5 S’ qui établissait toute une série de règles pour un rangement poussé à l’extrême : chaque poubelle, téléphone ou même revue devait avoir une place bien déterminée. C’était du grand n’importe quoi. Honeywell appliquait également la technique du gemba, un mot japonais qui veut dire ’sur le terrain’. Le but était de faire venir les managers en force au sein de l’usine, ce qui stressait énormément les salariés. »

      « Honeywell surveillait constamment les stocks de matières premières, ajoute Damien*. Il ne fallait pas dépasser un certain niveau pour ne pas perdre de l’argent… parce qu’un stock, c’est de l’argent immobilisé. Et donc ce stock baissait régulièrement. Sauf que lorsqu’il fallait fournir des quantités importantes pour répondre à la demande d’un client, nous n’avions plus la capacité de le faire. Le client devait attendre trois mois. Du coup, il allait voir ailleurs. C’était un cercle vicieux : faute de commandes notre production baissait, donc notre stock diminuait… ce qui faisait à nouveau diminuer la production. »

      Une stratégie parfaitement assumée par le groupe américain. Ainsi, les catalogues de la firme américaine ne contiennent pas la gamme de masques Easyfit qui correspond aux masques utilisés en cas de pandémie. C’est ce qu’on constate dans le catalogue 2014-2015 ou 2016-2017 du groupe.

      « Le fait qu’Honeywell n’essayait pas de vendre la totalité des produits que l’usine de Plaintel était en capacité de produire montre bien que le groupe voulait fermer le site, c’est tout, ajoute Antoine*. D’ailleurs, ils encourageaient les salariés à partir. Dès que l’effectif est descendu sous la barre des 50 personnes, ils ont lancé le go pour la fermeture. »

      Contactée, la direction de la communication d’Honeywell a décliné notre demande d’interview. Elle se borne à réaffirmer que la décision de fermer le site de Plaintel « a été prise pour rationaliser [ses] activités mondiales et mieux servir [ses] clients ».
      Des choix financiers contestables

      Pourtant, les conclusions du rapport d’audit confidentiel de 2018 que la cellule investigation de Radio France a pu consulter montrent que le site de Plaintel était tout à fait être rentable. « L’activité d’Honewell de masques respiratoires jetables en Europe, dont celle de HSP (Honeywell Safety Products) Armor, est une activité rentable », peut-on lire dans ce document.

      « Les comptes sociaux de HSP Armor n’en témoignent que partiellement dans la mesure où :

      – Une partie (non négligeable) de la marge est captée par HSP Europe, l’entité de commercialisation du groupe pour ces produits.

      – Les frais généraux intègrent des coûts de management, de services centraux, de top management, de commercialisation et de reporting bien supérieurs à ce que peut supporter une entité de moins de 5 millions de chiffre d’affaires et de moins de 50 personnes. »

      Autrement dit : ce sont les choix financiers opérés par le groupe qui placent l’usine de Plaintel sous tension. Malgré cela, l’usine continue d’être profitable à Honeywell, constate encore le rapport d’audit. La « rentabilité économique [de l’usine] est avérée, peut-on lire dans le document, mais trop faible pour les standards du groupe » Honeywell.
      « Une mort programmée »

      « Ce qu’il faut bien comprendre c’est que l’usine de Plaintel n’avait pas accès directement au marché, explique Antoine*. Elle avait un unique client… c’était le groupe Honeywell. C’était lui qui fixait le prix d’achat des masques, donc si on ne rapportait pas assez d’argent, c’était de leur fait. Nous étions une goutte d’eau dans leur chiffre d’affaire. »

      « Le groupe a construit une rentabilité très faible du site de Plaintel, estime l’avocat Laurent Beziz, qui défend plusieurs salariés licenciés. Le groupe fixait les prix très faibles auxquels étaient vendus les articles [c’est ce qu’on appelle les prix de cession ou prix de transfert] tout en effectuant des refacturations importantes de frais. Résultat : la rentabilité était forcément insuffisante. Tout ça était planifié, il s’agit d’une construction économique. La mort de l’usine de Plaintel était programmée. »

      Ce point est également confirmé par l’audit réalisé en 2018 au sein de l’entreprise. « Avec une construction différente du compte de résultat, et notamment des prix de transfert, l’activité de HSPA aurait pu être bien plus profitable et dégager des résultats significatifs », conclut le rapport d’audit.

      « Il y a eu un abus de l’employeur dans l’exercice de son droit de cesser son activité », estime encore l’avocat Laurent Beziz. C’est la raison pour laquelle plusieurs salariés contestent leur licenciement devant le tribunal administratif et le conseil de prud’hommes. Parmi eux se trouvent cinq salariés « protégés » (délégués du personnel et représentants syndicaux) dont le licenciement a été refusé par l’inspection du travail.
      Quand le ministère du Travail déjuge l’inspection du Travail

      Dans une lettre datée du 22 janvier 2019 que la cellule investigation a pu consulter, l’inspecteur du travail de Saint-Brieuc estime que « le motif économique invoqué à l’appui de la demande de licenciement n’est pas avéré » estimant que « la seule volonté de majorer le profit de l’entreprise n’entre pas dans la définition des difficultés économiques. »

      Le 17 juillet 2019, la direction générale du travail désavoue l’inspection du travail, validant ainsi le licenciement économique de cinq salariés protégés de Plaintel. « Si une partie des moyens de production ont été déménagés en Tunisie afin d’être réutilisés par une autre entité du groupe, il n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’une entité juridique distincte de l’entreprise HSAP (Honeywell Safety Products Armor), estime la direction générale du Travail. De fait, la cause économique invoquée par l’employeur, à savoir la cessation totale et définitive de l’entreprise, doit s’apprécier au niveau de l’entreprise. Il est constant que la cessation totale et définitive de l’entreprise constitue une cause économique autonome sans qu’il n’appartienne à l’autorité administrative d’examiner la réalité d’éventuelles difficultés économiques rencontrées par l’entreprise en amont de la décision de cesser son activité. »

      Autrement dit : l’État n’a pas à interférer dans la décision, souveraine, d’Honeywell. « Nous contestons l’analyse du ministère du Travail, commente l’avocat des salariés, Me Beziz, il s’agit bien d’une délocalisation. » Contacté, le ministère du Travail n’a pas souhaité réagir. Quant à l’avocat d’Honeywell, Philippe Gautier, il n’a pas donné suite à notre demande d’entretien.
      Faire revivre l’usine de Plaintel ?

      « Avec cette crise du coronavirus, les vieux logiciels de compréhension doivent être modifiés, estime Serge le Quéau du syndicat Solidaires des Côtes-d’Armor. Il faut que l’État et surtout les citoyens et les salariés se réapproprient collectivement certains moyens de production essentiels à l’intérêt de la nation. » Avec d’autres, comme l’ancien directeur général du site de Plaintel, Jean-Jacques Fuan, Serge Le Quéau plaide pour une reprise de l’activité de l’usine à travers une Société coopérative d’intérêt collectif (SCIC).

      L’idée avait été portée en 2001 par l’ancien secrétaire d’État à l’Économie sociale et solidaire du gouvernement Jospin, Guy Hascoët. Ce dernier est désormais en contact direct avec la présidence de la région Bretagne. « Ça va être la guerre sur les tarmacs d’aéroport autour des masques, estime Guy Hascoët. Alors que nous avons besoin de 40 millions de masques par semaine et que nous ne sommes même pas à dix en production hexagonale, il faut pousser le plus vite possible toutes les capacités pour se prémunir des épisodes à venir. Dans une situation d’extrême urgence, la Société coopérative d’intérêt collectif est le seul mécanisme qui permet à tous les Bretons de prendre des parts sociales au capital de l’usine devenant ’leur’ projet tout en échappant à la loi de la concurrence du marché. Si on a la possibilité de faire sortir un million de masques par jour d’ici six mois, il ne faut pas se poser de question. Cette compétition mondiale va être cruelle. »

      Le site de l’usine de masques de Plaintel a été réoccupé par l’entreprise Bio Armor, « spécialisée dans les produits naturels pour la nutrition, l’hygiène et l’environnement de l’élevage ».

      « Il y a des friches industrielles et des locaux disponibles dans la région pour relancer l’activité de l’usine, estime de son côté Serge Le Quéau. Les machines ont été détruites mais elles ont été fabriquées par une entreprise bretonne. Si de l’argent se débloque, on peut les reconstruire. Beaucoup d’anciens de Plaintel n’ont pas retrouvé de travail. Le savoir-faire est toujours là. »

      Ces derniers jours, le groupe américain Honeywell a annoncé qu’il ouvrait une usine à Rhodes Island pour faire face à la demande de masques aux États-Unis. « Une information assez dérangeante », commente l’ancien président de Plaintel, Roland Fangeat.

      *Les prénoms ont été modifiés

      https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/enquete-franceinfo-comment-la-france-a-sacrifie-sa-principale-usine-de-

      #délocalisation #désindustrialisation