• « Effets limités », « escroquerie sur le résultat »... Les opérations anti-drogue « Place nette XXL », coup de com’ XXL ? - Paris (75000)
    https://www.lamontagne.fr/paris-75000/actualites/effets-limites-escroquerie-sur-le-resultat-les-operations-anti-drogue-pla

    Depuis le 18 mars, le ministre de l’Intérieur a lancé une série d’opérations « Place nette XXL » visant à assécher les points de deal, traquer les trafiquants et rassurer les riverains impactés. Une offensive menée à grand renfort de communication, mais dont les effets réels pourraient être limités.

    Un « tournant » dans le combat contre le trafic de stupéfiants, une offensive « d’ampleur inégalée », signe de la « détermination totale (du gouvernement) à lutter contre la drogue, ses réseaux et son argent sale » : à lire et à entendre l’exécutif, Gérald Darmanin en tête, c’est bel et bien une révolution qui est en marche, depuis bientôt trois semaines, sur le front de la « guerre » contre les dealers et les substances illicites dans l’Hexagone. Sur le terrain, le déploiement a de quoi impressionner. Des milliers de policiers, de gendarmes et de douaniers ont déjà investi tour à tour des quartiers de Marseille, Toulouse, Strasbourg, Lyon, Lille, Clermont-Ferrand, Dijon ou de région parisienne. Et ça va continuer. « Quand on débarque en nombre sur un secteur, le sentiment d’insécurité baisse d’un coup. Les habitants ont l’impression de ne plus être délaissés, abandonnés. Il y a un côté “reconquête de territoire” qui fonctionne et n’est pas inutile », relève Arnaud (), un officier en première ligne dans l’une des métropoles ciblées par Beauvau.

    Problème : le soulagement n’est que (très) provisoire. « Dès que l’on repart, on le sait, le trafic reprend de plus belle, pour une raison très simple : les consommateurs sont toujours là en masse, le marché n’a pas été supprimé, il se diversifie même, il faut donc l’alimenter », reconnaît Arnaud, qui s’étonne encore des « talents des chefs de réseaux en matière de RH ». « On embarque un guetteur ou un revendeur, et dans la demi-heure, deux autres arrivent pour prendre la place… La source semble intarissable. » Arnaud (officier de police) « Au final, on n’a rien réglé » Enquêteur à l’Office anti-stupéfiants (Ofast), l’agence nationale chargée de pister les gros bonnets du narcotrafic, Frédéric déplore lui aussi « l’efficacité très limitée de cette stratégie. Pour aller au-delà du “coup” ponctuel, il faudrait à chaque fois laisser des dizaines de CRS ou de gendarmes mobiles sur place pendant des mois, ce qui est évidemment impossible. Au final donc, on n’a rien réglé. » Le scepticisme ambiant est encore renforcé par des résultats bruts souvent jugés « mitigés, voire carrément faibles ». Lors de son dernier point d’étape national, le 30 mars dernier, Gérald Darmanin faisait état de « 150 kg de drogues et 2,4 millions d’euros » découverts. Un total bien modeste, au regard des « 20.000 » personnels engagés et de la promesse, réitérée le 20 mars par le locataire de Beauvau, de littéralement « éradiquer le trafic de drogue ». À Marseille, la ville française la plus gangrenée par les stupéfiants et la criminalité qui en découle, les opérations XXL ont connu un démarrage poussif, avec seulement 30 kg de cannabis et 1,37 kg de cocaïne découverts entre le 18 et le 24 mars. Mais les derniers jours ont semble-t-il été plus probants. Selon le dernier bilan en date, publié par la préfecture de police le 2 avril, 450 kg de cannabis, 2,7 kg de cocaïne, 17 armes et 26 véhicules ont été saisis dans les Bouches-du-Rhône.

    « Une forme d’escroquerie sur le résultat » Les interpellations, elles, se comptent en milliers à l’échelle nationale – 1.738 selon le dernier décompte ministériel du 30 mars, un chiffre qui a probablement explosé depuis. Dans certains cas, il s’agit d’« objectifs » ciblés en amont par les enquêteurs locaux. « On peut profiter de l’occasion pour finaliser des affaires en cours », confirme Arnaud. Mais le plus souvent, policiers et gendarmes “ramassent” opportunément des petits revendeurs ou des consommateurs pris dans la nasse. Combien d’entre eux font ensuite l’objet de poursuites judiciaires ?? Et si oui, lesquelles ?? Sollicité sur ce point, le ministère de la Justice n’a pas été en mesure de nous répondre à ce stade. Les doutes sur la traduction pénale des opérations en cours ne sont donc pas dissipés. Photo Fred Marquet Autre limite aux statistiques affichées par l’exécutif en matière depuis le 18 mars : toutes les arrestations ne sont pas liées aux stupéfiants, loin de là. « La volonté effrénée de faire du chiffre, rien que du chiffre, est toujours source de dérives », déplore Frédéric.Exemple « classique », selon le limier de l’Ofast : « un type qui se fait prendre pour une infraction au Code de la route pendant une opération XXL sera comptabilisé dans le bilan général. Pour répondre à la pression politique, il y a une forme d’escroquerie sur le résultat. » Arnaud et Frédéric s’accordent également pour dire que « ce n’est pas comme ça que l’on réglera le problème de fond du trafic de stups ». « On nous demande de faire du “visible”, du “paraître”, du “temporaire”, et dans le même temps, on nous refuse l’arsenal juridique, les effectifs et temps pour bosser en profondeur. On y perd forcément en efficacité », s’agace le premier. Le second regrette « le décalage énorme » entre les images des quartiers investis par les CRS, « pour un pur effet de com’ », et les moyens réels dont disposent les services d’investigation spécialisés comme le sien, qui ciblent le haut du spectre. « Chez nous, à cause d’une série de départs non anticipés, on a perdu récemment un groupe d’enquête complet sur trois, illustre-t-il. Mais ça, qui le sait, qui le voit, qui s’en émeut ?? Personne. »

    () Les prénoms ont été modifiés.

  • Le nombre de vasectomies multiplié par 15 depuis 2010 : pourquoi les hommes y ont de plus en plus recours ? - Paris (75000)
    https://www.lamontagne.fr/paris-75000/actualites/le-nombre-de-vasectomies-multiplie-par-15-depuis-2010-pourquoi-les-hommes

    La vasectomie, un choix de contraception longtemps marginal chez les hommes français, est de plus en plus pratiquée, montre une étude publiée, ce lundi 12 février, par les autorités de santé, même si la France reste loin d’autres pays comme les États-Unis.

    « De plus en plus d’hommes français ont recours à cette contraception définitive », résument les auteurs de l’étude menée en commun par l’Assurance maladie et l’Agence nationale de sécurité du médicament.

    La vasectomie est une forme de stérilisation. Elle consiste à bloquer les spermatozoïdes, via une ligature des canaux qui les transportent depuis les testicules.

    On la considère comme une contraception définitive. S’il est parfois possible d’annuler les effets d’une vasectomie, on ne peut pas connaître à l’avance son caractère irréversible ou non.
    Entrée dans les mœurs dans certains pays

    En France, où elle est autorisée depuis 2001, la vasectomie est longtemps restée extrêmement rare, à l’inverse de pays comme les États-Unis ou la Corée du Sud où elle est entrée dans les mœurs parmi d’autres méthodes de contraception.

    Toutefois, selon les données publiées lundi, ce choix est devenu un peu moins marginal chez les Français lors de la dernière décennie.

    Le nombre de vasectomies a augmenté chaque année depuis 2010, passant de 1.940 vasectomies en 2010 à 30.288 en 2022, soit une multiplication par quinze.

    Il y a désormais plus d’hommes que de femmes à choisir une forme de stérilisation. Les auteurs de l’étude y voient en partie la conséquence de l’affaire des implants Essure, couramment utilisés en France comme méthode de stérilisation féminine avant d’être retirés du marché à la fin des années 2010 à cause d’effets indésirables.

    Pour autant, si les vasectomies sont en forte hausse, elles partent de si bas que leur fréquence reste faible : environ 0,15% des hommes concernés - soit, selon l’étude, les adultes de moins de 70 ans - ont fait ce choix en 2022.

    Même si « la France semble progressivement combler son retard (...), les niveaux demeurent encore inférieurs à ceux des pays leaders en matière de contraception définitive », conclut l’étude.

  • Accouchement : pourrez-vous bénéficier d’un hébergement plus proche d’une maternité ? - Paris (75000)
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    Ça y est, les premières contractions commencent, vous allez accoucher dans les prochaines heures. Seul hic : vous vivez à plus d’une heure de la maternité la plus proche. Ce genre de situation de stress peut désormais être évitée grâce à un décret adopté en avril 2022.

    Ce dernier indique que « les établissements titulaires d’une autorisation mentionnée au 3° de l’article R. 6122-25 proposent, pour le suivi de la grossesse dans de bonnes conditions, un hébergement temporaire non médicalisé aux femmes enceintes qui le sollicitent, dès lors qu’elles résident à plus de 45 minutes de trajet motorisé en conditions habituelles de l’établissement le plus proche ».

    Les communes concernées sont répertoriées avec leur code géographique officiel dans quatre listes distinctes selon le type de maternité (types I, IIa, IIb et III). Et c’est là où le bât blesse. Car si vous vivez à plus de 45 minutes d’une maternité de type IIa mais qu’il y en a une de type I à 5 min de chez vous, la ville sera listée alors que vous vous rendrez logiquement dans celle qui est la plus proche, sauf recommandation contraire des personnels médicaux. « Difficile donc d’utiliser cet outil [...] le tableau du ministère n’est pas systématiquement pertinent » nous dit-on à l’hôpital de Vichy, dans l’Allier.

    Nous avons donc tenté de visualiser toutes les communes de France qui seraient à plus de 45 minutes d’une maternité, quels que soient son type, son département, etc. Car il est parfois plus pratique pour une personne vivant à la limite d’un département d’aller dans celui d’à côté, dont la maternité est plus proche.

    • D’autres part, « ce sont les établissements qui vont devoir assurer l’hébergement », note l’avocate. Ces derniers avaient en effet six mois à compter de la promulgation du décret pour mettre en place ces dispositifs. « Or, les hôpitaux n’ont déjà pas de place pour des lits médicalisés, alors proposer dans leur enceinte des hébergements non-médicalisés… Donc cela implique de signer des contrats avec des hôtels ou autres établissements, une logistique particulière. C’est une charge supplémentaire qui leur est imposée, dans une situation déjà assez complexe. »

  • « Fin de l’abondance », « guerre qui tonne à nos portes »... Pourquoi l’exécutif multiplie les sombres prises de parole - Paris (75000)
    https://www.lamontagne.fr/paris-75000/actualites/fin-de-labondance-guerre-qui-tonne-a-nos-portes-pourquoi-l-executif-multi

    Le Conseil des ministres, réuni ce mercredi 24 août à l’Élysée, a marqué la rentrée politique de l’exécutif, dans une ambiance lourde d’incertitudes liées à la guerre en Ukraine, au dérèglement climatique et à l’inflation.

    Inflation et restrictions. L’hiver français sera rude. Depuis son discours du 19 août à Bormes-les-Mimosas (Var), Emmanuel Macron le répète. Ce mercredi 24 août, lors d’une allocution à l’issue du conseil des ministres, en appelant le gouvernement à « l’unité » face à « la grande bascule » qui marque la rentrée avec « la fin de l’abondance », « des évidences » et « de l’insouciance », le chef de l’État a continué à préparer les esprits : oui, la rentrée sera compliquée...
    Mise en récit

    « A priori, on attend les prochains mois des tensions encore plus fortes sur les prix de l’énergie et sur le pouvoir d’achat avec peut-être des restrictions qui devront être imposées », rappelle Benjamin Morel, maître de conférences en droit public (Paris II Panthéon-Assas).
    Si, selon un sondage Elabe pour l’Institut Montaigne, paru en juillet, 63 % des Français se disent prêts à réduire aujourd’hui leur consommation d’énergie, le gouvernement sait que les bonnes volontés peuvent vite céder la place à la contestation. « Pour que ces bonnes intentions se perpétuent et que les ronds-points ne se remplissent pas rapidement, vous avez besoin de légitimer ces restrictions ou de montrer que, certes, il y a une hausse des prix, mais que ce n’est pas de votre faute, que vous faites du mieux que vous pouvez pour l’éviter. »

    « Ne pas aller sur les ronds-points »

    En multipliant les communications, le gouvernement opèrerait ainsi, selon Benjamin Morel, « une mise en récit » des prochains mois et justifierait la sobriété à venir « non motivée par un caprice, mais par des grands impératifs auxquels tous les Français devraient se rallier : la défense de la liberté, de la démocratie qui a imposé le soutien à l’Ukraine ou le sauvetage écologique de la planète. Le gouvernement veut aussi montrer qu’il fait tout pour atténuer ces difficultés, via sa politique de transition écologique. Au final, l’objectif est de montrer que les restrictions sont légitimes et qu’il ne faut pas aller sur les ronds-points, car le gouvernement est présent. »

    Automne compliqué

    Alors que l’inflation pèse sur le moral des Français, de lourdes décisions attendent à la rentrée l’exécutif sur le budget « qui sera très difficile à faire passer » la politique énergétique. Le texte sur l’assurance-chômage qui doit prolonger le durcissement d’accès aux indemnités, pourrait alimenter l’hostilité de la gauche et des syndicats. « Cet automne au Parlement va être assez compliquée pour le gouvernement, prédit Benjamin Morel. Il est aussi possible que l’on ait un automne social qui dégénère. Avec les débats sur les questions de pouvoir d’achat, sur la réforme des retraites, peuvent survenir des mobilisations soit syndicales soit plus incontrôlables type Gilets jaunes.

  • 40 ans après, la France décide de livrer à la justice italienne d’ex-militants de la lutte armée à qui elle avait accordé l’asile - Paris (75000)
    https://www.lamontagne.fr/paris-75000/actualites/40-ans-apres-la-france-decide-de-livrer-a-la-justice-italienne-d-ex-milit

    Serge Quadruppani préfère rappeler le contexte historique de ce qu’il appelle un « affrontement politique armé ». Celui « des ouvriers et de la jeunesse étudiante contre l’État italien. C’est un mouvement comparable à celui de Mai 68 et qui a duré dix ans. C’était beaucoup plus violent mais c’était toute la société italienne qui était plus violente […] Il y avait des morts des deux côtés. Y compris dans les manifestations ou lors des arrestations par les policiers. C’était une forme de guerre civile ».
    Alessandro Stella, qui a pu prendre un nouveau départ en France et qui n’est plus dans le collimateur de la justice italienne, a témoigné dans un livre de son parcours militant (1).
    Pour l’historien qu’il est devenu, le « contexte » ne peut être occulté. Alessandro Stella parle même d’une « responsabilité collective que les juges ne veulent pas prendre en compte » : « Il y avait en Italie dans ces années-là des millions de gens qui criaient -Vive la Révolution-, et au bout de tout un processus, quelques milliers qui ont fini par prendre les armes. Qui se sont convaincu qu’il fallait répondre par la violence à un Etat violent. »

  • Toute la journée sur ma radio, ils ouvraient le journal là-dessus :
    https://www.lamontagne.fr/paris-75000/actualites/alcool-interdit-sur-la-voie-publique-deplacements-etudiants-castex-precis

    Jean Castex a condamné « sans réserve » ceux qui ne respectent pas « les règles sanitaires », visant notamment les participants à de récents « rassemblements festifs » ou ceux refusant le port du masque, qui devront être poursuivis « systématiquement » par les parquets.

    Ce que j’en comprends, c’est que le type qui vient de superviser la mort de 65 000 de ses administrés, il explique qu’il n’a plus une once de décence « en réserve ».

    • Cette lettre, envoyée d’Italie, comme une bouteille à la mer...

      Lettre d’Italie,

      Il est 00h28 à Brescia.

      « Je vous écris d’Italie, je vous écris donc depuis votre futur. Nous sommes maintenant là où vous serez dans quelques jours. Les courbes de l’épidémie nous montrent embrassés en une danse parallèle dans laquelle nous nous trouvons quelques pas devant vous sur la ligne du temps, tout comme Wuhan l’était par rapport à nous il y a quelques semaines. Nous voyons que vous vous comportez comme nous nous sommes comportés. Vous avez les mêmes discussions que celles que nous avions il y a encore peu de temps, entre ceux qui encore disent « toutes ces histoires pour ce qui est juste un peu plus qu’une grippe », et ceux qui ont déjà compris.

      D’ici, depuis votre futur, nous savons par exemple que lorsqu’ils vous diront de rester confinés chez vous, d’aucuns citeront Foucault, puis Hobbes. Mais très tôt vous aurez bien autre chose à faire. Avant tout, vous mangerez. Et pas seulement parce que cuisiner est l’une des rares choses que vous pourrez faire. Sur les réseaux sociaux, naîtront des groupes qui feront des propositions sur la manière dont on peut passer le temps utilement et de façon instructive ; vous vous inscrirez à tous, et, après quelques jours, vous n’en pourrez plus. Vous sortirez de vos étagères La Peste de Camus, mais découvrirez que vous n’avez pas vraiment envie de le lire.

      Vous mangerez de nouveau.

      Vous dormirez mal.

      Vous vous interrogerez sur le futur de la démocratie.

      Vous aurez une vie sociale irrésistible, entre apéritifs sur des tchats, rendez-vous groupés sur Zoom, dîners sur Skype.

      Vous manqueront comme jamais vos enfants adultes, et vous recevrez comme un coup de poing dans l’estomac la pensée que, pour la première fois depuis qu’ils ont quitté la maison, vous n’avez aucune idée de quand vous les reverrez.

      De vieux différends, de vieilles antipathies vous apparaîtront sans importance. Vous téléphonerez pour savoir comment ils vont à des gens que vous aviez juré de ne plus revoir.

      Beaucoup de femmes seront frappées dans leur maison.

      Vous vous demanderez comment ça se passe pour ceux qui ne peuvent pas rester à la maison, parce qu’ils n’en ont pas, de maison.

      Vous vous sentirez vulnérables quand vous sortirez faire des courses dans des rues vides, surtout si vous êtes une femme. Vous vous demanderez si c’est comme ça que s’effondrent les sociétés, si vraiment ça se passe aussi vite, vous vous interdirez d’avoir de telles pensées.

      Vous rentrerez chez vous, et vous mangerez. Vous prendrez du poids.

      Vous chercherez sur Internet des vidéos de fitness.

      Vous rirez, vous rirez beaucoup. Il en sortira un humour noir, sarcastique, à se pendre.

      Même ceux qui prennent toujours tout au sérieux auront pleine conscience de l’absurdité de la vie.

      Vous donnerez rendez-vous dans les queues organisées hors des magasins, pour rencontrer en personne les amis - mais à distance de sécurité.

      Tout ce dont vous n’avez pas besoin vous apparaîtra clairement.

      Vous sera révélée avec une évidence absolue la vraie nature des êtres humains qui sont autour de vous : vous aurez autant de confirmations que de surprises.

      De grands intellectuels qui jusqu’à hier avaient pontifié sur tout n’auront plus de mots et disparaîtront des médias, certains se réfugieront dans quelques abstractions intelligentes, mais auxquelles fera défaut le moindre souffle d’empathie, si bien que vous arrêterez de les écouter. Des personnes que vous aviez sous-estimées se révéleront au contraire pragmatiques, rassurantes, solides, généreuses, clairvoyantes.

      Ceux qui invitent à considérer tout cela comme une occasion de renaissance planétaire vous aideront à élargir la perspective, mais vous embêteront terriblement, aussi : la planète respire à cause de la diminution des émissions de CO2, mais vous, à la fin du mois, comment vous allez payer vos factures de gaz et d’électricité ? Vous ne comprendrez pas si assister à la naissance du monde de demain est une chose grandiose, ou misérable.

      Vous ferez de la musique aux balcons. Lorsque vous avez vu les vidéos où nous chantions de l’opéra, vous avez pensé « ah ! les Italiens », mais nous, nous savons que vous aussi vous chanterez la Marseillaise. Et quand vous aussi des fenêtres lancerez à plein tube I Will Survive, nous, nous vous regarderons en acquiesçant, comme depuis Wuhan, où ils chantaient sur les balcons en février, ils nous ont regardés.

      Beaucoup s’endormiront en pensant que la première chose qu’ils feront dès qu’ils sortiront, sera de divorcer. Plein d’enfants seront conçus.

      Vos enfants suivront les cours en ligne, seront insupportables, vous donneront de la joie. Les aînés vous désobéiront, comme des adolescents ; vous devrez vous disputer pour éviter qu’ils n’aillent dehors, attrapent le virus et meurent. Vous essaierez de ne pas penser à ceux qui, dans les hôpitaux, meurent dans la solitude. Vous aurez envie de lancer des pétales de rose au personnel médical.

      On vous dira à quel point la société est unie dans un effort commun, et que vous êtes tous sur le même bateau. Ce sera vrai. Cette expérience changera à jamais votre perception d’individus. L’appartenance de classe fera quand même une très grande différence. Etre enfermé dans une maison avec terrasse et jardin ou dans un immeuble populaire surpeuplé : non, ce n’est pas la même chose. Et ce ne sera pas la même que de pouvoir travailler à la maison ou voir son travail se perdre. Ce bateau sur lequel vous serez ensemble pour vaincre l’épidémie ne semblera guère être la même chose pour tous, parce que ça ne l’est pas et ne l’a jamais été.
      À un certain moment, vous vous rendrez compte que c’est vraiment dur.

      Vous aurez peur. Vous en parlerez à ceux qui vous sont chers, ou alors vous garderez l’angoisse en vous, afin qu’ils ne la portent pas. Vous mangerez de nouveau.

      Voilà ce que nous vous disons d’Italie sur votre futur. Mais c’est une prophétie de petit, de très petit cabotage : quelques jours à peine. Si nous tournons le regard vers le futur lointain, celui qui vous est inconnu et nous est inconnu, alors nous ne pouvons vous dire qu’une seule chose : lorsque tout sera fini, le monde ne sera plus ce qu’il était. »

      #lettre #11_jours #futur #Italie #cuisiner #démocratie #vie_sociale #rire #humour_noir #confinement #monde_de_demain #balcons #unité_nationale #classe_sociale #inégalités #épidémie #travail #peur #prophétie

  • Quarantined Italian tenor passionately sings ’Nessun Dorma’ from his Florence... - Classic FM

    https://www.classicfm.com/composers/puccini/nessun-dorma-florence

    Il chante très bien et le morceau est juste magnifique, mais Puccini, c’est toujours magnifique ou presque.

    https://imgs.classicfm.com/images/133764?width=1200&crop=16_9&signature=g1oYJ1HCXzbNYSiIW1GstO58RGY=

    Tenor Maurizio Marchini did just this, taking to his balcony to serenade the rooftops of his hometown, Florence.

    Marchini sings Puccini’s impassioned aria from his opera Turandot, ’Nessun Dorma’, or ’None shall sleep’. After the aria’s climax with a high B, Maurizio picks up his son and repeats the line Vincerò!, or ’I will be victorious.’

    #italie #balcons #musique #opéra #quarantaine

    • Coronavirus et confinement : la chanson du 170 galerie de l’Arlequin à la Villeneuve de Grenoble

      "Coronavirus, va te faire voir sur Uranus, connard de virus" : tous les soirs à 18 heures, plusieurs dizaines d’habitants du 170 Galerie de l’Arlequin de la Villeneuve de Grenoble chantent ensemble à leur fenêtre pour faire un pied-de-nez au virus.

      La chanson est née dès le deuxième jour du confinement dans la "Crique" de la Villeneuve à Grenoble. A l’image de l’Italie qui a chanté depuis ses fenêtres depuis le début de son confinement, les habitants ont entonné sur leur balcon "Bella ciao" le premier soir à 18 heures et applaudi les soignants à 20 heures.

      Et comme au 170 de la galerie de l’Arlequin, il y a une vingtaine de musiciens, l’un a suggéré à l’autre "Et si on faisait nous-mêmes notre propre chanson ?". Marie Mazille, auteur compositeur de 47 ans et habitante de la Villeneuve depuis 15 ans, a retrouvé sa voisine, de terrasse à terrasse, pour "jeter quelques paroles" sur la table dès le lendemain. Et le soir la chanson était faite, avec la participation d’autres habitants et les arrangements d’un autre.

      Ces paroles, les habitants de la "Crique" de l’Arlequin sont de plus en plus nombreux à les chanter ensemble chaque soir, à tous les étages, d’une montée à l’autre. Les paroles ont été envoyées par WhatsApp à tous ceux qui les demandaient. Et c’est devenu un rituel à 18 heures, un rendez-vous attendu et un moment de légèreté partagée après une journée de confinement. "C’est aussi un pied de nez au coronavirus" dit Marie Mazille, "puisqu’on chante "Va te faire voir sur Uranus, connard de virus".

      Marie Mazille qui appartient à un collectif de musiciens (Mustradem qui a mené un projet participatif dans le quartier) tient à citer tous ceux qui ont participé à la création de cette chanson Nassima Boulghens, Fabrice Vigne, Catherine Harleux pour les paroles et Franck Argentier pour les arrangements. Et elle précise, "cette chanson "participative" n’est qu’une partie émergée de l’iceberg dans un quartier de grande diversité où tout le monde est solidaire, s’entraide, coronavirus ou pas". Et encore plus pendant cette période de confinement.

      Les paroles de la chanson "Corona"

      Dans la rue pas un chat, pas un chien pas un gars

      Chacun reste chez soi sans moufter, c’est la loi !

      Masqués jusqu’aux orteils, ne sortez pas, on vous surveille !

      Dommage, il fait soleil !

      Sortez vos têtes de vos balcons, de vos fenêtres

      A la verticale, à l’horizontale

      A la darbuka, au violon de Chantal

      Coronavirus, on te chantera en italien ou en russe

      Va te faire voir sur Uranus, connard de virus

      On dit que c’est la guerre, plus personne en plein air

      Dehors c’est le désert , dans le frigo plus de bière

      On ne sort plus son nez, on est tous condamnés

      À rester confinés, vieillards ou nouveaux nés

      Sortez vos têtes de vos balcons, de vos fenêtres

      A la verticale, à l’horizontale, chanter entre voisins, c’est pas banal !

      Marre de France info, du corona en boucle à la radio

      On préfère chanter « Les noces de Figaro » ou « Bella Ciao »

      Le télétravail ça rame et ça déraille

      J’en peux plus de la marmaille, je râle et je défaille

      Journées en tête à tête avec le daron ça pète

      Il est temps que ça s’arrête

      Sortez vos têtes de vos balcons, de vos fenêtres

      A la verticale, à l’horizontale, il est 18 heures, on reprend le moral

      Coronavirus, on te chantera en italien ou en russe

      Va te faire voir sur Uranus, connard de virus

      Si t’as plus de PQ lave toi dans le lavabo

      Pas de problème ça s’évacue, c’est cool c’est écolo

      Passe tout à la javel, ton cellier, ta terrasse

      Remplis tes paperasses, fais dix fois la vaisselle !

      Sortez vos têtes de vos balcons, de vos fenêtres

      A la verticale, à l’horizontale, chanter tous les soirs, c’est devenu légal !

      Marre d’être morose, même si c’est normal de se sentir tout chose

      Passe-moi les paroles de « la vie en rose »

      Si on est confinés, c’est pour la bonne cause !

      Mes voisins s’engueulent pendant que je médite

      Plus moyen d’se sauver, les supporter, quel mérite !

      Va falloir inventer, innover, imaginer !

      Faire de la musique, chanter, rigoler !

      Sortez vos têtes de vos balcons, de vos fenêtres

      A la verticale, à l’horizontale, aérez vos canines, vos amygdales !

      Nostradamus l’avait pas vu venir, ce charmant virus

      Quel manque de flair, c’est zéro rasibus

      Pour un apothicaire, c’est carrément minus !

      Vélo, boulot dodo c’ est dev’nu apéro solo

      Vachement moins rigolo surtout si t’es claustro

      Chez nous, les bobos, on se passe en huis clos

      Du Sartre et du Hugo ou Charlie Hebdo

      Sortez vos têtes de vos balcons, de vos fenêtres

      A la verticale, à l’horizontale, à la darbouka, au violon de Chantal

      Marre de France info, du corona en boucle à la radio

      On préfère chanter « les noces de Figaro » ou « Bella Ciao »

      Sortez vos têtes, ouvrez vos volets on va faire la fête

      Rassemblement général, c’est l’heure de la chorale, tant pis pour tous ceux qui râlent !

      Marre d’être morose, si on profitait de cette grande pause,

      Deux solutions à l’over-dose : on chante ou on explose !

      Merci les soignants

      Pour votre courage et votre talent

      On est coincés chez nous, les bras ballants

      Mais on peut chanter pour vous tout simplement !

      https://www.francebleu.fr/infos/culture-loisirs/coronavirus-et-confinement-la-chanson-du-170-galerie-de-l-arlequin-a-la-v

    • Lettre de l’écrivaine italienne Francesca Melandri aux Français : « Je vous écris depuis votre futur »

      Vous ferez de la musique aux balcons. Lorsque vous avez vu les vidéos où nous chantions de l’opéra, vous avez pensé « ah ! les Italiens », mais nous, nous savons que vous aussi vous chanterez la Marseillaise. Et quand vous aussi des fenêtres lancerez à plein tube I Will Survive, nous, nous vous regarderons en acquiesçant, comme depuis Wuhan, où ils chantaient sur les balcons en février, ils nous ont regardés.

      https://www.lamontagne.fr/paris-75000/actualites/lettre-de-l-ecrivaine-italienne-francesca-melandri-aux-francais-je-vous-e

    • Une #histoire_politique du #balcon

      Le balcon devient une pièce architecturale centrale à l’heure du

      confinement, à la fois lieu de manifestation en soutien aux soignants et de surveillance des voisins. Retour sur ses usages, des origines militaires aux promesses d’émancipation.

      En Espagne, le balcon n’est pas seulement l’endroit où l’on soutient le personnel soignant mobilisé face à la pandémie. Certains voisins sortent leurs casseroles à 20 heures pour orchestrer de bruyantes caceroladas dirigées contre le roi Felipe VI, dont le père Juan Carlos se trouve éclaboussé par un scandale d’argent sale avec l’Arabie saoudite.

      Le balcon, réinvention de la place publique, à l’heure du confinement ? Au moment du 15-M, l’autre nom du mouvement indigné espagnol en 2011, c’était sur les places des villes qu’une foule mélangée défendait les services publics, et critiquait la corruption de la classe politique.

      La référence vaut aussi au Brésil, où les citoyens manifestent leur colère contre la politique anticonfinement de Jair Bolsonaro dans d’énergiques « panelaços » (casserolades), là encore depuis leur balcon. En France, des habitants appellent mardi 31 mars à une « manif de confinement », en soutien au personnel soignant, mais aussi contre les réformes des retraites et de l’assurance-chômage. Comme si le balcon rejouait la place publique, sur un mode atomisé.

      Mais la figure du balcon est plus ambiguë. Effrayés par le chaos sanitaire et économique que traverse leur pays, des Espagnols se sont aussi mis à insulter, depuis leur balcon, des passants dans la rue. Ils les accusent de ne pas respecter les consignes du confinement, et de mettre en danger la population du pays. « Retourne dans ta putain de maison », s’est entendu dire une médecin généraliste qui, pourtant, se rendait au chevet d’un patient potentiellement contaminé.

      Beaucoup des passants insultés sont toutefois dans leur bon droit : la plupart bénéficient d’exceptions prévues par « l’état d’alarme » décrété par le gouvernement. « Je comprends l’inquiétude des gens, mais je vous assure que je ne sors pas avec mon fils par caprice : la loi m’y autorise », explique une mère de 52 ans, dont le fils autiste a le droit de prendre l’air régulièrement, mais est la cible d’insultes lors des sorties dans son quartier.

      Le balcon devient une tour de contrôle d’où les confinés scrutent le quartier, et les passants coupables d’enfreindre les règles. César Rendueles, professeur de sociologie à la Complutense à Madrid, s’inquiète d’un « masochisme citoyen », qui justifie et encourage les excès des forces de l’ordre, au nom de la lutte contre la pandémie, et aboutit à une forme de « normalisation du lynchage social ». Et l’universitaire de résumer à El País : « Une patrouille citoyenne se cache derrière chaque rideau. L’Espagne des balcons est le pays des mouchards. »

      Le balcon n’est plus seulement la plateforme de soutien aux services publics amputés par l’austérité : il devient l’instrument d’un retour à l’État policier. Les ambiguïtés du balcon espagnol à l’heure de la pandémie sont à l’image d’un élément d’architecture à la signification complexe au fil des siècles : tout à la fois dispositif militaire au Moyen Âge, scène de théâtre au service des pouvoirs autoritaires et fascistes au XXe siècle, et promesse de progrès social et d’émancipation pour les classes populaires.

      Dans la Biennale qu’il avait coordonnée à Venise en 2014, « Fondamentaux », l’architecte néerlandais Rem Koolhaas avait réservé une place de choix au balcon, dans l’inventaire des « éléments d’architecture » qu’il avait dressé. L’auteur du classique New York Délire décrivait « un laboratoire où l’on teste des expériences parfois explosives, à la frontière des sphères publique et privée, du dedans et du dehors ».

      « Dans cette exposition, on observait que certaines typologies, comme les toilettes, n’avaient pas du tout évolué au fil des siècles. À l’inverse, le foyer a connu de fortes évolutions, avec l’apparition du chauffage électrique, de l’électroménager, des nouvelles technologies. Le balcon, quant à lui, connaît une double trajectoire, fidèle à ses origines : un dispositif de défense militaire, doublé d’un dispositif théâtral », explique à Mediapart Alice Grégoire, architecte au sein d’OMA, l’agence de Koolhaas, et qui a travaillé sur la Biennale de 2014.

      Dans son Dictionnaire raisonné de l’architecture française (1854-1868), Viollet-le-Duc trouve les origines du balcon au XIe siècle, à travers les hourds, ces échafaudages de bois adossés aux murailles de pierre entourant les villes, pour se protéger des sièges. Quant au volet théâtral, il faut en revenir à Shakespeare, et au balcon de Juliette à Vérone, dans Roméo et Juliette, rédigé aux alentours de 1591.

      Pour l’exposition de 2014, Koolhaas et ses associés ont retrouvé la charge anti-balcons d’un architecte français, Quatremère de Quincy (1755-1849), rebuté par la « mode des balcons » : cet « appendice frivole », ce « hors-d’œuvre postiche » du bâtiment, cette « saillie presque toujours en porte-à-faux » avec le reste du bâti, qui abîme le classicisme des façades les mieux ordonnées (Dictionnaire historique de l’architecture, 1832).

      À partir des années 1850, le baron Haussmann redessine le plan de Paris, trace d’immenses lignes droites et libère de l’espace, permettant aux nouvelles façades de la capitale de se doter de balcons. Le motif, jusqu’alors réservé à l’aristocratie, se répand chez les familles bourgeoises. Ce dont se souviendra avec humour, au début des années 2000, l’artiste Julien Berthier, qui dote de balcons haussmanniens des bâtiments modernes en tout genre, y compris des logements sociaux (Titre de l’œuvre : « Service de greffe d’un balcon en plastique de style haussmannien pour tout type d’architecture »).

      https://www.mediapart.fr/journal/international/300320/une-histoire-politique-du-balcon