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    • France : 73 Bulgares venus travailler comme saisonniers ont Ă©tĂ© refoulĂ©s Ă  #Roissy

      Bien que ressortissants de l’Union europĂ©enne, 73 Bulgares, venus travailler comme saisonniers ont Ă©tĂ© refoulĂ©s jeudi aprĂšs leur arrivĂ©e Ă  l’aĂ©roport de Roissy. Pour les dĂ©fenseurs de ces migrants, ces refoulements vont Ă  l’encontre des #dĂ©rogations annoncĂ©es par le ministĂšre de l’IntĂ©rieur.

      Soixante-treize Bulgares, qui avaient atterri mardi Ă  l’#aĂ©roport de Roissy, en banlieue parisienne, pour venir travailler comme saisonniers, ont Ă©tĂ© refoulĂ©s jeudi 7 mai du territoire français.

      DĂšs leur arrivĂ©e, ces ressortissants de l’Union europĂ©enne ont Ă©tĂ© placĂ©s en #zone_d'attente au sein de l’aĂ©roport, zone oĂč sont notamment maintenues les personnes non admises, en vue de leur renvoi en Bulgarie, a affirmĂ© Ă  l’AFP Laure Palun, directrice de l’Association nationale d’assistance aux frontiĂšres pour les Ă©trangers (AnafĂ©).

      Ils Ă©taient pourtant munis d’#attestations_de_travail en France, prouvant qu’ils avaient Ă©tĂ© recrutĂ©s par des entreprises pour travailler dans le #maraĂźchage ou le #BTP, poursuit Laure Palun, qui s’est rendue sur place.

      InterrogĂ©e par l’AFP, une source aĂ©roportuaire a affirmĂ© que les 73 Bulgares avaient Ă©tĂ© refoulĂ©s car leur motif d’entrĂ©e en France ne relevait pas d’un « #intĂ©rĂȘt_Ă©conomique_national », comme la production de masques.

      ’’Violation des droits fondamentaux’’

      Pour les dĂ©fenseurs des migrants toutefois, ce motif va directement Ă  l’encontre des annonces du gouvernement. Si les restrictions aux frontiĂšres de la France avec les pays de l’espace europĂ©en (Union europĂ©enne, espace Schengen, Royaume-uni) seront prolongĂ©es a minima jusqu’au 15 juin, « certaines dĂ©rogations supplĂ©mentaires seront rendues possibles », a expliquĂ©, jeudi 7 mai, le ministre de l’IntĂ©rieur Christophe Castaner. Parmi les dĂ©rogations, « un #motif-Ă©conomique_impĂ©rieux, en particulier les #travailleurs_saisonniers_agricoles », a Ă©noncĂ© ce dernier.

      ▻https://twitter.com/anafeasso/status/1258327723908481024

      « D’aprĂšs les derniĂšres circulaires, [ces ressortissants bulgares] avaient la possibilitĂ© de se dĂ©placer », dĂ©plore encore Laure Palun, qui affirme avoir saisi en vain le DĂ©fenseur des droits ainsi que la ContrĂŽleure gĂ©nĂ©rale des lieux de privation de libertĂ©. Ces travailleurs ont Ă©tĂ© « refoulĂ©s en violation de la #protection_de_la_santĂ© et des #droits_fondamentaux », explique-t-elle.

      L’Observatoire de l’enfermement des Ă©trangers (OEE) a pour sa part estimĂ© dans un communiquĂ© que les 73 personnes renvoyĂ©es avaient « subi les pressions non seulement du gouvernement français mais aussi des autoritĂ©s bulgares qui se sont rendues en zone d’attente (mercredi) soir ».

      « Contrairement Ă  ce qui est annoncĂ© depuis plusieurs semaines, les frontiĂšres ne sont pas ’fermĂ©es’, les refoulements continuent et ce, au mĂ©pris des prĂ©conisations de l’OMS quant aux risques d’exportation du virus », a dĂ©noncĂ© l’OEE.

      ▻https://www.infomigrants.net/fr/post/24617/france-73-bulgares-venus-travailler-comme-saisonniers-ont-ete-refoules

      #Bulgarie #migrants_bulgares #travailleurs_bulgares #refoulement #saisonniers #fermeture_des_frontiĂšres

    • 78 EuropĂ©ens enfermĂ©s dans la zone d’attente de Roissy en pleine Ă©pidĂ©mie du Covid-19 : L’acharnement du gouvernement doit cesser !

      Depuis le 5 mai, 73 ressortissant·es europĂ©en·nes sont maintenu·es dans la zone d’attente de l’aĂ©roport de Roissy Charles de Gaulle aprĂšs s’ĂȘtre vu refuser l’entrĂ©e sur le territoire français. La plupart ont des contrats de travail avec des attestations de dĂ©placements professionnels national et international. Il y a, parmi elles, une famille avec un enfant de plus de 13 ans et 6 rĂ©sidents permanents en France.

      ArrivĂ©es le matin Ă  l’aĂ©roport, ces personnes ont Ă©tĂ© entassĂ©es toute la journĂ©e, et pour certaines une partie de la nuit, dans deux piĂšces sans fenĂȘtre d’une quinzaine de mĂštres carrĂ©s chacune, devant les postes de police dans les aĂ©rogares A et E du terminal 2. Au cours de la soirĂ©e et durant une partie de la nuit, elles ont progressivement Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©es dans le lieu d’hĂ©bergement de la zone d’attente de Roissy, la ZAPI 3.

      Ces personnes viennent s’ajouter aux 5 ressortissants chinois maintenus en ZAPI, qui se sont vu refuser l’entrĂ©e sur le territoire lundi 4 mai. En provenance de Shanghai, ces derniers ont Ă©tĂ© refoulĂ©s depuis Mexico Ă  Paris. La PAF (police aux frontiĂšres) veut les renvoyer vers Shanghai.

      Les gestes barriĂšres et la distanciation sociale ne peuvent pas ĂȘtre respectĂ©s en ZAPI. L’étage oĂč se trouvent les chambres, les couloirs et les sanitaires et douches n’est pas Ă©quipĂ© en gel hydroalcoolique. Les cabines tĂ©lĂ©phoniques et lieux collectifs ne sont pas dĂ©sinfectĂ©s aprĂšs chaque usage. Chaque occupant·e se verrait dĂ©livrer un masque par jour, alors que les prĂ©conisations sanitaires recommandent le changement de masque toutes les 4 heures maximum.

      Cette situation met en danger à la fois les personnes maintenues et le personnel qui travaille dans la ZAPI 3, lequel ne dispose pas toujours, lui non plus, du matériel nécessaire pour se protéger.

      Depuis le dĂ©but de la crise sanitaire liĂ©e au Covid-19, l’Observatoire de l’enfermement des Ă©trangers n’a cessĂ© d’alerter sur les risques sanitaires et les atteintes aux droits humains du fait de la privation de libertĂ© en zone d’attente. Ses inquiĂ©tudes actuelles concernent principalement les conditions de maintien en ZAPI, notamment l’impossibilitĂ© de respecter les gestes barriĂšres et la distanciation sociale, mais aussi la violation des droits des personnes.

      Des avocats des barreaux de Bobigny, de Paris et de Pontoise ont saisi le juge des rĂ©fĂ©rĂ©s du tribunal administratif de Montreuil pour qu’il mette un terme Ă  cette situation inacceptable.

      Contrairement Ă  ce qui est annoncĂ© depuis plusieurs semaines, les frontiĂšres ne sont pas « fermĂ©es », les refoulements continuent et ce, au mĂ©pris des prĂ©conisations de l’OMS quant aux risques d’exportation du virus. Les 73 ressortissants bulgares qui avaient explicitement manifestĂ© leur volontĂ© d’entrer sur le territoire, ont subi les pressions non seulement du gouvernement français mais aussi des autoritĂ©s bulgares qui se sont rendues en ZAPI hier soir. Ce matin, elles ont Ă©tĂ© rĂ©veillĂ©es vers 5h et sont en cours de tentative d’embarquement, un vol Ă©tant prĂ©vu Ă  10h20.

      L’OEE demande une nouvelle fois que le gouvernement en finisse avec son acharnement. Il faut fermer les zones d’attente et tous les lieux privatifs de libertĂ©. La politique migratoire ne saurait prĂ©valoir ni sur l’impĂ©ratif de protection de la santĂ©, quels que soient le statut et la nationalitĂ© des personnes concernĂ©es, ni sur le respect des droits fondamentaux.

      â–șhttps://www.gisti.org/spip.php?article6390

    • Des rĂ©fugiĂ©s Ă  la rescousse d’exploitants agricoles en #Aquitaine

      Dans le sud-ouest de la France, l’association bordelaise #Ovale_Citoyen a crĂ©Ă© un pont entre des rĂ©fugiĂ©s sans activitĂ© professionnelle et des exploitants agricoles en manque de personnel Ă  cause de la pandĂ©mie de Covid-19.

      Arshad, un Afghan de 22 ans, n’avait jamais rĂȘvĂ© d’ĂȘtre charpentier. RĂ©fugiĂ© statutaire Ă  Bordeaux, il a pourtant suivi une formation dans ce sens et s’est retrouvĂ© Ă  exercer ce mĂ©tier, faute d’autre option. Mais voilĂ  que, le confinement venu et son activitĂ© professionnelle mise Ă  l’arrĂȘt, une nouvelle opportunitĂ© s’est prĂ©sentĂ©e Ă  ce jeune homme : travailler dans l’agriculture.

      GrĂące Ă  l’association Ovale Citoyen, qui oeuvre en temps normal Ă  l’intĂ©gration des migrants et personnes en situation d’exclusion via la pratique du rugby, Arshad a suivi en avril une formation de deux jours pour apprendre les rudiments de la viticulture. Depuis, il a commencĂ© Ă  travailler dans une exploitation. « Quand on lui parle d’agriculture, il a les yeux qui pĂ©tillent, il est hyper heureux », commente Jeff Puech, prĂ©sident de cette association basĂ©e en Aquitaine, dans le sud-ouest de la France.

      Arshad fait partie d’un groupe de 70 personnes qui ont pu bĂ©nĂ©ficier d’une formation professionnelle accĂ©lĂ©rĂ©e mise sur pied en pleine crise sanitaire. « Nous sommes partis d’un double constat : d’une part, tous nos rĂ©fugiĂ©s statutaires et jeunes de quartiers dĂ©favorisĂ©s vont pĂątir de cette pĂ©riode de confinement due au Covid-19 au niveau professionnel. C’est dĂ©jĂ  compliquĂ© pour eux de trouver du travail, alors avec la crise Ă©conomique qui s’annonce
 », explique Jeff Puech. « D’autre part, le monde agricole manque de bras [en raison des fermetures de frontiĂšres qui causent une pĂ©nurie de travailleurs saisonniers, venus principalement du Maroc, de Tunisie et de Turquie, NDLR]. Or l’agriculture reprĂ©sente un pĂŽle Ă©conomique crucial pour la rĂ©gion Aquitaine. »

      L’idĂ©e a donc germĂ© de mettre en relation ces personnes dans le besoin et ces agriculteurs en attente de main d’oeuvre. Un peu comme une « agence d’intĂ©rim » mais constituĂ©e de bĂ©nĂ©voles, s’amuse Jeff Puech. AprĂšs avoir obtenu l’aval de la prĂ©fecture, le projet « Un drop dans les champs », inspirĂ© du terme « drop » qui dĂ©signe un type de coup de pied au rugby, Ă©tait nĂ©.

      « Beaucoup ne savaient pas ce qu’était un pied de #vigne »

      Le monde viticole a Ă©tĂ© le premier Ă  ĂȘtre ciblĂ© par l’association, qui envisage de collaborer dans un futur proche avec les exploitations de maĂŻs et d’autres cultures maraĂźchĂšres. Pour ce faire, Jeff Puech a pu compter sur l’aide de Jacky Lorenzetti, prĂ©sident du club de rugby Racing 92, partenaire d’Ovale Citoyen, qui possĂšde des exploitations dans le Bordelais.


      ▻https://twitter.com/OvaleCitoyen/status/1258073068150427661?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E12

      « Le personnel d’une de ces exploitations a Ă©tĂ© mis Ă  disposition des apprentis », se rĂ©jouit l’organisateur. « Certains apprentis avaient dĂ©jĂ  des connaissances en agriculture mais beaucoup ne savaient pas ce qu’était un pied de vigne. Ils ont notamment Ă©tĂ© formĂ©s Ă  l’épamprage, une opĂ©ration qui consiste Ă  couper les branches en trop sur un pied. »

      Depuis, 38 personnes, ĂągĂ©es de 18 ans Ă  48 ans, ont dĂ©jĂ  commencĂ© Ă  travailler. Parmi ce groupe, 75% sont des rĂ©fugiĂ©s statutaires, originaires majoritairement d’Afghanistan, d’ÉrythrĂ©e, de Somalie et d’Éthiopie, 10% sont des personnes « en trĂšs grande prĂ©caritĂ©, parfois logĂ©es dans les hĂ©bergements du 115 », et le reste vient des quartiers dĂ©favorisĂ©s de Bordeaux.

      « Une opĂ©ration d’urgence qui va peut ĂȘtre aboutir Ă  un projet pĂ©renne »

      Cette mobilisation de main d’oeuvre fait Ă©cho Ă  un appel lancĂ© dĂšs le mois de mars par le ministre français de l’Agriculture, lequel avait encouragĂ© les personnes sans activitĂ© Ă  rejoindre « la grande armĂ©e de l’agriculture française » sujette Ă  un manque de 200 000 travailleurs saisonniers.

      L’initiative « Un drop dans les champs » est considĂ©rĂ©e comme la bienvenue par les premiers concernĂ©s. « La rĂ©action du monde agricole a Ă©tĂ© plus que favorable, se fĂ©licite » Jeff Puech. « Cela n’arrive pratiquement pas que l’on nous dise ’Ah non, je ne veux pas de ces gens-lĂ  dans mon champs !’, au contraire, on reçoit des appels d’agriculteurs qui ont entendu parler du projet et qui sont intĂ©ressĂ©s. »

      Face Ă  la demande, Ovale Citoyen, qui depuis la mi-mars organise des distributions de nourriture pour environ 900 personnes par semaine, compte mettre en place de nouvelles formations. L’association a dĂ©jĂ  recensĂ© 150 candidats et espĂšre pouvoir faire travailler entre 200 et 220 personnes au plus fort de la saison. « Certains ont signĂ© des CDD de six mois jusqu’à la fin des vendanges », commente Jeff Puech. « D’autres sont partis sur des contrats de deux-trois mois, comme cela se fait gĂ©nĂ©ralement dans ce secteur. » Plusieurs, en tout cas, se projettent plus loin.

      « Beaucoup m’ont dĂ©jĂ  dit qu’ils avaient envie de continuer Ă  travailler dans l’agriculture. Il y a, par exemple, un gros manque de conducteurs de tracteur, cela pourrait ĂȘtre un dĂ©bouché  Au final, cette opĂ©ration qui rĂ©pondait Ă  une urgence va peut ĂȘtre aboutir Ă  un projet sur le long terme », veut croire Jeff Puech. À condition, toutefois, prĂ©cise ce dernier, que des solutions soient trouvĂ©es pour la mobilitĂ© de ces salariĂ©s souvent sans permis et devant se rendre dans des zones rurales non desservies par les transports en commun. « Il faudrait un plan d’action permis de conduire pour les rĂ©fugiĂ©s. »

      En attendant, l’activitĂ© principale de l’association, le rugby, ne devrait pas reprendre de sitĂŽt en raison de la pandĂ©mie. « Durant les matchs, on doit ĂȘtre au contact et on ne veut prendre aucun risque avec le coronavirus », dit encore le prĂ©sident de l’association. Certains rĂ©fugiĂ©s pourraient cependant avoir trouver une solution Ă  ce problĂšme. « On me demande de plus en plus de jouer au cricket. Mais ça, ça ne va pas ĂȘtre possible », rit Jeff Puech.

      â–șhttps://www.infomigrants.net/fr/post/24635/des-refugies-a-la-rescousse-d-exploitants-agricoles-en-aquitaine

    • CommuniquĂ© - Collectif de DĂ©fense des travailleur-euses Ă©tranger-Ăšres dans l’agriculture

      CrĂ©Ă© en 2003, les objectifs du CODETRAS restent la lutte contre l’exploitation de la main-d’Ɠuvre Ă©trangĂšre, contre les dĂ©nis de droits, contre les discriminations et contre toutes formes d’exploitation dans l’agriculture. Il associe en son sein des paysans, des syndicats, des associations, des militants, des chercheurs.ses, des journalistes, des avocats et juristes


      Une main d’Ɠuvre saisonniĂšre aux abonnĂ©s absents et une armĂ©e de « volontaires » sur la paille pour sauver les productions agricoles, arboricoles, horticoles, assurer une distribution logistique de proximitĂ©, achalander les rayons frais des supermarchĂ©s et alimenter les populations confinĂ©es.

      « Continuez Ă  aller faire vos courses, nous nous occupons du reste... »

      DĂšs le dĂ©but de la pandĂ©mie, les questions liĂ©es Ă  l’approvisionnement de l’alimentation ont pris une ampleur politique et mĂ©diatique rare. Les images de rayons de supermarchĂ©s vides ont vite laissĂ© place aux mots d’ordre pour la reconstitution des stocks et le maintien de l’approvisionnement. La grande distribution a martelĂ© qu’il n’y aurait pas de rupture de stock.

      Pourtant, en France comme d’autres pays, la fermeture des frontiĂšres et l’arrĂȘt des flux migratoires a rĂ©vĂ©lĂ© la survaleur du travail des saisonnier-Ăšres Ă©tranger-Ăšres dans la chaĂźne productive du travail de la terre : de la taille aux semis, jusqu’au conditionnement et Ă  l’expĂ©dition des rĂ©coltes. Depuis quelques semaines, le gouvernement a appelĂ© les chĂŽmeur-euses, Ă©tudiant-es, rĂ©fugiĂ©-es et autres prĂ©caires Ă  remplacer ces travailleur-euses saisonnier-Ăšres immigrĂ©-es via la plateforme numĂ©rique « des bras pour ton assiette », largement relayĂ© par la FĂ©dĂ©ration Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles (FNSEA).

      La crise sanitaire liĂ©e au Covid-19 a bien mis en difficultĂ© le modĂšle « agro-industriel » qui garantit aux consommateurs d’avoir toute l’annĂ©e des fruits et lĂ©gumes Ă  foison et Ă  bas prix. Ce dernier s’appuie sur une production intensive sous serre et en plein champs, une distribution reposant sur une logique de « flux tendus » et, Ă  la base de cette filiĂšre, sur une main-d’Ɠuvre migrante prĂ©carisĂ©e qui pourvoit habituellement Ă  (main)tenir l’intensitĂ© du travail et la constitution des stocks alimentaires, assurant ainsi la performance Ă©conomique des filiĂšres des secteurs agricole et agro-alimentaire. La fermeture des frontiĂšres a rendu manifeste la dĂ©pendance de la sociĂ©tĂ© entiĂšre dans tous les États europĂ©ens Ă  ces travailleur-euses issu-es du Maroc, d’Espagne, de Pologne, de Roumanie ou encore d’Equateur.

      Le travail de cette main-d’Ɠuvre agricole immigrĂ©e prend diffĂ©rentes formes : du travail non-dĂ©clarĂ© des sans-papiers, aux contrats de l’Office national d’immigration en 1945 (Maroc, Pologne, Italie), puis aux contrats d’introduction de main-d’Ɠuvre de l’Office des Migrations Internationales, jusqu’aux contrats de mission dans des exploitations de mise Ă  disposition, via des agences d’intĂ©rim internationales basĂ©es en Europe (ETT).

      CensĂ©e rĂ©pondre au besoin de main d’Ɠuvre « temporaire » des exploitations agricoles françaises, la prĂ©sence annuelle de ces travailleur-euses Ă©tranger-Ăšres est en rĂ©alitĂ© une base invariable de l’agro-industrie intensive, prĂ©datrice et exportatrice. En effet, ce statut de « travailleur saisonnier » ne dĂ©crit pas une rĂ©alitĂ© liĂ©e au cycle des saisons mais la nĂ©cessitĂ© capitaliste de rĂ©duire les coĂ»ts dans le cadre d’une production intensive sous serres et en plein champs. Cette fiction d’une temporalitĂ© saisonniĂšre naturelle permet par contre au secteur de justifier une main-d’Ɠuvre flexible, rĂ©vocable Ă  tout moment, moins chĂšre et non informĂ©e de ses droits. Non-paiement des heures supplĂ©mentaires, logement indigne et harcĂšlement moral, physique et sexuel dans le cas des ouvriĂšres, sont monnaie commune.

      La crise actuelle a mis en Ă©vidence l’invisibilitĂ© de ces travailleur-euses dans l’espace public et leur division dans les espaces privĂ©s des exploitations. La loi et l’imaginaire politique dominant en font une catĂ©gorie pĂ©riphĂ©rique et marginalisĂ©e alors qu’ils occupent au contraire le cƓur de la production et reproduction de notre sociĂ©tĂ©. Cette exclusion sociale est d’ailleurs redoublĂ©e par une sĂ©grĂ©gation spatiale, puisqu’ils et elles sont souvent logĂ©-es directement sur les exploitations ou dans des campings, loin des regards mais toujours disponibles pour l’employeur. Cela Ă©loigne et complexifie l’organisation de rĂ©seaux de solidaritĂ© entre et avec ces travailleur-euses de l’ombre.

      Leur absence a crĂ©Ă© un vide dans la filiĂšre logistique et agro-industrielle, conduisant dans un premier temps les employeurs agricoles et les pouvoirs publics Ă  s’assurer de la disponibilitĂ© d’autres catĂ©gories de la population pour rĂ©pondre Ă  la demande des consommateurs et continuer Ă  faire tourner la machine de l’agriculture intensive : ont Ă©tĂ© « volontairement » enrĂŽlĂ©-es les chĂŽmeur-euses, les Ă©tudiant-es, les demandeur-euses d’asile, les solidaires...

      De mĂȘme, Ă  l’heure oĂč de nombreux pays europĂ©ens mettent en place des ponts aĂ©riens pour acheminer des travailleur-euses dans les zones agricoles sous tension, la crise rĂ©vĂšle Ă  quel point la question sanitaire se rĂ©vĂšle cruciale. En dĂ©pit des dangers sanitaires encourus habituellement dans le secteur (surexposition aux produits phytosanitaires, surcharge de travail, non-respect des rĂšgles de sĂ©curitĂ©, absence de fourniture des Ă©quipements de protection), les travailleur-euses Ă©tranger-Ăšres « temporaires » n’ont ni prĂ©venance, ni prĂ©voyance, ni assurance face aux risques de maladie, d’accident, de pĂ©ril... dans les pays de mise Ă  disposition. En outre, les risques de contracter le Covid-19 sont exacerbĂ©s par la promiscuitĂ© des espaces de travail et l’exiguĂŻtĂ© des lieux rĂ©sidentiels qui ne garantissent pas les distances spatiales de sĂ©curitĂ©. L’urgence liĂ©e Ă  la crise sanitaire et Ă©conomique ne peut supplanter le respect des conditions de vie, d’accueil et de travail dĂ©cent de ces travailleur-euses.

      Suivre la composition du travail agricole dans les prochains mois et ses effets au-delĂ  de la pandĂ©mie permettra de comprendre, au croisement d’enjeux sociaux, Ă©conomiques et gĂ©opolitiques, les Ă©xigences de « libre » circulation des travailleur-euses pour assurer la « libre circulation » des marchandises dans le marchĂ© unique. Alors que la crise a mis en lumiĂšre la centralitĂ© structurelle et la performance, dans les circonstances actuelles, de ces travailleur-euses Ă©tranger-Ăšres intra et extracommunautaires dans les agricultures europĂ©ennes, comment faire pour que la parenthĂšse ouvre un champ de lutte rĂ©unissant premier-Ăšres concernĂ©-es, rĂ©seaux solidaires et acteur-rices du monde paysan ?

      #CODETRAS - Collectif de dĂ©fense des travailleur-euses Ă©tranger-Ăšres dans l’agriculture

      â–șhttps://mars-infos.org/communique-collectif-de-defense-5051