Slimani, Darrieussecq : romantisation du confinement

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  • Quitter la ville en période d’épidémie, un privilège de classe ? | Laury-Anne Cholez
    https://reporterre.net/Quitter-la-ville-en-periode-d-epidemie-un-privilege-de-classe

    De nombreux citadins ont quitté les métropoles dès l’annonce des mesures de confinement pour combattre l’épidémie de Covid-19. Beaucoup sont propriétaires de résidences secondaires et peuvent télétravailler. Cette situation révèle une fois de plus les inégalités sociales face à la pandémie. Source : Reporterre

    • Et tous les propriétaires ne sont pas forcément de riches actionnaires. Beaucoup de citadins sont tout simplement rentrés dans leur famille. Pour Jean-Didier Urbain, sociologue et ethnologue, spécialiste du tourisme, il faut se garder de tout amalgame. « 60 % des résidences secondaires en espace rural appartiennent aux ouvriers, aux employés et aux retraités modestes. Ce n’est pas qu’une pratique de nantis, sauf bien sûr pour les résidences à la montagne, sur une île ou sur le littoral. »

      Selon une enquête menée par le Cevipof, seulement 9 % des résidences secondaires seraient héritées. Jean-Didier Urbain refuse ainsi de fustiger celles et ceux qui sont partis s’y réfugier. « Cette épidémie montre que le confinement est ingérable dans certaines conditions d’habitation. Des gens qui doivent dormir à tour de rôle dans un lit faute de place et qui sont obligés d’aller dehors car les appartements sont trop petits. Il n’y a pas de politique d’habitat cohérente face à la spéculation foncière. La fuite à la campagne n’est qu’un effet secondaire de cette situation. » Difficile en effet de se confiner à 100 % lorsqu’on vit dans un logement indécent, comme le montre une enquête de Reporterre.

      Malgré tout, quitter temporairement la ville pour les champs sans risquer de perdre son emploi demeure un privilège social.

    • Liens vers
      https://www.arretsurimages.net/chroniques/avec-style/slimani-darrieusecq-romantisation-du-confinement
      https://twitter.com/MMaestracci/status/1241976342628970502

      Cet exode urbain temporaire sera-t-il l’occasion de repenser nos façons de vivre, de travailler, de consommer comme beaucoup l’espèrent désormais ? Pour Jean-Didier Urbain, la réponse est non : « Nous sommes en période de crise, de remise en question sous le coup de l’émotion. C’est normal. Mais dès que le danger sera éloigné, tout redeviendra comme avant. Je ne veux pas être cynique, mais les mécanismes sociaux ne seront pas déboulonnés par le coronavirus, qui n’est ni la peste ni le choléra. » Un point de vue partagé par Anne-Marie Moulin. « Quand on parle des épidémies, on évoque toujours des questions de morale, pour juger ce qui ne fonctionne pas bien dans la société. Ces jugements ont rarement un écho assez puissant pour lancer des réformes profondes lorsqu’on retourne à la routine. Il n’y a pas d’exemples dans l’histoire d’épidémies qui aient radicalement transformé la société pour le mieux. »