• Affaire Gabriel #Matzneff : l’ancienne ministre de la santé Michèle Barzach entendue par la police
    Selon nos informations, l’ex-ministre de la santé de Jacques Chirac a été auditionnée en tant que gynécologue ayant prescrit la pilule aux jeunes filles que l’écrivain lui amenait dans son cabinet.

    https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2020/04/27/affaire-matzneff-l-ancienne-ministre-de-la-sante-michele-barzach-entendue-pa

    Le scandale a éclaté en janvier, lors de la parution du livre de Vanessa Springora, Le Consentement (Grasset). La quadragénaire, devenue éditrice, y raconte dans le détail sa relation avec Matzneff, en 1986, alors qu’elle avait 14 ans et lui 49. Encouragée par ce premier témoignage et l’­ouverture d’une enquête, à la demande du parquet, une autre ancienne victime présumée de l’écrivain, Francesca Gee, a, à son tour, décidé de rompre le silence dans le New York Times, dénonçant l’emprise que Matzneff a exercée sur elle pendant trois ans à partir de 1973, lorsqu’elle avait 15 ans, et lui 37… C’est cette dernière, aujourd’hui âgée de 62 ans, qui a confirmé aux enquêteurs, le 20 février, le rôle que jouait Michèle Barzach, alors gynécologue avenue Félix-Faure, à Paris, dans le 15e arrondissement : au début des années 1970, la doctoresse, en toute connaissance de cause, prescrivait la pilule à des jeunes filles mineures que Matzneff mettait dans son lit.

    Beaucoup, en réalité, avait déjà été dévoilé par Gabriel Matzneff lui-même dans plusieurs de ses récits. Dès 1991, dans Élie et Phaéton, la partie de son « journal intime » qui couvre la période 1970 à 1973, il racontait son inquiétude, au bout de trois mois de relation avec la très jeune Francesca : « J’achète un truc à la pharmacie pour savoir si on attend un bébé ou non. Francesca sèche l’école, vient chez moi faire le test. Ouf ! c’est négatif. Toutefois, il faut que nous trouvions un gynécologue qui accepte de lui prescrire la pilule sans prévenir sa mère. Si nous tombons sur un médecin réac, hyper-catho, c’est fichu. » L’écrivain est un mondain, connecté au Tout-Paris. À l’automne 1973, après quelques coups de fil, Matzneff emmène Francesca prendre un café près des Champs-Élysées avec une connaissance, la journaliste Juliette Boisriveaud.

    Alors âgée de 41 ans, cette ancienne voix de RTL, militante féministe revendiquée, est débordée : elle s’apprête à lancer le magazine Cosmopolitan, qu’elle pilotera pendant des années. « Je garde le souvenir d’une femme très sympathique, se souvient Francesca Gee. Elle a chaleureusement recommandé Michèle Barzach en expliquant que c’était… la nouvelle petite amie de son ex-mari ! Mes propres parents étaient en train de divorcer et ça se passait plutôt mal, j’étais donc stupéfaite. » En ce début des années 1970, Michèle Barzach, gynécologue férue de psychologie, a organisé des colloques avec le psychologue Bruno Bettelheim, participé à des séances de thérapie de groupe, suivi une psychanalyse et même fondé une consultation de gynécologie à Aubervilliers avec Joëlle Kauffmann, militante historique du Groupe Information Santé (GIS)… « Matzneff a pris rendez-vous avec Michèle Barzach et m’a conduite à son cabinet, rapporte Francesca Gee. La conversation entre eux a commencé sur un ton assez mondain, puis il est allé s’asseoir dans la salle d’attente et est revenu dans le cabinet pour régler la consultation. »

    À l’issue du premier rendez-vous, le 13 novembre 1973, Matzneff s’extasie : « Nous y sommes allés avec la crainte d’être critiqués, sermonnés, aussi avons-nous été très agréablement surpris. Michèle Barzach est une jeune femme douce, jolie, attentive, qui à aucun moment n’a cru devoir faire la morale à ce monsieur de 37 ans et à sa maîtresse de 15. Elle a, je pense, tout de suite compris que nous formons un vrai couple, que nous nous aimons. » Francesca Gee affirme avoir consulté la gynécologue « 5 ou 6 fois en trois ans », toujours en compagnie de Matzneff : « Il m’a toujours accompagnée chez elle, j’ai la vague impression qu’il était content d’entretenir des relations avec elle. En tout cas, il ne se plaignait jamais de devoir y aller. »

    Francesca Gee a gardé trace de ces visites : une ancienne prescription pour une prise de sang, signée en février 1974 par la gynécologue, sur laquelle ne figure pas le nom de la patiente. En ce temps, la loi Neuwirth permettait la vente de produits contraceptifs aux mineures, mais elle était soumise à autorisation parentale jusqu’à la loi Veil de décembre 1974… Qu’importe, Michèle Barzach, comme bien des médecins progressistes à l’époque, assumait de violer la loi. Pourtant, Matzneff ne cache pas ses penchants. À l’automne 1974, il publie même Les moins de seize ans, une apologie de la pédophilie, où il reproduit des lettres de Francesca. « Elle ne m’a jamais posé de questions, mais à l’époque personne ne trouvait à redire à ma relation avec Matzneff, observe Francesca Gee. Alors que j’étais juste une gamine dont les parents ne s’occupaient pas, sous l’emprise d’un prédateur expérimenté. »

    #pedocriminalite

    • je cite pour tagger les noms... ça fait un joli paquet de fils entrecroisés tout ça...

      À l’automne 1973, après quelques coups de fil, Matzneff emmène Francesca prendre un café près des Champs-Élysées avec une connaissance, la journaliste #Juliette_Boisriveaud.

      Alors âgée de 41 ans, cette ancienne voix de #RTL, militante féministe revendiquée, est débordée : elle s’apprête à lancer le magazine #Cosmopolitan, qu’elle pilotera pendant des années. « Je garde le souvenir d’une femme très sympathique, se souvient #Francesca_Gee. Elle a chaleureusement recommandé Michèle Barzach en expliquant que c’était… la nouvelle petite amie de son ex-mari !

      @touti

    • La majorité sexuelle était déjà à 15 ans en 1970 et ce, depuis 1945 (ou elle était à 13 ans…), donc, stricto senso Barzach a correctement fait son job de gynéco en commençant par protéger sa patiente du risque d’une grossesse à une époque où ce n’était hélas pas encore une priorité.

      La question de l’attentat à la pudeur se posait, mais pas forcément pour la gynéco.

    • il n’y pas un truc légal qui reconnaisse l’ascendant, ou la différence de... « pouvoir » entre quelqu’un de 15 ans et un autre de 37 ? ça lance peut-être un débat trop long... chai pas... c’est quand même juste une évidence...

    • @monolecte, je me disais cela aussi hier, mais entre une fille de 15 ans qu’une gynéco souhaite aider en lui donnant la pilule parce que c’est SA demande et un homme de 37 ans qui accompagne et paye pour cela… y’a un gap. Dans ce cas là, ce n’est pas une question de légalité mais d’humanité, la gynéco elle doit bien pouvoir s’entretenir avec la jeune fille pour savoir si elle est en âge (peut importe ici l’âge légal) de comprendre la situation ?
      Il faudrait que je retrouve (mézoù ?) un témoignage d’une de ses jeunes victimes qui avait du avorter et pour laquelle il y a eu des répercussions.

  • Dopé au Coronavirus, le média chinois « Caixin » défie la censure, Brice Pedroletti
    https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2020/04/24/dope-au-coronavirus-le-media-chinois-caixin-defi-la-censure_6037662_4500055.


    Les journalistes de Caixin qui se sont introduits dans le service où était hospitalisé le docteur Li Wenliang, premier lanceur d’alerte sur le coronavirus. Caixin

    Depuis les premiers jours de la pandémie, ce site d’information parvient à multiplier les révélations malgré le verrouillage du pouvoir.

    La crise due au coronavirus à Wuhan et le confinement strict de la ville depuis le 23 janvier jusqu’au 8 avril ont ouvert un nouveau front pour Caixin, un des médias chinois les plus audacieux : à lui seul, ce célèbre site d’information bilingue (mandarin et anglais), dédié en principe aux affaires économiques, mais connu pour son positionnement politique libéral, a multiplié les révélations lors de ces deux mois cruciaux. Deux journalistes et un photoreporter, sous la direction d’un rédacteur en chef adjoint, ont passé les soixante-dix-sept jours de confinement à Wuhan, se déplaçant quand ils le pouvaient avec des combinaisons de protection.

    Le 31 janvier, le site publie une interview du docteur Li Wenliang, qui avait été interpellé par la police pour avoir informé d’autres médecins que le mystérieux virus était de type SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère). Le 6 février au soir, les deux enquêteurs se rendent à l’hôpital, pénètrent par le garage et se retrouvent ensuite à minuit devant la porte de l’unité de réanimation où le docteur Li se bat entre la vie et la mort. Après l’annonce de son décès, Caixin publiera un appel à créer une législation afin de protéger les lanceurs d’alerte – une proposition osée en Chine – et une galerie de photos montrant des personnes venues déposer des fleurs devant l’hôpital central de Wuhan.

    Les journalistes donneront plus tard la parole aux médecins de l’établissement, qui fustigent l’incompétence de leur direction à la suite des nombreux décès parmi leurs collègues. Ultime tabou, le secrétaire du parti de l’hôpital est pointé du doigt : « Il ne comprenait pas suffisamment ce qu’était une maladie infectieuse et a empêché les praticiens de partager des informations critiques sur la santé. »

    Qu’un petit échantillon de la vérité

    Le 29 février, le site révèle que plusieurs laboratoires chinois ont reçu dès le mois de décembre des échantillons prélevés sur des patients atteints de pneumonie atypique, provenant des hôpitaux de Wuhan. Et qu’ils ont prévenu de la dangerosité de ce coronavirus inconnu, pour se voir ordonner, le 1er janvier, de détruire ces prélèvements. Les premiers signes de l’émergence d’un virus de type SRAS ont bien « été identifiés, partagés puis étouffés », dénoncent-ils.

    Une veillée tenue le 7 février 2020 à Hong Kong, après le décès du docteur et lanceur d’alerte Li Wenliang. Kin Cheung/AP/SIPA
    Fin mars, le photographe de Caixin, qui assiste à la réouverture d’un des salons funéraires de la ville, apprend d’un chauffeur de camion qu’il a livré 5 000 urnes en deux jours – suscitant dans le monde entier de sérieux doutes sur le nombre réel de morts à Wuhan. Les autorités locales répondront que ces urnes étaient aussi destinées aux milliers de personnes décédées durant ces deux mois d’autres pathologies que le Covid-19.

    Comme pour les laboratoires, le site d’information ne pourra pousser plus loin son enquête –signe que la censure est intervenue. « Nous avons sans doute trouvé 75 % à 80 % de la vérité », déclarait le rédacteur en chef adjoint, Gao Yu, dans un podcast de Caixin concernant leur travail à Wuhan. Mais il ajoute cette phrase, qui n’est pas traduite dans la transcription en anglais du podcast : « Seulement 30 % à 40 % [de ce qui a été découvert] ont pu être publiés ». Dès lors, quand on demande à rencontrer Gao Yu ou un membre de l’équipe de Wuhan, la réponse est immédiate : « Désolé, ce n’est pas le bon moment. Il y a trop de risques. »

    La presse chinoise dite libérale, c’est-à-dire dont les journalistes sont favorables à plus de liberté d’expression et généralement à plus de démocratie, est souvent plus difficile à approcher que les médias sous le contrôle du parti. « Si vous donnez des informations à des Occidentaux sur des événements ou sur le fonctionnement interne des médias, ça peut être tout de suite retenu contre votre journal, on dira que vous avez pactisé avec des forces hostiles », explique un ancien reporter d’un quotidien pékinois.

    Une patronne très habile

    Dans ce jeu du chat et de la souris, Caixin, détenu par le magnat du show-business de Shanghaï, Li Ruigang, patron du groupe China Media Capital, a toujours su allier la prudence, l’expérience et le tact en jouant habilement des connexions politiques, réelles ou fantasmées, de sa fondatrice, Hu Shuli, 67 ans. Fille d’une cadre dirigeante du Quotidien des travailleurs et d’un père cadre dans la fédération syndicale officielle, Hu Shuli est à ce jour l’incarnation la plus élaborée de l’audace journalistique, de la longévité et du professionnalisme tels qu’ils peuvent être tolérés dans son pays.

    « Elle a toujours su cultiver les liens avec le pouvoir central, tout en réussissant à se faire reconnaître en Occident », explique une ancienne personnalité des médias de Shanghaï. Hu Shuli a un avantage rare : elle a découvert très tôt le journalisme à l’occidentale. Après avoir passé six mois, en 1987, au World Press Institute, dans le Minnesota, elle publie à son retour un livre sur les « coulisses de la presse américaine », qui explique le Watergate. En 2010, elle fonde Caixin après avoir quitté, avec la quasi-totalité de la rédaction, le magazine qui l’avait rendue célèbre, Caijing, dont les dirigeants subissaient la pression du parti après une série d’enquêtes ayant déplu en haut lieu.

    « Les connexions politiques et la capacité à manœuvrer de Hu Shuli sont essentielles pour expliquer l’excellente couverture de la crise due au coronavirus par Caixin. Mais il faut ajouter à cela la tradition bien réelle de ce média de parler haut et fort, et d’adhérer le plus possible à l’excellence journalistique. Sans compter que des crises comme celles-ci créent inévitablement un certain niveau de confusion, ce qui offre des occasions aux médias considérés comme les plus indépendants d’esprit », explique David Bandurski, codirecteur de China Media Project, le programme de recherche sur les médias chinois de l’université de Hongkong.

    Profil bas

    Avec l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping, en 2013, et la répression qui a suivi, Caixin a eu tendance à faire profil bas, concentrant ses enquêtes sur les cibles de la lutte anticorruption menée alors par Wang Qishan, un réformateur issu du monde de la finance dont Hu Shuli est réputée proche. Le 7 mars 2016, le site commet toutefois l’impensable, en révélant la censure d’un de ses articles, accompagné de la photo d’une bouche scotchée sur laquelle est dessiné un sens interdit rouge. Un acte de défiance de nouveau censuré.

    En 2018, Hu Shuli cède le poste de rédactrice en chef à son adjoint depuis vingt-cinq ans, Wang Shuo, tout en expliquant à l’agence Associated Press qu’elle resterait, en tant que directrice de la publication, très impliquée dans les décisions éditoriales du site. « Je ne me retire pas ni ne descends d’une marche. Au contraire, vous pourriez dire que je monte d’un cran », avait-elle déclaré pour faire taire les spéculations sur sa mise à l’écart au moment où Xi Jinping venait d’être reconduit, en octobre 2017, pour un second mandat à la tête du Parti communiste chinois.

    Lors de la crise causée par l’épidémie de Covid-19, c’est Hu Shuli elle-même qui, le 20 janvier 2020, dès que fut officiellement révélée la contagiosité du virus entre humains, demanda au journaliste Gao Yu de partir à Wuhan et d’y constituer une équipe. La « femme la plus dangereuse de Chine », comme elle est surnommée, n’a pas oublié l’expérience du SRAS : en 2002, Caijing, son ex-publication, avait été l’une des plus combative dans sa couverture des dissimulations du gouvernement chinois.

    #Covid-19 #Chine #presse

  • Le masque de plongée, second souffle des hôpitaux
    https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2020/04/11/le-masque-de-plongee-second-souffle-des-hopitaux_6036333_4500055.html

    Grâce à un brevet ouvert et une coopération internationale, l’Easybreath, le modèle vedette de Decathlon, a été transformé pour s’adapter aux respirateurs et pallier le manque d’équipements dans les services de réanimation.

    Pour quelques dizaines d’euros, cet accessoire pourra bientôt servir dans l’industrie, les services, le loisir, le shopping, les manifs ? Cocorico !

  • Comment Google Arts se met les musées dans la poche
    https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2020/04/03/comment-google-arts-se-met-les-musees-dans-la-poche_6035425_4500055.html

    Visiter la galerie des Glaces ou la grotte Chauvet à toute heure : c’est possible grâce à la stratégie de numérisation du géant américain. Une parade au confinement, mais qui soulèvent des questions sur la position hégémonique de la firme de Mountain View. Depuis le 25 mars, le Grand Palais offre une plongée numérique dans l’exposition, inaccessible jusqu’à nouvel ordre, consacrée à Pompéi. En prime, le même site Internet permet de déambuler, tout aussi virtuellement, en deux minutes et demie dans la nef du (...)

    #Google #domination #lobbying #art