?v=0xMc0eRvB0o&t=2s

  • Un ptit mot dans la lettre des producteurs de mon AMAP

    Chers amis,
    La vie s’est profondément transformée n’est-ce pas ? Il arrive que nous soyons confrontés à ce que nous savions devoir vivre mais que nous pensions pouvoir remettre sans cesse au lendemain.
    Fin de la gabegie de déplacements et de distractions.
    Recentrage sur l’essentiel.
    Soigner, nourrir, rester humain.
    Prendre soin de nos proches, « cultiver notre jardin ».
    Le printemps précoce et déjà chaud nous invite à travailler notre bout de terre, préparer les sols, apporter la fumure, remplir les serres de plants.
    Planter aussi dehors en protégeant pourtant des matins au froid encore mordant.
    De nombreux appels nous parviennent d’alentours et de plus loin. Avez-vous ceci ? Pouvez-vous nous livrer cela ? Tout est envoyé dès que récolté. Jamais nous n’avions été tant sollicités.

    Enfant, autour de Paris, nous vivions entourés de maraîchers qui produisaient des tonnes de légumes frais sur des surfaces restreintes. Ils approvisionnaient chaque nuit les grossistes des Halles en plein cœur de la capitale. A l’époque tous les légumes frais consommés chaque jour par Paris étaient produits dans un rayon de 80 km autour du 1er arrondissement. C’était la ceinture verte.
    Une ou deux générations avant, nos grands parents maternels avaient dû quitter le Nord de la France après les grèves de 1936 et s’étaient installés en location dans une petite maison à Fontenay aux Roses. La maison comprenait un sous-sol semi enterré divisé en deux parties, une partie pour le stockage du charbon (chauffage) l’autre pour le stockage des pommes de terre. Sous l’escalier se trouvait le clapier construit par mon grand-père qui accueillait un petit élevage pour le lapin à la moutarde des jours de fête. Devant la maison un carré de terre de 2 mètres sur 5 était cultivé en légumes pour la soupe. La fumure était produite par l’ensemble de la maisonnée dans un cabanon en bois adossé à la maison. Quelques poules complétaient chaque jour par des œufs l’apport en protéines animales de ce régime austère et répétitif. La dureté de la vie de l’époque et les vieilles racines paysannes contraignaient encore les gens à compter aussi sur leur capacité à se nourrir eux-mêmes. L’argent ne se mange pas. De toute façon, on n’en avait pas.

    Le passé n’existe plus.
    L’avenir est incertain.
    Pourquoi parler ? « Verum index sui » : la vérité apparaît d’elle-même : Nous poursuivions des chimères et le réel nous a rattrapé par le col pour nous remettre le nez sur ce que nous avons à faire : Arrêter de nous disperser dans tous les sens, nous recentrer, repenser nos organisations, leurs tailles, leurs buts.
    Définir ensemble des stratégies pour les atteindre.
    S’arroger le pouvoir d’organiser nos vies en fonction de nos choix.
    Ici et maintenant.

    Et un morceau de rebetiko chanté par Kalypso, la dernière arrivée (des produits de Grèce, dont de l’huile d’olive, donc pas des trucs locaux, mais après avec certains produits ils font des confitures etc, localement donc) :
    https://www.youtube.com/watch?v=0xMc0eRvB0o&t=2s


    ping @tintin :)