« La police ne sert pas d’abord à appliquer la loi mais à éliminer des groupes sociaux »

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  • Ils s’embrassent devant la Manif pour Tous, la police les exfiltre violemment pour “trouble à l’ordre public”
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    Ce samedi 10 octobre, des manifestations étaient organisées dans toute la France par La Manif Pour Tous (LMPT), organisation ultra-réactionnaire qui, après avoir tenté de faire pression contre l’ouverture du mariage aux couples homosexuels, a décidé de faire de l’opposition à l’ouverture de la PMA aux couples lesbiens et aux femmes célibataires son nouveau cheval de bataille. Revendiquant « Pas de PMA sans père » et « Liberté, Egalité, Paternité », les manifestants de LMPT réaffirment leur discours homophobe et transphobe, qui oppose un prétendu bien-être des enfants aux droits des couples homosexuels et revendique la préservation de l’institution patriarcale de la famille.

    Des contres-manifestations ont été appelées nationalement pour contrer cette offensive des secteurs les plus conservateurs de la droite et de l’extrême-droite, mais également pour revendiquer les droits des personnes LBGTQI+ à exister et à vivre dans cette société, en insistant sur le caractère transphobe de cette loi puisque les hommes trans sont exclus du droit à la PMA.

    À Paris, comme dans le reste du pays, ces rassemblements et manifestations ont été accueillis par des contre-manifestants défendant les droits des personnes LGBT. Devant le ministère de la Justice, où quelques centaines de réactionnaires étaient réunis, des couples de même sexe participant à la contre-manifestation se sont embrassés en signe de protestation, ici capturés par Olivier Corsan, photo-journaliste au Parisien.

    Les couples sont pris à parti par les manifestants, comme il l’explique à Têtu : « Environ une heure après le début de la manifestation, j’ai pu voir un mouvement de mêlée, la foule s’en prenait violemment à deux hommes qui s’embrassaient ».

    La police est alors intervenue, non pas pour mettre un terme aux insultes, mais pour « exfiltrer » les deux couples ; comprenez, intervenir violemment pour les empêcher de s’embrasser et les sortir du rassemblement.

    Pire, jointe par le journal Têtu, la préfecture de police explique que « L’intervention des forces de l’ordre a eu lieu quand des troubles à l’ordre public ont été constatés du fait de la présence de contre-manifestants n’ayant pas déclaré leur manifestation ». « S’embrasser dans la rue, est-ce illégal ? L’espace public appartient-il à la Manif pour tous ? Pour la préfecture en tout cas, le baiser de deux personnes de même sexe est un "trouble à l’ordre public". Un baiser d’autant plus insupportable que les amoureux sont au milieu d’une manifestation contre les droits des personnes LGBT+ ? » s’insurge le journal. De son côté, la préfecture dément :

    Pourtant, la réponse de la préfecture était limpide : « des troubles à l’ordre public ont été constatés du fait de la présence de contre-manifestants n’ayant pas déclaré leur manifestation » Les couples seraient donc fautifs, selon la préfecture. Pourquoi ? Un baiser entre deux hommes ou deux femmes est-il une provocation en soi ? La Manif pour Tous et ses partisans ont-ils le droit d’insulter et de prendre à parti des couples de même sexe, avec l’appui de la police, sous prétexte que leurs baisers constitueraient une manifestation non-déclarée ?

    #homophobie #lesbophobie #misogynie #manif_pour_tous #acab #policepartoutjusticenullepart #inversion_patriarcale #extreme_droite #catholicisme #invisibilisation #femmes #PMA

  • « La police ne sert pas d’abord à appliquer la loi mais à éliminer des groupes sociaux »
    https://www.youtube.com/watch?v=4YZo8Vl9QTA

    Son livre, “Le combat Adama”, co-écrit avec la militante Assa Traoré, sort aujourd’hui aux ⁦éditions Stock⁩. Ordre policier, violences policières, contrôle aux faciès, discrimination : le sociologue et philosophe ⁦Geoffroy de Lagasnerie⁩ est l’invité de la Midinale.

    http://www.regards.fr

    VERBATIM

    Sur ces institutions qui excluent les Noirs et les Arabes des quartiers populaires
    « Je ne suis pas “pas concerné” par la police mais je le suis positivement, c’est ce qui me permet d’avoir les choses dont je bénéficie. »
    « En France, 65% des prisonniers sont noirs et arabes – et c’est plus qu’aux Etats-Unis. »
    « Le fait que des individus comme moi aient pu réussir scolairement est préconditionné par le fait que d’autres aient été exclus du système scolaire par l’intermédiaire de la police. »
    « Plusieurs institutions comme l’école, la police, fonctionnent ensemble pour aboutir à l’élimination de certains jeunes, notamment noirs et arabes. »

    Sur le rôle de la police dans un Etat de droit
    « Très souvent, on a l’impression que l’Etat de droit dans lequel nous vivrions aurait aboli l’arbitraire. »
    « La loi transfère l’arbitraire du souverain à la police : la police aujourd’hui a un pouvoir arbitraire sur nos vies. »
    « Aujourd’hui, la frontière entre Etat policier et Etat de droit est beaucoup plus flou que ce dont on a l’impression. »
    « Il y a une différence énorme entre la manière dont on se représente l’activité de la police et la réalité. »
    « Toutes les statistiques sur le contrôle d’identité, sur la patrouille montrent qu’il n’y a aucun rapport entre la diminution de la délinquance et l’activité de la police ordinaire. »
    « La police produit plus d’illégalismes qu’elle ne les constate. »
    « Si tu mets autant de policiers en Seine-Saint-Denis que dans les grandes banques de la Défense, tu vas aboutir à une sélection d’illégalismes très différente, des gens différents en prison et du coup, un ordre social très différent. »
    « La loi est un donné et les illégalismes étant infinis, la police sélectionne les types de délit qu’elle veut maximiser pour abattre des groupes sociaux. Et aujourd’hui, parmi eux, il y a les jeunes garçons des quartiers populaires. »

    Sur le rôle de l’intellectuel par rapport à la critique du système
    « Très souvent, ce qui nous est présenté comme critique, c’est la manière dont un système est en train de se régénérer. »
    « Le rôle de l’intellectuel, c’est d’interrompre les catégories spontanées pour nous permettre de prendre un peu de distance par rapport au langage qui parfois nous emprisonne. »

    Sur les violences policières
    « La police a le monopole des outils violents : elle a le doit de taper, de mutiler, de tirer, d’attraper, d’ouvrir de force… »
    « Soit on dit qu’il n’y a pas de violences policières parce qu’on dit police = violences, soit on dit qu’il n’y a que des violences policières. »
    « Par exemple, dans le cas de l’agression de Théo, s’il n’y avait pas eu de perforation de l’anus, on n’aurait pas dit qu’il y avait violences alors que toute la scène est violente. »
    « Je préfère substituer à la catégorie de violences policières, celle d’ordre policier, c’est-à-dire que la police est par essence violente et c’est en général qu’il faut remettre ça en question. »

    Sur le travail de David Dufresne avec Allo Place Beauvau
    « Même si le travail de David Dufresne est admirable parce qu’il a permis de montrer les stratégies politiques de terroriser les manifestants pour les faire rentrer chez eux, l’enthousiasme qu’il y a eu autour de son travail dans les journaux mainstream m’inquiète. »
    « D’une certaine manière, le travail de David Dufresne est un peu complice de l’ordre policier. »
    « Pour moi, montrer la seule présence d’un flic dans une manifestation, j’appellerai ça Allo Place Beauvau. »
    « Il est très difficile de dire que la police est illégale parce qu’elle est dans un situation où elle est créatrice de lois : elle fonde la légalité de son action par la ratification de la hiérarchie, l’IGPN, les juges et les politiques. »
    « Un Etat où la police crée la loi, c’est ce qu’on appelle un Etat policier. »
    « Aujourd’hui, on n’a pas réussi à concilier idée de police et enjeux démocratiques. »

    Sur le contrôle au faciès et la logique de discrimination
    « Un Noir ou un Arabe a 80% de chance d’être contrôlé par la police sur une année alors que c’est entre 15 et 16% pour un Blanc. »
    « Si on dit qu’un contrôle au faciès, c’est de la discrimination, on produit un mode de critique qui est désarmé si la pratique est égalitaire. C’est-à-dire que si les Blancs et les Noirs étaient contrôlés pareillement, on n’aurait plus rien à dire. »
    « Avec la logique de discrimination, on n’est pas en train de critiquer le contrôle d’identité mais seulement l’application différenciée par les forces de police. »