Le halal, un marché juteux qui fait des envieux

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  • Le Ramadan à l’heure du COVID

    Plusieurs millions de français(e)s de confession musulmane attendent
    le 23 avril avec un serrement de coeur. Ce jour là, et pour trois
    semaines, comme chaque année, aurait du s’ouvrir cctte période si
    particulière qui voit une communauté toute entière respecter le rite
    qui bouleverse sa vie quotidienne.

    Cultuel, l’évènement est aussi culturel, pour celles et ceux, né(e)s
    en France ou non, issus du Maghreb ou d’Afrique noire, qui jeuneront le jour durant avant, que le soir, famille et amis se retrouvent, à la tombée de la nuit pour la rupture du jeune.

    Chaque année, entre Belleville et Ménilmontant, de midi à 19 heures ce sont chaque jour des milliers de clients venus de tout
    l’arrondissement, mais aussi de la proche banlieue, qui se bousculent
    dans un joyeux chahut dans les 37 établissements spécialisés implantés ici depuis des décennies.

    Nous les avons compté hier, avant que de nous faire contrôler par
    trois baqueux, jean, blouson, Glock à la ceinture, dépêchés par
    Lallement et Hidalgo pour faire respecter le couvre-feu.

    En quelques centaines de mètres se déploient trois cartographies
    historiques, qui résonnent étrangement dans la période.

    De Belleville à Ménilmontant, trottoir de droite, nos 37 échoppes,
    toujours un peu décrépites, héritières en ligne directe de la première
    immigration maghrébine des années 20 à 30, l’époque où l’Etoile
    Africaine et Messali Hadj militaient avec le Parti communiste
    français, qui commençait sa grande mue après le congrès de Tours, dans la main de fer du Komintern.

    Nos échoppes sont étroites, un long comptoir, derrière ses officiants,
    et un couloir plus étroit encore où se pressent les acheteurs.
    Boucherie, patisserie, mais aussi épicerie, la semoule, les épices,
    l’huile, les fruits secs…

    Pour la viande c’est souvent l’homme qui s’en occupe.

    Bon, ce ne sont pas les souks du Caire, de Rabat ou de Meknès , mais
    pas davantage les Souk El Fellah de l’ère Chadli Bendjedid à la fin
    des années 80 à Alger. Niente, le bizness marche d’enfer, tout
    l’après-midi. C’est simple, on ne circule plus avec les bagnoles
    garées partout, les vendeurs à la sauvette de Kéfir et d’herbes sur le
    trottoir…

    Avec l’autre spot parisien de Barbès Chateau_Rouge ce sont des
    dizaines de millions d’euros qui changent de main toutes les semaines.

    En face, sur l’autre trottoir, après la synagogue, demeurent une
    dizaine de restos et de boulangeries, les “tunes” installés ici dès
    l’après Bourguiba, qui ont rétabli une présence disparue.

    Juste avant le confinement, l’Union des étudiants juifs de France a
    placardé dans tout le quartier des petites affichettes portant le nom
    des enfants, souvent des frères et des soeurs, disparus après la rafle
    du Vel d’Hiv. Un coup de poing au ventre à chaque pas.

    Enfin, à Belleville, du métro à la rue des Pyrénées, le petit
    Chinatown, après celui de la porte de Choisy. Ils ont tout racheté
    depuis les années 80. La dernière pizzeria qu’aimait tant mon fils, a
    disparu il y a cinq ans.

    Le 23 avril prochain débutera donc le Ramadan ; Le gouvernement a pris langue avec les mosquées de Paris, d’Evry et de Lyon, afin de garantir la “distanciation sociale” à la mosquée. Pour Pessah, le Consistoire a aussi adopté des mesures extraordinaires.

    Mats la suite n’est pas écrite.

    Oumma.com ou Saphir News ne disent mot.

    “Je venais chaque année avec mon père, et quand je me suis marié j’ai continué à venir ici faire les courses. Cette année je ne sais pas”,
    nous confiait un ami hier.

    Comme l’ont établi, par exemple, des enquêtes du Monde ou de l’Usine nouvelle ces dernières années, le marché du halal est devenu un gigantesque bizness, particulièrement opaque, mais qui pèse lourd, près de 5 milliards d’euros par an…

    Dans toute la France, là où se sont installées des communautés issues de l’immigration, le plus souvent dans des quartiers dits “sensibles”, ce sont les petites épiceries et les boucheries halal qui trustent l’essentiel du marché alimentaire du Ramadan.

    Les rayons halal des grandes chaînes de distribution qui fleurissent
    chaque année demeurent encore marginaux. Nous n’en avons pas encore vu un seul hier, lors de notre sortie “de première nécessité” interrompue par les baqueux.

    La majorité de nos 37 échoppes ont baissé le rideau, affichant
    l’absence de clientèle.

    Macron va-t-il en parler lundi prochain ?

    Où diable les millions de Français de confession musulmane vont-ils
    aller faire leurs courses l’après-midi durant le Ramadan ?

    Ce n’est pas en écoutant les niaiseries branchaga de Caroline Broué à
    midi sur France Culture, “la cuisine comme fait culturel majeur”,
    qu’on aura la réponse.

    Le fait culturel majeur qu’on voit arriver à donf, c’est que nos amis
    qui vont faire le Ramadan ne vont pas battre le record du monde de
    consommation de pâtes Barilla pendant trois semaines.

    Tout le monde s’en fout.

    Mais l’alter-right françaoui est déjà aux aguets, comme en témoignent les dernières insanités de Causeur :

    https://www.causeur.fr/le-muezzin-et-les-cloches-175121

    https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2016/06/08/que-represente-le-marche-du-halal-en-france_4943058_4355770.html

    https://www.usinenouvelle.com/editorial/le-halal-un-marche-juteux-qui-fait-des-envieux.N612998