La maladie, le vice, la rébellion. Trois figures de la contagion carcérale

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    • https://journals.openedition.org/traces/5148
      La prison peut se définir comme un dispositif d’endiguement contre la contagion. D’abord vis-à-vis du corps social : elle érige une barrière matérielle et symbolique. Ensuite au sein même des murs : le modèle cellulaire, en particulier, tend vers la raréfaction des contacts humains. Son agencement architectural et ses principes de fonctionnement sont conçus pour conjurer toute propagation jugée malsaine, qu’elle soit physique ou impalpable. Une contradiction insoluble mine cependant cette vocation. En confinant le « mal » qu’elle prétend combattre, la prison le concentre ; elle est alors dénoncée comme lieu pathogène et école du crime. Face à la diversité des motifs de crainte (de l’homosexualité à la récidive, de l’épidémie à l’impiété), le motif de la contagion est récurrent. Esquissant une typologie à travers des exemples historiques et contemporains, cet article présente trois figures typiques de la contagion que la prison a pour fonction d’empêcher ou d’enrayer : la maladie (contagion physique), le vice (contagion morale) et la rébellion (contagion politique).