Aujourd’hui j’ai intubé mon premier patient Covid-19 et je ne le souhaite à personne

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  • Coronavirus : les praticiens étrangers « font le boulot dont les médecins français ne veulent pas »
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/04/16/coronavirus-les-medecins-etrangers-en-premiere-ligne-sans-la-reconnaissance-

    Ils sont entre 4 000 et 5 000 à faire tourner les services des urgences ou de réanimation des hôpitaux publics, mais avec des salaires très inférieurs à ceux de leurs homologues diplômés en France. [...]

    Un interne Padhue touche 1 300 euros net par mois et 100 euros la garde, rappelle le chef des urgences de l’hôpital de Saint-Denis, quand un jeune médecin diplômé en France commence sa carrière à 3 900 euros (et 200 euros la garde). « Il y a un vrai prolétariat organisé dans les hôpitaux, résultat d’une gestion malthusienne à l’œuvre depuis trente ans », dénonce Amine Benyamina.

    #santé #travail #exploitation #paywall

    • Oui, mais les « médecins français » y veulent pas mettre les mains dans le corona-cambouis paske y z’ont peur et qu’y sont en colère, comme celui qu’est venu « couiner » dans le micro du Huff’post, l’aut’ jour ...

      (So sorry @odilon, c’était mon dernier coup de gueule de la journée mais tous ces petits-bourges, ils commencent par me baver sur les ornements, mais grave ...)

    • Coronavirus : les praticiens étrangers « font le boulot dont les médecins français ne veulent pas », Stéphane Mandard, le 16 avril 2020

      Ils sont entre 4 000 et 5 000 à faire tourner les services des urgences ou de réanimation des hôpitaux publics, mais avec des salaires très inférieurs à ceux de leurs homologues diplômés en France.

      « Sans ces médecins-là, non seulement nous ne pourrions pas faire face à la vague de Covid-19, mais mon service serait fermé. » Mathias Wargon dirige les urgences de l’hôpital Delafontaine, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Ces « médecins-là » sont tunisiens, algériens, syriens, libanais, congolais… Sur les dix-huit praticiens du service du docteur Wargon, quinze sont ce que l’administration française appelle des praticiens hospitaliers à diplôme étranger hors Union européenne (Padhue).

      Ils sont entre 4 000 et 5 000 en France, majoritairement originaires du Maghreb, et surtout répartis dans les établissements publics. Ce sont ces #internes ou praticiens dits associés, qui enchaînent les gardes la nuit et le week-end, font tourner les urgences mais aussi les services de réanimation, de radiologie ou de psychiatrie. Bref, des rouages essentiels dans le système de soins français.

      « Ils sont en première ligne dans tous les services où il y a une énorme pénibilité du travail » , résume Hocine Saal, vice-président du syndicat (Snpadhue) qui les représente. « En gros, ils font le boulot que les médecins français ne veulent pas faire, mais sans la reconnaissance ni la rémunération , dit plus crûment Mathias Wargon. Tous les soirs, on donne la claque pour remercier les soignants, on parle de revaloriser leurs salaires, de primes [jusqu’à 1 500 euros, a annoncé le gouvernement mercredi 15 avril], de Légion d’honneur, mais, ces gens-là, on les oublie. »
      Pas certain, en effet, que le chef de l’Etat pensait à ce bataillon de #médecins_étrangers, lorsqu’il assurait, lundi 13 avril, lors de son intervention télévisée : « il nous faudra nous rappeler aussi que notre pays, aujourd’hui, tient tout entier sur des femmes et des hommes que nos économies reconnaissent et rémunèrent si mal » .

      Parcours du combattant

      Un interne Padhue touche 1 300 euros net par mois et 100 euros la garde, rappelle le chef des urgences de l’hôpital de Saint-Denis, quand un jeune médecin diplômé en France commence sa carrière à 3 900 euros (et 200 euros la garde). « Il y a un vrai prolétariat organisé dans les hôpitaux, résultat d’une gestion malthusienne à l’œuvre depuis trente ans » , dénonce Amine Benyamina. Chef du service psychiatrie-addictologie de l’hôpital Paul-Brousse, à Villejuif (Val-de-Marne), ce Franco-Algérien est à l’initiative d’une pétition (qui avait reçu plus de 25 000 signatures jeudi matin) et d’une lettre ouverte adressée à Edouard Philippe le 5 avril visant à obtenir « l’intégration des médecins étrangers engagés dans la lutte contre la pandémie » .

      « Ces médecins à diplôme étranger qui luttent au quotidien méritent la reconnaissance de la République pour leur engagement en première ligne, alors que leur #salaire est souvent dérisoire par rapport à ceux de leurs collègues, et qu’ils risquent de retourner à la précarité et à l’incertitude sur leur avenir en France une fois la crise surmontée » , indique le texte, signé par une douzaine de médecins, dont l’ancien ministre de la santé Bernard Kouchner, le généticien Axel Kahn, ou l’ancien directeur de Santé publique France, François Bourdillon.

      Ces derniers exhortent le premier ministre, « par souci de justice, d’engager immédiatement l’intégration pleine et entière dans le système de santé (égalité de statut, de déroulement de carrière et de rémunération, avec une reconnaissance immédiate fondée sur les attestations de services effectués pendant la crise) de tous ces praticiens afin que leur dévouement ne soit pas occulté, comme cela a pu être le cas dans certaines périodes de l’histoire de notre pays » .

      Car la carrière d’un médecin à diplôme étranger ressemble à un parcours du combattant. Première embûche de la longue et incertaine procédure dite d’autorisation d’exercice : les épreuves de vérification des connaissances. Cette année, elles ont été reportées à cause de la pandémie. « Le niveau exigé est très élevé, note M. Wargon. Un cardiologue tunisien a eu 16,75 mais a été recalé. Pourtant, depuis vingt ans que je travaille avec des médecins étrangers, je peux vous assurer que leur niveau s’est nettement amélioré et n’a souvent plus rien à envier à celui des jeunes médecins français. »

      Pour ceux qui réussissent le concours viennent ensuite les trois ans de pratique dans un service avant de passer devant une commission. « Cette période de “mise à niveau” est souvent vécue comme une humiliation par des professionnels qui travaillent sous tension » , commente M. Benyamina, « ulcéré » que cette situation perdure vingt-cinq ans après l’avoir lui-même connue lorsqu’il débarquait en France, ses diplômes algériens en poche.

      Pour son confrère M. Wargon, également signataire de la lettre ouverte, la crise sanitaire actuelle doit être l’occasion d’ « en finir avec cette hypocrisie » : « Ils doivent passer sous les fourches Caudines des examens pour espérer être payés un jour comme leurs confrères français. Mais, pour s’occuper des malades, là, ils n’en ont pas besoin ! »

      « C’est du foutage de gueule »

      Pour l’heure, le premier ministre n’a pas répondu à leur lettre. « Les conditions d’obtention de l’autorisation d’exercice sont devenues de plus en plus drastiques. Aujourd’hui, il faut attendre un an à un an et demi pour avoir les résultats de la commission. Comme si cette précarisation arrangeait tout le monde » , s’offusque Hocine Saal, chef des urgences au centre hospitalier André-Grégoire, à Montreuil (Seine-Saint-Denis).
      La nouvelle loi santé prévoit, pour les médecins déjà dans le système de soins français, de remplacer le concours par une étude de dossier au niveau régional, puis national. Cette évolution est saluée par le Snpadhue, qui n’est « pas opposé au principe d’une évaluation » . Mais le décret d’application se fait attendre : « Il devait être publié en septembre, puis en octobre, puis en décembre et, maintenant, avec la pandémie, il est tombé aux oubliettes » , déplore M. Saal.

      Le ministère de la santé a cependant publié une note, lundi 13 avril, afin de permettre aux établissements de santé de recruter plus facilement des médecins à diplôme étranger pour faire face à la crise sanitaire… mais pour occuper « des fonctions non médicales (aides-soignants, accueil et orientation…) » « C’est du foutage de gueule » , s’emporte Mathias Wargon. « C’est complètement à côté de la plaque. C’est la pire réponse qu’on puisse apporter à des médecins » , s’indigne Amine Benyamina. Contactés par Le Monde, ni le ministère de la santé ni le conseil national de l’ordre des médecins n’ont répondu.

  • Aujourd’hui j’ai intubé mon premier patient Covid-19 et je ne le souhaite à personne | Le Huffington Post
    https://www.huffingtonpost.fr/entry/aujourdhui-jai-intube-mon-premier-patient-covid-19-et-je-ne-le-souhai

    Aujourd’hui j’ai honte.

    Honte d’avoir râlé sur ce confinement qui m’oblige à supporter quelques semaines de plus mon vieux canapé que je rêvais de changer.

    Honte d’avoir hésité à filer sur le chantier de ma maison avant le début du confinement en me disant que les confrères étaient assez nombreux pour se débrouiller sans moi.

    Honte de m’être plus inquiété des répercussions du confinement sur mon activité Airbnb que des conséquences du virus.

    • J’hallucine de voir les réanimateurs débordés, obligés de refuser des patients ayant en temps normal les critères pour être admis en réanimation.

      J’hallucine de voir ces patients qui se dégradent à une vitesse impressionnante, que tu intubes en speed avec une saturation dans les chaussettes.

      J’hallucine de voir ces patients à qui on demande de préciser leur directives anticipées (en haletant) pendant qu’on prépare le matériel d’intubation.

      Dans le Grand Est et en région parisienne :
      #réanimation #tri #directives_anticipées

    • Oui, @mad_meg, mais pas seulement puisque cela comporte aussi un aspect essentiel lorsqu’on passe par la case médecine avant le décès, les soins en fin de vie, dont le refus de l’acharnement thérapeutique

      Directives anticipées : dernières volontés sur les soins en fin de vie
      https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F32010

      Toute personne majeure peut, si elle le souhaite, faire une déclaration écrite appelée directives anticipées pour préciser ses souhaits concernant sa fin de vie. Ce document aidera les médecins, le moment venu, à prendre leurs décisions sur les soins à donner, si la personne ne peut plus exprimer ses volontés.

      Voir le site de l’association pour le droit à mourir dans la dignité (ADMD)
      https://www.admd.net

      Et leur modèle de directives anticipées
      https://www.admd.net/qui-sommes-nous/une-association-votre-service/notre-fichier-des-directives-anticipees.html

      Ces directives peuvent comporter un ou des refus de traitement. Au vu de l’épidémie de Covid-19 pour laquelle on évoque davantage le tri en amont qui peut empêcher la réa, ayant tendance à penser que la morphine ou un de ses dérivés peut être préférable à des semaines d’intubation, je me demandais ce qu’il en était d’éventuels refus de réanimation. Il semble que ce soit possible.

      La haute autorité de santé écrit en effet
      https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2016-03/directives_anticipees_concernant_les_situations_de_fin_de_vie_v16.pdf

      Que vous soyez en bonne santé, atteint d’une maladie grave ou non, ou à la fin de votre vie, vous pouvez exprimer vos souhaits sur la mise en route ou l’arrêt de réanimation, d’autres traitements ou d’actes médicaux, sur le maintien artificiel de vos fonctions vitales et sur vos attentes. Vous pouvez en parler avec votre médecin pour qu’il vous aide dans votre démarche ; il pourra vous expliquer les options possibles, en particulier le souhait ou le refus d’un endormissement profond et permanent jusqu’à la mort.

      #soins_en_fin_de_vie #personne_de_confiance #refus_de_traitement #prise_en_charge_de_la_douleur #soins_palliatifs

    • Merci pour les précisions @colporteur
      Du coup ton choix c’est de souffrir ou pas avant de crever puisque

      J’hallucine de voir les réanimateurs débordés, obligés de refuser des patients ayant en temps normal les critères pour être admis en réanimation.

      Ce choix on l’aura pas très longtemps puisque on manque de curare, d’hypnotique et d’anesthésique…

      et tu peu choisir aussi comment on va racketter ta famille une fois qu’on t’aura mis à la morgue et peut être bientôt choisir la couleur du soylent que Macron va te faire devenir….

    • J’aime pas trop le caractère moralisateur de ce texte qui s’adresse presque uniquement à « les gens » qui sont de gros cons égoïstes, comme chacun·e sait. Pardon de ne pas pouvoir t’aider à intuber des patient·es, bonhomme, mais ce n’est pas mon boulot et j’aurais eu envie de me payer une belle carrière que le numerus clausus ne me l’aurait pas permis, sans papa-maman qui me payent les cours du soir. (Oui, je sais, pour les prols il reste aide-soignant·e et pour la classe moyenne infirmièr·e, mea culpa de ne pas avoir fait d’études médicales.)

      Alors qu’il y a bien des propos politiques à tenir sur ce sujet.

      Je réalise à quel point nous avons été arrogants d’imaginer être épargnés grâce à un système de santé meilleur que celui des Chinois ou des Italiens.

      (...)

      Je réalise que nous ne sommes toujours pas prêts à affronter la seconde vague qui s’annonce avec la fin du confinement.

      D’abord cette arrogance, c’est pas que la nôtre mais pas mal celle de #connards qui allaient au théâtre le 6 mars, désertaient leur poste de ministre de la santé ou de conseillère santé à l’Élysée, faisaient se tenir des élections le 15 mars et toute cette #incurie qu’on n’oubliera pas. À côté de ça, avec peu d’informations et beaucoup de réassurance pour pas ralentir la croissance économique, je n’ai pas l’impression de puer l’arrogance parce que je ne me rendais pas compte de la gravité du truc.

      Et un des problèmes, c’est peut-être parce que (sans le comparer à la Chine et à l’Italie mais en valeur absolue) notre système de santé n’est pas à la hauteur, sous-financé depuis des décennies. Et l’autre bourge de docteur qui sauve des vies ne s’en est pas encore aperçu.

    • Ben merdalors ! Les « braves-officiers » de l’économie de marché en mode exploitation capitaliste viendraient-ils de s’apercevoir que sans leurs subalternes, ils ne sont « rien », eux non plus ? Je les trouve bien mignons, tous ces grands « pontifieurs », accusateurs du « on » et du « nous » alors qu’ils se gardaient bien de ramasser la merde et d’éponger le vomis quand à la fin de leurs (longues) études financées par papa, ils ne pensaient qu’à leurs carrières. Mais une carrière en mode petit bourgeois urbains « gentrifiés », hein ? Pas question de faire le job dans les déserts médicaux parce que les bouseux ou les banlieusards, les relégué·es, et bien qu’ils se démerdent après tout ... Et voilà que désormais, « ils ont peur » et ils sont « en colère », rhôôô, les pauvres choux ... Voilà qui est plaisant, tiens !...
      C’est aussi pour ça que j’applaudis pas « les soignants » à 20h quotidiennement. J’aimerais pouvoir leur déverser des seaux de « bren » sur leurs sur-blouses, à tous ces paltoquets qui viennent chouiner dans le giron de la presse aux ordres. Parce finalement, « l’ordre républicain », ça leur allait si bien quand ils se scandalisaient que les « gueux » fracassent des vitrines et saccagent l’arc de triomphe, persuadés qu’ils étaient de vivre « en démocratie ». La démocratie vient de leur chier sur les chausses ? Qu’ils se démerdent ! Ils n’auront pas ma compassion ces petits branleurs biberonnés aux « valeurs » de la « start up nation »...

      [edit] j’avais pas encore lu l’article, seulement les commentaires (et mis quelques tags pour mémoire).

    • @antonin1 : oui,oui, t’inquiète. Je pourrais t’en raconter des bien trash, vu que Madame fut pendant de longues années l’humble et dévouée servante en tant que secrétaire médicale de ces « braves-soignants » dans un cabinet de quelque sept « praticien·nes »...
      Sinon une frangine aussi, qui bossait en tant qu’infirmière employée par un centre de « soin » géré par l’ADMR de son bled. Elle aussi bien cassée par des conditions de travail infernales et qui a fini sa carrière en invalidité à l’âge de 60 ans. (Prothèses sur chaque genou)
      Enfin, quand je mets en pétard, c’est surtout et uniquement contre celles et ceux qui tiennent le haut du parking. Quoique la hiérarchisation des tâches fait que tu as aussi des petit·es cheffaillon·nes qui peuvent bien te pourrir la vie quand tu es assigné·e au bas de l’échelle. Le « monde » du travail quoi, en mode exploitation capitaliste.