Coronavirus : aux Etats-Unis, tousser peut devenir « une menace terroriste »
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Les autorités judiciaires estiment que le virus peut être considéré comme un « agent biologique » potentiellement utilisé comme une « arme ».
Lécher des produits de toilette dans un supermarché du Missouri à la mi-mars, tout en s’esclaffant « qui a peur du coronavirus ? », n’était sans doute pas la plus brillante des idées. En publiant la vidéo de ses exploits sur Facebook, un jeune homme de 26 ans a commis au moins trois erreurs de jugement : il a sous-estimé la dangerosité du Covid-19, négligé la peur engendrée par la pandémie dans le pays et sous-évalué la réponse judiciaire à un comportement pour le moins déroutant ; l’acte d’un « crétin », a d’ailleurs jugé son avocat. Identifié grâce aux réseaux sociaux, le « crétin » a été inculpé de « menace terroriste au second degré », un crime en droit américain.
L’époque est ainsi faite que cette qualification s’applique désormais aux personnes, qui, intentionnellement, toussent et crachent sur leurs concitoyens, les forces de police ou des produits de grande consommation.
Dans cet étrange contexte, le ministère de la justice américain invite en effet depuis quelques semaines les forces de l’ordre à appliquer aux infractions liées à la propagation volontaire du Covid-19 la législation habituellement réservée aux actes de terrorisme. Les autorités judiciaires estiment que le virus peut être considéré comme un « agent biologique » potentiellement utilisé comme une « arme ».
Il fallait y penser, mais visiblement, le jeune homme du Missouri n’est pas un cas isolé. A travers le pays, plusieurs autres personnes, prétendant être infectées, ont été surprises à expectorer sur des commerçants ou des biens, et également inculpées pour « menaces terroristes ». Certains Etats se montrent moins sévères, apparemment soucieux de ne pas criminaliser les dérives psychologiques de quelques individus, alors qu’en ces temps de crise sanitaire, la justice s’applique à limiter la population carcérale.