• Renouvellement de l’air insuffisant dans les écoles  : un constat établi de longue date - Bulletin épidémiologique hebdomadaire
    http://beh.santepubliquefrance.fr/beh/2022/19-20/2022_19-20_4.html

    L’Observatoire de la qualité de l’air intérieur (OQAI) a été mis en place en 2001 par les pouvoirs publics avec pour objectif de décrire et de comprendre la pollution de l’air dans les lieux de vie, afin d’identifier les leviers d’amélioration de la qualité de l’air dans les espaces clos. Dans les écoles, outre des effets sur la santé des enfants, notamment l’apparition de troubles respiratoires 1,2, une mauvaise qualité de l’air intérieur aurait un impact sur l’apprentissage 3. Un programme de l’OQAI a ainsi été constitué pour étudier spécifiquement la qualité de l’air dans les bâtiments accueillant des enfants, notamment les écoles. Quelques résultats de ce programme sont résumés dans cet article, afin d’illustrer la problématique du renouvellement de l’air dans les salles de classe. Mis en lumière lors de la pandémie de Covid-19 4, le défaut d’aération et de ventilation dans les écoles est pourtant un sujet connu de longue date, en France et dans l’ensemble des pays industrialisés 5.

  • « En France, en 2022, des enfants et adolescents meurent de souffrance psychique par manque de soins et de prise en compte sociétale »

    Le délitement des structures de soins empêche les soignants d’exercer leur fonction de dernier rempart contre les tentations suicidaires des jeunes, dont la hausse massive est attestée, alertent les pédopsychiatres Marion Robin et Pablo Votadoro, dans une tribune au « Monde » cosignée par plus de 700 professionnels du soin aux enfants et adolescents.

    Face à l’expansion massive des gestes suicidaires chez les adolescents et préadolescents, entre 2019 et 2021, attestée par Santé publique France (Analyse des indicateurs surveillés en continu, 7 février 2022), les services de pédiatrie et de pédopsychiatrie sont débordés. En France, en 2022, des enfants et adolescents, particulièrement des très jeunes filles, meurent de souffrance psychique par manque de soins et de prise en compte sociétale.

    Le silence qui a suivi l’objectivation de ce problème sanitaire majeur en dit long sur l’indifférence mêlée d’impuissance d’une société consciente d’exposer sa jeunesse au désespoir. L’impact du Covid est une explication souvent avancée de manière un peu simpliste. Mais la psychiatrie, lieu d’accueil des souffrances psychiques, offre un point de vue plus étendu.

    Pour nous qui soignons des adolescents, des causes complexes et cumulées étaient déjà identifiables avant la pandémie. Les tentatives de suicide des jeunes augmentaient déjà en France, et le taux de suicide dans la population générale était au-dessus de la plupart des pays européens (Santé publique France, Bulletin épidémiologique hebdomadaire, 05/02/19http://beh.santepubliquefrance.fr/beh/2019/3-4/index.html).

    Les conséquences du Covid-19

    Multifactorielles, ces causes de la souffrance psychologique des jeunes se révèlent au cours des soins, tant au niveau individuel que familial et sociétal. Les restrictions liées au Covid ont entravé le besoin impérieux d’exploration extra-familiale des adolescents. Les symptômes liés à la peur et au contrôle (phobies, anorexie, somatisations…) ont particulièrement augmenté au cours de cette période de repli sur soi.

    La gestion du Covid a renforcé ainsi une trajectoire sociétale déjà bien engagée dans le sens de la réduction des occasions de rencontre avec un être humain , sous l’effet des algorithmes et de l’informatisation de masse des services à la personne, qui s’étendent aujourd’hui jusqu’aux soins.

    Or la faiblesse du tissu social (soutien familial et intégration sociale) est un facteur pronostique majeur dans les problématiques suicidaires. Sa fragilité en France ainsi que le sentiment d’isolement des jeunes étaient déjà bien identifiés dans les analyses sociologiques du suicide, notamment en comparaison avec les pays du sud de l’Europe, comme le montre l’étude « Les solitudes en France 2020 » de la Fondation de France. https://www.fondationdefrance.org/images/pdf/credoc_edition_2020_du_barometre_des_solitudes_vf_004_compressed.

    Les besoins fondamentaux autres que matériels

    Depuis 2010, les relations virtuelles ont pris le pas sur les relations sociales incarnées physiquement. Depuis 2020, parallèlement au renforcement de ces distanciations, les adolescents ont montré une nette recrudescence de symptômes de « déréalisation », signes de débordement d’un moi submergé par le stress jusqu’à ne plus habiter son corps ni le réel.

    Ce sont des symptômes graves, mais qui peuvent cesser grâce à des paroles, des soins corporels, des relations en présence, des actions partagées : autant de réponses qui peuvent aussi être développées à l’extérieur du champ médical. La nature de la souffrance des adolescents et la rythmicité de leurs symptômes, liée au calendrier scolaire, révèlent une pression scolaire majeure, ajoutée à des cas fréquents de harcèlement dans ce cadre.

    Leur sentiment de ne pas être à la hauteur montre la difficulté à composer avec un système compétitif, où la rencontre et la coopération n’ont pas assez de place et où l’exigence à se conformer s’emballe aux dépens de l’épanouissement. Aussi, la plupart des jeunes hospitalisés font face à une difficulté réelle de l’environnement à prendre en compte leurs besoins fondamentaux autres que matériels : besoins de temps partagé, d’attention, de soins affectifs, de règles et de soutien.

    Insuffisance du tissu social et du soutien associatif

    Cela vient s’ajouter à des actes ou abus qui nuisent à leur santé, comme en témoigne l’importance des cas de violences sexuelles (viols ou attouchements), qui concernent environ un quart des 13-18 ans hospitalisés en psychiatrie (selon les données de l’Institut mutualiste Montsouris), et dont les moyens de prévention et de prise en charge manquent cruellement. A défaut, ces situations sont aujourd’hui très médicalisées.

    Au niveau familial, le déploiement de la parentalité est altéré par le stress professionnel et personnel, renforcé par l’insuffisance du tissu social et du soutien associatif. Cela empêche l’accomplissement collectif de l’éducation d’un enfant, qui repose dès lors sur des adultes isolés et insuffisamment étayés : or ne faut-il pas « tout un village pour élever un enfant » ?

    L’omniprésence de l’angoisse de mort en période de pandémie a révélé l’importance fondamentale d’un projet social collectif du côté du vivant et de la prise de risque qui lui est inhérente, au-delà de la survie physique. En période d’adversité, comme dans la vie en général, la souffrance psychique générée par une situation est bien plus liée à l’impossibilité de faire advenir un sens (des valeurs et des objectifs partagés) que par la situation elle-même, sans quoi n’importe quelle réalité difficile peut devenir traumatique.

    Le délitement des structures de soins

    Les jeunes sont très lucides sur les enjeux climatiques et la protection du vivant, et l’inaction collective les laisse seuls en première ligne face à un avenir inquiétant. L’immobilisme et le déni créent une dissociation entre la perception d’une menace importante et le défaut de protection des adultes. A cela vient s’ajouter le dénigrement des actions menées par certains jeunes.

    Or l’implication dans l’action citoyenne est l’un des meilleurs garants de l’intégration sociale, et de la lutte contre l’angoisse et l’impuissance. Pour la société, la jeunesse représente la richesse d’un œil neuf, l’impulsion dans l’action et la créativité, ce qui constitue la principale potentialité transformatrice, à condition qu’elle ait le champ nécessaire pour exercer son rôle.

    Le délitement des structures de soins empêche aujourd’hui les soignants d’exercer leur fonction de dernier rempart contre le suicide. Ce rempart nécessite d’être accueillant, rassurant et présent, dans la durée et la continuité du lien, de bénéficier de temps et de disponibilité. Ces actes désespérés ne concernent pas uniquement la psychiatrie mais la société entière. A elle d’entendre ce message et d’y répondre par une nécessaire remise en question, par l’engagement au service du lien humain et du respect du vivant.

    Les signataires de cette tribune sont Marion Robin, pédopsychiatre, Paris ; Pablo Votadoro, pédopsychiatre, Paris, ainsi que plus de 700 cosignataires, professionnels du soin aux enfants et adolescents, dont la liste complète est accessible en cliquant sur ce lien. https://tribuneprotectado.wixsite.com/monsite

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/07/08/en-france-en-2022-des-enfants-et-adolescents-meurent-de-souffrance-psychique

    #soin #isolement #pression_scolaire #psychiatrie #enfance #suicide #souffrance_psychique

  • #Santé_mentale des #migrants : une #étude sonne l’alarme

    Une étude réalisée par le Comité pour la santé des exilés (Comede), portant sur la violence, la vulnérabilité sociale et les troubles psychiques chez les migrants, souligne l’importance d’une meilleure prise en compte des questions de santé mentale des exilés et de leur accompagnement.

    « La santé mentale des migrants/exilés constitue un enjeu important de santé publique », alerte le Comede. Dans son étude publiée ce mardi 5 septembre dans le #Bulletin_épidémiologique_hebdomadaire, le Comité pour la santé des exilés analyse les violences qu’ont subies les exilés, leurs conditions de vulnérabilité sociale et les troubles psychiques graves dont ils sont atteints. Et montre à quel point ces trois phénomènes sont étroitement liés. La question est rarement évoquée ; elle constitue pourtant un problème majeur dans les conditions de vie des migrants et leur intégration.

    Hébergé au sein de l’hôpital du Kremlin-Bicêtre, en banlieue parisienne, voilà près de 40 ans que le Comede vient en aide aux personnes exilées, en leur proposant des soins et un accompagnement dans leurs démarches administratives. Le traitement des troubles psychologiques et psychiatriques représente une part non négligeable de son activité. L’étude rapporte ainsi que sur les 16 095 personnes reçues entre 2007 et 2016 pour un bilan de santé, 16,6% affichaient des troubles psychiques graves. Il s’agissait pour les deux tiers de syndromes psychotraumatiques et de traumas complexes, mais aussi de troubles anxieux et de psychoses. Des pathologies lourdes qui se manifestent par des troubles du sommeil, de la mémoire et de la concentration, des idées suicidaires, et qui nécessitent souvent plusieurs mois de suivi thérapeutique.

    Ces troubles psychiques graves constituent ainsi « la première maladie qui affecte les exilés passés par le Comede, bien loin devant le VIH et la tuberculose », indique Arnaud Veïsse, l’un des auteurs de l’étude.

    Violences

    « Chez les exilés récemment arrivés en France, les psychotraumatismes résultent en premier lieu des causes ayant provoqué leur départ, ainsi que des conséquences immédiates de l’exil », remarquent les auteurs de l’étude. Or, 62% des quelque 5 000 personnes reçues en consultation médicale au Comede entre 2012 et 2016, originaires pour la grande majorité d’Afrique et d’Asie du Sud, ont dit avoir été victimes de violence, 14 % de torture et 13 % de violences liées au genre et à l’orientation sexuelle (viols, mariages forcés, excisions…).

    Au-delà des souffrances physiques immédiates, ces violences peuvent provoquer à long terme une vulnérabilité sociale. Selon l’étude du Comede, 98% des personnes interrogées n’avaient pas de logement personnel, 81% étaient dépourvus de protection maladie, 38% ne pouvaient pas communiquer en français, 23% ne pouvaient pas manger à leur faim. Une vulnérabilité sociale elle-même susceptible de renforcer les troubles psychiques. « C’est un cercle vicieux, analyse Arnaud Veïsse : les violences subies sont susceptibles de générer des psychotraumatismes qui peuvent conduire à un isolement social, qui accroît le risque d’être exposé à des violences… » L’étude observe ainsi que les traumatismes complexes, les idées suicidaires, les troubles de la mémoire et de la concentration ainsi que les troubles dépressifs sont plus nombreux chez les personnes en situation de détresse sociale.

    Le cercle vicieux des procédures administratives

    La situation administrative des exilés est également pointée comme pouvant constituer un facteur aggravant. « Les psychothérapeutes témoignent fréquemment de décompensations, de syndromes psychotraumatiques et de dépressions lors de la détérioration de la situation socio-administrative des patients », rapportent ainsi les auteurs de l’étude. Et de préciser : « Les structures de soins spécialisés constatent que les thérapies des personnes déboutées de l’asile sont plus longues. Le rejet de la demande d’asile, qui représente pour certains exilés un déni de reconnaissance des violences subies, provoque la peur d’être reconduit dans le pays d’origine et entraîne le plus souvent une précarisation des conditions de vie (perte d’hébergement, absence de ressources, impossibilité d’exercer un emploi). »

    Or le rejet de la demande d’asile peut être lui-même la conséquence de ces troubles psychiques et de l’incapacité de ceux qui en souffrent à se présenter aux convocations de l’administration, ou à raconter en détail les raisons qui les ont poussés à fuir leur pays. Comment en effet répondre à un interrogatoire ultra pointilleux sur les violences subies lorsqu’on souffre de pertes de mémoire ? Se profile alors le risque d’un autre cercle vicieux : incapables de tenir un récit solide et cohérent, les exilés voient leur demande d’asile rejetée, ce qui provoque une aggravation des symptômes.

    Apparemment conscient de l’ampleur du phénomène et de ses enjeux, l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), qui statue sur les demandes d’asile, affirme avoir pris des mesures pour y répondre. Des mesures qui passent notamment par la formation de son personnel et des interprètes.

    Face à un constat alarmant, Arnaud Veïsse du Comede juge donc indispensable d’améliorer l’accueil des exilés en France, et plus spécifiquement l’accès à la santé mentale et à l’interprétariat. Et de déconstruire les idées reçues. « Souvent, les structures de santé publique nous renvoient des patients en disant qu’elles ne sont pas spécialisées dans le soin aux exilés. En réalité, elles manquent de temps et de moyens. »

    #mental_health #migration #France #rapport #Comede #violence #vulnerability #trauma #public_health #BEH

    Rapport : http://beh.santepubliquefrance.fr/beh/2017/19-20/index.html

    https://www.rfi.fr/fr/france/20170905-sante-mentale-migrants-une-etude-sonne-alarme

  • La chasse aux #gros est définitivement ouverte.
    Ce matin, en promenant mon chien, deux joggeurs trentenaires, improvisés médecins et épidémiomachins #grossophobes :

    - Non, mais on devrait juste confiner les diabétiques...
    – Oui, les statistiques le disent pas mais les jeunes qui meurent, ils sont obèses, c’est chiant de devoir rester confinés à cause de gens qui font pas d’efforts...
    – Oui, mais on va te dire qu’il faut pas les discriminer les pauvres gros diabétiques...

    Et tout ça, à cause d’articles mal rédigés, comme ceux du quotidien vespéral des marchés, qui n’ont rien à dire et des journalistes qui lisent trop vite les publications médicales sur le covid-19, elles même trop vite publiées.

    Coronavirus : les personnes obèses représentent une proportion très élevée des patients en réanimation en France
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/04/07/les-personnes-obeses-sont-plus-fragilisees-par-le-virus_6035831_3244.html

    exemple :

    S’agissant de la gravité, les données sont encore parcellaires, mais sur le terrain, le constat devient évident : les individus en surpoids ou avec une obésité représentent une proportion élevée, voire très élevée, des patients atteints de Covid admis dans les services de réanimation.

    ou encore (même article)

    En Grande-Bretagne, sur une série de 196 malades hospitalisés en soins intensifs, 32 % étaient en surpoids (indice de masse corporelle ou IMC, soit le poids divisé par le carré de la taille, entre 25 et 30 kg/m2) et 41 % étaient obèses (IMC supérieur à 30 kg/m2), selon un rapport publié le 20 mars. Les statistiques semblent du même ordre en France.

    Echantillon ridicule qui ferait bien plaisir à Kahneman, tellement on ne peut rien en conclure en l’extrapolant + référence à l’IMC qui est contestée par les spécialistes (cf. https://www.revmed.ch/RMS/2009/RMS-213/IMC-grandeur-et-decadence-annoncee).

    Plus loin :

    Au centre hospitalier universitaire (CHU) de Nice, l’IMC moyen des patients Covid actuellement en réanimation est de 29 kg/m2, la corpulence normale se situant entre 18,5 et 25 kg/m2.

    C’est à dire par exemple un homme adulte de 1m80 qui pèserait 94 kg