• D’abord c’est la peur qui nous prend,
      y étions nous préparé ?
      Nés dans la catastrophe c’est comme si nous l’attendions
      mais la désirions nous ?

      Tant d’années à décrire et à commenter la fin du monde,
      à produire des films d’horreur
      Tant de temps à contempler le désastre
      et sa mise en scène industrielle
      Sur tous les écrans, tous les jours, la catastrophe spectaculaire

      Le spectacle nous a toujours trompé sur l’irruption du déclin
      mais sa véritable temporalité ne rentre pas dans l’économie d’un film hollywoodien

      Peut-être avons nous à ce point accumulé les angoisses
      et les images de cette civilisation
      que nous sommes aveugle à son véritable effondrement ?

      Le voilà le désastre, petit, mesquin,
      il pue le renfermé et il manque clairement d’actions
      il ne s’annonce pas avec des violons et des intertitres

      On a tellement capitalisé sur nos peurs
      On nous a tellement gouverné avec

      La peur n’a jamais eu autant de valeur marchande qu’aujourd’hui,
      la fin du monde n’a jamais été si palpable
      pourtant on s’en lasse, ça s’éternise, on s’habitue

      Les discours scientifiques ne nous rassurent plus autant
      quel crédit accorder à toute cette sorcellerie capitaliste et collaboratrice ?

      Qui écoute encore leurs spécialistes, nous ne croyons pas à leurs miracles
      les propos rassurants des films éducatifs
      sont troués par les cyniques images apocalyptiques

      Malgré tout les happy end,
      les sauvetages militaire, les dictatures sanitaires réussites,
      les restaurations et les héros

      C’est le cris des peuples abandonnés à l’épidémie qui raisonne à nos oreilles.
      Les images de la métamorphose de nos proches, zombies, cadavres
      C’est l’abandon de l’Etat et du Capital que nous retenons du film catastrophe,
      le devenir de tout les personnages secondaires, l’histoire des vaincus et des laissés pour compte.

      Toutes ces images d’horreurs sont des brèches dans la rationalité de l’occident,
      l’inconscient du monde militaro-industriel

      Ces images et ces sons mentent,
      ils sont la mauvaise conscience policière de ceux qui gouvernent
      peuple infecté, peuple qui vit
      zombies, masses ingouvernables
      raz de marée, nature indocile
      contamination, subversion
      saccage, autogestion

      Alors, de la peur on se déprend,
      cette terreur n’est pas la nôtre
      la barbarie, l’anarchie, le chaos,

      Nous ne nous méfions pas de la fin de ce monde,
      au contraire

      Dans ce monde, dans ces films,
      l’homme, foule, y est pensé comme mauvais
      L’impensé étant toujours,
      la solidarité et l’autonomie

      Aujourd’hui on se trouve parfois confronté
      à ces motifs menteurs dans notre quotidien
      et on peut constater, avec soulagement,
      qu’ils mentent

      La réalité n’est pas la science-fiction
      elle dépasse les attentes et les images
      elle est complexe, riche, surprenante
      désirante, ambivalente

      Elle ne tiens qu’à un geste (ou un plan)

      L’état gère tout, même ça !
      on continue d’aller travailler, de manger
      la vie banale, le quelconque continue
      les plus faibles meurent simplement plus
      pas de massacre, de pillage, de destruction

      Les élections sont peut-être sanctuarisées,
      mais les luttes perdurent

      D’un autre côté, plus rien n’est « normal »
      rien de ce que l’on a connu jusqu’ici
      même le temps est chelou,
      un temps révolutionnaire sans la révolution

      L’aventure,
      nous en prenons parti,
      écouter la réalité, vivre au monde

      fin du travail si possible, fin de l’activisme, pourquoi pas ?
      Les avions ne volent plus absurdement
      les animaux reviennent dans les villes
      la pollution diminue
      le réel destitue la science-fiction

      Ce qui ne nous empêche pas de projeter dans l’avenir
      confiné, organisé
      aux confins des mondes
      infiniment grands et infiniment petits,
      quand nous glissons l’oeil
      dans le microscope, dans le télescope, dans notre caméra
      nous voyons quoi ?
      Solidarité, autonomie