Arpenteurs des ailleurs, par Hubert Prolongeau (Le Monde diplomatique, avril 2020)

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  • Le grand voyage de Gérard Manset (Paris Match, 5 octobre 2018)
    https://www.parismatch.com/Culture/Musique/Le-grand-voyage-de-Gerard-Manset-1578619

    (…) Pourquoi avez-vous cessé de voyager ?
    Le monde a changé, qu’on le veuille ou non. Il faut faire avec ces quantités de routards qui trimballent le “Lonely Planet”. Je me revois débarquant seul dans le sud des Philippines où il y avait de vieux hôtels coloniaux. Je choisissais la chambre la moins décatie avec un petit ventilateur, j’y restais un jour ou deux et j’allais voir ailleurs. Mais, désormais, le monde est en marche, avec une quantité de gens qui voyagent. Je ne suis ni déçu ni nostalgique, mais je ne veux pas en faire partie. La jeune génération a été sacrifiée par Internet, par l’anglais, par son épouvantable universalité, qui a tué la poésie, le voyage, l’écriture. C’est absolument affligeant.

    (…) Mais tous les autres chanteurs montent sur scène !
    Oui, ils ont commencé jeunes et ils ont un ego démesuré. Au fond, je ne me vois pas être l’objet, le point de mire. J’ai toujours l’impression d’être le réalisateur de mes disques, je ne me vois pas les présenter devant une salle, être applaudi. C’est très inconvenant. Moi, j’ai une prétention autre, qui réside dans une sorte d’éternité, au-delà du temporel. Pas mal, non ?

    J’écoute du Manset pour illustrer en musique « Arpenteurs des ailleurs » dans le @mdiplo d’avril (paywall) https://www.monde-diplomatique.fr/2020/04/PROLONGEAU/61644