Louise Mo - La vita in comunità ai tempi del coronavirus,...

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  • Carnet d’une travailleuse sociale auprès des MNA dans un centre à Gênes - Louise MO

    La vie au centre au temps du coronavirus, épisode 2️⃣.

    Ces jours-ci, aller travailler c’est parfois foncer en ayant le vent dans le dos, parfois galérer désarmé face à lui. Question de point de vue. Il y a quelques jours, deux jeunes ont été malades. Tellement malades qu’ils ont été transférés à l’hôpital : symptômes du covid19, j’épargne la majuscule. Bim, face au vent. Les deux jeunes font le test, et en attendant les résultats, on nous dit de les isoler. Mais isoler dans un accueil collectif de mineurs où tous vivent, dorment, mangent ensemble, ça veut dire quoi ? Bah ça veut dire de nouveau, et davantage, tout nettoyer, restreindre l’espace commun, être encore plus attentifs aux mesures de précaution. Fermer l’accès à la cuisine, mais comment ils font les jeunes pour un verre d’eau ou un chocolat chaud ? Diviser notre grande table à manger en plusieurs petites, mais où seront les – précieux – moments de partage, de bavardages, de rires, les moments détente quand vient enfin le dîner ? En gros, en isoler deux sur dix-neuf, c’est déplacer des lits, des placards, des vêtements, changer les draps, tout nettoyer à nouveau. Ok. Face au vent, on se calme, on observe et on avance en zigzag. Jusqu’à preuve du contraire derrière les nuages y’a toujours du soleil non ? « On monte le ping-pong ?! » Bien sûr qu’on le monte. Ils ouvrent les cartons énormes, dont, bien évidemment – et en dépit de leur espoir de trouver la chose toute belle, montée, prête à être utilisée immédiatement – les voilà devant l’objet en mille morceaux, vis, écrous, tout à mettre en ordre. Ô désespoir… Et moi je ris, parce qu’ici il en faut plus pour abandonner. Les apprentis ouvriers se mettent au travail, et après un long effort ponctué de jurons de toutes sortes et en toutes langues, le ping-pong est sur pieds. Mieux qu’à Ikea, non ? Vous savez monter ce genre de truc, avec un seul tournevis, par ailleurs trop grand ? Bah eux si. Le vent dans le dos, ils tracent. Il y a bien une chose qui n’a pas changé avec le virus : dans ce boulot, on ne sait jamais ce qui va se passer. C’est le plus difficile mais c’est aussi le plus beau. Bien sûr que l’attente de savoir si t’as le coronavirus qui circule dans le centre ça t’angoisse, angoisse que tu transmets aux jeunes. Mais observe, y’a toujours un truc cool qui te tombera sur la tête, le fameux ping-pong ou autre chose, et les rires reviendront. Les deux tests sont négatifs. Hip hip hip hourra 🌺✊

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