Ni Churchill ni Clemenceau, Macron est l’enfant de son époque

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    • Conscient sans doute de la faiblesse performative de ses stratégies discursives précédentes, Emmanuel Macron a passé une demi-heure à se refaire une image de serviteur modeste du pays, conscient des difficultés de ce dernier, de ses angoisses aussi, et de sa désorganisation exceptionnelle. Il a même murmuré sa « réinvention » à venir, comme si le choc épidémique l’appelait à une confession psychanalytique et à une promesse de rédemption dont on se souvient qu’elle ne fut rien d’autre déjà qu’un protocole communicant au plus fort de la crise des gilets jaunes... La fièvre du Covid-19 serait-elle plus métamorphosante que la fièvre sociale ? L’avenir sur ce plan reste incertain.

      Pour autant, tout l’enjeu de l’intervention présidentielle était d’opérer un retour au sol et de tenter d’offrir une esquisse de visibilité à l’intention de la communauté nationale. L’horizon du 11 Mai est un pari. Mais ce pari n’est pas pascalien car il y a beaucoup à perdre, si les moyens ne sont pas au rendez-vous, si les gamins sont renvoyés à l’école pour permettre aux parents de retourner à leurs postes de travail sans que les conditions sanitaires pour les enfants ne soient optimales, si les mesures économiques et sociales promises ne sont pas accompagnées de directives claires et simples - ce qui dans la langue administrative française reste parfois un défi aussi complexe que celui de disposer de masques et de tests. Au demeurant le Président n’a pas promis un retour à une vie « normale » mais a esquissé les fragments d’un retour à une vie « utile ». C’est bien la grande peur économique et de ses conséquences qui commande « la porte étroite » du 11 Mai .

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