La liberté d’expression est ainsi faite qu’elle s’applique à tous ou elle n’existe pas. La liberté d’expression ne concerne pas les idées consensuelles, ou celles conformes à nos idées. Elle concerne les idées minoritaires, iconoclastes, provocatrices, absurdes au premier abord, ou scandaleuses. Seules elles ont besoin d’être protégées. Car seules la confrontation des idées permet de progresser, et d’écarter les mauvaises, par la démonstration du fait qu’elles sont mauvaises. La démocratie était au départ une idée séditieuse et réprimée en tant que telle. Elle a triomphé car elle est la meilleure idée politique. Et la meilleure idée ne craint pas la critique.
Il est tentant de vouloir interdire au camp d’en face de s’exprimer, et en France, ces derniers temps, les volontaires ne manquent pas. Mais la censure est un aveu de faiblesse. Une facilité coupable. “J’ai obtenu ce que je veux, le débat est clos, je vous interdis d’en reparler”. C’est le cimetière de la pensée.
Tout à fait d’accord. Si ce n’est que la démocratie, dans sa configuration actuelle, c’est aussi un peu devenu le cimetière de la pensée.
Pas uniquement à cause du passage du « ferme ta gueule » au « cause toujours », mais du fait du filtre opéré mécaniquement par les médias sur le débat démocratique.
La faute à la représentation médiatique qui confond « neutralité dans le traitement pour ne pas entraver la liberté d’expression » avec « neutralisation des idées préalable à leur expression et donner l’illusion de la liberté », de façon à ce que ça ne menace l’idéologie dominante.
Dans le système médiatique, une opinion est un virus qu’il faut désactiver (en occultant ou discréditant le contenu idéologique) avant de le diffuser. Le plus pathétique étant selon moi le boulot des « commentateurs politiques » qui se cantonnent à aborder les grands sujets politiques par le côté people, intrigue, stratégie et science du pouvoir, mais jamais sur le fond... D’ailleurs, Apathie ça va bien avec l’adjectif pathétique..