Coronavirus : 18 millions de Français « à risque » resteront confinés après le 11 mai

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    Nicola Campo/SIPA USA/SIPA

    Le président du conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, a estimé mercredi à 18 millions le nombre de ces personnes considérées comme fragiles devant le Covid-19. Elles devront rester confinées plus longtemps que le reste de la population, pour une durée indéterminée.

    Emmanuel Macron a annoncé lundi soir que le confinement obligatoire, instauré le 17 mars pour tenter de contenir l’épidémie de coronavirus en France, serait prolongé jusqu’au 11 mai. Mais si cette date est synonyme de semi-liberté pour certains, elle ne concerne pas tout le monde.

    Les personnes le plus vulnérables seront effectivement amenées à rester confinées par la suite, « tout au moins dans un premier temps », a déclaré le chef de l’Etat. Mercredi, le président du conseil scientifique Covid-19, Jean-François Delfraissy , a estimé que ce maintien en confinement pourrait concerner près de 18 millions de personnes en France.

    Personnes à risques
    Ces personnes, qui sont les plus à risque de développer une forme grave de coronavirus, sont les « personnes d’un certain âge, au-dessus de 65 ou de 70 ans », les personnes ayant des affections de longue durée (ALD) et des « sujets jeunes ayant une pathologie mais aussi obèses », a précisé Jean-François Delfraissy lors d’une audition mercredi devant la commission des Lois au Sénat. « Tout ça, ça fait 18 millions de personnes », a-t-il souligné.

    Pour combien de temps ces personnes resteront-elles confinées ? « Je ne sais pas, en attendant qu’on trouve peut-être un médicament préventif, mais il faudra poursuivre le confinement parce qu’elles sont à risque de développer une forme grave », a répondu Jean-François Delfraissy.

    10.000 à 15.000 contaminations par jour après le confinement
    Quant à la date de début du déconfinement, envisagée à l’heure actuelle au 11 mai, le président du conseil scientifique, qui conseille l’exécutif depuis le début de la crise, met en garde : « On ne peut pas sortir du déconfinement s’il n’y a pas un certain nombre de prérequis majeurs techniques et opérationnels », comme les tests ou un système de traçage.

    « Nous prévoyons une baisse drastique du nombre de nouvelles contaminations, grâce à la période de confinement », a-t-il assuré, évoquant - avec prudence - 10.000 à 15.000 contaminations quotidiennes « à partir de mi-mai ou fin mai ». En conséquence, « les outils qu’il faut mettre en place pour dépister, isoler, trouver les contacts, doivent être adaptés à ce chiffre ».

    Doutes sur l’immunité des personnes guéries
    En attendant, les recherches se poursuivent et de nombreuses inconnues subsistent, notamment sur la transmission du virus. « C’est une maladie des grandes villes, des zones urbaines », a ainsi fait remarquer Jean-François Delfraissy. « La réponse la plus simple consiste à dire que c’est dans les grandes villes qu’il y a le plus de monde et donc le plus de contact […]. Mais il y a peut-être autre chose. »

    Le spécialiste a également cité l’exemple du Cambodge et du Vietnam, où les zones densément peuplées (Hanoï, Saïgon) sont relativement épargnées par l’épidémie. « Qu’est-ce qu’il se passe ? L’humidité, la température peuvent-elles jouer ? », s’est-il interrogé.
    Autre inconnue, et non des moindres : l’immunité, ou non, des personnes guéries. « Il y a 15 jours, trois semaines, j’ai cru que ça allait être un élément fondamental. Qu’on serait capable de distinguer les séropositifs protégés des séronégatifs non protégés », a-t-il reconnu. Mais « il y a maintenant une succession d’éléments qui suggèrent qu’il existe un réservoir pour ce virus et que des phénomènes de réactivation peuvent arriver. […] Finalement, nous ne savons pas si le fait d’avoir des anticorps est un élément absolu de protection. »