• Voilà cinquante ans que les Rolling Stones nous tirent la langue
    https://reveil.courrierinternational.com/#/edition/1968247/article/1968061

    L’emblème le plus reconnaissable de l’histoire du rock fête son demi-siècle. C’est l’occasion de revenir sur ses origines, souvent attribuées à tort à Andy Warhol. Son créateur est en réalité un étudiant londonien en art.

    Plus encore que le bandana de Keith Richards ou que le déhanché de Mick Jagger, l’image évoquant immédiatement les Rolling Stones est ce logo représentant une bouche à la langue tirée. Le symbole orne les tee-shirts des fans du monde entier et s’est vu parodier un nombre incalculable de fois, “mais quand la commande a été passée, en avril 1970, l’artiste John Pasche ne pouvait imaginer à quel point son dessin se révélerait populaire – et lucratif”, relate le New York Times.

    À cette époque, alors âgé de 24 ans, Pasche est étudiant en dernière année au Royal College of Art de Londres. Et il a été recommandé par l’institution aux Stones, ces derniers cherchant une affiche pour leur tournée européenne. Les premiers contacts et premiers essais sont infructueux, s’amuse le graphiste : “J’ai cru que c’était foutu. Mais Jagger m’a dit : ‘Je suis sûr que tu peux faire mieux, John’.” Ainsi le groupe maintient sa demande et ajoute qu’il souhaite “un logo ou symbole qui pourrait être reproduit sur des blocs-notes, sur la jaquette d’un programme ou d’un dossier de presse”.

    Inspiration iconographique hindoue

    Les recherches vont durer plusieurs mois. Mick Jagger a des idées bien précises : la simplicité et le caractère reconnaissable sont indispensables. Il oriente aussi John Pasche vers l’iconographie indienne, “alors très en vogue au Royaume-Uni”, signale le quotidien américain. La divinité hindoue Kali retient particulièrement leur attention, avec son trait distinctif d’une langue exubérante. Ce qui peut par ailleurs servir d’emblème de protestation ou de provocation. “C’est le genre de choses que font les gosses quand ils nous narguent en tirant la langue”, explique Pasche ; tout à fait l’esprit des Rolling Stones.

    “Le logo a été produit rapidement à la fin de l’année 1970. La sortie de l’album Sticky Fingers, en avril 1971, opus emblématique du groupe, a marqué la première apparition de cette langue”, poursuit le journal new-yorkais. Aux États-Unis, deux artistes ont aussi travaillé sur le design de ce même album : Craig Braun (qui a donné sa forme définitive au logo) et Andy Warhol. Mais, contrairement à une idée répandue, ce dernier n’est donc pas à l’origine du symbole pop.

    Retenu par la postérité, le dessin a été vendu pour 50 livres à l’époque (qui vaudraient 888 euros d’aujourd’hui, selon les calculs du New York Times), puis avec un bonus de 200 livres. John Pasche explique avoir commencé à toucher des royalties seulement quelques années plus tard et enfin avoir vendu le copyright pour 26 000 livres en 1982. S’il l’avait conservé, il “vivrai[t] probablement dans un château aujourd’hui”, dit-il en riant, mais il n’a pas souhaité se lancer dans d’interminables arguties judiciaires avec l’un des plus fameux groupes de rock.

    #Musique #Rolling_stones #Design #Logo