une histoire de la SAPE en musique.

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  • l’histgeobox : « Sapé comme jamais » : une histoire de la SAPE en musique.
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    Les conditions de vie difficiles et la dégradation économique incitent de nombreux jeunes Congolais à s’exiler, principalement vers la France et la Belgique. Les récits parfois enjolivés des expatriés de retour au pays pour les vacances, accentuent encore le phénomène. Pour les candidats à l’exil motivés par ces paroles engageantes, la migration est d’abord onirique. La désillusion n’en est que plus grande tant « les migrants congolais en Europe connaissent les problèmes inhérents à la vie de tous les immigrés : faibles moyens de subsistance, difficultés de logement, organisation interne de la vie de la communauté, problèmes d’intégration culturelle, etc. » (source B) Les termes « milikistes » ("ceux qui ont vu le monde") ou « aventuriers » permettent de désigner ces Congolais installés à Paris ou Bruxelles, mais aussi de parodier la vision coloniale du voyage au Congo.
    Dans les années 1980, les enquêtes sociologiques menées par Justin Gandoulou ("Entre Paris et Bakongo", « Dandies à Bacongo ») permirent de mieux cerner les caractéristiques et aspirations des sapeurs installés à Paris. « Faire du boucan » avec des habits chics et ostentatoires devient pour l’exilé une façon de refuser le statut de l’immigré imposé par la société française. Pour les pouvoirs publics des années soixante, cette main d’œuvre étrangère, œuvrant principalement dans le bâtiment et l’automobile, n’a pas vocation à s’installer durablement en France. Dans ces conditions, on n’attend pas d’eux qu’ils « s’intègrent ». Ils doivent cependant se faire discret. Or, les sapeurs font l’inverse... En transformant son apparence, le sapeur refuse l’invisibilité et prétend s’arracher à la sous-humanité dans laquelle la société d’accueil le cantonne. Il arbore des vêtements hors de prix et entretient un ventre proéminent pour mieux subvertir l’image de l’immigré décharné et pauvre.
    Tout comme il refuse le statut de l’immigré proposé par le pays d’accueil, le sapeur récuse également le statut d’émigré qu’attendent les autorités congolaises. Plutôt que d’envoyer de l’argent à la famille restée aux pays, le sapeur le claque en sapes. Au bout du compte, ce refus de l’épargne choque les sociétés d’accueil comme les sociétés d’origine.