Les mauvais genres : trans et féministes (25)

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  • Les mauvais genres : trans et féministes | Un podcast à soi
    https://www.arteradio.com/son/61663807/les_mauvais_genres_trans_et_feministes_25

    Il y a quelques mois éclatait au sein du mouvement féministe un conflit lancé par certaines militantes qui remettaient en question la place des femmes trans dans les milieux féministes. Cet épisode de « Un podcast à soi » aborde cette question et tente de comprendre ce qui se joue dans ces prises de position. Mais plutôt que d’insister sur les divisions, il interroge avant tout les alliances possibles, en donnant la parole à des personnes trans et féministes. Durée : 1h13. Source : Arte Radio

    https://download.www.arte.tv/permanent/arteradio/sites/default/files/sons/16upaslesmauvaisgenres_hq_fr.mp3

    • Émouvants témoignages, vraiment, qui montrent d’importantes difficultés de leur vie et des choix à faire.

      Au delà des témoignages, on ne peut s’en tenir là puisque le docu indique clairement parler d’un point de vue politique. Donc on peut alors le commenter d’un point de vue politique (et non pas juste « c’est du témoignage et on n’a rien à dire là dessus »).

      Les deux témoignages concernent une femme trans, Héloise, et un homme trans (ou pas, cf le détail), Dal.

      Moi j’ai trouvé que dans les deux cas, ces témoignages montraient que leur choix de changer de genre était entièrement social, et à peu près uniquement dû à la société patriarcale, homophobe et viriliste.

      Clairement Héloise a eu une enfance très dure avec des exemples de mâles paroxystiques (encore pire que ce qui est déjà pas cool dans la norme), et son choix de changer n’est pas tant pour « devenir une femme » que pour échapper à la masculinité toxique. Elle le dit aussi bien pour ce qui est du comportement, que pour l’opération physique : ce sexe qui lui rappelait tant tout ce qu’elle détestait. Et pourtant au niveau du discours, de la théorisation, ça parle de « devenir ce qu’on est », vraiment comme de l’essentialisation, ce que je ne trouve pas super, mais surtout qui est à priori faux et en contradiction avec toute l’explication de sa vie, de son parcours. Sans même parler d’un autre monde, d’une utopie non-patriarcale, si déjà juste elle était née dans une famille entièrement aimante (pas que les femmes), sans aucun exemple de masculinité toxique, sans violence, il n’est pas dit du tout qu’elle aurait eu envie de changer de genre.

      Quant a Dal, ille aime (aimait ?) son corps, ses seins, aussi bien pour soi-même que dans la sexualité. Et il a fait le choix d’aller jusqu’au bout pour le passing, pour au final ne pas être une lesbienne butch car socialement c’était plus difficile que d’être reconnu comme mec (mais du coup ça en devient socialement difficile dans le milieu lesbien, qui ne l’accepte pas partout comme mec trans… :/ ). Là encore, sans homophobie, ou tout du moins avec une forte baisse d’homophobie, pas sûr du tout qu’il y ait eu ce besoin de changement de genre, et donc là encore c’est pas « devenir qui on est », elle (car je parle à l’époque femme) aurait apparemment très bien pu rester lesbienne butch d’après ce qui est raconté.

      J’en ressors avec une impression encore plus que tout ça est social, et que dans le même temps, il y a toute une frange qui théorise un discours essentialiste ou qui s’en rapproche, même quand leurs propres parcours de vie démontrent le contraire.

      Le fait est qu’on vit pas dans une société utopique, et que ces personnes là on dû changer de genre pour être mieux dans leur vie, et c’est très bien si elles ont pu réussir et qu’elles vont mieux ! Mais qu’on ne vienne pas enrober ça avec des arguments essentialistes, et comme quoi c’est logique voire limite « naturel » (huhu) car c’est « ce qu’elles sont ».