Coronavirus : 8 500 respirateurs produits... pour rien ?
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Mais personne ne mesure alors que le choix fait par l’exécutif sur proposition d’Air Liquide, risque de poser problème. Car les 8 500 respirateurs "Osiris" qui doivent être fabriqués sont des respirateurs destinés à gérer l’urgence. Sur son propre site, Air Liquide décrit ce modèle comme un "ventilateur de transport léger et simple d’utilisation". Autrement dit, un appareil qu’on utilise dans les ambulances, mais pas dans les salles de réanimation.
Le 3 avril 2020, un message transmis aux milieux hospitaliers par le ministère de la Santé et le centre de crise sanitaire, précise ce que doit être l’usage de chaque modèle de respirateur dans la crise du Covid-19.
Dans la liste des appareils pouvant être utilisés pour traiter des patients malades, l’Osiris 3 n’apparait que dans la cinquième catégorie, la toute dernière. Il n’est jugé utile que dans les cas de transports les plus simples, mais pas pour une salle de réanimation où sont traités les malades à risques.
Le modèle de ventilateur Osiris, « ventilateur de transport léger et simple d’utilisation », n’apparait visiblement pas comme assez performant pour être utilisé en salles de réanimation.
"Je ne l’utiliserai pas en réanimation"
"Ce n’est clairement pas, pour être pudique, un respirateur adapté à la prise en charge d’une détresse respiratoire aiguë compliquée", explique Philippe Meyer, médecin réanimateur à l’hôpital Necker à Paris. "On a un peu l’impression qu’on a fait un effet d’annonce pour montrer qu’on était capable de produire 10 000 respirateurs. Mais personnellement je n’utiliserais pas un ’Osiris’ en réanimation. C’est très clair."
Son confrère anesthésiste et réanimateur au CHU de Nantes, Yves Rebufat, se montre encore plus critique. "Si vous vous en servez pour un syndrome respiratoire aigu, vous avez un risque de tuer le patient au bout de trois jours. Parce que ce n’est pas fait pour ça. Les malades du Covid-19 ne sont pas faciles à ventiler. Il faut des respirateurs performants avec des systèmes de contrôle des pressions et des volumes." Il poursuit :
"Au mieux, on peut s’en servir pour transporter un patient une demi-heure pour un scanner, mais c’est le maximum qu’on puisse demander à cet appareil."