Henri Leclerc : « El Shennawy : 37 ans de prison, une peine de mort lente » - Chroniques - leJDD.fr
►http://www.lejdd.fr/Chroniques/Invite-du-JDD/Henri-Leclerc-El-Shennawy-37-ans-de-prison-une-peine-de-mort-lente-581323
Henri Leclerc : « El Shennawy : 37 ans de prison, une peine de mort lente »
Le détenu Philippe El Shennawy, 58 ans, vient de tenter de mettre fin à ses jours. Cet appel au secours m’interpelle. Cet homme a déjà effectué trente-sept ans de prison, et n’est libérable qu’en 2032. Cela s’apparente à une peine de mort lente. Certes, il a été condamné en 1977 pour des faits graves : un hold-up spectaculaire, avec prise d’otage. Mais il n’a pas une goutte de sang sur les mains. C’est un rebelle. Depuis le départ, il a été révolté par sa condamnation à perpétuité, puis par la mort de son ami Taleb Hadjadj, condamné pour le même braquage, qui s’est suicidé en prison.
M. El Shennawy a bien obtenu une libération conditionnelle en 1991. Mais il fut réincarcéré sur décision du ministère de la Justice, pour avoir violé une interdiction de séjour à Paris afin de rencontrer son fils. Il s’est évadé, a été jugé pour d’autres infractions graves, condamné à de nouvelles peines. Beaucoup vont dire qu’un tel récidiviste aurait mauvaise grâce à se plaindre, qu’il faut protéger la société. Pour ma part, je ne suis pas sûr que la brutalité répressive soit la meilleure façon de faire.
Peut-on porter atteinte à l’un des droits les plus essentiels d’un homme : celui de ne pas être soumis à des traitements inhumains ou dégradants ? Le 20 janvier 2011, la France a été condamnée par la Cour européenne des droits de l’homme pour avoir soumis M. El Shennawy à des fouilles répétées en 2008, sans recours possible. Des hommes cagoulés le faisaient mettre à quatre pattes, jambes écartées, et l’obligeaient à tousser en fouillant de force son intimité. Des actes injustifiés et intolérables.