Drôles d’histoires : l’extermination douce – Aux enfermés du confinement
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Note de “Aux enfermés dans le confinement” : Ce texte à propos de la mort de faim, de froid et d’abandon de 76 000 patients dans les hôpitaux psychiatriques en France de 1940 à 1945, n’est pas là pour établir une équivalence malsaine entre l’entreprise exterminatrice de la deuxième guerre mondiale et le confinement actuel, ni pour pousser à on ne sait quelle comparaison émotionnelle scandaleuse (dans tous les sens du terme). Il s’agit d’inviter à réfléchir sur quelques points bien précis. D’abord, presque anecdotiquement, mais pas seulement, sur la permanence des lieux d’enfermement et de leur histoire. L’hôpital psychiatrique Le Vinatier près de Lyon par exemple, qui est actuellement un lieu de contestation de la gestion du confinement dans les hôpitaux psychiatriques, a été un lieu particulièrement touché par la politique de Vichy puisque 2000 patients y sont morts, mais aussi un lieu où quelques médecins ont tenté l’impossible pour nourrir malgré tout les patients. Plus fondamentalement il s’agit de repenser ce qui se passe quand le tri des vies devient effectif et efficace, dans les temps de pénuries, quand la gestion de crise choisit quelle vie vaut la peine d’être sauvée, qui vaut la peine d’être soigné. L’abandon des patients des structures psychiatriques a été très tôt à l’œuvre pendant le confinement, puisque l’ARS a précisé dès la mise en place du « plan blanc » dans les hôpitaux que ces derniers ne bénéficieraient des moyens de protection sanitaire qui iraient prioritairement aux structures hospitalières classiques. Enfin, plus généralement, on voudrait attirer l’attention sur le fait que l’abandon ou l’insouci peuvent être meurtriers à grande échelle, qu’il s’agit de politiques actives de mise à l’écart du soin, comme pour les prisonniers qu’on ne déplace plus à l’hôpital s’ils en ont besoin, ou les pauvres du monde entier entassés dans des bidonvilles ou des camps, comme le camp pour migrants de La Moria en Grèce, dont on ne se préoccupe que pour éviter le risque de fournaise épidémique pour le reste de la population.