Le biologiste américain Sui Huang milite pour le port de masques faciaux en population générale, y compris ceux « faits-maison »
En ce qui concerne le port de masque en population générale, le Pr Sui Huang est sur la même longueur d’onde que Georges Gao. Sui Huang est docteur en médecine et docteur en biologie moléculaire. Il a enseigné la biocomplexité en tant que discipline de recherche à l’université de Calgary et à la faculté de médecine de Harvard.
Dans le magazine Medium, il explique pourquoi tout le monde devrait porter un masque facial dans la rue, même ceux faits maison en tissu.
« Aux États-Unis (et dans d’autres pays occidentaux), la recommandation officielle selon laquelle le public ne devrait pas porter de masques de protection ne s’explique qu’en raison de leur #pénurie et de l’impérieuse nécessité de les réserver aux professionnels de santé. »
À sa connaissance aucune publication scientifique ne permet d’affirmer qu’il est inefficace au regard des risques de transmission du coronavirus que la population générale porte un masque.
« Au contraire, si l’objectif est d’“aplatir la courbe”, alors toute réduction supplémentaire, même partielle des chaines de contamination est la bienvenue. »
Pour lui, tous les masques, furent-ils chirurgicaux ou faits maison, peuvent avoir leur rôle à jouer dans la mesure où ils ne font pas peser de contraintes supplémentaires sur l’approvisionnement des professionnels de santé en moyen de protection.
Il explique que les dernières découvertes biologiques sur les portes d’entrée du SARS-Cov-2 dans les tissus humains et la balistique des éternuements/toux-gouttelettes suggèrent que le principal mécanisme de transmission repose sur les grosses gouttelettes et non pas sur les aérosols.
6 mètres : la distance parcourue par les gouttelettes en cas d’éternuement
En effet si la distance que peuvent parcourir les aérosols est limitée à 1,5 m, les grosses gouttelettes peuvent aller beaucoup plus loin. Projetées à une vitesse de 50 mètres par seconde en cas d’éternuements, elles peuvent alors atteindre une distance de 6 mètres, ce qui rend la distanciation sociale de 1 ou 2 mètres insuffisante dans ce cas. Sauf si vous portez un masque.
En cas de toux, la vitesse de projection des grosses gouttelettes est de 10 mètres par seconde et elles peuvent parcourir jusqu’à 2 mètres de distance.
Crédit : Pr Huang
Pour le Pr Sui Huang, ces données justifient pleinement l’usage de masques dans la population générale.
Il rappelle à ce titre que les masques faits maison filtrent également une part non négligeable des aérosols et a fortiori des grosses gouttelettes.
Dans une simulation expérimentale menée en 2008 aux Pays-Bas, une équipe de scientifiques menée par Van der Sande, a comparé les capacités de trois masques différents (faits maison, chirurgicaux et FFP2) à arrêter les petits aérosols de l’ordre de 0,2 à 1 µm.
Si les masques FFP2 ont filtré 99 % des aérosols projetés, les masques chirurgicaux en ont retenu 75 % et les masques en tissu 67 %. 67 %, c’est un score loin d’être négligeable d’autant plus que la charge virale nécessaire à la réplication du coronavirus n’est pas encore connue à ce stade.
Pour le Pr Huang, il est plausible que les différences constatées entre les différents types de masques soient encore moins marquées en ce qui concerne les grosses gouttelettes.
Notons également que les masques chirurgicaux ne retiennent finalement que 50 % des aérosols expulsés par la toux selon cette étude.
L’argument selon lequel le port de tels masques se paierait d’un relâchement des autres « gestes barrières » (distance physique, lavage de main autant que de besoin, tousser dans son coude, ) me parait spécieux.
Oui, pour démontrer l’efficacité des masques face aux positions inverses (qui ne prouvent pas que c’est inutile mais affirment que l’on ne parvient pas à démonter leur utilité) on ne dispose pas, comme dans le cas des ceintures de sécurité dans les bagneules, de méthodes appropriées.