Tu galĂšges @arno ? Je sais pas si il faut rĂ©pondre. Et une partie de tes questions sont (Ă dessein ?) formulĂ©es de façon Ă ce quâil soit pas aisĂ© de le faire.
Tout dâabord, on sait que lorsque le gouvernement nâexhibe pas son incohĂ©rence, ne ment pas ouvertement, et Ă moins quâexceptionnellement il agisse for real (faut voir comment...), il simule :
... nous avons en rĂ©alitĂ© confiĂ© cette question sanitaire Ă une logique de start-up, dâinnovation et de philanthropie, dans laquelle la politique sĂ©curitaire des Ătats consiste dâabord Ă mettre en scĂšne [leur] capacitĂ© Ă intervenir, Ă simuler [leur] aptitude Ă gouverner, mais sans vĂ©ritable moyen [#staff_and_stuff ] de le faire.
âșhttps://seenthis.net/messages/848196
âą Le gouvernement nâa jamais promis de masques pour tous, ne cessant de dire que ça ne sert Ă rien, voire que ce serait dangereux et favoriserait la contagion (...). Il en a promis pour ceux de « la premiĂšre ligne » parmi « les » soignants, selon un tri par catĂ©gorie arbitraire dĂ©terminĂ© par la pĂ©nurie et par une vision du soin hospitalo-centrĂ©e avec la hiĂ©rarchie des professions et des services que cela suppose. Tant pis pour les femmes de mĂ©nage dâhosto ou dâEhpad, les brancardiers, ambulanciers, secrĂ©taires, aides-soignantes, selon les cas, les lieux, les moments, et avec des trous bĂ©ants rĂ©pĂ©tĂ©s, journaliers, au sein mĂȘme des catĂ©gories supposĂ©es Ă©lues.
Faut dire que « pour tous » ça aurait Ă©tĂ© une promesse impossible - IdĂ©alement il en faut deux par sortie, ou un toutes les 3 heures (ce qui nâest pas respectĂ©, mĂȘme dans des service covid-19) - sauf Ă lancer plusieurs usines de fab, ce quâils nâont pas fait, et qui se fait maintenant quâil y a un marchĂ© potentiel trĂšs dynamique grĂące Ă une longue pĂ©nurie quasi absolue.
Par exemple (jâen ai pas vu beaucoup), au Blanc-Mesnil, un patron lance la production de 500 000 masques « chirurgicaux »/jour
â»https://seenthis.net/messages/846050
Y compris en mettant de cĂŽtĂ© les besoins de la population, cette pĂ©nurie Ă©tait bien rĂ©elle. On sait maintenant quâelle tient pas Ă lâabandon des stocks stratĂ©giques sous un gouvernement antĂ©rieur mais bien par ce gouvernement lĂ (Ration aujourdâhui). PĂ©nurie, câest allĂ© jusquâĂ piquer des masques aux rĂ©gions au cul des avions :
â»https://seenthis.net/messages/841696
Je crois pas que le gvt ai commandĂ© de masques tissu, sauf - effet Charles de Gaulle - le ministĂšre de la dĂ©fense pour ses troupes, et sans doute dâautres commandes sectorielles. Il les a juste « autorisĂ©s »... RĂ©futant longtemps lâutilitĂ© des masques, il a fini par ĂȘtre obligĂ© de suivre la multiplication des initiatives de toutes celles et ceux qui en fabriquent (se protĂ©ger), comme lâavaient fait avant lui des villes et des rĂ©gions, et aussi des entreprises qui en distribuaient Ă leurs salariĂ©s (rĂ©ussir Ă faire travailler), rĂ©pondant aussi Ă la demande, celle des usagers potentiels dĂ©sireux de complĂ©ter les « gestes barriĂšres », et celle des pharmaciens et autres commerçants qui veulent vendre, et aussi garder un rapport avec la clientĂšle qui soit dĂ©qualifiĂ©e en et par ce moment de crise sanitaire (comme le font les Ă©diteurs qui mettent en ligne gratis des livres, les boites de production qui offrent des films, comme le promet Ă dĂ©faut de le faire, le criminel fondĂ© de pouvoir de lâĂ©conomie qui dirige lâentreprise France lorsquâil prĂ©tend " se refonder" ).
In fine , il me semble que ce qui joue câest que le savoir disponible sur le corona est pour partie et progressivement appropriĂ© collectivement et quâil contredit toujours plus les bĂȘtises du gouvernement. Puisquâil faut agir (pas laisser la population mariner sans indiquer une voie de sortie), puisquâil faut sauver lâĂ©conomie, puisque on ne sait ni confiner (le confinement est contradictoire de bout en bout, et ça commence Ă se savoir ; sorry, je ne retrouve plus cette Ă©tude chinoise qui confirme que le covid-19 sâattrape trĂšs peu Ă lâextĂ©rieur, quâil y faut dâautres conditions ; tout rĂ©sultat scientifique nâest pas contre-intuitif), ni dĂ©pister, ni casser les chaines de transmissions (Ă©pidĂ©miologie de masse triple 0), ni hĂ©berger les personnes contaminĂ©es qui nâont pas besoin dâĂȘtre Ă lâhosto, ni Ă©pauler personne sans compter sur la bĂ©nĂ©volance des infirmiĂšres qui font les AS, des voisins qui, des asso et collectifs qui, et quâon va dĂ©-con-fi-ner : il faut bien que ça fasse lâobjet de quelque chose plutĂŽt que de rien. Eh ça tombe bien, parce que des masques il en faut, on le savait avant mĂȘme lâannonce du confinement le 15 mars.
Pour finir sur ce point, les masques « en papier » sont jetables, certes, mais de nombreuses observations montrent quâil est possible de les rĂ©utiliser dans certaines conditions et pour un nombre de rĂ©emplois (en fixant un plafond Ă une perte de filtrabilitĂ© qui doit rester faible) sur lesquels il y a des divergences : des CHU ont choisi des techniques que les soignants ont rĂ©cusĂ©, tandis que des soignants ont mis au point des techniques quâils dĂ©fendent comme correctes, en gĂ©nĂ©ral avec lâaval de « spĂ©cialistes » quâils ont mobilisĂ©s.
On a Ă©videmment rien qui ressemble Ă des « observatoire des bonnes pratiques » en matiĂšre de rĂ©emploi de ces masques ou quoi que ce soit de ce genre (les ARS, ça sert pas à ça mais Ă la T2A et Ă ce qui va avec), Ă part vaille que vaille, les confrontations sociales, la circulations dâinfos, les Ă©changes.
âą Le milliard de masques chinois (en fait 600 millions), câest le premier flux (lĂ , on se sent rĂ©gulĂ©s, câest bon ?) qui est venu triomphalement complĂ©ter dâautres importations ponctuelles et difficiles Ă assurer de masques dit chirurgicaux et FFP2 (en papier, mais aussi avec de lâ intissĂ© parmi les couches superposĂ©es qui assurent la filtration)
âșhttps://seenthis.net/messages/835160
Mais cela ne veut pas dire quâils iront Ă des nĂ©cessitĂ©s premiĂšres selon une logique sanitaire, il y a et il y aura « des salariĂ©s de lâindustrie mieux protĂ©gĂ©s que les soignants » : â»https://seenthis.net/messages/847409
âą Non, « le tissu » (qui doit ĂȘtre plus que ça, en fait) ce nâest pas « nettement mieux » que les masques « papier » pour ce qui est de filtrer, mĂȘme si les masques en tissu font pas si mal barriĂšre de protection pour les autres et protĂšgent davantage le porteur que ne le font les masques « chirurgicaux » jetables. Non, il y a pas de comparatifs, on se demande encore ce que font tous les gens payĂ©s, presse, chercheurs, techniciens, Ă part prĂ©senter, parfois, des Ă©lĂ©ments de comparaison dâoĂč il ressort que les FFP2, ou mieux les FFP3 (moins respirants peu employables si effort physique quelconque, fatiguant) câest ce qui filtre le mieux (et dans les deux sens). Les masques « chirurgicaux » moins (et bien mieux pour protĂ©ger les autres que soi), encore faut-il, comme tout masque, quâils soient pas trop mal faits ( et utilisĂ©s).
Aucun masque ne protĂšge Ă 100% dans les conditions de test (dâoĂč les visiĂšres et casques Ă visiĂšres dans des services et ailleurs).
Les masques tissus, câest moins, mais dire ça, câest trop gĂ©nĂ©ral puisque ça varie trĂšs fortement (au pif je dirais de 5/10% Ă 80/85%) selon la qualitĂ© de la conception (patron, matĂ©riaux), de la fab. On peut accuser le quidam qui ne sait rien et devrait si il Ă©tait pas crĂ©tin exiger que lâĂtat rĂšgle le problĂšme car câest lĂ que la rationalitĂ© est supposĂ©e Ă©merger, mais câest bien les boites et les institutions locales qui ont choisi Ă divers endroits de faire de la merde, pour Ă©conomiser Ă lâachat et faire du fric Ă la vente. QuantitĂ©s de masques servent de « message de soutien » et pas forcĂ©ment plus. Des fois ça se voit tel point que ça marche pas, comme les masques distribuĂ©s par la ville de Valence
âșhttps://twitter.com/Nordengail/status/1253976279830978560
La qualitĂ© dĂ©pend Ă©galement de la prĂ©sence de filtres entre les couches de tissus ou pas et lesquels, du genre de dĂ©sinfection, du nombre de rĂ©emploi. Câest messy , mais il y a des Ă©lĂ©ments y compris techniques et scientifiques, lĂ
â»https://seenthis.net/messages/841045
Anecdote, un type de 23 ans a lancĂ© en ligne sa « start-up », proposant aux couturiĂšres de fabriquer des masques payĂ©s deux euros la piĂšce, assurant quâon peut se faire 2 ou 300 euros par mois... On marchandise ce que nombre de fabricantes donnaient, Ă©changeait, ou vendaient Ă pris libre (donc Ă partir de 0, comme câest le cas avec les Brigades de solidaritĂ© populaire)
Il y a la pĂ©nurie de masques "chirurgicaux et FFP2 (pas donnĂ© Ă toutes sortes de soignants et personnes au contact rapprochĂ© avec des vulnĂ©rables, mĂ©decins et infirmiĂšres de ville, HP, aide mĂ©nagĂšre, familiale, etc) et il y aura de toutes façon pĂ©nurie ou raretĂ© relative. Jâentendais Ă la radio un dentiste dire que si il y a reprise de lâactivitĂ©, les soins dentaires nĂ©cessitent pour ce seul secteur 2 million de masques par semaine.
Au lieu de pipoter nâimpâ, il serait pas difficile, surtout en temps de « guerre Ă un ennemi invisible », de tester vite, dessiner au mieux, dire les matĂ©riaux, proposer des repĂšres clairs pour que le rĂ©emploi des chirugicaux, FFP2, FFP3 et tissus se fasse dans les meilleures conditions possibles. Ce qui nâest pas contradictoire avec de la fabrication en grand au plus vite, en montant des chaines de production des meilleurs masque possibles de ces diverses catĂ©gories.
Plus cher ? moins cher ? Je sais pas comparer un masque qui se rĂ©emploie 15 20 ou 30 fois (les « jetables ») avec un autre qui se rĂ©emploi 100 fois, auquel ll faut ajouter le prix des filtres (le mieux câest la lingette anti-statique sans produit chimique). Plus le coĂ»t des dĂ©sinfections/lavage, avec tous les intrants. Faudrait demander Ă des gens dont câest le taff. 300 millions de consommateurs ? (le journal en est restĂ© Ă lâabsurde « rien ne prouve que ça sert », je crois). Dâautant que c qui est utile câest pas seulement le coĂ»t unitaire mais dâavoir une idĂ©e du coĂ»t de revient mensuel (il ya des gens qui rĂąlent Ă raison, Ă 5 euros au tabac, comme faire si on est fauchĂ©, RSA etc), faut prendre en compte des usages trĂšs variables, ceux qui vont sortir deux fois par semaine, Ă ceux qui taffent 7H plus transports en commun, Ă ceux qui taffent plus exposĂ©s. Il nây pas une bonne solution homogĂšne. En tissu, en imaginant que lâon soit pas hors dâun chez soi (ou on reçoit, ou on reçoit pas ? avec ? sans) plus de 16h/jour ça fait de deux Ă 4 masque par jour. Pour pas trop sâembĂȘter avec les lavages/dĂ©sinfection, doubler ou tripler la quantitĂ© par personne afin de sâne occuper que deux fois la semaine. Mais ces masques ont pas de prix puisque le marchĂ© en a pas encore dĂ©cidĂ©. ni une politique publique :) Pour les masques « en papier » les prix de gros sont trĂšs variables ces temps-ci.
De toute façon, les prix sont politiques, on le redĂ©couvre avec ces masques en tissu en vente 15 euros, dâautres gratuits comme support de com, ou geste dâentraide. Les masques fait en Chine, câest pas cher par boites, cartons, ça peut ĂȘtre 37 centimes le FFP2. Monsieur MĂ©lenchon aprĂšs avoir suivi monsieur grippette trottinette dĂ©clare que les masques doivent ĂȘtre gratuits. Ă raison.
Il faudrait prendre en compte une durĂ©e de ces mesures (on en a pour longtemps, dans quelles conditions, selon quelles Ă©volutions des savoirs, de lâĂ©pidĂ©mie ?). Et le coĂ»t reprĂ©sentĂ© par le traitement des monceaux de #dĂ©chets occasionnĂ©s par les masses de masques jetables.
Câest aussi pour ça quâil faudrait panacher. Pour lâordinaire, pour le grand nombre, de bons masques en tissus avec bon filtre, en nombre suffisant pour pas ĂȘtre esclave (soit dĂ©sinfectĂ©s illico, par exemple Ă la vapeur dâeau oxygĂšne pour qui nâa ni four ni fer) puis rangĂ©s ensuite des sacs plastiques Ă©tanches avant dĂ©sinfection, assorti dâun nombre de FFP 2 Ă utiliser quand on va voir des vulnĂ©rables, dans une structure de soin, etc. Une partie des fonctionnaires seraient supposĂ©s se dĂ©dier Ă des missions de service public pour faire marcher tout ça, en relation avec les protagonistes des pratiques sociales effectives, et avec des embauches parce que tout relation thĂ©rapeutique repose sur trois Ă©lĂ©ments, un prescripteur, accompagnateur aidant spĂ©cialiste de ce ci ou cela, un objet (mĂ©dicament, cabinet du psy, scanner, masques, examen, etc) et un patient, qui ne souhaite pas forcĂ©ment sâen laisser conter.
Quoi quâil en soit, vu lâampleur de la crise, la pĂ©nurie est lĂ pour durer (Guillaume Lachenal nous dit que la thĂ©orie en matiĂšre de santĂ© vient dĂ©sormais du Sud, comme elle vint ici, pour la psychiatrie et la santĂ© de lâexpĂ©rience de la 2eme GM et de lâoccupation). EspĂ©rerons que ce ne soit pas comme en plein pic Ă©pidĂ©mique, ici mĂȘme dans lâhexagone, Ă Coronaland avec des blouses jetables ont Ă©tĂ© vendues Ă une structure de soin 10 euros au lieu de 37 centimes habituels
âșhttps://seenthis.net/messages/848071
Les masques, câest dâune pierre deux coups, le noyau, câest le geste barriĂšre dans ses variantes, la protection respiratoire, et la pulpe, si câest pas nâimporte quoi quâon achĂšte et jette comme un kleenex (le gouvernement ne fera pas autrement), une chose isolĂ©e, mais le support dâune relations au soin et aux autres, quelque chose de lâexistence humaine qui a dĂ©jĂ pris e ce point de vue une haute valeur sanitaire. Contre une « mĂ©decine » asociale, peut sâaffirmer une mĂ©decine sociale. Elle a besoin de supports matĂ©riels. Le masque en un.
Un papier publiĂ© hier par @fil qui semble avoir Ă©tĂ© peu lu ici, indique bien, dans un contexte Ă©tasunien quâil Ă©claire tout en se rapportant Ă des expĂ©riences extra nationales, de quoi relĂšve une politique de soin, en particulier en quoi une telle politique ne peut reposer exclusivement sur lâhĂŽpital, la technique, la science, tout cela, oui, pas nâimporte comment, et surtout, pas seulement : âșhttps://seenthis.net/messages/848403