Masques FFP2 : des salariés de l’industrie mieux protégés que les soignants

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  • Ah, l’innovation qui va te faire plaisir : en plus il ne faut pas les sécher à l’air libre.

    INFOGRAPHIE. Coronavirus : comment entretenir les masques de protection en tissu ?
    https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/infographie-coronavirus-comment-entretenir-les-masques-de-protection-en

    Les masques en tissu ne doivent pas être séchés à l’air libre, car cela prend trop de temps. L’Afnor estime qu’il faut « procéder au séchage complet du masque dans les deux heures qui suivent le lavage ». Il faut donc, quand c’est possible, les passer au sèche-linge, après avoir nettoyé les filtres, ou encore jouer du sèche-cheveux. Toutes les couches du masque doivent être complètement sèches.

    Je n’ai toujours pas bien compris pourquoi on n’a pas des masques en papier jetables, du côté du gouvernement. C’est moins bien ? C’est réservé aux hôpitaux ?

    Je comprends que pour le home made, très bien. Mais sinon…

    Alors :
    – à quel moment est-ce que vous, vous avez compris que les masques « commandés » et distribués par le gouvernement, seraient des masques en tissu réutilisables, et pas des masques en papier jetables ?
    – le milliard de masques qui ont été commandés en fanfare, livrés « d’ici fin juin », c’est papier ou ce sont bien ces masques en tissu ?
    – il y a des comparatifs ? Le tissu c’est nettement mieux que le papier jetable et c’est pour ça qu’on a du masque « grand public » ? Ou bien c’est encore une façon de gérer la pénurie ?
    – c’est plus cher, c’est moins cher ?

    • Note : mes parents continuent à vivre avec des mouchoirs en tissu. Mon père est le roi pour ça en hiver : il sort son truc encore humide de sa poche, il se mouche bruyamment, replie consciencieusement le carré de tissu et se le fourre dans la poche du pantalon.

      Ce qui, comme tu t’en doutes, horrifie absolument cette autre partie de ma famille qui vient d’un pays où les gens commencent par t’offrir des baklavas et des mouchoirs en papier avant même que tu sois assis.

      Alors des masques en tissu à laver selon des procédure abracadabrandesques, au lieu de masques en papier jetables (alors même que les « gestes barrières » recommandent de se moucher dans des mouchoirs en tissu) pour lutter contre un virus particulièrement contagieux, j’avoue que je ne pige pas bien.

    • Tu galèges @arno ? Je sais pas si il faut répondre. Et une partie de tes questions sont (à dessein ?) formulées de façon à ce qu’il soit pas aisé de le faire.
      Tout d’abord, on sait que lorsque le gouvernement n’exhibe pas son incohérence, ne ment pas ouvertement, et à moins qu’exceptionnellement il agisse for real (faut voir comment...), il simule :

      ... nous avons en réalité confié cette question sanitaire à une logique de start-up, d’innovation et de philanthropie, dans laquelle la politique sécuritaire des États consiste d’abord à mettre en scène [leur] capacité à intervenir, à simuler [leur] aptitude à gouverner, mais sans véritable moyen [#staff_and_stuff ] de le faire.

      https://seenthis.net/messages/848196

      • Le gouvernement n’a jamais promis de masques pour tous, ne cessant de dire que ça ne sert à rien, voire que ce serait dangereux et favoriserait la contagion (...). Il en a promis pour ceux de « la première ligne » parmi « les » soignants, selon un tri par catégorie arbitraire déterminé par la pénurie et par une vision du soin hospitalo-centrée avec la hiérarchie des professions et des services que cela suppose. Tant pis pour les femmes de ménage d’hosto ou d’Ehpad, les brancardiers, ambulanciers, secrétaires, aides-soignantes, selon les cas, les lieux, les moments, et avec des trous béants répétés, journaliers, au sein même des catégories supposées élues.
      Faut dire que « pour tous » ça aurait été une promesse impossible - Idéalement il en faut deux par sortie, ou un toutes les 3 heures (ce qui n’est pas respecté, même dans des service covid-19) - sauf à lancer plusieurs usines de fab, ce qu’ils n’ont pas fait, et qui se fait maintenant qu’il y a un marché potentiel très dynamique grâce à une longue pénurie quasi absolue.
      Par exemple (j’en ai pas vu beaucoup), au Blanc-Mesnil, un patron lance la production de 500 000 masques « chirurgicaux »/jour
      https://seenthis.net/messages/846050
      Y compris en mettant de côté les besoins de la population, cette pénurie était bien réelle. On sait maintenant qu’elle tient pas à l’abandon des stocks stratégiques sous un gouvernement antérieur mais bien par ce gouvernement là (Ration aujourd’hui). Pénurie, c’est allé jusqu’à piquer des masques aux régions au cul des avions :
      https://seenthis.net/messages/841696

      Je crois pas que le gvt ai commandé de masques tissu, sauf - effet Charles de Gaulle - le ministère de la défense pour ses troupes, et sans doute d’autres commandes sectorielles. Il les a juste « autorisés »... Réfutant longtemps l’utilité des masques, il a fini par être obligé de suivre la multiplication des initiatives de toutes celles et ceux qui en fabriquent (se protéger), comme l’avaient fait avant lui des villes et des régions, et aussi des entreprises qui en distribuaient à leurs salariés (réussir à faire travailler), répondant aussi à la demande, celle des usagers potentiels désireux de compléter les « gestes barrières », et celle des pharmaciens et autres commerçants qui veulent vendre, et aussi garder un rapport avec la clientèle qui soit déqualifiée en et par ce moment de crise sanitaire (comme le font les éditeurs qui mettent en ligne gratis des livres, les boites de production qui offrent des films, comme le promet à défaut de le faire, le criminel fondé de pouvoir de l’économie qui dirige l’entreprise France lorsqu’il prétend " se refonder" ).
      In fine , il me semble que ce qui joue c’est que le savoir disponible sur le corona est pour partie et progressivement approprié collectivement et qu’il contredit toujours plus les bêtises du gouvernement. Puisqu’il faut agir (pas laisser la population mariner sans indiquer une voie de sortie), puisqu’il faut sauver l’économie, puisque on ne sait ni confiner (le confinement est contradictoire de bout en bout, et ça commence à se savoir ; sorry, je ne retrouve plus cette étude chinoise qui confirme que le covid-19 s’attrape très peu à l’extérieur, qu’il y faut d’autres conditions ; tout résultat scientifique n’est pas contre-intuitif), ni dépister, ni casser les chaines de transmissions (épidémiologie de masse triple 0), ni héberger les personnes contaminées qui n’ont pas besoin d’être à l’hosto, ni épauler personne sans compter sur la bénévolance des infirmières qui font les AS, des voisins qui, des asso et collectifs qui, et qu’on va dé-con-fi-ner : il faut bien que ça fasse l’objet de quelque chose plutôt que de rien. Eh ça tombe bien, parce que des masques il en faut, on le savait avant même l’annonce du confinement le 15 mars.
      Pour finir sur ce point, les masques « en papier » sont jetables, certes, mais de nombreuses observations montrent qu’il est possible de les réutiliser dans certaines conditions et pour un nombre de réemplois (en fixant un plafond à une perte de filtrabilité qui doit rester faible) sur lesquels il y a des divergences : des CHU ont choisi des techniques que les soignants ont récusé, tandis que des soignants ont mis au point des techniques qu’ils défendent comme correctes, en général avec l’aval de « spécialistes » qu’ils ont mobilisés.
      On a évidemment rien qui ressemble à des « observatoire des bonnes pratiques » en matière de réemploi de ces masques ou quoi que ce soit de ce genre (les ARS, ça sert pas à ça mais à la T2A et à ce qui va avec), à part vaille que vaille, les confrontations sociales, la circulations d’infos, les échanges.

      • Le milliard de masques chinois (en fait 600 millions), c’est le premier flux (là, on se sent régulés, c’est bon ?) qui est venu triomphalement compléter d’autres importations ponctuelles et difficiles à assurer de masques dit chirurgicaux et FFP2 (en papier, mais aussi avec de l’ intissé parmi les couches superposées qui assurent la filtration)
      https://seenthis.net/messages/835160
      Mais cela ne veut pas dire qu’ils iront à des nécessités premières selon une logique sanitaire, il y a et il y aura « des salariés de l’industrie mieux protégés que les soignants » : https://seenthis.net/messages/847409

      • Non, « le tissu » (qui doit être plus que ça, en fait) ce n’est pas « nettement mieux » que les masques « papier » pour ce qui est de filtrer, même si les masques en tissu font pas si mal barrière de protection pour les autres et protègent davantage le porteur que ne le font les masques « chirurgicaux » jetables. Non, il y a pas de comparatifs, on se demande encore ce que font tous les gens payés, presse, chercheurs, techniciens, à part présenter, parfois, des éléments de comparaison d’où il ressort que les FFP2, ou mieux les FFP3 (moins respirants peu employables si effort physique quelconque, fatiguant) c’est ce qui filtre le mieux (et dans les deux sens). Les masques « chirurgicaux » moins (et bien mieux pour protéger les autres que soi), encore faut-il, comme tout masque, qu’ils soient pas trop mal faits ( et utilisés).
      Aucun masque ne protège à 100% dans les conditions de test (d’où les visières et casques à visières dans des services et ailleurs).
      Les masques tissus, c’est moins, mais dire ça, c’est trop général puisque ça varie très fortement (au pif je dirais de 5/10% à 80/85%) selon la qualité de la conception (patron, matériaux), de la fab. On peut accuser le quidam qui ne sait rien et devrait si il était pas crétin exiger que l’État règle le problème car c’est là que la rationalité est supposée émerger, mais c’est bien les boites et les institutions locales qui ont choisi à divers endroits de faire de la merde, pour économiser à l’achat et faire du fric à la vente. Quantités de masques servent de « message de soutien » et pas forcément plus. Des fois ça se voit tel point que ça marche pas, comme les masques distribués par la ville de Valence
      https://twitter.com/Nordengail/status/1253976279830978560
      La qualité dépend également de la présence de filtres entre les couches de tissus ou pas et lesquels, du genre de désinfection, du nombre de réemploi. C’est messy , mais il y a des éléments y compris techniques et scientifiques, là
      https://seenthis.net/messages/841045
      Anecdote, un type de 23 ans a lancé en ligne sa « start-up », proposant aux couturières de fabriquer des masques payés deux euros la pièce, assurant qu’on peut se faire 2 ou 300 euros par mois... On marchandise ce que nombre de fabricantes donnaient, échangeait, ou vendaient à pris libre (donc à partir de 0, comme c’est le cas avec les Brigades de solidarité populaire)

      Il y a la pénurie de masques "chirurgicaux et FFP2 (pas donné à toutes sortes de soignants et personnes au contact rapproché avec des vulnérables, médecins et infirmières de ville, HP, aide ménagère, familiale, etc) et il y aura de toutes façon pénurie ou rareté relative. J’entendais à la radio un dentiste dire que si il y a reprise de l’activité, les soins dentaires nécessitent pour ce seul secteur 2 million de masques par semaine.

      Au lieu de pipoter n’imp’, il serait pas difficile, surtout en temps de « guerre à un ennemi invisible », de tester vite, dessiner au mieux, dire les matériaux, proposer des repères clairs pour que le réemploi des chirugicaux, FFP2, FFP3 et tissus se fasse dans les meilleures conditions possibles. Ce qui n’est pas contradictoire avec de la fabrication en grand au plus vite, en montant des chaines de production des meilleurs masque possibles de ces diverses catégories.

      Plus cher ? moins cher ? Je sais pas comparer un masque qui se réemploie 15 20 ou 30 fois (les « jetables ») avec un autre qui se réemploi 100 fois, auquel ll faut ajouter le prix des filtres (le mieux c’est la lingette anti-statique sans produit chimique). Plus le coût des désinfections/lavage, avec tous les intrants. Faudrait demander à des gens dont c’est le taff. 300 millions de consommateurs ? (le journal en est resté à l’absurde « rien ne prouve que ça sert », je crois). D’autant que c qui est utile c’est pas seulement le coût unitaire mais d’avoir une idée du coût de revient mensuel (il ya des gens qui râlent à raison, à 5 euros au tabac, comme faire si on est fauché, RSA etc), faut prendre en compte des usages très variables, ceux qui vont sortir deux fois par semaine, à ceux qui taffent 7H plus transports en commun, à ceux qui taffent plus exposés. Il n’y pas une bonne solution homogène. En tissu, en imaginant que l’on soit pas hors d’un chez soi (ou on reçoit, ou on reçoit pas ? avec ? sans) plus de 16h/jour ça fait de deux à 4 masque par jour. Pour pas trop s’embêter avec les lavages/désinfection, doubler ou tripler la quantité par personne afin de s’ne occuper que deux fois la semaine. Mais ces masques ont pas de prix puisque le marché en a pas encore décidé. ni une politique publique :) Pour les masques « en papier » les prix de gros sont très variables ces temps-ci.

      De toute façon, les prix sont politiques, on le redécouvre avec ces masques en tissu en vente 15 euros, d’autres gratuits comme support de com, ou geste d’entraide. Les masques fait en Chine, c’est pas cher par boites, cartons, ça peut être 37 centimes le FFP2. Monsieur Mélenchon après avoir suivi monsieur grippette trottinette déclare que les masques doivent être gratuits. À raison.

      Il faudrait prendre en compte une durée de ces mesures (on en a pour longtemps, dans quelles conditions, selon quelles évolutions des savoirs, de l’épidémie ?). Et le coût représenté par le traitement des monceaux de #déchets occasionnés par les masses de masques jetables.
      C’est aussi pour ça qu’il faudrait panacher. Pour l’ordinaire, pour le grand nombre, de bons masques en tissus avec bon filtre, en nombre suffisant pour pas être esclave (soit désinfectés illico, par exemple à la vapeur d’eau oxygène pour qui n’a ni four ni fer) puis rangés ensuite des sacs plastiques étanches avant désinfection, assorti d’un nombre de FFP 2 à utiliser quand on va voir des vulnérables, dans une structure de soin, etc. Une partie des fonctionnaires seraient supposés se dédier à des missions de service public pour faire marcher tout ça, en relation avec les protagonistes des pratiques sociales effectives, et avec des embauches parce que tout relation thérapeutique repose sur trois éléments, un prescripteur, accompagnateur aidant spécialiste de ce ci ou cela, un objet (médicament, cabinet du psy, scanner, masques, examen, etc) et un patient, qui ne souhaite pas forcément s’en laisser conter.
      Quoi qu’il en soit, vu l’ampleur de la crise, la pénurie est là pour durer (Guillaume Lachenal nous dit que la théorie en matière de santé vient désormais du Sud, comme elle vint ici, pour la psychiatrie et la santé de l’expérience de la 2eme GM et de l’occupation). Espérerons que ce ne soit pas comme en plein pic épidémique, ici même dans l’hexagone, à Coronaland avec des blouses jetables ont été vendues à une structure de soin 10 euros au lieu de 37 centimes habituels
      https://seenthis.net/messages/848071

      Les masques, c’est d’une pierre deux coups, le noyau, c’est le geste barrière dans ses variantes, la protection respiratoire, et la pulpe, si c’est pas n’importe quoi qu’on achète et jette comme un kleenex (le gouvernement ne fera pas autrement), une chose isolée, mais le support d’une relations au soin et aux autres, quelque chose de l’existence humaine qui a déjà pris e ce point de vue une haute valeur sanitaire. Contre une « médecine » asociale, peut s’affirmer une médecine sociale. Elle a besoin de supports matériels. Le masque en un.

      Un papier publié hier par @fil qui semble avoir été peu lu ici, indique bien, dans un contexte étasunien qu’il éclaire tout en se rapportant à des expériences extra nationales, de quoi relève une politique de soin, en particulier en quoi une telle politique ne peut reposer exclusivement sur l’hôpital, la technique, la science, tout cela, oui, pas n’importe comment, et surtout, pas seulement : https://seenthis.net/messages/848403