• Des ouvriers du bâtiment se soulèvent contre le confinement à Lagos
    https://www.voaafrique.com/a/nigeria-des-ouvriers-du-batiment-se-soul%C3%A8vent-contre-le-confinement-%C3%A0-lagos-(police)/5394263.html

    Des dizaines d’ouvriers d’un chantier de construction, dont celui de la raffinerie construite par Aliko Dangote, l’homme le plus riche d’Afrique, se sont révoltés lundi contre les mesures de confinement à Lagos, capitale économique du Nigeria.

    « Les employés se sont soulevés pour protester contre les mesures de confinement car ils veulent retourner au travail », a expliqué à l’AFP Bala Elkana, porte-parole de la police locale.

    « Ils ont blessé cinq policiers et vandalisé deux postes de police alentours », a-t-il indiqué, soulignant également que 51 émeutiers avaient été interpellés et qu’ils seraient traduits en justice. Un porte-parole de la raffinerie de Dangote actuellement en construction, dans le quartier de Lekki, a confirmé l’incident.

    Les 20 millions d’habitants de Lagos, mégalopole tentaculaire, ont reçu l’ordre de rester chez eux depuis le 30 mars, pour tenter de lutter contre la propagation du coronavirus dans le pays.

    Toutefois ces mesures de confinement, également appliquées dans plusieurs autres Etats fédéraux, sont extrêmement douloureuses pour la grande majorité de la population, qui dépend de l’économie informelle.

    • Faim, fermeture des marchés, Emeutes au Nigeria, manifestations au Burkina Faso : l’Afrique veut d’urgence reprendre le travail
      https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/04/28/emeutes-au-nigeria-manifestations-au-burkina-faso-l-afrique-veut-d-urgence-r

      De nombreuses voix se sont élevées ces derniers jours en Afrique subsaharienne pour mettre en garde contre des mesures qui ne sont pas applicables dans le contexte économique et social du continent, à la population en grande majorité très pauvre qui craint plus de mourir de faim que de subir le sort des 1 300 morts du Covid-19. Au Burkina Faso, plusieurs centaines de commerçants ont manifesté lundi à Ouagadougou pour demander la réouverture de tous les marchés, fermés fin mars pour lutter contre la propagation du coronavirus. « Nous voulons la réouverture des marchés pour pouvoir reprendre nos activités et subvenir à nos besoins », lance Soumaila Tiendrebeogo, un commerçant de vêtements au marché Nabi-Yaar, un quartier populaire.

      [...] « Cela fait plus d’un mois que les marchés sont fermés. On n’a plus rien à manger. Aucune aide. Des dons de vivres sont faits mais peu de personnes en bénéficient, et en petite quantité », se plaint Soumaila Tiendrebeogo. « Qu’ils ouvrent maintenant les marchés. C’est tout ce que nous voulons. Nous n’attendons rien d’autre » du gouvernement, soutient la porte-parole des manifestants, Bibata Keïta. « Si demain les marchés ne sont pas ouverts, le pays va prendre feu. On est fatigué. Cette maladie est utilisée de façon politique et à d’autres fins. Nous, nous ne connaissons pas de malades de coronavirus. Ce sont eux les riches qui ont ça et nous empêchent de vivre », estime-t-elle, reprenant un discours très présent dans la population.

  • En Guinée, la solitude des familles de migrants disparus en mer et oubliés des médias

    La crise du coronavirus « invisibilise » les départs pour l’Europe, et les naufrages, qui se poursuivent malgré la fermeture des frontières.

    Le 3 avril, au large de Tan-Tan, dans le sud du Maroc, l’embarcation sur laquelle se serraient 70 Africains, dont 28 Guinéens au moins, a fait naufrage. La famille d’Abdoulaye Camara, qui selon des témoins fait partie des rares survivants, veut se souvenir et rompre le terrible silence qui est retombé sur les migrants morts en mer sur la route de l’Europe.

    Si les projecteurs n’étaient plus, depuis quelques mois, braqués sur ces naufragés, le Covid-19 a fini de les effacer de la scène médiatique. Pourtant, en dépit de la fermeture des frontières, les départs du continent africain n’ont pas vraiment cessé.

    Vêtu d’un maillot bicolore et d’un short, assis derrière une table de bois, Issiaga, le petit frère d’Abdoulaye, raconte l’inquiétude qui le tenaille depuis le 21 mars, la dernière fois qu’il a parlé à son frère. Depuis des années, Abdoulaye, 27 ans, déposait des demandes régulières de visa à l’ambassade de France, afin de rejoindre sa sœur, mariée à un Français. « Mon frère est footballeur professionnel, il a joué en première et deuxième divisions ici, a disputé la coupe nationale. Il a été sélectionné plusieurs fois dans l’équipe nationale mais ne voulait pas terminer sa carrière en Guinée », explique Issiaga.
    La traversée contre 5 000 euros

    En dépit de sa lettre d’invitation en France, d’un hébergement assuré par sa famille, toutes ses demandes ont été refusées. En France, les Guinéens sont passés dans le peloton de tête des arrivants. En 2018, les citoyens de cet Etat d’Afrique de l’Ouest, ancienne colonie française, se sont même hissés au deuxième rang de la demande d’asile en France, derrière l’Afghanistan, avec 8 433 demandes de protection et représentent la première nationalité des mineurs non accompagnés, soit près du tiers d’entre eux, avec 5 227 mesures de protection en 2018 dans l’Hexagone.

    Faisant une croix sur un départ officiel, Abdoulaye Camara est finalement parti en novembre 2019 en direction du Maroc avec l’idée de déposer là-bas une énième requête officielle. Mais après six mois sur place, sans réponse, le jeune homme s’est tourné vers les passeurs qui lui proposaient « la traversée » contre 5 000 euros. Si ces derniers mois le tarif d’un passage vers l’Europe est plutôt à 3 000 euros, le surcoût demandé au footballeur était, selon lui, la garantie de passer sur « un grand bateau de marchandises » et non sur les trop submersibles pneumatiques qui défrayent la chronique mortuaire. Après de longs mois d’hésitation, Abdoulaye a succombé à la tentation. « Nous, la famille, on ne voulait pas. On voulait qu’il patiente au Maroc. Mais il a perdu patience, ne sachant pas, avec le Covid, combien de temps il allait devoir rester là-bas », explique son jeune frère.

    Et puis, après de longs jours de silence et de rumeurs, l’information a été confirmée le 5 avril : le bateau sur lequel Abdoulaye avait embarqué s’est retourné en mer et ce dernier fait partie des vingt et une personnes secourues par la marine marocaine. On nous a dit qu’il avait recommencé « à parler et à manger, mais personne de la famille n’a pu échanger avec lui directement car il n’a pas de téléphone », raconte Issiaga, en partie soulagé et reconnaissant envers le policier marocain « qui lui a permis d’envoyer un message vocal juste pour indiquer qu’il était en vie ».
    Cinq jours en mer sans vivres

    Pour Alseny Kouta, le sort en a décidé autrement. Parti de Conakry courant février, le jeune Guinéen est aujourd’hui présumé mort et son frère, Ibrahima Sylla, a bien du mal à faire son deuil. « Ma mère l’a pleuré comme si son cadavre était à côté de nous, elle est convaincue de son décès. Moi, je ne peux pas dire s’il est mort ou non, s’il a été enterré quelque part ou non. Et on n’a personne vers qui se tourner », pleure le jeune garçon. Malgré cette somme d’incertitudes, la famille a organisé une cérémonie avec des imams « afin que son âme puisse reposer en paix s’il est mort ou que Dieu prenne soin de lui s’il est toujours en vie ».

    Mais, avec l’interdiction des rassemblements de plus de vingt personnes, cela n’est pas allé de soi. Au final, c’est en toute discrétion que la cérémonie a dû être montée. « On n’a fait ni les sacrifices de moutons, de chèvres ou de vaches qui servent à la préparation du grand repas pour les convives car on ne pouvait pas réunir tout le monde. C’est bizarre de dire au revoir à quelqu’un comme ça ». Et chez Ibrahima Sylla, ce non-respect de la tradition a encore ajouté de la tristesse à la douleur.

    Une douleur rendue très violente depuis que la famille connaît les circonstances terribles de la mort du fils. Selon des témoins vivants, le bateau serait resté cinq jours en mer sans vivres. Plusieurs passagers comme Abdoulaye étaient même inconscients avant le naufrage à cause de la faim. Certains se seraient jetés à l’eau avant l’accident, en désespoir de cause…

    Car c’est bien sûr un pneumatique que le groupe a quitté le Maroc. Le « grand bateau » qui devait venir les chercher n’est jamais arrivé, selon les informations réunies par la communauté guinéenne du Maroc et notamment via plusieurs jeunes qui n’ont pas eu de place sur cette embarcation.
    Une famille en deuil, seule et endettée

    A Nongo, dans la banlieue de Conakry, où vivaient quatre des jeunes passagers, ces informations ont déchaîné la colère. Beaucoup voulaient faire payer Bouba (le prénom a été modifié), celui qui recrute les candidats au départ au sein d’un petit business de famille. Une fois au Maroc, en effet, c’est le frère de ce Bouba qui loge les migrants le temps de leur trouver une place sur un bateau. C’est lui qui faisait la « pub de la traversée » racontant avoir envoyé plusieurs jeunes en Europe ; c’est à lui aussi que la famille d’Alseny Kouta a versé les 5 000 euros, via le réseau habituel. « Tous ceux qui traversent laissent une somme à l’intermédiaire (Bouba). S’ils parviennent à rejoindre l’Europe, elle est partagée entre ceux qui ont aidé au projet. Si le petit meurt, l’argent est rendu. Mais là, Bouba a demandé à la famille de patienter, car certains arrivent à traverser et ne donnent pas de nouvelles tout de suite », explique Ibrahima Sylla. Dans ce contexte plus que tendu, Bouba aussi a disparu tandis que la famille tente de faire son deuil, seule et endettée.

    Quelques jours avant ce naufrage, un autre canot avait déjà chaviré le 27 mars au large de Dakhla, sur la côte Atlantique. Cette fois, six personnes avaient survécu, une était morte et vingt et une autres sont portées disparues. Ce qui fait un total de soixante disparus en l’espace d’une semaine. Plus peut-être, car, depuis mars, Covid-19 oblige, l’Organisation internationale des migrations (OIM) a mis entre parenthèses ses rapatriements vers les pays de départ, et peine donc à faire remonter les informations officielles.

    Ce qui est sûr, c’est qu’à Nongo, jusqu’au 3 avril, les départs allaient bon train. Il a fallu attendre la dernière tragédie pour provoquer une onde de choc sur le quartier et mettre fin aux départs. Du moins pour l’heure. En attendant, Abdoulaye se rétablit au Maroc. A l’issue de la pandémie, il devrait formuler une nouvelle demande de visa.

    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/04/28/en-guinee-la-solitude-des-familles-de-migrants-disparus-en-mer-et-oublies-de

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