• Sam Karmann
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    Réponse au texte du producteur Vincent Maraval (Wild Bunch) au sujet du salaire des acteurs dans le cinéma français.

    Et en premier lieu, plutôt que de parler des acteurs, vous auriez du écrire en guise de chapeau :
    « Les vedettes françaises sont trop payées ». C’est vrai.
    Les 50 vedettes ? Les 30 vedettes ? Les 10 vedettes ? Leur nombre n’est pas le plus important au regard du fait qu’ils sont incontournables. C’est ça qui pose problème, qu’on ne puisse (ou très difficilement) monter un film sans qu’il y ait au moins un « bancable » dans la liste. Combien sont-ils ces bancables ? Entre 3 et 5 par génération. Car les autres, tous les autres, les acteurs pas vedettes, les petits, les moyens, les sans grade à l’échelle du box-office, les 20.000 autres, intermittents, qu’ils soient inconnus ou même un peu connus voire reconnus du grand public (comme votre serviteur par exemple), savons que nos cachets ont été divisés pas 2 depuis les années 2000.

    A la télévision où les salaires des rôles principaux ont servi de variable d’ajustement aux productions qui diminuaient leur coût au fur et à mesure que les diffuseurs diminuaient leurs financement. Ne pouvant baisser la grille des salaires des équipes techniques protégés par une convention collective forte et respectée, on a non seulement divisé le montant mais également diminué le nombre des cachets en augmentant le temps de travail de leurs journées. (...)
    Et pour finir la boucle, que dire des techniciens qui -parce qu’heureusement encore payés au tarif syndical à la télé- peuvent s’offrir de faire du cinéma à moins 10, 20, 30 ou 50%. Pour faire en sorte que le film se fasse toute la chaine fait des efforts pendant que les « stars » prennent leurs cachets. Que penser d’un film où les équipes sont à moins 10% ou 20% avec en vedette un bancable dont on sait qu’il va toucher entre 500K€ et 1M€ … ?

    La faute au système bien sûr, qui comme vous le dénoncez, réclame des « noms » pour monter le financement en sachant pertinemment que ce n’est évidemment pas une garantie du succès du film en salle. Mais qu’il est dans le cahiers des charges des diffuseurs de justifier une promesse -devenue chimérique- d’audimat quand le film passera à la télé.

    Pour finir, je pense que si votre analyse est pertinente, le titre de cet article est si maladroit qu’il va une fois de plus conforter l’idée fausse que les acteurs sont des nantis et mettre en péril le statut si fragile mais si indispensable des intermittents perçus comme des enfants gâtés. Ne cassons pas ce système extraordinaire qu’est l’intermittence, la redistribution du CNC et l’obligation des diffuseurs de financer le cinéma.

    Comme partout dans la société et dans ce monde financiarisé à tout crin, rien ne va plus quand « le patron-vedette » gagne 1M€ tandis que « l’acteur-ouvrier » qui vient lui donner la réplique gagne le smic.

    #intermittence, #salaires, #cinéma