• MIGRATIONS : La situation des migrant·es et demandeur/euses d’asile | forumcivique.org

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    MIGRATIONS : La situation des migrant·es et demandeur/euses d’asile
    de Szonja Kravinszkaja et Krisztina Virányi,12.12.2017
    Archipel émission 265 (12/2017)
    Archipel

    Le 23 octobre 2017, jour de fête nationale en Hongrie, Viktor Orbán a fièrement annoncé dans son discours que la Hongrie est la dernière zone de l’Europe sans migrant·es et qu’il a l’intention qu’elle le reste.
    Suite à cette déclaration, toute nouvelle directive et action politique mise en place vise à tenir migrant·es et demandeur/euses d’asile loin de Hongrie. Ceci afin d’instiller une culture de la peur dans la société hongroise, et cela va de pair avec un durcissement de la répression à l’encontre des structures de soutien et d’ONG qui travaillent avec les réfugié·es. Il a été annoncé que toutes les personnes en lien avec des organisations civiles seront traitées comme des criminelles de guerre, des saboteuses, des patricides.

    #migrations #asile #hongrie #populisme #extrême-droite

  • Appel au #medias_libres !

    Solidarité avec les médias libres du Chiapas, du Mexique et du monde !!! Dernières heures pour pouvoir signer avant d’envoyer le communiqué ) Bachajon, la Sexta, EZLN...

    Suite à l’agression dont ont été victimes les camarades des médias libres (http://www.le-serpent-a-plumes.antifa-net.fr/medias-libres-attaques-au-chiapas) à San Sebastian Bachajon, Chiapas, notre modeste équipe de traduction – @ValKaracole, @EspoirChiapas et Le Serpent @ Plumes – a décidé de ne pas se contenter de traduire mais aussi de proposer un communiqué succinct afin d’exprimer notre solidarité avec toutes celles et tous ceux qui, par leur travail en tant que médias libres (autonomes, alternatifs ou comme ils se nomment), permettent aux expériences locales menées par les peuples qui s’organisent, de briser l’isolement, de nouer des échanges et de créer des solidarités.

    Pour en savoir plus au sujet de la lutte menée par le peuple de San Sebastian Bachajon, vous pouvez consulter les articles sur le site d’Espoir Chiapas : http://espoirchiapas.blogspot.ro/2015/01/despojo-de-tierra-bachajon-expulsion-de.html

    Si vous souhaitez signer cet appel à solidarité, vous pouvez laisser un commentaire ou contacter Espoir Chiapas (ou me contacter aussi ;) )

    *

    Aux médias libres du Chiapas,
    Aux adhérent-e-s de la Sexta,
    A nos frères et sœurs qui luttent pour proposer une autre information,

    Nous avons été informé-e-s qu’au Chiapas, Mexique, nos compañer@s, nos frères et sœurs de lutte, travaillant dans les médias libres, de manière bénévole, et accompagnant le mouvement des peuples organisés en lutte contre l’installation d’un méga projet touristiques et d’une autoroute sur leur terre, ont été agressé-e-s par des groupes armés pro-gouvernementaux sous l’œil bienveillant des forces de l’ordre. L’agression s’est terminée par la rétention illégale de leurs outils de travail : un appareil photo Canon 70D et un téléphone portable contenant de nombreuses informations personnelles.

    Cette agression a eu lieu dans un climat d’extrême violence : dans leur rapport, nos collègues journalistes indépendants ont déclaré avoir été menacé-e-s avec une machette sous le cou et sur le ventre pour notre sœur journaliste, et par une machette sur le ventre pour notre frère journaliste. En tant que médias libres, cela nous rappelle des évènements qui se sont déroulés en France, et plus particulièrement durant la lutte contre la construction du barrage de Sivens au Testet où des journalistes indépendants avaient été menacé-e-s par une milice aux pratiques fascisantes afin de les empêcher de travailler.

    Nous n’acceptons pas et condamnons énergiquement ces actions. Le droit d’informer est universel. Si le fait de prendre des photos et de documenter leurs actions leur pose problème, c’est aux groupes paramilitaires et milices de tous les pays de stopper leurs pratiques illégales.
    LA PEUR DOIT CHANGER DE CAMP !

    Loin de nous intimider, nous nous engageons à être plus attentif-ve-s aux futures actions qui se passeront au Chiapas comme ailleurs et à diffuser toutes menaces et agressions qui pourront se dérouler au Mexique et dans le monde entier et nous invitons chaque personne, chaque Être Humain, à devenir témoin chaque fois qu’il le faudra : les médias libres sont là pour recevoir et diffuser leurs témoignages et les protéger.

    Nous nous solidarisons avec le travail de nos frères et sœurs des médias libres du Chiapas qui, depuis des années, s’organisent et diffusent « L’Autre Information » de manière exemplaire.

    SOLIDARITÉ AVEC LES MÉDIAS LIBRES DU CHIAPAS, DU MEXIQUE ET DE LA TERRE !

    Depuis la France, mars 2015.

    Liste des signataires (en cours) :
    Espoir Chiapas : http://espoirchiapas.blogspot.mx

    Le serpent à Plumes : http://www.le-serpent-a-plumes.antifa-net.fr

    collectif bon pied bon oeil : http://bonpiedbonoeil.net

    indymedia nantes : https://nantes.indymedia.org

    radio zinzine : http://radiozinzine.org

    Forum Civique Européen : http://www.forumcivique.org

    Contre Faits : http://www.contre-faits.org

    L’Orchestre Poétique d’Avant-guerre (O.P.A) : http://www.opa33.org

    Cocomagnanville : http://cocomagnanville.over-blog.com

    Le sécretariat libre de la ZAD de NDDL : http://zad.nadir.org

    Radio Galère : http://www.radiogalere.org

    Koletivo BoCa En BoCa : http://espoirchiapas.blogspot.fr/search/label/BoCa%20En%20BoCa

    Primitivi : http://www.primitivi.org

    Aquitaine Decroissance : http://aquitainedecroissance.org

    sources : http://www.le-serpent-a-plumes.antifa-net.fr/solidarite-avec-les-medias-libres-du-chiapas-du-mexiq

  • Question d’hier et de demain : Homo sacer et les Tziganes
    De Roswitha Scholz
    http://www.forumcivique.org/fr/articles/questions-dhier-et-de-demain-homo-sacer-et-les-tziganes
    Suite de : “ Les Roms et "nous" ” : http://seenthis.net/messages/107327

    C’est à travers les réactions aux krachs massifs du capitalisme en crise que l’on discerne les caractéristiques structurelles communes au vif antitziganisme qui sévit dans différents pays occidentaux. A la menace de déchéance que connaissent les classes moyennes, est venue s’ajouter entretemps une inflation galopante qui fait s’envoler les prix des denrées alimentaires et de l’énergie. En outre, et tout cela est lié, on voit se diffuser les idéologies racistes aussi bien dans les couches « supérieures » qu’« inférieures ». Ce qui se passe actuellement en Italie l’illustre parfaitement.
    Pour désigner cette barbarisation des classes moyennes en déclin, le spécialiste italien de la culture Claudio Magris a proposé le terme de « lumpenbourgeoisie », et ce avant même la flambée d’attaques contre les Roms. Les recommandations de l’UE visant à mettre un terme à cette « politique tzigane » resteront probablement lettre morte, puisqu’en dernière instance ce sont les Etats membres qui sont compétents ; or, presque tous doivent affronter le « crépuscule des classes moyennes », et l’on sait qu’une alliance entre « masses et élite » (Hannah Arendt) n’est absolument pas exclue. Sur la question de savoir jusqu’où la gauche serait prête à aller en matière de critique du syndrome anti-Roms, il vaut mieux également renoncer à toute illusion. Qu’on songe simplement aux tirades d’Oskar Lafontaine à propos des travailleurs étrangers : à tout moment elles peuvent se charger d’antitziganisme. Toute la presse nous répète à l’envi que l’actuelle idéologie anti-Roms en Italie se rencontre tout spécialement dans les quartiers fortement « ancrés à gauche ». Cela a beaucoup à voir avec le traditionnel centrage de la gauche sur le brave et honnête salarié, avec ses préjugés contre un soi-disant lumpenprolétariat considéré comme la lie de la société, et donc a fortiori contre des « Tziganes » que l’idéologie raciste place encore plus bas que les lumpenprolétaires « autochtones ». Cette tradition demeure bien vivante dans le contexte actuel de fragilisation des classes moyennes, et sûrement pas uniquement en Allemagne et en Italie.

    #romophobie

  • Questions d’hier et de demain : les Roms et « nous »
    De Roswitha Scholz
    http://www.forumcivique.org/fr/articles/questions-dhier-et-de-demain-les-roms-et-%C2%ABnous%C2%BB

    En Italie, on assiste ces derniers temps à une recrudescence des pogroms anti-Roms. Depuis l’entrée de la Roumanie dans l’UE début 2007, fuyant des discriminations qui s’accentuent et une misère extrême qui les frappe tout particulièrement, un nombre croissant de Roms ont trouvé refuge dans la péninsule, où ils vivent à la périphérie des grandes villes dans des conditions là encore déplorables.
    La réaction de la population locale est en parfaite harmonie avec celle du gouvernement italien de droite qui fait appel, pour enrayer la « peste tzigane », à des remèdes d’un autre âge : des mesures spéciales auxquelles seuls les Sintis et les Roms sont assujettis.S’il est indéniable que, de toute l’Europe occidentale, c’est actuellement en Italie que la récente fièvre anti-Roms montre son plus hideux visage, on aurait toutefois tort de croire que cette forme de racisme se circonscrit à ce seul pays. En Allemagne également, agressions du même type et propagande anti-Roms dans les médias affichent depuis le début des années 1990 une nette aggravation1, cependant que l’extermination massive des Sintis et des Roms perpétrée sous le national-socialisme a tendance à se voir relativisée. Songeons seulement, à titre d’exemple frappant, aux émeutes racistes de Rostock en 1992 et à leurs incidences au niveau de l’Etat. Comme nous savons d’expérience que, même à gauche, le souvenir de ces événements a tendance à s’effacer, voici pour mémoire : « Le 24 septembre 1992, un mois après le pogrom de Rostock dirigé essentiellement contre les réfugiés roms venus d’Europe de l’Est, les gouvernements allemand et roumain signèrent un accord par lequel la Roumanie s’engageait à accueillir en retour les demandeurs d’asile déboutés, notamment ceux et celles qui n’avaient pu présenter de papiers d’identité en règle »2. Cette forme de discrimination a déjà une longue histoire, mais une histoire malheureusement trop méconnue. En Italie, par exemple, le phénomène de l’antitziganisme n’est pratiquement pas étudié3. Même chose en Allemagne où, malgré l’abondance des travaux historiques sur le national-socialisme, on a commencé tardivement à s’intéresser à cette question, et où ce n’est que tout récemment que certains résultats ont pu être établis.

  • Extraits de ce livre :
    Jean Duflot, De Lampedusa à Rosarno. Euromirage, Edition Golias, Villeurbanne, France Novembre 2011, Livre de poche, 238 pages, CHF 20.- / EUR 15.-, ISBN 978-2-35472-139-8

    http://www.forumcivique.org/fr/produkt/de-lampedusa-%C3%A0-rosarno-euromirage

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    « Le racisme qui gangrène des pans entiers du tissu social du pays n’est pas une aberration géographique. Ce qui s’est passé à Rosarno, en janvier 2010, n’est pas l’exception honteuse qui confirmerait la règle. Elle est l’une des manifestations de l’intolérance communautaire qui instaure à l’intérieur des frontières de l’Europe un état d’exception permanente »

    Jean DUFLOT, De Lampedusa à Rosarno. Euromirage, Golias, 2011, p.12.

    « ’Le syndrome de Rosarno’ que Le Monde (2/2/2010) diagnostique en Italie sévit sur l’ensemble du territoire européen. Au fond, le laboratoire italien et ses expérimentations juridiques ne posent pas trop de problèmes moraux à la plupart de ses partenaires »

    Jean DUFLOT, De Lampedusa à Rosarno. Euromirage, Golias, 2011, p.59.

    « La criminalité de sang qui tue les femmes et les hommes issus de l’immigration tient une place importante dans des statistiques sérieuses. Elle dément la version officielle qui gonfle systématiquement les chiffres des délits ’étrangers’ proportionnellement à leur population, la criminalité des immigrés (tous délits confondus) n’atteint pas le quart de celle des citoyens italiens. Pourtant une enquête publiée par Panorama établissait en 2007 que 60% des interviewés étaient convaincus de l’incidence criminelle. Et la presse a embrayé en révélant que dans les prisons italiennes un détenu sur trois était étranger. Bien entendu, ces chiffres omettaient de préciser que la majorité de ces étrangers étaient incarcérés pour infraction aux lois de l’immigration »

    Jean DUFLOT, De Lampedusa à Rosarno. Euromirage, Golias, 2011, pp. 76-77.

    « Toutes les zones méridionales visitées par MSF comportent des foyers d’immigration que les conditions de vie et le surpeuplement ont transformés en autant de bantoustants. Mais il ne faudrait pas penser que ce phénomène d’apartheid ne se vérifie qu’en Italie méridionale. Le samedi 9 janvier 2010, deux jours après les émeutes de Rosarno, le quotidien La Repubblica a publié très opportunément une liste de ghettos italiens (bidonvilles, baraques et campements ’illicites’) qui montre que le phénomène n’épargne pas les régions riches du nord »

    Jean DUFLOT, De Lampedusa à Rosarno. Euromirage, Golias, 2011, p.112.

    "Un rapport du ministère de l’Intérieur reconnaît l’effet délétère d’une immigration socialement marginalisée par le manque de structures d’accueil. ’Les énormes flux migratoires qui ont déferlé au cours de ces dernières années ont donné lieu à des phénomènes tangibles de ségrégation résidentielle, basée sur les groupes ethniques d’appartenance’. Le discours officiel est sémantiquement clair : le désordre généré par l’immigration est la conséquence d’un refus d’intégration lié aux particularismes des envahisseurs. Autrement dit, c’est la xénophobie des immigrés qui a créé les ghettos sordides où ils se tassent : une inversion de la responsabilité qui voudrait faire oublier des décennies d’incurie.

    Jean DUFLOT, De Lampedusa à Rosarno. Euromirage, Golias, 2011, pp.112-113.

    ’Vous pouvez construire des murs de dix mètres de haut, ils passeront en dessus ou en dessous, dit le responsable de la CGIL de Caserta ; l’image qu’ils se font de l’Europe est trop forte’. Il suffit d’un immigré de retour au pays avec quelques économies ou de l’envoi régulier d’argent aux familles pour que la machinerie de l’illusion s’emballe. Et puis, dans les villes il y a la télévision, les antennes paraboliques : la féérie des images qui dépeignent l’Europe comme un Eden aide beaucoup les rabatteurs de main-d’oeuvre dans leurs campagnes publicitaires."

    Jean DUFLOT, De Lampedusa à Rosarno. Euromirage, Golias, 2011, p.123.

    "Dans un article du Figaro (5 octobre 2009), Renaud Girard explique le mode de paiement qui permet aux candidats à l’Eldorado européen de s’acquitter des sommes souvent exorbitantes que l’on exige d’eux. Il fonctionne sur l’ensemble de l’aire arabo-musulmane, de l’Afghanistan à la Corne d’Afrique et de la Turquie à l’Afrique du Sud. A propos d’une filière de passeurs baloutches qui opère à la frontière entre l’Afghanistan et l’Iran, il écrit : « A Zaranj, Khaled et ses trois amis ont un problème. Le passeur baloutche demande 500 dollars à chacun pour les amener à Téhéran. Comment garantir qu’il ne les abandonnera pas dans le désert, une fois qu’il aura empoché ses 2000 dollars ? Réciproquement, si le paiement ne se fait qu’après service rendu, comment la filière de passage baloutche peut-elle être sûre d’être payée à l’arrivée ? C’est là qu’intervient le système de l’hawala, réseau informel de paiement à distance, basé sur l’avance des ’frais’ d’acheminement des clandestins. Un réseau hawala unit, à travers le monde, des boutiquiers musulmans qui se font entre eux une confiance totale’ ».

    Jean DUFLOT, De Lampedusa à Rosarno. Euromirage, Golias, 2011, p.125.

    « Depuis la fin des années 80, les réseaux de trafiquants et de passeurs se sont multipliés sur tous les continents. Les services secrets allemands ont estimé que 500’000 clandestins entraient chaque année en Europe. Le trafic d’immigration clandestine rapporterait aux grandes organisations criminelles (mafias) entre 5 et 6 milliards de dollars par an. Un rapport confidentiel de l’ONUDC évalue à 300’000 le nombre d’Africains qui pénètrent chaque année clandestinement dans l’espace communautaire. L’enquête menée au Sénégal, Mali, Mauritanie, Gambie, Sierra Leone a permi d’évaluer autour de 700 millions de dollars le chiffre d’affaires des réseaux opérant depuis l’Afrique de l’Ouest jusqu’en Europe »

    Jean DUFLOT, De Lampedusa à Rosarno. Euromirage, Golias, 2011, p.124.

    « A travers le traitement des procédures qui réglementent les entrées, les visas, les titres de séjour, les contrats de travail, les regroupements familiaux, les demandes d’asile et de protection internationale, apparaît le dénominateur commun de cette jungle administrative : la violation des droits de l’homme de 1948 et notamment l’article 13 qui stipule que : ’Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l’intérieur d’un Etat. Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays’ »

    Jean DUFLOT, De Lampedusa à Rosarno. Euromirage, Golias, 2011, p.142.

    « Comme partout en Europe, l’Italie a légiféré pour se prémunir de ce que les pays membres considèrent comme les nouvelles invasions barbares du XXI siècle. Soixante-cinq ans après la fermeture des camps nazis, le territoire communautaire est quadrillé par des centaines de ’lagers’ où viennent échouer des convois d’hommes et de femmes fascinés par le mirage européen. Un dispositif concentrationnaire qui n’est pas sans rappeler à certains les déportations ’al confine’ du régime mussolinien »

    Jean DUFLOT, De Lampedusa à Rosarno. Euromirage, Golias, 2011, p.165.

    « Jusqu’en 1992, à Milan, il y avait un zoo. On a même dit, à juste titre, que les animaux ne pouvaient pas être traités comme ils l’étaient. Et puis le zoo a été fermé. En 1999, en janvier, sept années après, le zoo a été rouvert. Dans la même ville. Il ne renfermait plus d’animaux. La loi l’interdisait. Il contenait des hommes et des femmes, des filles sans défense et même des malades âgés. Une grande cage à ciel ouvert. Des barreaux d’acier. Des barbelés et des baraques de tôles pour dormir. Ces hommes et ces femmes enfermés là n’avaient pas commis de délits, ils n’avaient tué personne. Simplement, ils étaient entrés en Italie, y étaient restés et avaient sans doute accepté de travailler sans permis de séjour ».

    Fabrizio GATTI, in Jean DUFLOT, De Lampedusa à Rosarno. Euromirage, Golias, 2011, p.165.

    « Cet échec donne ainsi raison à tous ceux qui soutiennent qu’un centre de détention idéal est en pratique impossible. Précisément parce que ces structures naissent avec une tare qui, même avec l’approbation de la Cour Constitutionnelle, constitue ni plus ni moins un abus légal : à savoir la détention administrative de personnes soumises à une justice sommaire, après des audiences qui avalisent leur traitement et ne durent en moyenne que cinq minutes, sans procès véritable et surtout en l’absence de tout délit. Une absurdité juridique qui dissimule un mensonge avec lequel, toutes ces années, les forces politiques du centre-droit et du centre-gauche ont justifié les énormes dépenses faites pour la construction et le maintien du réseau de CIE : autrement dit destinées à l’expulsion des immigrés irréguliers.
    Le rapport de Médecins Sans Frontières révèle au contraire toute autre chose. 40% seulement des étrangers ont été rapatriés. Les autres, au terme de leur réclusion, à présent portée à six mois, ont été relâchés. Ils se sont donc retrouvés dans la situation de citoyens sans papiers, sans droits, condamnés à alimenter la force de travail au noir. Jusqu’au prochain contrôle de police »

    Fabrizio GATTI, in Jean DUFLOT, De Lampedusa à Rosarno. Euromirage, Golias, 2011, p.167.

    « Mais, à bien y regarder, l’étanchéité de la Forteresse Europe est toute relative. Il n’y a pas de fermeture systématique de l’espace communautaire. La preuve en est ces milliers d’immigrés clandestins qui continuent d’y pénétrer et d’y séjourner. En fait, vu le peu d’efficacité réelle des dispositifs policiers et judiciaires, on peut se demander si l’appareil de répression ne vise pas surtout à marginaliser et à criminaliser une main d’oeuvre précarisée que l’on exploite ainsi plus aisément et à moindre coût »

    Jean DUFLOT, De Lampedusa à Rosarno. Euromirage, Golias, 2011, p.168.

    « Le système de détention administrative ne semble donc pas tellement poursuivre un objectif de lutte contre l’immigration irrégulière, mais plutôt celui d’un confinement symbolique du phénomène dans l’optique d’offrir à l’opinion publique la perception de son confinement possible. Une distorsion maladive entre la finalité explicite et l’objectif implicite des CIE qui semble produire un humus pathogène d’insuffisances, d’abus, de violations des droits humains et maladies »

    Rapport MSF in Jean DUFLOT, De Lampedusa à Rosarno. Euromirage, Golias, 2011, p.173.

    « La théorie de l’’appel d’air’ figure en bonne place dans l’arsenal idéologique ad hoc. Elle soutient que toute concession en termes de droits ou d’assistance humanitaire suscite de nouvelles envies d’exil, les migrants étant supposés n’avoir rien à fuir, être seulement aspirés par la tentation de l’Occident. La maltraitance aurait donc des chances de les dissuader de risquer l’aventure. Le dogme de l’appel d’air a une visée beaucoup plus nocive encore. En accréditant l’idée quel es migrations sont facultatives, qu’elles ne reposent sur aucune nécessité, il transfère la responsabilité des aléas liés au déplacement à ceux qui s’y risquent, légitimant dans la foulée la mise en place de dispositifs de surveillance et de répression qui tuent : si ces migrants, ces exilés meurent, c’est en quelque sorte de leur faute »

    Extrait d’un texte de la revue Gitsi Plein Droit, « Passeurs d’étrangers » (2010), Jean DUFLOT, De Lampedusa à Rosarno. Euromirage, Golias, 2011, pp.206-207.

    « Une mobilité forcée imposée par le ’nettoyage ethnique’, certes avec des modalités quelque peu différentes à Rosarno, caractérise la pratique de nombreuses communes du nord qui ont construit leur bien-être sur le labeur des immigrés et les écartent aujourd’hui comme des détritus. La teneur de la loi Bossi-Fini qui prévoit, après le licenciement et six mois de chômage, que l’on perde le permis de séjour, constitue un extraordinaire instrument d’exploitation du travail des immigrés. En effet, en temps de crise l’étroite relation entre le contrat de travail et le contrat de séjour alimente le retour à l’irrégularité de milliers d’immigrés licenciés par leurs employeurs, un nombre très supérieur à la réduction drastique des débarquements de clandestins en Sicile, qui remplit tellement d’orgueil le ministre Maroni. Un orgueil qui devrait virer à la honte si l’on considère le nombre de victimes des trafiquants et de la police en Lybie, les abus subis dans ce pays par les migrants refoulés d’Italie ou par ceux qui n’ont aucune possibilité de fuite. Bien que le ministre parle de 40’000 expulsions exécutées en 2008 et 2009, selon d’autres sources le nombre d’expulsions d’immigrés irréguliers ’effectivement réalisées’ en 2008 ne dépasse pas 6553, et s’élève à environ 9000 en 2009, avec une baisse encore plus nette dans la partie de l’année où est entré en vigueur le ’pacchetto sicurezza’. […] Compte tenu de ces données il est facile de prévoir que la situation explosive qui s’est produite à Rosarno, par suite de la mobilité forcée vers le Sud à laquelle ont été contraints de nombreux immigrés sur le point de perdre leur permis de séjour, ou devenus déjà irréguliers, par suite d’un refus du statut de protection internationale, ne pourra que se répéter dans d’autres zones du pays ; en particulier dans les régions méridionales où prédomine l’exploitation d’une main-d’œuvre étrangère, surtout si elle comporte des immigrés irréguliers ».

    Fulvio VASSALO PLEOLOG in Jean DUFLOT, De Lampedusa à Rosarno. Euromirage, Golias, 2011, p.212.

    « Les expulsions (non exécutées et non exécutables, malgré la prolongation à six mois de la détention administrative) se traduiront de plus en plus par la création d’une force de travail disposée à se vendre par pur et simple besoin de survie. Au nom de la ’sécurité’ et de la ’capacité d’accueil’ on va s’acheminer en Italie vers un ’régime’ social d’’apartheid’ qui a montré à Rosarno ses revers tragiques de violence et qui va empirer de plus en plus rapidement. Une spirale continue parce que les alarmes sécuritaires produiront des lois et des pratiques plus restrictives, et donc toujours plus de ’clandestinité’, comme effet de la fermeture des frontières et de la criminalisation des immigrés sur le territoire national ; et cette diffusion de la ’clandestinité’ déterminera à son tour une inquiétude sociale toujours plus grande, laquelle offrira à la spéculation politique et aux entrepreneurs des opportunités de politiques sécuritaires »

    Fulvio VASSALO PLEOLOG in Jean DUFLOT, De Lampedusa à Rosarno. Euromirage, Golias, 2011, p.213.

    #Rosarno #Italie #migration #racisme #révolte #travailleurs_irréguliers #loi_Bossi-Fini #ndrangheta #mafia #agriculture #euromirage #Jean_Duflot #expulsions #Maroni #Lybie #pacchetto_sicurezza
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