/Snakker-du-skikkelig-oslomal--7076322.h

  • Le « refus » de la culture norvégienne (Fornekter norsk kultur)

    L’extrême-droite norvégienne (FrP) n’aura jamais fini de nous affliger. La voilà qui, par la voix d’un de ses parlementaires, Christian Tybring-Gjedde, revient en force pour dénoncer la décadence de la culture norvégienne sous le régime travailliste.

    Le monsieur s’énerve contre la ministre de la culture Hadia Tajik (travailliste), jeune ministre (musulmane) de la culture née en Norvège de parents pakistanais arrivés dans le pays au début des années 1970 et contre Inga Marte Thorkildsen (Gauche socialiste), ministre de l’intégration.


    Christian Tybring-Gjedde (FrP, extrême-droite)

    Il les accuse purement et simplement de "refuser" la culture norvégienne, de nier l’identité culturelle nationale norvégienne... Voilà qui nous rappelle de mauvais souvenirs, les discours irrespirables d’un des politiciens les plus incompétents de la cinquième république (je parle d’Eric Besson).

    Hadia Tajik, qui ne manque pas d’humour et qui s’exprime en néo-norvégien (le nynorsk, norvégien dialectal), a répondu à Christian Gjedde Tybring que sa langue, le norvégien littéraire (Bokmål) à l’opposé du nynorsk, est très fortement influencée par le latin, le grec et l’allemand... Quand à Inga Marte Thorkildsen, ministre de l’intégration, elle a simplement dit que la culture norvégienne [comme toutes les cultures de communautés vivantes et changeantes] est en constante évolution mais qu’elle garde une assise très solide du point de vue des droits humains et des principes démocratiques.

    L’extrême droite accuse le gouvernement de nier les aspects spécifiques de la culture norvégienne et de ce fait de la mettre en danger. Elle a sommé le gouvernement de s’expliquer sur les mesures qu’il compte mettre en oeuvre pour "protéger la culture norvégienne et ses traditions".

    Hadia Tajic ajoute que si l’on avait gardé la culture norvégienne du début du 19e siècle si bien décrite par Camilla Collett, on serait à des millions d’années lumières de l’émancipation des femmes...

    Inga Marte Thorkildsen souligne que les immigrants reçoivent 50 heures d’études sociales, qui comprennent une formation sur les aspects clés de la société norvégienne contemporaine : l’égalité des sexes, la famille et le droit des enfants ainsi que les droits et obligations dans le domaine du travail. Et bien sur aussi, sur les droits humains et les principes grands principes de la démocratie. Un programme très citoyen, en somme.

    Mais le parlementaire populiste Christian Tybring-Gjedde persiste, prétend "ne pas être impressionné" par les réponses. Il estime qu’elles se réfèrent uniquement aux valeurs universelles et internationales, et renient ainsi le caractère norvégien. Il se moque :

    « - Lorsque deux ministres différents ont du mal à définir la culture norvégienne, je me demande comment le gouvernement de coalition peut définir le multiculturalisme »

    Il l’a dit. Et l’extrême-droite le répète. Elle vomit sur le multiculturalisme, sur la diversité. Elle veut renfermer la Norvège sur elle-même.

    « - Elles ne disent rien à propos de la culture quotidienne, à propos du caractère national des traditions. Il y a des dimensions qui différencient la culture norvégienne des autres cultures. Les ministres ne disent rien au sujet de notre héritage chrétien "au-delà de la simple préservation des églises en bois debout". Elles n’ont pas mentionné la confiance qu’accorde les gens en général, laquelle est basée sur la parole donnée, et enfin, l’honnêteté et le dévouement envers la communauté. Rien non plus sur l’histoire, les traditions, la langue, les festivals, les lois, la monnaie, la coutume, le drapeau, l’hymne national, le roi ou les équipes sportives nationales ! »

    On croit rêver, mais il l’a bien dit. A une question inquiète du journalisite de Dagbladet, il répond :

    « - Non, je ne veux pas dire que les Norvégiens sont honnêtes, alors que les étrangers sont tous des menteurs. Mais cette valeur fait partie d’une tradition norvégienne, qui permet de résoudre les conflits par le dialogue et la négociation. Je pense que beaucoup de gens comprennent ce que je veux dire : la culture norvégienne n’est pas seulement un concentré de valeurs universelles, c’est la somme de tout ce que nous célébrons le 17 Mai [jour de la fête nationale]. »

    Fornekter norsk kultur
    Le « refus » de la culture norvégienne
    Frp-politiker mener Hadia Tajik og Inga Marte Thorkildsen har glemt den norske folkesjela.

    Kjetil Magne Sørenes
    onsdag 12. desember 2012

    http://www.dagbladet.no/2012/12/12/nyheter/frp/politikk/innenriks/fremskrittspartiet/24796436