• Les yeux bleus des Tchétchènes d’Israël
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2013/01/05/les-yeux-bleus-des-tchetchenes-d-israel_1813281_3232.html

    Mais Salim Jaber a une certitude : les quelque 7 500 habitants de ce village israélien pas comme les autres, situé aux portes de Jérusalem, sont d’authentiques « Tchétchènes » d’Israël. Pas des descendants de Circassiens mamelouks, comme l’affirme l’historien Joel Ben-Dov, lesquels sont environ 4 000 en Israël. Musulmans, ils sont tous liés aux quatre clans du village : les Jaber, Othman, Abed Rahman et Ibrahim.
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    Et le « président Kadyrov » - dont des photos ornent le bureau du maire d’Abou Gosh - d’ouvrir son coeur et... son carnet de chèques : « Ils nous ont demandé ce dont nous avions besoin », précise M. Jaber. Un premier chèque de 2 millions de dollars (1,5 million d’euros) contribuera à financer la nouvelle mosquée du village, et un autre million permettra la mise en valeur de la route qui y mène (déjà baptisée « route Kadyrov »). La mosquée est en cours de construction. Un bâtiment massif, d’une superficie de 2 400 mètres carrés, flanqué, comme l’entrée de la « route Kadyrov », de deux tourelles au style tchétchène insolite.

    Ce n’est pas tout : en projet, un centre culturel (on y enseignera la langue tchétchène) et un centre sportif. Salim Jaber a bien d’autres idées, mais il est prudent : « Nous ne pouvons pas tout demander tout de suite », remarque-t-il. Il pense qu’il vaut mieux attendre l’inauguration de la mosquée, à l’été, qui devrait avoir lieu en présence de Ramzan Kadyrov. « Il sera alors temps d’envisager la suite », dit le pragmatique Salim Jaber.

    Pour la « suite », le gouvernement tchétchène a un plan : convaincre le plus possible de « cousins » - mâles - d’Abou Gosh de s’établir en Tchétchénie. Car les deux guerres barbares qui s’y sont déroulées de 1994 à 2004 ont abouti à un déséquilibre : « Là-bas, le ratio est d’un homme pour sept femmes , rapporte M. Jaber, et tout homme est autorisé à épouser quatre femmes. »

    Ramzan Kadyrov, le brutal maître absolu de la Tchétchénie (5 000 personnes portées disparues ces dernières années), a donc fait son offre : les villageois d’Abou Gosh se verront offrir un emploi, un logement, et bien sûr plusieurs femmes, s’ils rejoignent la mère patrie. Salim Jaber confirme les termes du marché, en précisant qu’une autre possibilité est que des femmes tchétchènes viennent prendre mari en Israël.