Libé du 8 mars, Lettre à gerber !
Libé du 8 mars, Lettre à gerber !
réponse de lola lafon sur instagram
▻https://www.instagram.com/p/CMJsa_Vg92p/?igshid=1bms22d940jh8
Quelle sale idée. Celle de publier la lettre d’un violeur en une. Aujourd’hui. Quelle consternante idée de remettre la balle au centre entre une victime et son agresseur : un partout. Une pleine page c’est le pouvoir. Le langage c’est le pouvoir et ça, il maîtrise, le violeur. Il a lu des livres féministes. Il a fait des études. Il sait dire.
A elle, on laisse le flou du « ressenti ». A lui, l’analyse sociologique, psychologique. Comme c’est original.
Aux victimes, les collages dans la rue. Ces collages arrachés, discutés, estimés trop ceci et pas assez cela.
Aux violeurs, les unes officielles.
Quelle banalité, cette lettre. On est des milliers à l’avoir reçue, cette lettre. Des milliers à avoir dû, après avoir été violées, endosser le rôle de celle qui écoute, qui est sommée de « comprendre » pourquoi le viol a eu lieu. Celle qui doit se partager en deux après avoir été écrasée.
Lettre qui pleurniche et qui insinue, quand même, qu’il y a des raisons au viol.
Sache le, @Libé, recevoir une lettre de son violeur, ça brouille tout dans la tête de la victime. Ça, n’importe quel psy, n’importe quel avocat, flic, n’importe qui d’habitué à recevoir les plaintes pour viol conjugal, le confirmera.
Les lettres rationalisent. Elles expliquent. Subrepticement, elles mettent deux discours à égalité. Sache le, @Libé, cette lettre ressemble en tous points à celle que j’ai reçue après.
La lettre que j’ai reçue, #Libé, m’a tenue au silence pendant deux ans. J’ai pris cher. Cher à entendre qu’il m’aimait trop, c’était pour ça. Qu’il était malheureux c’était pour ça. Que la société l’avait mal éduqué, c’était pour ça. Que sa vie était détruite.
Cher à entendre les autres, autour de moi, compter les points :
peut être que vous devriez discuter
peut être que c’est un malentendu
tu ne vas quand même pas l’envoyer en prison ?
Aujourd’hui, je pense à celles qui ne sont pas sorties du silence et qui viennent de s’y voir renvoyer. Ce choix « courageux » ne l’est pas, pas plus qu’il n’est novateur.
C’était l’ordre des choses et il est en train de se casser la gueule. Et c’est réjouissant et beau et inéluctable. Aujourd’hui, on est le #8Mars.
explication de Valérie rey robert :
▻https://threadreaderapp.com/thread/1368863126133878784.html
Puisque cela n’est pas clair pour tout le monde, essayons d’expliquer pourquoi publier la lettre d’un violeur est une mauvaise idée (thread).
– Toutes les raisons qui poussent un homme à violer sont développées depuis de nombreuses années par les féministes. Son point de vue situé n’apporte rien.
– L’auteur ne consacre par une ligne à s’excuser, sa lettre est consacrée à sa défense. C’est une lettre habile, bien foutue, perverse puisqu’il y explique que
1. c’est la relation (entre lui et la victime qui a causé le viol, quasi inéluctable)
2. c’est sa socialisation comme homme qui l’a fait violer. c’est le passage le + pervers puisqu’il dit in fin à chaque homme qui lit « allons tu sais que ca pourrait t’arriver.. c’est banal, on fait tous ca... »
3. c’est le fait qu’il soit lui même une victime de viol.
Il fait d’une possibilité un déterminisme absolu, définitif.
Quand on a des regrets (jamais exprimé dans ce texte), on va voir la police, pas un grand quotidien national.
Pourquoi publier cette lettre ? vous le dites @libe vous vouliez « complexifier » le débat alors que ce type ne fait que reciter son bréviaire féministe mais il semble que la parole d’un violeur soit + complexe que celle d’une féministe.
Parce que vous vous vautrez vous même dans la culture du viol, en supposant que c’est étonnant qu’un violeur sache bien écrire et formuler sa défense (parce que c’est une lettre pour préparer sa défense ni + ni moins).
vous avez offert un boulevard à une peine minime pour ce type s’i lest jugé et vous savez quoi ? ca va marcher. la justice prendra en compte ses regrets « si sincères », sa « demarche courageuse » alors qu’on est juste face à un pervers en toute puissance.
ca m’attriste à un point..
Peut-on publier des propos de violeurs, de sexistes ? pas sans un contexte, pas sans analyser les dits propos. pas sans offrir au lectorat des pistes de compréhension du texte.
Pourquoi un violeur veut il être publié dans libé ? Qu’est ce que ca dit de lui ? pourquoi ce besoin ?
Enfin je rappelle que ce garçon n’est pas jugé (la question serait -peut-être- différente s’il l’était). Là cette lettre va aussi participer à sa défense, elle sera servie à son dossier (sans aucun doute positivement).
Secret @jjalmad sur twitter
▻https://threadreaderapp.com/thread/1368830181088051205.html
Je vais revenir sur un autre aspect de la publication de la lettre en Une par @libe.
Quand on juge un homme pour viol, même s’il reconnaît les faits, c’est toujours extrêmement compliqué d’appréhender sa sincérité, sa « prise de conscience », la réalité de l’empathie pour sa victime.
Et pourtant au tribunal, on dispose du détail des récits des faits et donc on peut voir si il paraît dire la vérité sur tout, ou minimise etc.
On dispose aussi de ses auditions à différents moments, d’expertise psychiatrique et psychologique, du récit détaillé de la victime sur son comportement notamment après les faits (a t il nié, s’est il excusé, a t’il continué de paraître dans les lieux qu’elle fréquente, etc etc)
Et même là c’est compliqué de faire la part entre sincérité, minimisation par calcul ou mécanisme de défense psy (sachant qu’une prise de conscience peut entraîner un effondrement dépressif donc oui il y a des mécanismes de défense), ou carrément stratégie de défense intéressée et froid calcul parce que face à des preuves très solides on a capté que reconnaître est mieux pour escompter une mince peine.
On peut aussi imaginer qu’un agresseur qui reconnaît et s’excuse auprès de sa victime espère que ça la dissuaderait de déposer plainte.
Bref. Même en ayant tout le détail de l’affaire, des expertises, du recul sur les faits et l’évolution de l’agresseur c’est archi compliqué de se faire une idée.
Et il n’est pas rare que nous ayons des appréciations différentes entre collègues et/ou avec les jurés.
Du coup publier cette lettre, telle que, sans confrontation plus avant à la réalité des faits, de son comportement, sans recul ni vérification, c’est encore une fois partir du principe que dès lors qu’il le dit, c’est que c’est sincère.
Je ne peux pas m’empêcher de faire le parallèle de la légèreté avec laquelle cette lettre est publiée, et les vérifications et recoupements que ne vont pas manquer de faire des journalistes avant de publier le récit d’une victime.
J’y vois en plus un biais de classe énorme : il s’exprime bien, a une belle plume, manie tous les codes et discours féministes. Donc ça passe, et c’est réinterprété comme un truc forcément puissant dérangeant, sincère etc.
J’ajoute que du côté de la victime c’est pareil, les ressentis et attentes évoluent. On peut avoir une victime soulagée de la reconnaissance des faits initialement, qui est très affectée ensuite en se rendant compte que l’auteur minimise ou quoi.
Donc vraiment ici non seulement la publication de cette lettre n’apporte absolument rien à la compréhension des mécanismes du viol, mais se vautre dans une analyse simpliste à base de « il le dit donc c’est intéressant en soi même sans vérification et mise en perspective critique » et « la victime est ok à l’instant T donc ça me dédouane de toute analyse et précautions vis à vis d’elle ».
Bah non en fait.
Stratégie parfaitement réussie : toutes le monde ne parlent que de ça au lieu de NOS DROITS !
Bien-sûr que c’était l’effet souhaité !
@ComicSansInes sur l’oiseau bleu
Si les violeurs se sentent le besoin de témoigner, ils peuvent le faire au commissariat.
La parole des violeurs et ce que la presse en fait
« Libération » a exprimé « son profond regret » en réaction aux protestations contre la publication d’une tribune d’un jeune homme reconnaissant un viol conjugal. Au-delà de la polémique, ce choix pose une vraie question journalistique sur la couverture médiatique des violences sexuelles.
▻https://blogs.mediapart.fr/lenaig-bredoux/blog/090321/la-parole-des-violeurs-et-ce-que-la-presse-en-fait
Le Retour des domestiques - Mon blog sur l’écologie politique
►http://blog.ecologie-politique.eu/post/Le-Retour-des-domestiques
Clément Carbonnier et Nathalie Morel, Le Retour des domestiques, Le Seuil, 2018, 112 pages, 11,80 €
C’est en 1991, sous un gouvernement socialiste, que la France s’engage dans une stratégie de création d’emplois domestiques. La désindustrialisation et les gains de productivité ont fait perdre beaucoup d’emplois « du milieu de la distribution des revenus » et il s’agit alors d’exploiter un « gisement » d’emplois dans les services. L’outil qui est alors mis en œuvre, c’est la défiscalisation des dépenses des ménages à hauteur de 50 %, le tout dans une limite de 3 800 € par an. Les décennies suivantes verront ce seuil évoluer, à la baisse puis à la hausse, sans que soit fondamentalement remis en question le principe de faire assurer par la collectivité la moitié de ces dépenses privées par des impôts non-perçus. En 2003 cette limite est relevée à 10 000 €, puis à 12 000 € par le plan Borloo deux ans plus tard.
Il est difficile d’évaluer le nombre d’emplois créés : il faut extraire les emplois existants et ne comptabiliser que les emplois dont la création n’est motivée que par le relèvement du seuil. Les « consommateurs incités » doivent être séparés des « consommateurs non-incités ». Les estimations les plus hautes du nombre de consommateurs incités, et donc les plus basses du coût par emploi créé sont de 80 000 € par an et par emploi en 2003. Les auteur·es retiennent plutôt celle de 160 000 €, correspondant à 553 emplois dont on peut considérer qu’il n’ont alors été créés que par aubaine. La première réforme en 1991, la plus efficace puisqu’elle ouvrait le bal des incitations, faisait déjà dépenser 39 000 € par emploi. Alors qu’une création d’emploi décent dans le même domaine reviendrait à 30 000 € annuels, formation continue comprise. C’est peu de dire que ces politiques ne sont pas efficaces…
Le Retour des domestiques - Mon blog sur l’écologie politique
►http://blog.ecologie-politique.eu/post/Le-Retour-des-domestiques
Cette mesure n’est pas seulement non-redistributive, elle est anti-redistributive puisqu’elle ne redistribue que dans la mesure d’une dépense qui dépend de la disposition à payer. Ce boom des emplois domestiques, faiblement qualifiés, est dû en partie à des politiques publiques directes et en partie à un contexte qui est celui de la montée des inégalités de revenu en France depuis les années 1990. L’emploi n’a cessé de se polariser, avec la création d’emplois qualifiés et d’emplois peu qualifiés et peu rémunérés pendant que sont détruits des emplois du milieu. Et cela est particulièrement marqué pour les femmes ; tandis que celles qui ont les moyens recourent aux services de celles qui n’ont pas de meilleures opportunités professionnelles, l’égalité femmes-hommes ne progresse pas, elle est seulement atténuée dans certaines classes. Cette polarisation encourage l’emploi domestique et tous types de services : ils coûtent moins cher en valeur absolue comme en valeur relative puisque les revenus des consommateurs ont augmenté.
Glenn Albrecht, entendre le cri de la terre - Ép. 3/4 - Nous et les autres
▻https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-idees/nous-et-les-autres-34-glenn-albrecht-quadvient-il-de-nous-lorsque-la-t
Il tire la sonnette d’alarme face aux catastrophes et en appelle à repenser les liens à la #terre. #Glenn_Albrecht, philosophe de l’#environnement et auteur de l’ouvrage « Les émotions de la Terre » (Les Liens qui Libèrent, 2020), était notre invité.
Recension (très) critique de son livre par Aude : ►http://blog.ecologie-politique.eu/post/Les-Emotions-de-la-Terre
▻https://seenthis.net/messages/907246
Recommandation de lecture par #Aude_Vidal qui montre que le #libéralisme, sous couvert de reconnaissance des « identités », occulte les rapports sociaux déterminés par le genre, la race et le mépris de classe. Quand l’#intersectionnalité est redéfinie par l’#imbrication.
Imbrication - Mon blog sur l’écologie politique
►http://blog.ecologie-politique.eu/post/Imbrication
L’intersectionnalité théorisée par Kimberlé Crenshaw a été reprise depuis les années 2000 dans la doxa des grandes institutions internationales (celles qui accompagnent les politiques néolibérales en leur apportant un supplément d’âme), au point de devenir un « buzzword » d’après une des interlocutrices de Falquet. C’est un aspect mal connu en Europe, et qui aurait pu faire l’objet de plus longs développements dans le livre. Cette intersectionnalité pose un problème qu’Ochy Curiel, militante lesbienne noire dominicaine quinquagénaire vivant aujourd’hui en Colombie, exprime ainsi : elle « tend à un multiculturalisme libéral qui prétend reconnaître les différences en les incluant dans un modèle de diversité sans interroger les raisons qui provoquent cette nécessité d’inclusion ». Cette intersectionnalité, toute occupée de questions d’identité d’individus ou de groupes, a évacué les rapports sociaux.
Imbrication
►http://blog.ecologie-politique.eu/post/Imbrication
Jules Falquet, Imbrication. Femmes, race et classe dans les mouvements sociaux, éditions du ...
Des confinements toujours plus pénibles à supporter - Mon blog sur l’écologie politique
►http://blog.ecologie-politique.eu/post/Des-confinements-toujours-plus
Alors qu’un troisième confinement est annoncé, c’est le moment de se demander pourquoi le deuxième confinement était plus dur à vivre que le premier… Beaucoup de choses ont été dites là-dessus : la première fois, on croit qu’il suffit d’un effort collectif pour vaincre la pandémie, on se dit qu’on est tou·tes ensemble et qu’on va en mettre un bon coup ponctuel. La deuxième fois, le temps s’est étiré, cela fait déjà plus de six mois que notre vie sociale est sous le coup des restrictions sanitaires.
Même objectivement moins dures, car le deuxième confinement n’en est plus un (écoles ouvertes, travail en présentiel jusque dans les administrations, droit de manifester, plus grande latitude prise par en-bas… là où c’est possible), ces mesures ne peuvent plus nous motiver ni faire appel à notre civisme et à notre responsabilité. Parce qu’humainement, c’est dur, mais aussi parce que politiquement, ça n’a plus de sens. Et que les plantages se sont multipliés.
Des confinements toujours plus pénibles à supporter - Mon blog sur l’écologie politique
►http://blog.ecologie-politique.eu/post/Des-confinements-toujours-plus
Même objectivement moins dures, car le deuxième confinement n’en est plus un (écoles ouvertes, travail en présentiel jusque dans les administrations, droit de manifester, plus grande latitude prise par en-bas… là où c’est possible), ces mesures ne peuvent plus nous motiver ni faire appel à notre civisme et à notre responsabilité. Parce qu’humainement, c’est dur, mais aussi parce que politiquement, ça n’a plus de sens. Et que les plantages se sont multipliés.
#covid-19 #confinement #politique #politique_sanitaire #démocratie #élites #exemplarité #incurie
Je suis choqué par la façon dont les politiques et les scientifiques nous parlent. Depuis une année, les Français sont drôlement gentils.
Ce ne sont pas des procureurs, mais des victimes !
source : ▻https://twitter.com/PierrickLVN/status/1353461540385681410
Condamner le #viol pour renforcer la culture du viol - Mon blog sur l’écologie politique
▻http://blog.ecologie-politique.eu/post/Condamner-le-viol
Ces réactions violentes témoignent aussi d’une grande ignorance. Le viol, c’est partout. Le violeur, c’est potentiellement n’importe qui. Ça n’est pas un monstre qui se repère de loin, c’est le copain qui ne se vante pas de forcer son épouse quand elle ne veut pas ; c’est le collègue qui dit après un verre que de toute façon c’est toutes des salopes, même les petites ; c’est le tas de merde qui se vante d’en choper plein alors qu’objectivement il est moche comme le cul de DSK ou de Trump. Vu la prévalence du viol dans la vie des femmes, et comme ces violences ont majoritairement lieu dans des espaces privés entre proches, ces violeurs ne sont pas quelques dizaines de monstres multi-récidivistes dont on pourrait « se débarrasser » mais des milliers de n’importe qui qu’on croise partout. Ce n’est donc pas les personnes qui sont à éliminer mais la culture qui doit changer. Les mecs qui se déchaînent contre des monstres fantasmatiques ont le droit d’ignorer ça, personne n’est tenu·e de s’intéresser à tout. Mais si on l’ignore c’est qu’on s’en fout, au fond, alors pas la peine de sortir les menaces violentes et le costume de justicier.
Homo domesticus - Mon blog sur l’écologie politique
▻http://blog.ecologie-politique.eu/post/Homo-domesticus
À la source de l’État il y a la captation de richesses, des surplus de la céréaliculture, sans qu’on sache si c’est l’État qui naît de cette forme d’agriculture ou au contraire cette forme d’agriculture qui est imposée par le pouvoir. Scott, politiste et anthropologue spécialiste de l’Asie du Sud-Est, avait déjà popularisé dans Zomia ou l’art de ne pas être gouverné (Le Seuil, 2013) cette idée de la céréale comme propice à la prédation de l’État : dans les champs, les céréales mûrissent toutes en même temps et à la vue de tous, il est facile de les estimer et soumettre à l’impôt. Plus facile que des tubercules et racines diverses plantées çà et là dans des forêts-jardins par des chasseurs-cueilleurs(-cultivateurs, donc).
« Je ne suis pas épidémiologiste » - Mon blog sur l’écologie politique
▻http://blog.ecologie-politique.eu/post/Je-ne-suis-pas-epidemiologiste
Cette semaine, trente-cinq personnes sont tirées au sort pour « nourrir le pouvoir exécutif et législatif » dans la conduite de la campagne de vaccination « et d’ajuster les réponses qui doivent être apportées aux Français ». L’annonce, qui a été faite le mois dernier, a suscité beaucoup de sarcasmes : confier à n’importe qui une question aussi technique, mais vous n’y pensez pas ?
#Aude_Vidal #démocratie #politique #tirage_au_sort #santé #technocratie #acceptabilité
Sur ce sujet de la légitimité du tirage au sort, il y avait eu cette vidéo (chaine Philoxime), qui retrace un peu l’histoire ▻https://www.youtube.com/watch?v=hqFynZQWYB8
Je suis toujours étonnée que celles et ceux que terrifie l’idée de faire appel en politique à des personnes tirées au sort ne nous proposent pas également un dispositif de certification préalable des électeurs et électrices, comme ce fut le cas jusqu’en 1945. Le désaveu de l’autre en politique a une longue histoire… Mais pas besoin, l’idée même de représentation (tu votes mais c’est une personne par essence supérieure à toi ou qui se croit telle qui est élue) est une manière de cadrer les errements populaires, qu’il s’agisse des errements d’électeurs et électrices qui ont décidément trop peu fait d’études ou ceux de personnes qui ont de malheureux intérêts de classe que les riches n’ont, oh non, jamais.
Cette crainte est aussi une confiance indue dans le personnel politique. Mon député était dentiste et sa seule qualification était de marigoter avec d’autres gens aisés de droite dans un parti qui distribuait les candidatures. Belle compétence. Non, la plupart des élu·es n’ont pas fait Sciences po et l’Ena, ce sont leurs collaborateurs et collaboratrices qui sont formé·es à l’action publique. Ou bien ils et elles apprennent sur le tas. Et l’Assemblée LREM, composée de notables de petites villes qui ne se représenteront pas, est un sacré exemple d’amateurisme politique… et de montée en compétences, pour certain·es.
Je suis d’accord avec la plupart des arguments mais dans le cas d’espèce qui nous intéresse, ce tirage au sort est inutile et ridicule. C’est une manœuvre dilatoire du gouvernement pour cacher ses propres errements. D’ailleurs cela fait du mal à l’idée même de tirage au sort. La campagne de vaccination massive à prévoir est une question technique plus que politique et donc oui en l’occurrence il faut des compétences techniques pour y répondre, compétences que ne possèdent a priori pas des gens tirés au sort.
Le problème n’est pas que ce soit inutile ou ridicule, c’est surtout que c’est très tardif, alors même que l’on constate que les doses sont livrées, que les congélateurs ne sont pas arrivés...
La concertation prend du temps, et là, ce temps n’existe pas. Des citoyens lambda, si on avait du temps, seraient tout à fait capables de mettre en œuvre et justifier une politique vaccinale efficace et éclairée.
Mais on est dans l’urgence, du fait de l’impréparation manifeste. Comme je le disais ailleurs, quand on passe l’été à préparer des lois sur un séparatisme fantasmé sans s’intéresser au contrôle de l’épidémie, c’est qu’on se fout de l’épidémie et qu’on a un autre agenda. Ces gens qui nous gouvernent n’ont pour communication que la fabrication de fumigènes. Et pour politique la mise en coupe réglée de tout ce qui crache du pognon de dingue dans les bonnes poches.
J’ajoute que comme d’habitude, les écrits d’Aude sont d’une intelligence et d’une sensibilité agréables à lire.
Donc c’est inutile et ridicule, je maintiens :) (mais sur le fond Aude a raison)
Oui, divergences avec le texte mises à part, c’est agréable de voir rappelée la capacité politique des n’importe qui.
La technique, c’est une chose, les choix politiques c’en est une autre.
En l’espèce, il semblerait qu’il y ait eu déficiences sur les deux plans. Ce n’est pas le rôle du comité citoyen de pallier les déficiences techniques (y a McKinsey pour ça ;-) mais bien de fixer les orientations. De ce point de vue, je ne vois pas comment il pourrait faire moins bien que ce qui a été fait.
La force des témoignages - Mon blog sur l’écologie politique
▻http://blog.ecologie-politique.eu/post/La-force-des-temoignages
Je suis de celles et ceux qui pensent que cette violence se déploie jusque dans notre psychisme et nos rapports intimes et que c’est important d’en parler au plus près de nos expériences. C’est pour ça que j’ai choisi (après quelques hésitations) de mettre en lumière deux témoignages très différents, celui de Gabrielle Deydier sur la haine pour les personnes obèses et celui d’Antonin Richard, sauveteur en mer.
À propos de : Gabrielle Deydier, On ne naît pas grosse, Goutte d’or, 2020, 128 pages, 7,50 €
▻https://seenthis.net/messages/727199
Les médecins, parfois salvateurs mais en majorité toujours très mal informé·es sur l’obésité, sont souvent rien moins qu’aidant·es : incapables de comprendre les différentes causes de l’obésité (mauvaise alimentation due à la pauvreté, troubles alimentaires, problèmes physiologiques), ils et elles fournissent des solutions stéréotypées qui aggravent les maux de leurs patient·es : jadis des régimes, aujourd’hui de la chirurgie de l’estomac, efficace à court terme mais dangereuse, décevante et lourde d’effets secondaires.
Et : Antonin Richard, Ce matin la mer est calme. Journal d’un marin-sauveteur en Méditerranée, Les Étaques, 2020, 200 pages, 9 €
▻https://seenthis.net/messages/888455
Antonin, c’est un copain. Et 2016-2019, les années qu’il raconte ici, c’est en partie la période pendant laquelle nous nous croisions régulièrement à Lille. Il était discret sur ses expériences de sauveteur en mer et nous sommes nombreux à avoir découvert par ses écrits ce qu’il faisait lors de ses séjours en Grèce ou à Malte. Sans surprise donc, son récit est à la fois intime et tourné vers les autres : camarades d’équipage, « invité·es » rescapé·es de leurs embarcations de fortune alors qu’ils et elles tentent de traverser la mer pour atteindre l’eldorado européen.
#Aude_Vidal #recension #livre #intime #politique #obésité #grossophobie #migrants #Méditerranée #Gabrielle_Deydier #Antonin_Richard
Pour vivre heureux, vivons égaux ! - Mon blog sur l’écologie politique
▻http://blog.ecologie-politique.eu/post/Pour-vivre-heureux-vivons-egaux
Depuis quelques années, les libraires témoignent de la part prise par les ouvrages de développement personnel dans leurs rayons, parce qu’ils se vendent mieux. Les livres de sciences sociales ou de philosophie ont laissé peu à peu la place à d’autres qui proposent non plus de comprendre, de remettre en question l’ordre du monde et d’œuvrer à le changer mais de faire avec et d’agencer sa vie au mieux pour ne pas (trop) souffrir de sa condition d’être humain surnuméraire ou pas loin dans des sociétés toxiques. Cette approche « pragmatique » constitue en soi une idéologie, individualiste et rétive au politique, comme l’a bien montré le sociologue belge Nicolas Marquis. Il est illusoire d’imaginer s’en sortir seul·es, nous disent Pickett et Wilkinson en dressant le tableau clinique de la situation : nous sommes de plus en plus nombreuses et nombreux à développer des angoisses sociales, des angoisses liées à notre statut, à la crainte de déchoir ou de ne pas réussir. Plus les inégalités sont fortes et plus les enjeux sont importants, plus l’appréciation des autres compte.
Basket-ball et sororité - Mon blog sur l’écologie politique
▻http://blog.ecologie-politique.eu/post/Basket-ball-et-sororite
S’il faut confondre confondre agressivité avec empowerment, là encore je ne suis pas convaincue. J’ai vu les gars qui jouent sur le terrain d’à côté pratiquer un basket plus tranquille (pas du basket artistique mais presque), se faire plaisir en faisant de beaux gestes, dans une autre compétition pour prouver sa valeur. Beaux shoots mais aussi beaux gestes de défense comme des contres impeccables. Le contre, c’est un geste puissant, c’est quand vous interceptez un tir en phase ascendante et tapez sur le ballon plus ou moins vigoureusement pour changer sa trajectoire. C’est la classe pour la défenseuse et l’humiliation pour l’attaquante. Les mecs ne s’empêchent pas de défendre, loin de là, mais ils ne pratiquent pas de défense hargneuse, ils se lâchent la grappe et s’autorisent à jouer. Ce que nous ne faisons pas.
[…]
je me souviens de mon coach quand j’étais encore en junior. Il était arbitre et me disait qu’autour de lui beaucoup d’arbitres hommes « laissaient jouer » les femmes par misogynie, parce que le respect de l’esprit et de la lettre du basket-ball était trop bien pour elles. Cette agressivité excessive, c’était le résultat d’un manque d’exigence des arbitres envers elles. Et ça correspond à un cliché sexiste selon lequel les femmes sont hargneuses et incapables de camaraderie.
#basket #sport #sororité #fraternité #solidarité #collectif #féminisme #Aude_Vidal
La fabrique de l’ignorance
▻http://blog.ecologie-politique.eu/post/La-fabrique-de-l-ignorance
Le manque d’adhésion justifie l’autoritarisme, une option systématiquement adoptée sur d’autres sujets par notre président-barrage au fascisme. C’est pathétique et dangereux dans toutes les dimensions de la vie sociale mais concernant la crise sanitaire c’est d’autant plus frustrant qu’on avait beaucoup appris du Sida.
Vivre avec une dépression par temps de Covid
▻http://blog.ecologie-politique.eu/post/Vivre-avec-une-depression-par-temps-de-Covid
Ce n’est pas un scoop, la vie par temps de Covid exacerbe les problèmes de santé mentale. Pour tout le monde, y compris celles et ceux qui vont assez bien d’habitude et qui nous disent leur détresse et le coût énorme du confinement – particulièrement pour les femmes, comme ici Titiou Lecoq. Source : Mon blog sur l’écologie politique
Santé mentale et Prévention : Etude CoviPrev (19-21 octobre)
Augmentation significative des troubles dépressifs
▻https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-et-infections-respiratoires/infection-a-coronavirus/documents/bulletin-national/covid-19-point-epidemiologique-du-29-octobre-2020
J’avoue que l’amélioration qui se dessinait pour monsieur Monolecte en février est partie en sucette…
Cela dit, ce n’est pas le confinement qui le mine le plus, mais bien la très grosse connerie ambiante.
Cela dit, ce n’est pas le confinement qui le mine le plus, mais bien la très grosse connerie ambiante.
Pareil ...
¡Apoyo para todos vosotros, compañeros y compañeras deprimidas!
Animal laborans - Mon blog sur l’écologie politique
▻http://blog.ecologie-politique.eu/post/Animal-laborans
Il n’empêche, je peux comprendre que ce gens-là n’aient pas de vie sociale ni affective mais il me semble dangereux de supposer que c’est aussi notre cas. Travail (ou télétravail à la limite), famille (no comment), patrie (à laquelle nous devons, ensemble, uni·es dans un grand élan de solidarité, permettre de ne plus mettre un pognon de dingue dans l’hôpital). Nos vies ne comptent pour rien. L’amitié, l’amour, la camaraderie encore sont une dimension de la vie qui n’a pas lieu d’être. Nous ne sommes rien, sauf quand il faut turbiner et consommer. (Je n’ai même plus envie de rappeler ici comment j’ai passé l’été à m’inquiéter de la faiblesses des mesures sanitaires, que oui il faut faire des arbitrages qui sont parfois déplaisants… mais il ne s’agit pas d’arbitrage, ici c’est de la conduite de troupeau, toujours incohérente et injuste.)
#aude_vidal #covid #coronavirus #confinement #travail #travail #travail #travail
Du libéralisme autoritaire - Mon blog sur l’écologie politique
►http://blog.ecologie-politique.eu/post/Du-liberalisme-autoritaire
Friedrich Hayek, figure de proue du néolibéralisme, propose de nouveau après guerre le libéralisme autoritaire loué par Schmitt, mais cette fois comme antidote au nazisme. « Il reconduit la position qui a mené au pire. » Chamayou y voit un « retournement extravagant » mais il faudrait peut-être se garder de voir dans Schmitt le représentant du nazisme, comme il semble le faire. Johann Chapoutot dresse justement dans Libres d’obéir. Le Management, du nazisme à aujourd’hui (Gallimard, 2020) le portrait de Reinhardt Höhn, l’homme qui a réussi à « éliminer politiquement et académiquement » Carl Schmitt au milieu des années 1930. Bien qu’antisémite, Schmitt était un homme du passé, trop attaché à l’État pour être véritablement nazi d’après Chapoutot. L’État étant pour les nazis une notion latine et la loi une notion juive, les nazis ont gouverné sans le faire, libérant les pouvoirs dans une sorte de loi de la jungle soumise à des autorités « naturelles » et plus arbitraire et chaotique que véritablement administrée. On rêve, suite à la lecture de ces deux ouvrages courts et passionnants, d’un face à face entre Chamayou et Chapoutot qui sans trancher cette question pourrait nous aider à comprendre les temps que nous vivons.
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Du libéralisme autoritaire - Mon blog sur l’écologie politique
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Qu’il s’agisse de l’Allemagne des années 1930 ou de la France de ces dernières décennies, les gouvernements libéraux font miroiter le ruissellement des richesses – en l’occurrence le besoin de faire des efforts d’austérité salariale pour soutenir l’économie qui sans cela s’effondrerait… comme si le soutien au marché intérieur n’était qu’une perte. Mais c’est peine perdue, ces politiques peinent à convaincre et elles restent impopulaires. La solution qui s’impose alors, quand la carotte n’a pas suffi, c’est de sortir le bâton. On repense à ce dernier virage, en 2016, d’un gouvernement élu sur une promesse de justice sociale. Ayant choisi de détruire les protections dont bénéficiait son électorat en tant que travailleurs et travailleuses, il compense par une répression violente du mouvement social l’isolement politique qui est désormais le sien. Quelques mois plus tard, ce ne sont pas les caciques du Parti socialiste qui sont applaudis par les policiers à leur tour dans la rue pour des revendication corporatives, c’est la patronne de l’extrême droite française. Quelle ingratitude.
L’Invention du colonialisme vert
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Guillaume Blanc fait l’histoire du colonialisme vert, cette manière d’appréhender l’environnement africain en refusant aux paysages un caractère anthropique qui est pourtant compris et reconnu en Europe. Au XIXe siècle, les colons voient l’Afrique comme un Éden… loin d’avoir été modelé par ses habitant·es depuis des milliers d’années, il en aurait été mystérieusement préservé mais désormais les hordes d’humains dégradent irrémédiablement leur milieu. Édénique mais déjà aux dernières limites de la dégradation : Blanc note le paradoxe à plusieurs reprises car cette longue histoire se répète. De fait, lors de la période coloniale, les équilibres écologiques sont perturbés mais ce n’est pas, nous assure l’historien, en raison des pratiques de subsistance des cultivateurs et pasteurs. C’est en raison bien plus sûrement des cultures d’exportation et les colons, dans un intérêt bien compris, refusent de le voir. Ce serait la faute à des habitant·es par ailleurs déconsidéré·es et plus mal traité·es parfois que des bêtes.
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L’invention du colonialisme vert avec Guillaume Blanc | Zoom Ecologie :
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JC Servant, monde diplo
L’origine du colonialisme vert vient d’être implacablement rappelée par l’historien français de l’environnement Guillaume Blanc, à travers l’exemple du parc naturel du Simien en Éthiopie. En guise de conclusion de son récit, le chercheur rappelle : « En 1960, lorsque l’UICN, l’Unesco et la FAO élaborent leur Projet spécial pour l’Afrique, elles se donnent un objectif : la fin de la colonisation ne signera pas celle des parcs naturels créés sur le continent. L’approche n’est plus la même, bien sûr. Aucune de ces institutions ne songerait aujourd’hui à écrire, comme l’avait fait l’UICN une fois leur Projet lancé, que “les écologues et les consultants (…) travailleront en Afrique pour aider les gouvernements à s’aider eux-mêmes”. Mais l’idée est restée. Les scientifiques et les administrateurs coloniaux voulaient des parcs pour protéger une Afrique édénique contre des Africains destructeurs, et depuis soixante ans, les experts internationaux poursuivent leur travail. »
“#Green_colonialism”: the background behind a Western outlook
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