La Russie et la Chine se collettent avec l’avenir du Mali

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  • La Russie et la Chine se collettent avec l’avenir du Mali
    Par M. K. Bhadrakumar
    Asia Times Online, le 24 janvier 2013
    Traduction [JFG-QuestionsCritiques]
    http://questionscritiques.free.fr/edito/AsiaTimesOnline/M_K_Bhadrakumar/Mali_Chine_Russie_minerais_intervention_occidentale_240113.h

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    Nous n’en sommes qu’au début et ce que pensent Moscou et Pékin pourrait bien être d’attendre de voir quelles sont les nouvelles. Les experts russes et chinois estiment que la mission française sera prolongée et improductive.

    En attendant, Paris a soutenu de façon étonnante que Moscou « avait proposé de fournir des moyens de transport » pour les troupes françaises qui doivent être déployées au Mali. La Russie n’a ni confirmé ni infirmé l’affirmation française, qui a fait suite à une conversation téléphonique, samedi, entre les deux ministres des Affaires étrangères.

    Certes, l’intervention occidentale au Mali a des implications pour la politique des grandes puissances et pour la coordination entre la Russie et la Chine sur les questions régionales. Il y a assurément des implications pour le « Printemps arabe » - et aussi à court terme pour la Syrie.

    La France soutient avoir répondu à un appel au secours d’un gouvernement officiel au Mali. Mais alors, en mars dernier, le Mali connaissait un coup d’Etat militaire, qui a été fomenté par un officier militaire entraîné par les Américains, le Capitaine Amadou Haya Sanogo.

    Bien qu’il fût un modeste capitaine, Sanogo se rendait fréquemment aux Etats-Unis - pas moins de sept fois au cours des huit dernières années. Sanogo avait très certainement des soutiens étrangers puissants. Depuis mars, le Mali a connu tant de coups et de contre coups d’Etat qu’on en perd le fil, mais tous ont été fomentés par des militaires armés et entraînés par les Etats-Unis.

    Donc, la France émet une revendication qui sonne creux à propos d’une invitation officielle de la part d’un gouvernement légitime. La France ne s’est même pas donnée la peine de rechercher un mandat des Nations Unies. La résolution du Conseil de sécurité de décembre dernier était un mandat spécifique pour une force africaine conduite par des Africains et prévoyait une expédition aux alentours de septembre 2013, une fois qu’une telle force aurait été entraînée et équipée par l’ONU.
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    Pourtant, le spectre d’al-Qaïda est exagéré. Le conflit au Mali ressemble plus à une guerre civile enracinées dans des griefs de longue date et ne peut être pris de front que par un gouvernement légitime et stable par des moyens de gouvernance locale, de décentralisation et un programme soutenu de développement économique.

    Un expert de premier plan sur la région, Evgueni Korenddyasov, qui a servi en tant qu’ambassadeur de la Russie au Mali et qui dirige actuellement le Centre des Relations Russo-Africaines à l’Académie russe des Sciences à Moscou, a dit : « La solution ne peut être trouvée qu’au moyen de pourparlers sur une plus grande autonomie et une plus grande représentation pour les Touaregs ».

    Les institutions régionales - l’Union Africaine et la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest [CEDEAO] - ont vraiment cherché auprès de l’ONU un ensemble complet de mesures pour répondre à la crise politique au Mali, et le Conseil de Sécurité a dûment reconnu le besoin d’une réconciliation politique, mais l’accent s’est déplacé du jour au lendemain vers une action militaire occidentale.

    Des doutes sont soulevés à propos des motivations réelles. Il est vrai que les groupes d’al-Qaïda, qui ont été armés par les puissances occidentales et qui ont servi de fantassins durant le « changement de régime » en Libye, se sont évaporés vers les pays voisins. En plus de l’Algérie et du Mali, au moins cinq autres pays de l’Afrique de l’Ouest pourrait être affectés - la Mauritanie, le Ghana, le Niger, le Burkina Faso et le Nigeria.