• Gaz de schiste : l’Ukraine engage le duel avec Moscou
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    Shell renonce le mois dernier au gaz de houille en Colombie britannique et cherche à investir dans le gaz de schiste en Ukraine.

    L’Ukraine est prête à tout pour réduire sa dépendance envers le gaz russe. Royal Dutch Shell PLC lui a prêté son épaule expérimentée en signant vendredi un accord sur 50 ans pour l’exploration et l’exploitation de gaz de schiste, dont l’Ukraine posséderait des réserves parmi les quatre plus importantes d’Europe. La compagnie anglo-hollandaise partagera à parité les bénéfices de l’exploitation avec le groupe gazier d’Etat ukrainien Nadra Yuzivska LLC. (…) La zone concernée se situe dans l’Est du pays et Shell utilisera la technologie de la fracturation hydraulique, qui a si mauvaise presse.

    Le grand perdant potentiel de cette opération est Moscou, qui impose à son ancien satellite un tarif de 435 dollars les mille m3 de gaz, soit davantage que ce que paient les clients allemands, italiens ou la français à Gazprom, et pour des volumes bien supérieurs. Intransigeant dans les négociations, le Kremlin (qui contrôle Gazprom), exige des contreparties politiques à une baisse des tarifs, comme l’extension de la base navale militaire russe en Crimée ou la cession du contrôle sur les gazoducs ukrainiens (qui transportent une grande partie du gaz russe vendu à l’Europe). Ces derniers mois, l’Ukraine a déjà reçu un financement chinois pour convertir des centrales thermiques du gaz vers le charbon, et a lancé la construction d’un terminal GNL (gaz naturel liquide) pour s’assurer une plus grande diversité de fournisseurs.

    « Il existe désormais une possibilité réelle pour l’Ukraine de réduire d’un tiers ses importations de gaz russe d’ici sept ans », affirme Ioulia Voïtovitch, analyste au cabinet d’expert Investkafe. D’autres experts voientt le basculement s’effectuer encore plus vite. A l’inverse, beaucoup d’experts russes proches de Gazprom estiment que l’Ukraine va déchanter devant les répercussions écologiques de l’exploitation du gaz de schiste et surtout devant le coût élevé de cette production, qui ne sera au final « pas très loin de ce que ce que Kiev paie actuellement à Moscou », estime Iouri Koroltchouk, de l’Institut pour une Stratégie Energétique.
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